BEAUVAIS : L'échangeur de seringues installé en toute discrétion

Un échangeur de seringues a été posé près de la gare par l'association Sato. Cet équipement complète le dispositif de lutte contre les toxicomanies.

«Cela évite que les toxicomanes se refilent les seringues entre eux. De toute façon, certains sont accros et ne veulent pas être soignés, là  au moins, c'est contrôlé ». Bien ou pas, l'installation d'un nouvel échangeur gratuit de seringues à  Beauvais ? Quand on leur pose la question, certains Beauvaisiens sont pour, d'autres contre. «Je ne pense pas que ça soit bon pour eux, ça ne les aide pas à  s'en sortir et peut pousser certains à  la toxicomanie », témoigne Alexis, 16 ans, Beauvaisien. Mais tous ignoraient l'implantation de cet échangeur gratuit, opérationnel 24 heures sur 24 qui vient d'être installé près de la gare de Beauvais, permettant ainsi aux toxicomanes de récupérer du matériel stérile et de déposer leurs seringues usagées dans ce même échangeur.

Le chef de file de l'opposition municipale de gauche, satisfait de l'implantation de cet appareil, note qu'il y aurait pu avoir davantage de concertation avec la population et les commerçants. «Nous attendions sa mise en place pour adapter notre communication en fonction de la réaction des gens, note Alexandre Papion. Pour l'instant, il n'y a aucunes craintes particulières ».

L'appareil d'un montant de 11 000 € a été financé par l'agence régionale de santé (ARS). Il a été mis en service par le Service d'aide aux toxicomanes de l'Oise-Picardie (Sato), en partenariat avec la Ville de Beauvais qui a mis le lieu à  disposition. «Cet appareil a pour vocation de réduire les contaminations par le VIH, mais aussi l'hépatite C, épidémie connue dans le milieu depuis une dizaine d'années », explique François Brossard, directeur adjoint à  la réduction de risques pour usagers de drogues au Sato.

Les usagers de drogues n'ont pas forcément les moyens d'acheter le matériel en pharmacie, où la démarche est plus complexe. Un appareil avait été mis en place, près de la mairie, sous le mandat de l'ancien maire socialiste Walter Amsallem. Il ne fonctionnait plus depuis les années 2000.
Un endroit de passage

Pourquoi à  proximité de la gare ? «Il nous fallait un endroit de passage et un lieu où les gens puissent se garer à  proximité, mais sans que ça soit gênant pour les usagers afin qu'ils puissent chercher en toute discrétion leur matériel », précise François Brossard.

Ce distributeur s'inscrit dans une politique plus large du Sato pour lutter contre les toxicomanies. L'association dispose d'un centre de soins et d'un pôle prévention.

La crainte soulevée par certains Beauvaisiens, c'est que ce lieu devienne un rassemblement d'usagers de drogue. «Pour fluidifier et éviter que le lieu ne soit approprié, une caméra de vidéo-surveillance couvre les abords du site », indique Alexandre Papion, chef de projet prévention de la délinquance à  la Ville de Beauvais. Pour la Ville, ce distributeur est important pour la sécurité publique. «Cela évite justement d'avoir des lieux de consommation dans la rue et de retrouver des seringues par terre », analyse Alexandre Papion.

L'expérience de Creil où un appareil similaire a été implanté près de la gare, n'a posé aucun problème. Deux mille quatre cent vingt et une personnes l'ont utilisé en 2010 à  Creil.

Source : http://www.courrier-picard.fr/courrier/ … discretion