La
base de cette remise en question des capacités de conduite amoindries chez le usagers fréquents de
cannabis : L'étude menée par le Dr Thomas D. Marcotte, portant sur 190 consommateurs réguliers de
cannabis et les concentrations sanguines de
THC, a été publiée en 2025 dans la revue scientifique Clinical Chemistry. Cette revue est une publication réputée qui publie des recherches sur la chimie clinique et la pharmacologie des substances, incluant des études sur les effets pharmacologiques du
cannabis et ses implications légales sur la conduite automobile.
A lire en français : Des scientifiques du Center for Medicinal
Cannabis Research (CMCR) de la faculté de médecine de l’Université de Californie à San Diego ont découvert que, dans la plus vaste étude de ce type menée à ce jour, les consommateurs réguliers de
cannabis ne présentaient aucune altération de leurs performances de conduite après au moins 48 heures d’abstinence. Ces nouvelles conclusions ont des implications à la fois pour la santé publique et pour l’application des lois concernant la consommation de
cannabis et la conduite automobile.
Environ les trois quarts des Américains vivent dans un État où le
cannabis est légalement disponible, et environ 15% d’entre eux en consomment actuellement. À mesure que l’usage du
cannabis se généralise, il devient essentiel de comprendre ses effets sur les activités quotidiennes, telles que la conduite, afin d’assurer la sécurité publique et d’adapter la législation en conséquence.
Si l’intoxication aiguë au
cannabis peut altérer les capacités de conduite, il reste difficile d’appliquer les lois sur la conduite sous
cannabis, car, contrairement à l’alcool, il n’existe pas de test biologique (par exemple, basé sur la concentration sanguine) permettant de relier directement la présence de
cannabis dans l’organisme à un état d’intoxication. Le tétrahydrocannabinol (THC), composé psychoactif du
cannabis, peut être détecté dans le sang plusieurs jours, voire plusieurs semaines après la consommation, et dans l’urine pendant des semaines, voire des mois.
Une question importante reste en suspens : les consommateurs réguliers de
cannabis, chez qui du
THC peut encore être détecté dans le sang, présentent-ils des capacités de conduite réduites lorsqu’ils ne sont pas sous effet actif ? Pour y répondre, les chercheurs ont analysé les données de deux études. La première, un essai clinique randomisé, a évalué les performances de conduite de 191 consommateurs de
cannabis, tous abstinents depuis au moins 48 heures. La seconde a comparé un sous-groupe de consommateurs très réguliers issus de la première étude à un groupe témoin plus restreint de non-consommateurs. Un simulateur de conduite a été utilisé pour mesurer les performances et détecter d’éventuelles altérations.
Les chercheurs n’ont trouvé aucun signe de diminution des capacités de conduite chez les consommateurs abstinents depuis au moins deux jours. Le premier auteur, Kyle Mastropietro, doctorant au programme conjoint de psychologie clinique de l’Université d’État de San Diego et de l’Université de Californie à San Diego, a déclaré :
« Nous n’avons trouvé aucune relation entre les performances de conduite et l’historique de consommation de
cannabis, la durée d’abstinence ou les concentrations sanguines de
THC. Fait notable, les consommateurs les plus assidus, qui fumaient en moyenne quatre
joints par jour, n’ont pas eu de performances moindres durant cette période d’abstinence que le groupe témoin de non-consommateurs en bonne santé. »
Thomas Marcotte, Ph.D., professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de l’Université de Californie à San Diego et auteur principal de l’étude, a ajouté :
« Ces résultats s’ajoutent à un ensemble de preuves grandissant indiquant que se fier aux concentrations sanguines de
THC pour évaluer une possible altération chez les consommateurs réguliers n’est pas justifié, puisque le
THC peut rester détectable plusieurs jours, voire plus, après usage. »
Marcotte, également codirecteur du CMCR, souligne que « ces résultats confirment les défis que pose l’interprétation des tests cognitifs chez les consommateurs très réguliers abstinents, notamment pour comprendre comment ils se comportent dans des activités réelles et automatisées comme la conduite. »
Grâce à un simulateur de conduite installé au CMCR, les chercheurs de la faculté de médecine de l’Université de Californie à San Diego ont pu observer qu’après au moins deux jours d’abstinence, les consommateurs fréquents de
cannabis ne présentaient aucun déficit de conduite.
Les auteurs précisent que l’étude a été réalisée dans un environnement de laboratoire contrôlé, qu’elle n’a pas pris en compte toutes les situations de conduite possibles et que le groupe témoin de non-consommateurs était de petite taille. Néanmoins, les résultats apportent de nouvelles perspectives sur les risques et conséquences potentiels d’une consommation chronique de
cannabis.
L’étude a été publiée dans la revue Psychopharmacology le 6 septembre 2025. Elle a été en partie financée par l’État de Californie dans le cadre de la subvention accordée au CMCR via l’Assembly Bill 266 (Bonta/Cooley/Jones-Sawyer/Lackey : accord n° 907). Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts.
Source :
https://today.ucsd.edu/story/frequent-c … -day-breakAmicalement
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