Bonjour à tous !
Je suis ici pour vous raconter ma première grosse expérience sous
keta, qui est arrivée par inadvertance. J'ai l'habitude d'en prendre en soirée mais qu'en petites traces (seules ou avec des
taz), je connaissais jusqu'à présent que l'effet que j'appelle "effet cuite" : on titube, on rigole, on voit trouble, comme si on était bourré.
- Set & Setting
Je suis en free party dans un bois avec mon meilleur ami. Je précise que je suis une femme hétéro, dans une soirée gay (je pense que ça a son importance dans le fait de ne pas trop psychoter par la suite)
- On commence à prendre
On prend un demi
taz, puis au bout d'1h ou 1h30, on en reprend un autre demi. De temps en temps, on se fait une petite ligne pour remonter le
taz.
- La ligne de trop
A un moment, on s'éloigne de la fête pour se poser dans l'herbe, et faire une ligne sur le téléphone (on doit éclairer avec l'autre tel, on vide tant bien que mal notre sachet, bref c'est à l'arrache). Je vois que mon pote est en train de faire des poutres, je lui fais remarquer, il me répond "tant pis c'est trop chiant à remettre dans le sachet" donc on prend quand même en se disant "on verra bien".
Quelques minutes plus tard, j’ai prévenu X. que je partais, je l’ai senti arriver très vite. Et la le tourbillon commence, on est spectateur d’un truc qui n’en finit plus de tourner. J’ai senti que je m’enfonçais dans le sol, comme aspirée, sans fin. Ensuite je me suis dissociée de mon corps, ma main n’était plus ma main, je comprenais plus dans quel sens était mon corps, quelle partie s’imbriquait avec quelle autre. C’était comme un voyage astral. J’avais l’impression que mes doigts qui tenaient ma gourde se tordaient, je savais pas si c’était réel ou pas, car j’avais souvenir qu’on pouvait se faire mal sous
keta sans s’en rendre compte, du coup je savais pas trop si c'était une sensation ou si j'étais vraiment en train de tordre mes doigts. A un moment j’ai touché un sein, je savais pas trop si c’était vraiment ma main dessus. J’ai aussi posé ma main sur X., je savais pas vraiment si c’était lui, moi... c’était sa bite ? (on était couchés dans l'herbe, ma tête sur sa poitrine donc un peu tordue, ce qui devait accentuer le fait de ne pas comprendre comme les corps étaient imbriqués).
Puis la première partie du voyage a commencé. J’ai traversé des dimensions, chaque dimension m’ouvrait comme un portail vers la suivante, j’avais l’impression de m’enfoncer dans des dimensions, comme si notre monde c’était le niveau zéro et que j’étais à -8000. J’étais dans le film Inception, a m’enfoncer de plus en plus. J’avais du mal à m’exprimer car tout allait trop vite, le temps que j’explique que j’étais dans une dimension j’en avais déjà traversé 10 autres. J’étais scotchée un peu comme lorsqu’un avion décolle, je me prenais constamment des G, j’étais hypnotisée, ça ressemblait à un effet stromboscope. On a vraiment cette sensation d’etre spectateur de la situation, tout se déroule et on observe, j’avais pas vraiment l’impression de pouvoir agir sur l’environnement. Je traverse comme un tunnel lumineux.
A ce moment là, je sais pas si je dors et que je rêve, si je suis éveillée, si je parle vraiment ou si c’est dans ma tête, si X. est là ou pas (en fait il est là). Je crois avoir vu des personnes pixellisees aussi, j’ai un vague souvenir de carrés, mais je me rappelle plus exactement à quoi ils faisaient référence. Puis après on commence le très long retour sur terre. J’ai passé mon temps à dire « je suis en train de revenir... à non je suis pas encore là » comme si j’avais conscience d’être partie aux confins de l’univers et que la route était longue pour rentrer. J’avais conscience que je n’étais pas là, comme si on était finalement 2 en 1 seule personne, j’arrivais à prévenir moi même que je n’étais pas revenue, délirant. Après j’ai commencé à avoir des éclairs de lucidité, à dire que j’étais désolée d’être dans cet etat pr mon pote qui devait me surveiller, j’avais l’impression d’être une petite fille très vulnérable, mais il me répétait que j’étais en sécurité et qu’il était là donc ça ne m’inquiétait pas (heureusement, sa poutre n'est pas montée). Je m’efforcais de lui exprimer mon état, car je ne savais pas ce qu’il était capable de voir ou pas, donc je répétais souvent que j’étais perdue, qu’il fallait s’occuper de moi. J’avais parfois des instants de plénitude, ou tout me semblait parfait, j’étais seule au monde avec mon pote au paradis, je lui disais que je l'aimais. Ensuite, après être à peu près revenue, je sais pas pourquoi mais on a repris une ligne, et je suis repartie ! Bon moins loin, j’avais conscience que j’étais dans mes strates, mais j’étais plus là. J’ai oublié de préciser que pendant la partie où je me suis enfoncée j’étais couchée, mais qd je suis revenue, on s’est mis à marcher. Pour cette 2e fois on était assis et X. a voulu qu’on se lève, il m’a demandé si je pouvais, et sur le coup j’ai pas vraiment compris. Comment je pouvais me lever alors que j’avais pas de jambes, pas de corps, pas de sensation d’être assise ? Et la il m’a dit « imagine que tu as des jambes » et au fur et à mesure que je l’ai imaginé, elles se sont construites et j’ai pu me relever ! J’ai trouvé ça dingue ! Ensuite une fois debout et mélangée à la foule, j’ai eu des hallucinations : les visages étaient déformés, gros comme des ballons, les gens faisaient peur. Mais j’en avais conscience encore une fois, X. avait la tête toute déformée mais je savais que c’était lui, et que j’hallucinais (il ressemblait à un diable). J’avais l’impression aussi de voir des bâtiments derrière les arbres (on était dans la foret). Et enfin, quand je regardais à gauche puis à droite, j’avais l’impression de passer d’un monde à l’autre. Quand j’étais vraiment au fond du tourbillon, je me suis dit que peut être que j’allais me réveiller à l’hopital, comme quoi on est toujours un peu lucide. J’ai eu peur de pas réussir à revenir aussi, de rester bloquée dans mes strates, et ça me rendait un peu triste, je me disais que mes parents seraient déçus si je restais coincée à jamais. Malgré ces réflexions effrayantes, je n'avais pas peur, les infos défilaient dans ma tête, je les analysais puis les laissais partir. A la fin, je savais que j’étais revenue, mais j’avais de petites angoisses, et si c’était une illusion ? Et si je n’étais pas revenue totalement ?
Le lendemain, même si je suis revenue, j'étais dans la lune, dans mes souvenirs, comme lorsqu’on rentre de vacances. J’ai trouvé ça aussi étrange que fascinant, je n’ai pas vraiment senti de peur, même si parfois j’ai eu des petites angoisses (comme ne pas pouvoir revenir) mais ça se dissipait vite. X. s’est très bien occupé de moi, à me rassurer sans arret. J’avais l’impression que c’était comme un ange gardien, je m’étais totalement confiée à lui, j’avais confié ma santé mentale et je comptais sur lui pour m’aider le temps du voyage.