Salut tout le monde,
Est paru un article sur l’utilisation des médicaments contre la douleur (et en particulier les
opiacés), dans la veine des cinq dernières années : les morphiniques (et autres médicaments antalgiques), c’est mal, et il y a
plein d’alternatives pour lutter contre.
https://www.lemonde.fr/sciences/article … 50684.htmlL’article est intéressant mais le truc c’est que j’ai vu ce fameux neurochir à plusieurs reprises, 2 fois au cabinet (je connaissais en fait le neuro qui partage son cabinet à Aix), 2 fois au centre antidouleur du CH d’Aix. Tout d’abord, M. Larchevêque est très compétent. Certes, il dit beaucoup de choses intéressantes (les alternatives aux médicaments, les moyens pitoyables mis à disposition des unités douleurs…) mais que ce monsieur n’a pas tout à fait le même discours dans
Le Monde que dans son bureau.
Je cherchais avec lui et un ami algologue une solution chir à mes douleurs, et il en a trouvé deux potentielles. Mais finalement, il n’a juste pas voulu m’opérer et à préconiser au final… l’utilisation de
méthadone au lieu de l’oxycodone (juste pour avoir moins recours à la
kétamine). Alors que nous étions bien partis il me semblait pour que je passe sur le billard, il a brutalement changé de discours. « La chirurgie de la douleur est réservée à de très rares cas, très particuliers » pour le fonds de son discours. Quelques temps avant j’entrais dans ces cas particuliers, et soudain préconisation d’un traitement par
méthadone. J’ai cherché à savoir mais je n’ai pas pu le revoir, seulement le rappeler et il m’a donné le numéro d’un autre neurochir… (que je connaissais déjà, il m’a aidé de ouf quoi ! qui lui ne voulait pas m’opérer par rapport à son rapport avec moi et mon jeune âge).
Il ne s’agit pas ici de dire qu’il a tort, mais seulement de témoigner sur comment ça se passe réellement, la pratique étant (toujours bien sûr) en décalage de l’écriture scientifique. Oui il y a des solutions neurochirurgicales à certains types de douleurs, et j’espère qu’elles vont se développer, mais il me semble bien que :
1) elles sont
très difficiles d’accès ;
2) constamment frapper sur le faible arsenal thérapeutique contre la douleur en comparant constamment la situation française à la situation américaine… ça ne fait que freiner l’accès aux traitements antidouleurs pour ceux qui en ont besoin. Je trouve le discours sur les
opiacés dangereux depuis quelques années en France, les jeunes médecins et internes, pourtant formés seulement une vingtaine d’heures sur la prise de en charge médicale de la douleur, devenant toujours plus réticents à la prescription des morphiniques.
Les morphiniques sont dangereux et doivent être utilisés avec une intelligente parcimonie, mais la brutalité du changement du consensus médical à propos de leur utilisation (quand la crise des
opioides aux USA a été révélée plus largement ~2015), dénote d’un manque de recul complet sur la situation française. Quand un consensus se retourne de manière aussi brusque, il faut toujours faire attention de toute façon. On est passé d’un discours qui allait vers « il vaut mieux prescrire une faible dose de
morphine plutôt qu’une grosse dose d’opioide faible », à un retour en arrière sur le regard sur les morphiniques.
Les médecins surprescrivent donc le
tramadol, puis alertent sur le
tramadol (4
opiacés faibles dans la pharmacopée française pour traiter le motif de consultation le plus régulier…)… et dans le même temps les recherches vont à une lenteur effroyable pour les gens qui souffrent.
On sait que l’utilisation des morphiniques a beaucoup augmenté cette dernière décennie, mais c’est dans le cadre du plan de lutte contre la douleur. Et surtout la situation en France n’a rien de comparable avec celle aux USA.
L’article est intéressant, les interventions neurochirurgicales antidouleurs sont encore à développer, les morphiniques doivent être mieux connus des médecins et donc mieux prescrits, mais je voulais spécifier pour être en grande partie d’accord avec M. Larchevêque, que même une fois l’unité douleur atteinte (3-9 mois), il faut compter également le temps de voir le neurochir (min. 1 mois par exemple à Aix en 2019), et le fait que même si une opération est possible, elle ne se fera pas forcément… donc c’est bien beau d’écrire cet article dans le monde, mais il serait bon de préciser que s’il faut compter un temps d’attente pour une chir antalgique de 10 à 12 mois MINIMUM, la douleur, elle,
doit être soulagée au plus vite, avant qu’elle ne se chronicise, ou que le patient ne voit sa situation socio-psychologique devenir catastrophique.
House
Dernière modification par HouseMD (19 octobre 2021 à 11:16)