salut à tous, j'allais dire " j'espère que vous allez bien ", mais si vous êtes ici, à lire et à écrire, c'est que tout ne va pas simplement. Je suis arrivée là, par hasard, en lisant la réponse d'un, ou d'une d'entre vous. Je me suis dit qu'il était temps que je vienne vous parler, de notre parcours, à mon fils et moi.
Au lieu d'en faire un livre, je viens vous parler directement à vous, sur votre pc, sur l'écran de votre portable. C'est plus intime. C'est entre vous et moi, entre toi, qui me lis en cet instant, et moi, permets moi de te tutoyer. C'est en bienveillance que je viens ici.
Toi aussi, tu es l'enfant d'une femme, et d'un homme. Tu pourras comprendre ce que je vais étaler ici.
Des émotions vont te traverser la pensée, peut etre vas tu rire, pleurer, t'agacer, devenir fou de rage, casser des objets, claquer des portes et donner des coups sur les murs, peut etre tu vas éteindre ton écran et puis revenir. C'est un peu ça la relation qu'on a lui et moi. Mon fils et moi. Ces 4 mots sont déjà une émotion forte. Tant cette relation a été fusionnelle, tourmentée, prise en étaux, malmenée, fracassée, écrasée, piétinée. On lui a craché dessus, et un jour on l'a ramassée, blessée comme on ramasse un petit oiseau tombé de son nit. On a essayé encore et encore de la nourrir, de comprendre, on a revu tout ce qui n'allait pas en lui, en moi, dans cette relation mère-fils. Jusqu'à ce qu'un jour, après maintes recherches sur les troubles de la personnalité, je découvre ce qu'est un borderline. Mon fils n'a pas été diagnostiqué, et les spécialistes que nous avons rencontrés quand il était petit, ne nous ont pas donnés de réponses médicales, qui m'auraient permis alors de commencer avec lui, un traitement, psychologique.
Il est adulte maintenant, il est dépendant de canabis, et je ne sais pas tout bien sur. Il boit de l'
alcool, je ne sais pas à quelle fréquence, en quelle quantité. Je ne suis pas sa pote, je suis sa maman, il ne me dit pas tout. ( c'est si injuste.... que je ne puisse pas l'aider, et le sortir de cette merde ) sa santé en dépend, son moral en dépend, son avenir entier en dépend. Oui il est adulte et il fait ses choix, bien sur. Je n'ai qu'à rester là, à le regarder détruire les poumons, moi qui ait interdit quiconque de s'approcher de lui avec une
cigarette quand il était enfant. Moi qui voulait un environnement sain, pur pour sa santé. Quelle ironie...Je n'avais rien prévu pour son avenir, mais certainement pas ce qu'il vit là... je veux mon fils, je veux qu'il soit là avec moi, et que tout aille bien pour lui, qu'il n'ait pas de phase paranoïaque, qu'il soit calme sans violence, sans montée de colère. J'ai comme une cicatrice ouverte dans mon cerveau, dans mes pensées. Les moments fragiles où je repense à nous, à nos crises, la cicatrice s'ouvre et les larmes abondent. C'est à jamais ouvert, je le sais, ça ne se guérira pas. Il ne sera jamais le fils que j'imagine, et il a raison, je devrais l'aimer comme il est. c'est ça, je l'aime, évidemment, mais je devrais aimer aussi celui qui violente, qui insulte, qui juge, qui sort de son corps pour casser, les yeux exorbités, la salive pendante, les veines du cou prêtes à éclater.
Je devrais aimer cet instant où, une fois le tremblement de terre passé, je sors des abris, et me réjouir qu il n'y a pas eu de grosses casses. Mais non, je ne l'aime pas cet instant, j'en ai peur car il a ouvert encore davantage ma cicatrice, et sans doute la sienne aussi. Cet instant, et ces crises nous éloignent, nous déchirent.
Il se passe des mois, avant que l'envie de le revoir, revienne. Il se passe des mois, pendant lesquels je pleure mon fils, et je me recroqueville de douleur. Il revient, doux, fragile, triste... et on continue à avancer. Qui peut comprendre cette situation s'il ne l'a pas vécu, s'il n'a pas eu ces torrents de souffrance le traverser à chaque fois ? toi qui me lis, et qui pense ne pas être aimé par ta mère, viens, écris moi. On va peut etre trouver quelque chose à comprendre.