Bon courge. C'est long...
Je passe de temps en temps par ici, high, et je repasse par là, en kraving. Ou lorsque mes achats de crypto se font hasardeux. Sinon lorsque je déambule dans ma routine, je vous oublie, vous, qui comme moi vous trimballez, pour certains, votre marasme, vos interrogations, vos espoirs.
J'ai raconté ici même comment en 2001 j'ai rencontré mon "pusher", peut-être aussi comment il a tiré sans révérence en 2015 (rien à voir avec les substances).
Je n'ai narré à personne que pendant qu'il flottait sans vie devant un guide touristique et moi-même, je n'ai pensé qu'à une seule chose.
Au courrier de
CC qui nous attendait chez nous et que j'aurais tout loisir de descendre à moi toute seule.
Honte à moi ! C'est immonde.
Pour déculpabiliser je me suis dit que je m'étais dissociée face à cet accident et à la douleur qu'il aurait dû occasionner.
Aujourd'hui je sais qu'il n'en est rien.
À cause ou grâce à lui je suis devenue celle qui ne vit qu'à travers la dope.
Certes le plus souvent je me limite à 1G par mois que je cuisine et fume.
Arrêter lorsqu'on est seule, retraitée, sans grandes passions, peu entourée, relève du challenge.
Il y a bien eu quelques rares instants où je suis arrivée à combler le manque en m'inscrivant à de nouvelles activités susceptibles de me faire de nouveaux amis. Quelques bouffées d'air pur.
Et puis je croise la moto du facteur. Rentre d'une escapade et pense au rituel de qui ouvrait la boîte aux lettres en premier en revenant chez nous. Il y a Télégram que je réactive pour constater ou pas que les dealers sont tjrs là.
Il y a sur le bureau du PC les vignettes d'Electrum et Gui Wallet.
Il y a la grisaille hivernale. La déception d'un rendez-vous annulé.
Et il y a surtout un vide incommensurable (parce que je refuse les anti dépresseur et la psychothérapie déjà tentés). Un événement douloureux, le désintérêt pour les activités que je m'impose et les gens que je rencontre. Une lassitude à jouer un rôle et porter un masque. Alors je decide d'acheter.
Le plaisir est là. Qu'il s'agisse de l'excitation de commander, l'excitation de l'attente du facteur ou du dealer. Enfin je me sens mieux.
Pourtant je sais aussi qu'au bout de quelques heures, j'en aurai assez. Serai malade, dégoutée de moi-même et du produit. A attendre qu'il n'y en ait plus. A ne surtout pas jeter la poudre ! De toute façon jeter le sachet bien emballé au milieu des stères de bois, sous l'avant toit du garage...
Me mentant à moi-même en me disant que je vais la garder pour dans X jours. !
Il m'est par contre arrivé de jeter les cailloux... Dans la poubelle, le jardin, les toilettes, et de passer des heures le lendemain à les chercher, les recuperer dans la cuvette. Eh oui !!
Et me dire que cette fois-ci c'est la dernière.
Donc j'en arrive enfin à la conclusion que non, j'accepte et j'assume. Le
crack fera partie de ma fin de vie, ce sera mon plaisir secret.
Je viens d'avoir 67 ans. Je fais bien plus jeune. Je donne le change. Joue parfois les grands mères rigolotes à roller. Et je suis une camée invétérée.
Merci de m'avoir lue et peut être vous y reconnaîtrez-vous.