Plusieurs personnes pensent que la
morphine ou la sédation administrée en fi n de vie abrègent la vie. Même certains médecins ayant peu d´expérience en soins palliatifs le croient. En fait, la
morphine prolonge probablement la vie des malades qui souffrent : ce n´est pas le confort qui tue, c´est l´enfer de la douleur et son cortège de complications. Il existe des preuves scientifiques de plus en plus nombreuses que la survie des patients en phase terminale n´est pas abrégée, mais bien prolongée, s´ils reçoivent des doses de
morphine ajustées à leur douleur. Bien sûr, si ces doses sont augmentées régulièrement, que le patient ait mal ou non, créant des charges considérables de
morphine, celle-ci peut tuer comme n´importe quel autre médicament (insuline, digoxine, etc.) mal utilisé. Il existe des lignes directrices pour la prescription des médicaments, y compris la
morphine et les autres médicaments de la même famille, et leur utilisation à la fi n de la vie n´en suspend pas l´application.
La mort causée par surdose de
morphine, c´est donc surtout un problème de mauvaise pratique médicale. D´ailleurs, la
morphine ne fait pas partie des cocktails euthanasiques utilisés dans certains pays : elle n´y est pas à sa place.
En fait, la
morphine est un médicament sécuritaire lorsqu´elle est administrée à dose efficace à des patients qui ont mal ou qui sont très essoufflés et en panique respiratoire : elle ne fait que leur rendre un certain confort, et elle les aide à vivre plus longtemps. Elle devient plus dangereuse si on l´administre à haute dose à des sujets sains qui n´ont pas de mal et qui n´en ont jamais reçu : elle peut alors endormir, ralentir la respiration, etc. Cette mise au point est importante : si on croit que la
morphine tue, alors on peut penser qu´on a déjà commencé à tuer en soulageant la douleur. Alors, l´euthanasie se pratiquerait en masse dans nos hôpitaux, sans qu´on en parle ! On a commencé un traitement au potentiel mortel, il suffit de continuer un peu… et c´est fi ni !
Oui, on meurt dans nos hôpitaux : c´est en partie inévitable ! Cependant, l´euthanasie, la vraie, c´est-à -dire le meurtre d´une personne par compassion, avec quelque molécule que ce soit, n´y a pas sa place. Les lieux de soins doivent demeurer des lieux sécuritaires, où personne ne recevra subrepticement « la piqûre de la mort » et où tous seront adéquatement soulagés de leurs douleurs et de leur souffrance.
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Par Patrick Vinay
Éditions Médiaspaul
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