Respiiiire et réfléchis

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Thomson homme
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Inscrit le 02 Oct 2018
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J'ai atteint un âge certain de manière finalement assez miraculeuse.
Je suis né dépressif. Donc j'ai passé ma vie à prendre des médicaments. A l'adolescence j'ai fais hôpitaux sur hôpitaux et j'ai dû prendre à peu près tout ce qui existe. Ça c'est pour le contexte.

Quand j'étais jeune (j'étais auditeur libre en cinquième tellement j'allais mal) je n'avais pas conscience de ce que signifie la dépression majeure, ou chronique, ou unipolaire, allez savoir. J'interprétais mon mal être profond comme étant la résultante d'un climat social et politique infects qui devaient être fuit comme la peste.
Depuis ma montagne isolée, j'avais quelques échos lointains de la vie en marge à travers des lectures
et des informations partielles. Un jour, je m'en souviens, j'ai décrété que je voulais être junkie et mourir seul dans l'Everest. En écoutant Amon Duul II, je me voyais totalement perché entrain de m'enfoncer dans la neige des sommets pour y disparaître à jamais. Pour moi cela relevait d'un acte politique et philosophique, une façon de souligner ma désapprobation à l'égard de la société considérée comme asservissante et aliénante. J'ai seriné tout un tas de jeunes du village qui faisaient leurs études en ville pour qu'ils me ramènent de la came -n'importe laquelle -et ça s'est heureusement toujours soldé par des fins de non recevoir. Ce qui m'a probablement sauvé la vie.

(Un beau jour, plus tard, aux alentours de mes 17 ans, je suis allé à un concert folk avec des amis et j'ai fumé mes premiers pétards dans ces circonstances. Le lendemain, pour la première fois depuis des années, je me sentais bien. A tel point que mon père étonné m'a dit: "Cela faisait des années que je ne t'avais pas entendu rire". J'ai décrété que je fumerais le plus possible. Ce à quoi je me suis attaché durant quelques années. J'avais de l'huile pure, directement du fabriquant au consommateur.
Le produit et moi avons toujours été profondément syntone. Il me rendait jovial, amical, serviable et créatif.)

Mais j'ai compris pas la suite que cette démarche que j'envisageais de finir junkie loin de toute civilisation n'était pas le fruit d'un choix éclairé et lucide, mais simplement les pensées d'un dépressif profond qui ne sait plus quoi inventer pour se sentir un peu moins mal.
j'ai connu un éthéromane qui est mort aujourd'hui. Avec le recul je saisis très bien le fait que lui aussi était profondément déprimé, quant à la majorité des fumeurs que j'ai cotôyé, ils avaient clairement des félures (deuils, père alcoolique, blessures amoureuses, santé précaire).

Alors je me dis la chose suivante. Il n'est pas mauvais avant de se lancer dans une consommation de came quelconque de sonder au préalable les motivations profondes qui nous y poussent. Les manques que l'on souhaiterait combler par ce biais. Sans aucun doute nous vivons dans une société profondément castratrice et inhibitrice qui est véritable étouffoir de l'âme. Cependant avant de consommer on peut se donner le temps de chercher comment répondre de manière plus créative à ces contraintes que la norme nous impose. Ou vérifier que nous ne sommes pas motivés par un mal être tel que la dépression - ce que la consommation ne soignera pas.
Quant à ceux qui s'amusent, ils sont vaccinés et responsables, je m'adresse ici plutôt à ceux qui sont tourmentés intérieurement.

Enfin bref, il est heureux que les opportunités de me défoncer dans mon jeune âge ne se sont pas présentées, je pense que dans mon état je ne m'en serais jamais remis.

Dernière modification par Thomson (03 octobre 2018 à  11:31)

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