Je me parle tous seul

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flippening94 homme
Nouveau Psycho
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Inscrit le 01 Dec 2021
71 messages
Bonsoir à tous je voulais vous parlez de quelque chose qui m'interpelle beaucoup.

Je me parle tous seul.
Je créer des discussions avec des personnes, je débat seul avec moi même sur certains sujets. Je le fais quand je suis seul et souvent le soir quand j'essaye de trouver le sommeil que je ne trouve pas. Je peux le faire aussi en pleine après midi. C'est comme si je posais des questions et je me réponder à moi même. Des fois je le fais sans m'en rendre compte et ça m'inquiète.

J'en est déjà parlé à mon psychiatre mais ça ne l'a pas plus interpelé que ça mais moi je trouve ca étrange quand même non ?
Je n'ai pas l'impression d'entendre de voix, je n'ai pas d'hallucinations auditives.
J'ai peur d'avoir une maladie psychiatrique comme la schizophrénie ou peut autre chose

J'ai consommé de la mdma environ toutes les 2 - 3 semaines pendant 2 ans et demi, la ketamine beaucoup moins, 10 fois dans ma vie, la cocaïne 10 fois dans ma vie, un analogue du lsd (je ne connais pas la molécule) et du cannabis, 3 - 4 joints tous les jours de mes 16 a 22 ans.
Aujourd'hui j'ai 23 ans.

J'espère que je me suis pas grillé le cerveau a consommer ces drogues la, jeune.

Je vois un psychiatre car j'ai fait une bouffée délirante / psychose en juin 2024.

Je me parle seul depuis je pense 2 ans si c'est pas plus.

J'aimerai savoir si se parler tous seul est un signe de folie, maladie, etc...

Je sais que ce forum n'est pas un forum dédié à la psychiatrie mais mon psychiatre ne m'a pas vraiment dit ce qu'il en pensais.

Si quelqu'un peut m'éclairer, merci beaucoup.

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elonnx homme
Psycho junior
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Inscrit le 10 Aug 2018
229 messages
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Salut !

Je me parle tout seul depuis toujours haha, c’est au contraire - à mon sens - très sain !

J’ai un trouble de l’attention avec hyperactivité / impulsivité.

Je me parle tout seul pour plusieurs raisons:

Quand les pensées fusent trop vite dans ma tête, surtout quand elles sont trop nombreuses d’un coup, extérioriser par la parole permet de canaliser le flux dans un premier temps.

Ensuite je me fais souvent les questions réponses également. Pourquoi?

Cela me permet de défendre plusieurs points de vue en même temps et de voir ce qui me semble le plus juste / logique. En gros je débats tout seul pour trouver la solution / l’idée / le concept le plus adapté.
-> ça permet de tempérer l’impulsivité de mes réactions et vérifier que j’ai bien pris en compte tout le truc avant d’agir / répondre  / etc. Un petit moment de réflexion nécessaire pour moi.

Et puis tout simplement pour ne pas oublier toutes les choses que j’oublie avec l’attention éclatée lol

Je fais ça depuis toujours (d’ailleurs regarde les enfants, ils se parlent seuls quand ils jouent dans leur monde).

A mon sens rien d’inquiétant, au contraire.
C’est sûr que durant toute une période j’étais mal à l’aise à me parler seul dans la rue lorsque je croise quelqu’un mais je m’en fous maintenant, au pire avec les écouteurs dans les oreilles ça fait « conversation » haha

Maintenant j’assume : si on me demande si je parle tout seul ? Je réponds « mais carrément! Toujours! » avec une voix assumée et enjouée. Personne ne m’a répondu que j’étais bizarre ou qu’il fallait consulter haha ça fait partie de ma personnalité atypique c’est tout - et je pense qu’on se parle tous, seuls, dans une certaine mesure.

Tu peux toujours reposer la question à ton psy en évoquant tes inquiétudes si elles continuent.
(J’avais des peurs similaires aux tiennes à ton âge mais dix ans plus tard plus aucun souci avec ça)

Amicalement

Dernière modification par elonnx (Hier à  09:03)


« Je ne vois pas pourquoi je devrais renoncer à ma bêtise et adopter la leur, je ne veux pas couper ma vie en deux, je veux que ma vie à moi soit une, d’un bout à l’autre » Kundera

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silae homme
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613 messages
En effet, avoir des amis imaginaires ou se parler tout seul sont des compétences qu'ont les enfants et que beaucoup d'adultes perdent en grandissant en se coupant de leur imaginaire et de leurs rêves

Peu de gens se souviennent de leurs rêves par exemple, non pas qu'ils ne rêvent pas, mais qu'ils s'en détournent au réveil pour se concentrer sur le réel, réprimant leur vie imaginaire, ce qui est bien dommage.

Je dirais que tant que tu sais que c'est toi qui te parle tout seul, et que ton imaginaire n'est pas le réel, comme les enfants savent bien "que ça n'existe pas vraiment", ce n'est pas du tout de la schizophrénie à mon avis.

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DrSyn homme
Nouveau Psycho
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Inscrit le 21 Jul 2014
51 messages
Salut. Depuis toujours ? Recemment ?

Si c’est depuis toujours c’est tout le temps ou de temps en temps

Se parler dans sa tete c’est parfaitement normal et sain

Le faire a l’écrit c’est pas courant

Si c’est très recent et de plus en plus, ça pourrait etre inquiétant (manie ?) mais tant que ça ne t’isole pas, ne détruis pas ton cercle social ou te met pas en danger

C’est pas forcément pathologique.

Pour la schizophrenie c’est pas ça les symptômes les plus frequent (logorhée)

c’est plus :

-depression resistante

-anhedonie (perte de la sentation de plaisir),

- delires (problèmes de cablage de l’intuition qui font des liens irrationnel entre les choses, exemple très courant ça rend parano ou fait faire des crises mystiques) mais les délires existent dans le trouble bipo et d’autres maladies neuro/psycho

Je pourrais citer d’autres symptômes mais qui sont moins caractéristiques (qui existent dans d’autres contexte)

Si tu te fais peur et que ça s’aggrave comme comportement cherche uj centre expert en trouble bipolaire

Le trouble est difficile a diag donc il faut des specialiste, et les centres expert bipolaire sont très compétents sur la schizo aussi

DrSyn, pas docteur, pas medecin

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flippening94 homme
Nouveau Psycho
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Inscrit le 01 Dec 2021
71 messages

elonnx a écrit

Salut !

Je me parle tout seul depuis toujours haha, c’est au contraire - à mon sens - très sain !

J’ai un trouble de l’attention avec hyperactivité / impulsivité.

Je me parle tout seul pour plusieurs raisons:

Quand les pensées fusent trop vite dans ma tête, surtout quand elles sont trop nombreuses d’un coup, extérioriser par la parole permet de canaliser le flux dans un premier temps.

Ensuite je me fais souvent les questions réponses également. Pourquoi?

Cela me permet de défendre plusieurs points de vue en même temps et de voir ce qui me semble le plus juste / logique. En gros je débats tout seul pour trouver la solution / l’idée / le concept le plus adapté.
-> ça permet de tempérer l’impulsivité de mes réactions et vérifier que j’ai bien pris en compte tout le truc avant d’agir / répondre  / etc. Un petit moment de réflexion nécessaire pour moi.

Et puis tout simplement pour ne pas oublier toutes les choses que j’oublie avec l’attention éclatée lol

Je fais ça depuis toujours (d’ailleurs regarde les enfants, ils se parlent seuls quand ils jouent dans leur monde).

A mon sens rien d’inquiétant, au contraire.
C’est sûr que durant toute une période j’étais mal à l’aise à me parler seul dans la rue lorsque je croise quelqu’un mais je m’en fous maintenant, au pire avec les écouteurs dans les oreilles ça fait « conversation » haha

Maintenant j’assume : si on me demande si je parle tout seul ? Je réponds « mais carrément! Toujours! » avec une voix assumée et enjouée. Personne ne m’a répondu que j’étais bizarre ou qu’il fallait consulter haha ça fait partie de ma personnalité atypique c’est tout - et je pense qu’on se parle tous, seuls, dans une certaine mesure.

Tu peux toujours reposer la question à ton psy en évoquant tes inquiétudes si elles continuent.
(J’avais des peurs similaires aux tiennes à ton âge mais dix ans plus tard plus aucun souci avec ça)

Amicalement

Salut, merci de ta réponse qui me rassure car je me reconnais dans ce que tu me dit, quand j'ai plusieurs point de vue a défendre c'est exactement ca. Oui on se parle tous tous seul mais je pense que la plupart des gens ne se parle tout seule a voix haute, c'est notre voix intérieur, sauf que pour moi j'ai l'impression quelle est trop présente pour rester dans ma tête.

Merci ca me rassure

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flippening94 homme
Nouveau Psycho
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Inscrit le 01 Dec 2021
71 messages

silae a écrit

En effet, avoir des amis imaginaires ou se parler tout seul sont des compétences qu'ont les enfants et que beaucoup d'adultes perdent en grandissant en se coupant de leur imaginaire et de leurs rêves

Peu de gens se souviennent de leurs rêves par exemple, non pas qu'ils ne rêvent pas, mais qu'ils s'en détournent au réveil pour se concentrer sur le réel, réprimant leur vie imaginaire, ce qui est bien dommage.

Je dirais que tant que tu sais que c'est toi qui te parle tout seul, et que ton imaginaire n'est pas le réel, comme les enfants savent bien "que ça n'existe pas vraiment", ce n'est pas du tout de la schizophrénie à mon avis.

Salut, bah en faite des fois ca me prend sans que je m'en rende compte et je me souviens en partie de mes rêves.
Par contre je ne sais pas si mon imaginaire est le réel ou pas.

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flippening94 homme
Nouveau Psycho
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Inscrit le 01 Dec 2021
71 messages

DrSyn a écrit

Salut. Depuis toujours ? Recemment ?

Si c’est depuis toujours c’est tout le temps ou de temps en temps

Se parler dans sa tete c’est parfaitement normal et sain

Le faire a l’écrit c’est pas courant

Si c’est très recent et de plus en plus, ça pourrait etre inquiétant (manie ?) mais tant que ça ne t’isole pas, ne détruis pas ton cercle social ou te met pas en danger

C’est pas forcément pathologique.

Pour la schizophrenie c’est pas ça les symptômes les plus frequent (logorhée)

c’est plus :

-depression resistante

-anhedonie (perte de la sentation de plaisir),

- delires (problèmes de cablage de l’intuition qui font des liens irrationnel entre les choses, exemple très courant ça rend parano ou fait faire des crises mystiques) mais les délires existent dans le trouble bipo et d’autres maladies neuro/psycho

Je pourrais citer d’autres symptômes mais qui sont moins caractéristiques (qui existent dans d’autres contexte)

Si tu te fais peur et que ça s’aggrave comme comportement cherche uj centre expert en trouble bipolaire

Le trouble est difficile a diag donc il faut des specialiste, et les centres expert bipolaire sont très compétents sur la schizo aussi

Salut, ca fais environ deux ans que je me parle seul, surtout quand je suis seul et qu'il n'y a personne a coté de moi mais ca m'arrive des fois a proximité de personnes en chuchotant.

Je ne le fais pas a l'écrit.

Je suis des fois paranoïaques, j'ai aussi je pense des délires de persécution :
Je marche dans la rue, je crois qu'on me suis, qu'on va me faire du mal etc après c'est pas tout le temps, ca arrive souvent le soir mais ca peut être en pleine après midi aussi et j'ai remarqué que quand je fume du cannabis toutes ces sensations sont décuplées mais c'est aléatoire des fois ca ne me le fais pas même si j'ai fumer du cannabis.

Je ne connaissais pas les centres expert en trouble bipolaires, je vais jeter un œil a tout ca merci

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silae homme
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champi vert51champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 24 Oct 2015
613 messages
Attention tout de même à certains médecins qui cherchent à pathologiser nos plaintes (la base de leur travail quoi) et proposent systématiquement des médicaments pour éteindre ce qui se passe en nous.

Je connaissais quelqu'un qui, adolescent, n'allait plus à l'école et passait ses journées dans son lit.

Pour ses parents, ce comportement n’était pas "normal", ils sont donc allés voir le psychiatre : "Docteur, pouvez-vous trouver quelle est sa maladie et la traiter pour qu'il reparte à l'école, comme tous les adolescents de son âge ?"
Le psychiatre cherche la maladie, il en connaît pleins, il va bien en trouver une qui correspond !

Est-ce que l'ado est triste ? Non. Est ce qu'il est maltraité à l'école, a-t-il des problèmes avec ses camarades ? Non plus.

C'est juste que l'école ne l'intéresse pas, donc il n'y va pas et reste dans lit.
Le psychiatre se gratte le menton : si ce gamin manque d'intérêt pour l'école, il doit y avoir un peu de dépression là-dedans…

De nos jours, tout le monde sait que la dépression est une maladie, on nous le rabâche constamment, à longueur de TV (répétez après moi) : la dépression est un dysfonctionnement du cerveau qu'il faut re-régler pour guérir. C’est évidemment un problème de réglage puisque ce que la personne éprouve est excessif par rapport à la réalité de ce qu’elle vit. Et de toute façon, ce n'est pas l'école/le travail/la famille/la société qu'on va changer, il faut grandir et cesser de rêvasser, c’est ça devenir adulte !

L'adolescent repart, avec des antidépresseurs. Sauf que cela ne marche pas, il reste toujours dans son lit et rien n'y fait, même la violence. "Vous vous rendez compte Docteur, on ne peut même plus le frapper pour qu'il fasse ce que nous voulons comme quand il était petit, maintenant il se défend ! Ce n'est vraiment pas normal".

Le psychiatre réfléchit, se gratte l'oreille droite, puis la gauche, puis regarde l'adolescent avec intensité. Il connaît tout de même beaucoup de maladies et habituellement, il trouve toujours une case pour les personnes qui viennent le voir. Puis après le diagnostic, c’est facile, il suffit de suivre le protocole.

Subitement, c'est l'illumination : "Ah, ce n'est vraiment pas dans une pochette surprise que j'ai trouvé mon diplôme de psychiatre, il y en a là-dedans !"

1. Si les antidépresseurs ne fonctionnent pas, c'est qu'il n'y a pas de dépression, c’est logique ! Je m'en suis douté quand il m'a dit qu'il n'était pas triste et n’avait pas d'idée noire, j'ai le nez creux, moi !

2. Il y a forcément une maladie, ce n'est pas "normal" de ne pas aller à l'école, et c'est encore moins "normal" de rester dans son lit toute la journée et de ne pas se laisser faire quand un adulte vous tape alors même qu’il le fait pour votre bien !

3. Mon raisonnement (brillant !) est le suivant : le gamin n'a pas d'intérêt pour la vie réelle, il s'oppose à ses parents et ce n'est pas une dépression, c’est donc une psychose ! Vous ne comprenez pas ? C’est évident pourtant, comme le nez au milieu de la figure ! Le manque d'intérêt fait partie des symptômes négatifs qui sont détaillés dans le chapitre sur la schizophrénie, regardez donc !

Le seul problème, c’est qu’il faut au minimum un symptôme positif pour faire ce diagnostic : des hallucinations, des délires, des troubles de la pensée et du langage, etc mais il n'a rien de tout cela (ou me le cache !), est-ce que je suis coincé ?

Non bien sûr (je suis pas n’importe qui !), tout est clair maintenant dans mon esprit : il n'a pas de symptôme positif car ils ne se sont pas encore produits !

C'est l'annonce diagnostic : "Monsieur, Madame, votre enfant est schizophrène. C'est une maladie chronique, incurable, liée à un dysfonctionnement dans son cerveau. Vous n'y êtes pour rien, évidemment, la maladie a toujours été en lui et elle sera toujours là, jusqu’à la tombe. Elle est incurable, mais il est possible, aujourd’hui, d'en réduire les manifestations avec des médicaments. Cela est possible mais c'est surtout NON NEGOCIABLE. Sans cela, ses symptômes vont s'aggraver de plus en plus car cette maladie est évolutive.

Les parents sont rassurés, tout s'explique enfin ! Ils savaient bien que leur fils était malade !

L'adolescent a désormais toute une ribambelle de médicaments mais il a surtout un nouvel élément central dans son identité.

Désormais, lorsqu'on lui demande comment il s'appelle, il répond : "Je m'appelle Pierre et je suis schizophrène". Ce mot est magique. Grâce à lui tout s'explique. Pourquoi ne va-t-il pas à l'école, reste-t-il dans son lit, désobéit à ses parents, ne s'intéresse pas aux autres (ou aux filles), à rien du tout en fait ? Parce qu'il est schizophrène.

Et ça, ça convient à tout le monde, les parents ne sont plus "obligés" de le taper pour qu'il aille à l'école et l'enfant n'a plus personne qui l'embête avec des questions dont il n'a pas la réponse. Être schizophrène, c'est comme la réponse 42, une réponse à (presque) tout. Plus besoin de se fatiguer à trouver comment répondre à tous ces gens qui lui posent constamment des questions, pourquoi ceci, pourquoi cela... Qu'est-ce qu'ils l'emmerdent alors avec ces questions, il n'en sait rien lui !

Le psychiatre est ravi, les parents aussi, l'école cesse d'harceler les parents, l'adolescent peut rester tranquille dans son lit, sa seule tâche : prendre ses pilules à la bonne heure. C'est la seule exigence, désormais, à la carrière de "malade mental" qu'il vient d'embrasser.

De toute façon, il est d'accord, le psychiatre l'a convaincu ; et l’a prévenu : s'il stoppe son traitement, les symptômes positifs de la schizophrénie vont apparaître, il sera alors enfermé dans un hôpital psychiatrique et contraint de reprendre son traitement "pour son bien". Il voit bien que c'est préférable de le prendre « volontairement »…
Comme pour le diabète, il faut re-régler le corps  (en l’occurrence le cerveau), il n'y a pas d'autre issu.

Au-delà des ordonnances, le psychiatre parle aux parents de l'AAH, l'allocation adulte handicapé. Ils n'ont plus à s'inquiéter, cette pension lui permettra de ne pas mourir de faim, même s'il reste dans son lit toute sa vie. S'il est malade, ce n'est la faute de personne, et c'est heureux de vivre dans un pays qui est solidaire et entretient les "anormaux".

L'adolescent continue de vivre dans son lit : il joue à des jeux vidéo, discute avec quelques amis à distance et il est plutôt content : on ne l'embête plus. Le problème est qu'il grossit, grossit, grossit... et qu’il finit par dépasser les 100kg…

Il en parle au psychiatre, demande à réduire les médicaments qui dérèglent son métabolisme. Il se sent par ailleurs bien "vide" depuis qu'il les prend. Mais le psychiatre est catégorique, il est malade et il DOIT prendre son traitement. S'il le diminue ou l'arrête, il va décompenser, c'est-à-dire qu'il va être envahi d'idées délirantes ou peut-être même il va avoir des hallucinations, entendre des voix ? D'ailleurs, n'a-t-il pas évoqué certaines choses de ce genre avant que le traitement débute ? Non ? Mmmh... Il faudra qu'il vérifie ses notes.

Le temps passe, l'adolescent grossit, de plus en plus, il ne se passe pas grand-chose dans son esprit, et peut-être même, il en passe de moins en moins.

Pourtant, cela ne lui plaît pas d'être gros à ce point, de transpirer, d'avoir du mal à se déplacer.

Il prend alors une décision radicale. Peu importe ce que le psychiatre raconte, il va arrêter de prendre toutes ces pilules et on verra bien. Il a passé 2 ans à être docile et à faire tout ce qu'on lui demande. On ne l'embête plus, soit, mais il n'aime plus son corps et commence alors, de plus en plus, à se sentir déprimé.

Alors il arrête, NET, l'ensemble de son traitement, en profitant d'un voyage chez un ami, qu’il a rencontré sur internet.

Que se passe-t-il ? Eh bien, il se met à transpirer, transpirer, transpirer, et ce, massivement, pendant des jours et des jours. Il sent sa pensée se remettre en marche, il se sent plus habité, incarné. Il n'y a plus ce décalage entre son gros corps d'un côté et sa pensée émoussée de l'autre. C'est comme un gigantesque mécanisme qui se remet à fonctionner en continu. Plus, comme auparavant, cran par cran, entre deux vides…

Cependant, il a peur, va-t-il se mettre à délirer, perdre à jamais sa raison, se retrouver "chez les fous" ?

Mais rien ne se passe. Ce diagnostic, qui arrangeait tout le monde, ne serait-il pas une énorme connerie ?
....

Pardon pour cette histoire (qui n’est pas la mienne, comme on pourrait en faire l’hypothèse, mais c'est celle de quelqu’un de proche). Je me suis laissé emporter par le plaisir d'écrire (sous opiacé et après une session crack !). Si cela n'est pas approprié et que ça pollue le fil, je m’en excuse, pas de soucis à supprimer ou à réduire si mon texte si besoin.

Pour info, si vous vous posez la question, l’ado de mon histoire est désormais adulte et n’a pas repris d’antipsychotique jusqu’à aujourd’hui. Il n’a jamais eu de délire ou d’hallucination. Après quelques années, il a passé un équivalent du bac et il travaille désormais dans une boite d’informatique. Il est toujours en surpoids, et aime toujours rester longtemps dans son lit…

Suite à cette petite histoire, je poursuis mon raisonnement :
Notre manière de fonctionner, nos écarts face à la norme, ne sont pas toujours des maladies qu'il faudrait traiter. Nous sommes des êtres uniques, de par notre biologie et notre histoire, et se comparer à des normes externes n’est pas toujours le meilleur choix.

Par exemple, mon cœur est peut-être plus gros que la normale et sa configuration s'éloigne peut-être de 99.9% de la population. En plus il est tout biscornu, on a jamais vu ça ! Faut-il (en imaginant que c'est possible), le modifier pour le faire rentrer dans la norme ?

En fait, mon système vasculaire est lui aussi biscornu, avec des veines toutes petites qui prennent des chemins invraisemblables ! Mon cœur est unique, et même "bizarre". Cependant, avec un cœur "normal" ou un tout petit différent, le reste de mon corps dysfonctionnerait totalement. Pour moi, c'est avoir un cœur normal qui serait pathologique.

Le point central est de savoir si l'échafaudage unique, constitué par tous les éléments de mon corps et de mon esprit, me permet de fonctionner correctement et sans souffrir, et de voir si je conserve une petite latitude pour le bricoler à droite et à gauche afin de le faire évoluer, si je le souhaite.

L'ado ci-dessus, même s'il faisait lui-même le constat répété par tous "qu'il n'était pas normal" ne souffrait pas particulièrement (en tout cas, c’était mon impression), et il ne bricolait pas son échafaudage, pour la simple raison qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il voulait faire. En revanche, ce dont il était sûr, c'est que l'école ne l'intéressait pas. Il restait donc dans son lit (c'est quand même confortable), avec son ordi, afin de passer le temps.

Par cette histoire, je voulais illustrer le risque de pathologiser nos singularités et nos "bizarreries" lorsqu'elles ne correspondent pas à l'idée que nous nous faisons de la norme.

Si te parler ou t'écrire à toi même te fait du bien, pourquoi en faire un problème "à soigner", voir une maladie mentale (bipolarité) !!!

Si tu cherches une maladie, tu trouveras toujours un médecin pour t’en proposer : "Tout bien portant est un malade qui s'ignore" (dans la pièce de théâtre Knock que je vous recommande chaleureusement si vous ne l’avez pas lue, c'est court et très drôle : lien)

Sauf que, comme dans l'histoire de mon ado, faire de tout ce qui se manifeste en nous une potentielle maladie peut être dangereux, même si ça arrange parfois, car cela aide à clore les questions sur lesquelles nous n’avons pas de réponse. C’est aussi la fonction de la religion !

De mon côté, je ne m'écris pas à moi-même mais je prends des drogues (parfois de manière assez extrêmes), ce que beaucoup de gens réprouvent y compris des PUD, mais je ne pense pourtant pas pour autant que je suis malade : c'est juste mon fonctionnement actuel pour ne pas me casser la figure, pour que l’échafaudage tienne.

Contrairement à l'idée que NORMALEMENT, lorsqu’on prend de l'héroïne et du crack, on finit par en prendre tous les jours, à vider son compte en banque ou on finit dans le caniveau, ce n'est absolument pas ma situation. Je prends PONCTUELLEMENT des produits (même si encore trop à mon goût), j'ai un bon travail, un bon salaire et un toit au-dessus de ma tête.

Je ne suis pas malade car mon corps et mon esprit fonctionnent correctement (à peu près). Je n'ai pas une vie et des comportements dans la norme mais je suis normal au sens que l'échafaudage qui permet mon existence tient malgré ou grâce [à] toutes mes anormalités et nombreuses bizarreries.

Voilà, je pense donc que les questions à se poser sont : est-ce que mes comportements me font souffrir ? Si oui pourquoi ? A quoi servent-ils dans l’échafaudage de mon existence ? Est-ce que j’ai une latitude pour évoluer selon ce que je souhaite, même si c’est tout doucement, pas à pas ?

Et puis après fuck les autres qui jugent. Je ne permets à personne de me juger tant que je ne commets aucun crime. En effet, je ne suis pas sûr que ces personnes seraient encore là si elles étaient dans ma peau…

Pour finir, je vous encourage à lire la thèse de Canguilhem qui s'appelle "Le normal et le pathologique" dont mes propos sont en grande partie inspirés. C'est un texte assez court qui se lit plutôt bien (de mon souvenir).

Bonne soirée et des bises à tout le monde (oui ce soir c'est la fête) !

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Anton_Zimmer homme
Nouveau membre
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Inscrit le 15 Jul 2025
15 messages
Je m’excuse par avance du petit HS pour l’Op

silae a écrit

Peu de gens se souviennent de leurs rêves par exemple, non pas qu'ils ne rêvent pas, mais qu'ils s'en détournent au réveil pour se concentrer sur le réel, réprimant leur vie imaginaire, ce qui est bien dommage.

.

Bonjour silae
D’où tire tu une telle affirmation ?
A titre personnel je ne me rappelle de quasiment aucuns de mes rêves mais je passe bcp de temps dans ma tête, à imaginer des scenarii, des histoires, etc…


Dialoguer avec soi est plutôt sain flippening94.
La question que je me pose c’est : est ce que tu en souffres ?
Personnellement, ça a pu me couper un peu du réel durant mon adolescence mais aujourd’hui c’est plutôt une richesse je trouve.
Je ne sais pas quel âge tu as mais en me basant sur mon expérience, ces choses là s’apprivoisent avec le temps.

Pour ce qui est des « délires de persécutions » je te cite, c’est des choses qui peuvent arriver, notamment dans des grands centres urbains. Et le cannabis peut entraîner des épisodes de « flippe » (en tout cas, j’en ai fais l’expérience) surtout lors de moment de fatigues (chez moi) ou des périodes de stress (déménagement, situation conflictuelle au travail, familiale, etc…). Encore une fois toutes ces « affirmations » se basent sur mon expérience. Ne jamais oublier que le set and setting joue sur le ressenti (et pour moi ça a longtemps était fortement le cas avec la verte).

Prends soin de toi, va voir le centre et renseigne toi mais garde bien en tête que les médecins, aussi compétents soit ils/elles restent des personnes qui peuvent se tromper sans forcément vouloir nuire.

Bien à toi

Anton

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silae homme
Adhérent PsychoACTIF
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Inscrit le 24 Oct 2015
613 messages
On sait mesurer la présence du rêve pendant le sommeil (le fameux sommeil paradoxal, bien s'il est possible de rêver dans d'autres phases, 80% des rêves se déroulent durant celui-ci) et on sait également comment faire pour qu'une personne se souvienne de son rêve.

Il suffit de la réveiller alors qu'il est en train de rêver et de le forcer à se focus sur ce qu'il vient de vivre par des questions.

Pour se souvenir d'un rêve, il faut le mémoriser, et le plus souvent, les micro-réveils (constants et nombreux dans une nuit) sont trop courts pour permettre un passage dans la mémoire à long terme, on ne se souvient donc pas de ses rêves dans ce cas.

Avec un cahier des rêves, le matin, il est cependant possible de faire l'exercice de se concentrer sur le rêve qu'on vient de faire, donc de ne pas s'en détourner, et de le noter.

Pour ma part, comme pour beaucoup d'adulte, je ne le fais pas, et mon attention porte sur le réel et ne reste pas en arrière lorsque je me réveille et j'oublie mes rêves (les enfants, plus portés sur leur vie imaginaire, les oublient beaucoup moins).

Je ne dis évidemment pas que tout le monde fonctionne comme cela, on est tous différent. Et d'où je tire ces explications ? De mes vieux cours de neuro à la fac.

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