source:
http://tempsreel.nouvelobs.com/politiqu … ement.htmlLe secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen s'est dit favorable à l'organisation d'un référendum sur la question du
cannabis, la ministre de la Santé Marisol Touraine réaffirmant son opposition à toute "légalisation" ou "dépénalisation", dans un dossier réalisé par L'Obs.
"Une décision aussi fondamentale ne peut pas être tranchée par une majorité à l'Assemblée nationale mais par un référendum, parce qu'il ne s'agit pas d'un produit récréatif anodin mais d'une substance dont la dangerosité et les conséquences sanitaires sont probablement sous-estimées", écrit M. Le Guen dans une tribune accordée à l'hebdomadaire.
Pour le secrétaire d'Etat, qui s'était déjà prononcé à type personnel contre la "prohibition" du
cannabis, "il est temps de lever la chape de plomb culturelle et idéologique qui pèse sur ce débat, où la droite moraliste considère que le
cannabis est une perversion, alors que la gauche bobo en ferait un usage social laxiste".
M. Le Guen "défend l'idée d'une
légalisation réglementée et partielle, avec le maintien de l'interdiction pénale pour les moins de 21 ans".
Toujours dans l'Obs, Marisol Touraine a quant à elle réaffirmé son opposition. "Le
cannabis est néfaste pour la santé et la ministre de la Santé que je suis est donc totalement opposée à sa
légalisation ou à sa
dépénalisation".
Mais "il est cependant très important de réfléchir à la bonne politique publique à adopter concernant sa consommation", dit-elle, estimant également que "c'est une question compliquée qui mérite d'être débattue dans un cadre plus serein que celui d'une campagne présidentielle".
Également interrogé dans ce dossier, le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde s'est dit "favorable" à la
légalisation du
cannabis, prônant d'en finir "avec les postures morales". Mais le député-maire de Drancy (Seine-Saint-Denis) se prononce "à titre personnel" et souligne que "ce n'est pas la position de [son] parti".
Pour Les Républicains (LR), le maire d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) Bruno Beschizza estime qu'"il ne faut pas lever l'interdit". Son homologue (écologiste) de Sevran Stéphane Gatignon se prononce de son côté "pour une
légalisation contrôlée", évoquant "une hypocrisie totale": "je connais beaucoup de quadragénaires qui fument, y compris des élus de la République, et qui refusent le moindre débat sur la question".
AFP
Source: lepoint.fr
Légaliser le
cannabis ? Le débat divise jusqu'au gouvernement
Image IPB
Marisol Touraine, Jean-Marie Le Guen, montage. (WITT/SIPA-NIVIERE/SIPA)
Marisol Touraine et Jean-Marie Le Guen s'opposent sur la question "compliquée" de la fumette, qui bat des records en France.
La France est le pays d'Europe le plus répressif avec les
joints... mais aussi celui où on en fume le plus ! Selon les derniers chiffres de l'Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT, 2015), 42% des Français âgés de 18 à 64 ans ont déjà fumé au moins une fois du
cannabis, soit 17 millions d'utilisateurs. Faut-il aller vers une
dépénalisation, voire une
légalisation de cette drogue ?
Le débat fait rage, jusqu'au sein du gouvernement. Si la ministre de la Santé, Marisol Touraine, s'y dit "totalement opposée", le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, plaide lui, pour une "légalisation réglementée et partielle" et l'organisation d'un référendum sur la question. Mi-avril, il avait déjà évoqué une "échéance politique à venir".
Je suis contre la
dépénalisation et la
légalisationPar Marisol Touraine, ministre de la Santé.
"Il faut partir d'une réalité simple : le
cannabis est néfaste pour la santé, et la ministre de la Santé que je suis est donc totalement opposée à sa
légalisation ou à sa
dépénalisation. Il est cependant très important de réfléchir à la bonne politique publique à adopter concernant sa consommation.
Image IPBMarisol Touraine. (Witt/SIPA)
Avant d'ouvrir un débat, il faut être clair quant à l'objectif qui, on le voit à travers les expériences étrangères, peut être différent d'un pays à l'autre. Vise-t-on un objectif de santé publique, sachant que la consommation des jeunes est inquiétante en France, ou bien la lutte contre les trafics et les mafias ? Ou veut-on, comme au
Mexique où l'on peut transporter 5 grammes de
cannabis pour sa consommation, vider les prisons et désengorger les tribunaux ?
Quoi qu'il en soit, c'est une question compliquée qui mérite d'être débattue dans un cadre plus serein que celui d'une campagne présidentielle. Ce sujet 'hystérise' alors qu'il nécessite une réflexion profonde, une vraie évaluation des enjeux."
Il faut un référendum
Par Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement.
"Depuis la fin des années 1960, La France n'a pas bougé sur le sujet du
cannabis, et elle ne pourra le faire qu'à une seule condition : que le débat soit porté par la société civile elle-même, le changement ne peut pas venir d'en haut. Car aujourd'hui tout le monde est concerné alors que notre loi pénale est inefficace.
Image IPBJean-Marie Le Guen. (Niviere/SIPA)
La politique française en matière de
cannabis peut-elle évoluer ? Vers quoi ? Il faut entendre tous les arguments, apporter toutes les réponses. Enfin, une décision aussi fondamentale ne peut pas être tranchée par une majorité à l'Assemblée nationale mais par un référendum, parce qu'il ne s'agit pas d'un produit récréatif anodin mais d'une substance dont la dangerosité et les conséquences sanitaires sont probablement sous estimées.
Dépénalisation du
cannabis : le gouvernement ®ouvre le débat... et le referme aussitôt
Il est temps de lever la chape de plomb culturelle et idéologique qui pèse sur ce débat, où la droite moraliste considère que le
cannabis est une perversion, alors que la gauche bobo en ferait un usage social laxiste.
Cela ne veut rien dire quand le
cannabis devient un produit de consommation courante. C'est pourquoi je défends l'idée d'une
légalisation réglementée et partielle, avec le maintien de l'interdiction pénale pour les moins de 21 ans. C'est à l'Etat de prendre en charge la régulation de ce marché, directement ou par une délégation de service public, comme pour le
tabac et l'
alcool."
Propos recueillis par Nathalie Bensahel