« Il faudra faire plus qu’en discuter pour convaincre les autres, il y a quelque chose de plus profond »,
« Le fait est qu’initialement on est qu’un emplacement dans le système de coordonnées de nos contacts (comprendre ici notre entourage, les individus qui nous entoure), dans la représentation qu’ils se font de nous »,
« Maintenant je te laisse faire ton chemin, mais les choses ne sont pas si simples, il faut y mettre le temps et l’investissement nécessaire. (Dans l’expérience psychédéliques) On y trouve chacun les réponses que nous sommes venus chercher. Comme si cela échappait au travail de la réflexion que l’on doit faire sur chaque épreuve et passage de la vie »
« Je suis trop perché pour concrétiser une pensée, mais je n’ai de compte à rendre à personne, j’ai un sentiment, quelque chose que je ne peux décrire. Comme si je devais revenir de ce voyage avec l’obligation d’un souvenir, quelque chose à prouver. Alors que je peux vivre juste avec moi-même »
« Personne, même les expérimentés n’ont le contrôle sur ce chose insaisissable qu’est la première expérience (la découverte) des plus jeunes. L’ineffable, on ne peut que le ressentir, mais d’une manière ou d’une autre, il finit réduit à quelques caractères SMS (je pense que je me voyais entrain d’écrire à ce moment-là), plutôt qu’à la majestueuse encre et à la plume (qui ne sont même pas digne de travailler sur l’ineffable). Même dans cette réalité-là, je n’ai pas le contrôle pour exprimer les choses que je ressens. Pas assez pour les matérialiser, pour laisser courir (librement) ce flot d’enthousiasme, cette bonne nouvelle : Le temps (d’une vie) est inexorablement long et bon »
Ce dernier est toutefois assaisonné de réflexions moins plaisantes mais qui méritent d’être citées. Lorsque j’ai pris un instant pour me tourner vers les autres, j’ai vu que Dupont n’était pas dans son meilleur moment non plus. Il était en quête d’une sensation vécue quelques minutes avant, il a dit « ça a disparu, il faut que je le revoie (ou que je le retrouve, un truc du style). » Il était également un peu inquiet pour sa tante, je lui dis « tu lui diras que tu étais bourré, ça passe tranquille ».
Tout n’était pas rose bonbon. Cela demandait, une maîtrise de ses états d’âmes (si tenté qu’il en existe une) et des moments de recentrement afin de ne pas m’engager sur la longue pente d’un bad trip. Un peu à la manière de Gainsbourg, je pense que ce qui définit le mieux ce passage n’est autre que : Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve.
« Je n’ai pas de problème, je ne viens… (j’ai perdu la fin de la phrase en plein milieu de ma pensée) »
« Je me sens recentré sur moi, alors que j’étais venu y chercher une expérience d’au-delà. Cela devait être un trip entre nous, et finalement cela a plutôt servi à divertir ses copains (ceux de Dupont) »
« (Je me sens casi coupable) d’utiliser une feuille de maths comme une (bête) feuille A4, comme refuge pour mes pensées, je veux laisser croire que j’ai mieux que ça à laisser transparaître (au fond de moi) »
J’en viens à repenser à une expérience psychédélique, que j’avais lu ou entendu. Un homme qui disait qu’au quotidien les psychédéliques ont certainement influencé un peu son mode de vie, comme le fait d’être moins attaché au matériel. Je ne sais pourquoi mais sur le moment cette pensée ma agacé, presque outré. Comment peut-on réduire quelque chose d’aussi grand et puissant à une légère mise en retrait du matérialisme me suis-je demandé ?
J’ai inspiré profondément, levé la tête vers les arbres, qui ont accompagné le début de mon voyage, et j’ai été soudain envahi d’un sentiment d’abnégation. L’ineffable bien-sûr ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? Je sais moi-même à quel point il est difficile de rapporter ne serait-ce qu’une ébauche de ce genre de voyage pour sois même, alors réussir à faire sa communication aux autres est mission impossible. Mets-toi à sa place ! Aurais-je fait mieux que lui ? J’ai repris une respiration, et j’ai réalisé qu’en fait, cela m’importait peu. J’étais entrain de me perdre dans une projection du passé (l’histoire de l’homme qui parlait du matérialisme dans sa vie) qui éventuellement allait influencer une projection future (j’allais m’énerver pour quelque chose qui n’en vaut pas la peine et qui plus est ridicule), alors que tous les éléments étaient réunis pour apprécier l’instant présent.
H+4h
J’ai alors décidé de changer de musique, et de passer à des OST (sans paroles) d’un anime que je regardais lorsque j’étais petit et qui a bercé mon enfance : Les Cités d’Or.
Cela m’a complétement transporté. Très progressivement les couleurs que j’observais se sont accentuées, un peu à l’image de la cover de la musique, chaudes et envoutantes. A la manière du synthé entre 2 à 4 secondes, je partais loin, à l’aventure, sur un rythme soutenu, qui m’emmenait vers des pensées nouvelles et transcendantes. Bon sang ! Qu’est ce que la musique était agréable. J’avais le ressenti que la végétation s’animait autour de moi sur les accords du synthé. La synesthésie induite par les psychédéliques faisait son apparition, je trouvais la musique succulente, délectable ! -Ce n’était pas très prononcé, mais assez pour que je le remarque-.
J’ai pu repartir dans un flux de pensées agréables, j’éprouvais de la sympathie pour cet environnement qui s’accordait en phase avec moi, ou bien était-ce l’inverse ? J’ai eu le souvenir d’aller vers quelque chose que je connaissais quelque chose qui m’était familier, le pressentiment de pouvoir saisir l’intouchable. J’ai produit sur mon téléphone les notes suivantes :
« La végétation scintille comme un clavier mécanique avec l’option chroma et les couleurs rainbow. Je me sens être presque au-dessus de mon corps, cette vague odeur : une impression que je connais. Surtout quand la réflexion divague, où je me sens bien, hors de moi »
« Je pense faire cela dans une démarche d’optimisation et de perfectibilité, mais je cours après l’insaisissable, les sentiments. Je n’ai qu’un flot de pensée qui m’emplit et semble se concrétiser à chaque fois que je me saisis de ce téléphone. Bien que les flux de pensée soient omniprésents, il n’y a plus magistral que cet instant de plénitude à chaque fois que le synthé repart »
J’ai senti que quelque chose de similaire à un feu de Saint-Elme, une lueur claire et bleuté s’émerveillait en moi. Sa très brève présence était resplendissante, lui qui en tant normal est pour les marins de mauvais augure, amenait avec lui de l’euphorie.
« Au fur et à mesure que la musique, part puis revient, je n’ai vraiment rien de personnel à rapporter de plus que les autres. Papa, Maman, je n’ai rien de plus que les autres, je suis juste un petit garçon reconnaissant pour ce que vous m’avez donné (la vie), et apporté. »
C’est une expérience très personnelle et très profonde qui ne peut se représenter. Elle est tellement émouvante que ce n’est pas facile de maîtriser, mais je lâche prise, et m’efforce à respirer lourdement et calmement.
Plateau Part II :
H+5h
Soudain, nous entendons un vrombissement. On se regarde tous, je lâche un : je veux bien être complètement perché mais ce n’était pas une hallucination ça ! Effectivement, c’était bien le tonnerre. Fichtre, diantre ! Moi qui avais regardé précautionneusement la météo, un orage d’été s’annonçait. Très rapidement il se met à pleuvoir à grosse goutes ! C’est la tempête, les éclairs et le tonnerre se font de plus en plus insistants.
Dupont à du mal à gérer, il va falloir que l’on bouge, et assez rapidement. Il boit un peu de rosé, mais un peu paniqué choppe une gorgée de la tequila de ses potes avant de la recracher. -Ce qui est compréhensible puisque tous nos sens sont exacerbés, et la Tequila Standard ça a vraiment un gout qui n’est pas des plus softs-. Il est un peu affolé, et pour ne pas arranger le tout, on voit des gens courir au loin pour quitter le parc et aller se mettre à l’abri. J’essaye de lui parler mais il est difficile de communiquer avec lui. Ses potes pensent qu’il faut tout de suite sortir du Parc. Je leur dis qu’il est vraiment préférable que l’on prenne notre temps et que l’on soit mouillés plutôt que de se retrouver au milieu de plein de gens qui détallent de tous les côtés. La probabilité que la situation se produise est beaucoup plus importante que la foudre s’abatte sur un des arbres au-dessus de nous. Dupont arrive à marcher, mais on voit extérieurement qu’un truc ne vas pas dans la posture, et le regard qu’il tient : il a les bras pliés qu’il tient près de son torse, et un visage qui fait des mimiques caractéristiques d’une angoisse marquée. A 150m avant la sortie du parc, malheur ! On voit une bagnole de la municipale. Je prie pour qu’ils ne nous remarquent pas. On passe à 15m d’eux, (ils roulent à 10km/h), j’ai l’impression de vivre un duel de cowboy. Ils ont les vitres fermées mais je coupe la musique, et j’essaye de parler à un des potes de Dupont pour être le moins cramé possible. Dans le même temps je m’imagine la scène vue de l’extérieur. Ça doit-être d’une nullité absolue, voir les municipaux passer à 10km/h et nous qui marchons lentement rien de suspect. La vue des différents points de vue défile aussi brièvement que les transitions de la série « bref », à mesure que l’on se rapproche de la bagnole de la muni. Ouf ! Ils sont passés, ils n’ont rien remarqué, j’ai des bouffées de chaleurs qui redescendent. On aperçoit des éclairs à quelques centaines de mètres de nous, et des trombes d’eau s’abattent. Au niveau de la sortie du parc, ses potes veulent prendre le métro. J’explique à un de ses potes que vu son état il est hors de question de prendre le métro, s’en est presque suicidaire. Je lui dis un truc du style :
« écoute, ça ne se voit peut-être pas extérieurement, mais là je vois pleins de trucs de fou. Je vois ta tête comme si j’avais le zoom d’une jumelle modulable sur mes deux yeux. J’arrive à voir le moindre pore de la peau de ton visage en passant par les racines de tes cheveux, jusqu’à la moindre heure de sommeil manquée que je peux lire sur tes cernes (oui j’ai un peu hyperbolisé sur le coup). Donc on prendra le temps qu’il faudra pour rentrer, pluie ou pas, mais là ce n’est vraiment pas possible de prendre le métro ! ».
Ses potes s’organisent. 3 sur les 7 prennent le métro. Dupont, moi, et 2 de ses potes feront le trajet à pied avec nous. Nous avons 4km environ à marcher. On galère un peu, on passe 3-4 passages piétons, et c’est good, on est sur les quais ! Il n’y a plus que des piétons, et c’est de la ligne droite ! Je suis ultra soulagé, surpris et satisfait. Soulagé de ne pas avoir eu de problèmes avec les keufs et au passage piéton, surpris et satisfait de ne pas avoir céder à la panique, et surtout d’avoir réussi à utiliser des fonctionnalités nécessaires lorsque l’extérieur me sollicite alors que 15minutes auparavant j’étais on ne peut plus high. S’en est presque cathartique !
Je rallume l’enceinte une fois sur les quais, je mets un bonne vibe 80’s. A base de Jeanne Mas, a-ha, Berlin, Irene Cara etc… et c’est parti ! -A ce moment-là j’ai jubilé d’avoir eu la bonne idée de préparer une playlist qui a de la gueule- Une longue marche s’amorce. Dupont est complétement perché à ce moment-là, mais il s’est calmé. Un de ses potes lui parle pendant tout le trajet, je jette un coup d’œil par moments, il répète littéralement le moindre mot que son pote lui dit avec une intonation différente. Ce n’est pas terrible comme situation, mais malgré la pluie (il fait 20degrés donc ce n’est pas trop désagréable), il marche et est moins paniqué. Pour ma part je suis toujours en plein plateau, cependant mes pensées sont beaucoup plus brouillonnes que lorsque nous étions dans le parc. Par instant j’ai l’impression de nous voir marcher avec le point de vue d’un traveling latéral, avec la vue sur le fleuve qui coule juste à côté, le tout rythmé par les musiques de cette période dansante que sont les 80’s. Je suis joyeux de juste marcher. Lorsque les backs de certaines instrumentales résonnent du style S.O.S Fire in the Sky à 2:29,
j’ai l’impression de me prendre une onde colorée en pleine tronche, la synesthésie me fait presque oublier par instant que l’on est sous la pluie. J’avais l’impression de redécouvrir un peu cette ville que je connais comme ma poche de jour et de nuit. L’impression qu’elle nous poussait à avancer, et qu’elle avait de la sympathie pour nous, qui déambulions sous l’orage.
On passe successivement sous plusieurs ponts, là des gens attendent que la pluie cesse -je regardais la météo toutes les 15minutes et ce n’était pas près de s’arrêter-. Ils nous regardaient en se demandant certainement, ce que l’on peut bien avoir dans le crâne pour apprécier marcher lentement sous la pluie, avec de la musique qui a bientôt 40ans. Mais ces instants sous le regard des passants me donnent presque envie de rigoler. J’ai conscience que l’on peut voir sur ma tête que je ne suis pas dans un état normal, j’ai les yeux bleus et mes pupilles remplissent l’intégralité de mes yeux. Un des potes de Dupont m’avait signalé que ça se voyait donc je baissais un peu les yeux en passant sous les ponts. Les 4km nous auront pris 2h à parcourir.
H+7h
On arrive à l’appartement d’un des potes de Dupont. Là-bas j’enlève mon t-shirt qui est complétement trempé. On assoit mon pote, lui file une couverture. L’appartement n’était pas l’endroit le plus adéquat pour une descente de L, mais c’était clairement mieux que de rester dans la rue. Dupont a des moments d’absence totale où il repart un peu en plein délire à dire qu’il voulait « retourner avant, quand c’était mieux », et puis par instant, il arrive à nous répondre de manière raisonnée. Je ne donnerai pas tous les détails parce qu’il y a certains trucs un peu gênants vis-à-vis des comportements qu’il a eus envers lui-même, mais il s’est bien excité dans l’apart, jusqu’à essayer de s’échapper de l’apart, pour « rentrer chez lui ». Moi je luttais pour essayer de ne pas partir un bad à ce moment là parce que je le voyais faire n’importe quoi, et l’apart était assez fermé et peu éclairé à cause du mauvais temps. Je relançais sans cesse des musiques entraînantes, jusqu’à balancer de la psytrance alors qu’on était assis sur des tabourets, il fallait que je bouge, que je pense à autre chose. Mais honnêtement c’est passé assez vite, je n’avais plus aucune déformation, ni synesthésie, et pas de grosse panique ni pensées dérangeantes.
Descente :
H+8H
Au bout d’un moment Dupont nous dit qu’il veut vraiment rentrer chez lui, et un de ses potes lui a répondu spontanément un truc vraiment pas mal qui lui a permit de se raisonner un peu. « Tu es sous l’emprise d’une drogue dure -il a dit ça sans laisser apparaitre un quelconque jugement-, ce n’est pas contre toi, mais vu ce que tu nous as fait tout à l’heure, soit tu appelles quelqu’un de confiance qui vient te chercher en bagnole pour te ramener chez toi, soit tu restes ici. » Dupont a réfléchi 5minutes et décide de rester avec nous. Il est bientôt 22h et on commence à crever la dalle. Avec la pluie, on fait au plus simple, un des potes de Dupont, va commander des pizzas juste à côté, pendant que l’on reste dans l’appart. J’étais convaincu qu’il fallait que je bouffe et que lui aussi. De la bonne vieille Junk-food, ça aiderait certainement à nous faire redescendre un peu et à nous calmer. Surtout que la sensation d’avoir faim sous L n’est pas des plus agréables. C’était loin d’être la meilleure pizza que j’ai bouffée de ma vie, et j’avais un retour de l’odeur de poppers du tout début du trip (aucune idée de pourquoi) mais putain, ça faisait un bien fou de se remplir l’estomac !
H+9h
Les potes de Dupont font une soirée, on est un peu plus nombreux, environ une dizaine. Dupont a repris tous ses esprits, et moi je me sens pas mal. A un moment je reçois une bonne nouvelle de coté de mes études, ça me remplit de joie. Je sors dans la cage d’escalier afin de passer un coup de fil à ma mère. Cela m’a un peu retourné émotionnellement, elle m’a dit un truc du style : « c’est dommage qu’il y ait ce petit truc manquant » alors que c’était une excellente nouvelle. Je vais essayer de décrire un peu ce qui s’est passé parce que c’était un peu comique et ça m’a fait marrer juste après avoir coupé la discussion.
C’était assez théâtral, alors utilisons des didascalies !
Mère : « C’est cool mais c’est dommage qu’il y ait ce petit truc manquant »
Moi : « Ah tu trouves ? Je suis satisfait moi » (éprouve de la pitié qu’elle ne puisse pas ressentir la joie que j’ai eu)
Blanc sur la ligne parce que ça passe mal dans la cage d’escalier : « ---- »
Moi : (-Me demande si j’ai été emporté par un flux de pensée pendant ma discussion, ou s’il y a juste eu une coupure) …
-Imagine la première hypothèse
-Me rends compte que ce n’est pas possible en regardant la durée de l’appel
-Comprends qu’il y a vraiment eu une coupure
Mère et moi (simultanément) : « Allo ? »
Moi (sursaute) : -« Oui, oui.. »
-« Je suis désolé ca passe mal on se rappelle plus tard »
Bref je vous la décris pour le gag mais c’était assez spécial.
Je sens que je ne vais pas tarder à aller chopper le métro, histoire de pas rentrer trop tard après cette éprouvante journée. Je conseille à Dupont de faire attention à la descente de MD qu’il risque d’encaisser la semaine prochaine, et de bien penser à se supplémenter en magnésium. Je m’assure auprès de ses potes, qu’ils ne le laissent pas rentrer n’importe comment, et j’y vais !
H+10h
Sur le chemin entre le métro et la où je crèche, je regarde mon tel, à un moment j’entend un claquement qui se superpose à mes pas, je me retourne brusquement et tombe nez à nez avec une paki et son mec 2m derrière, elle explose de rire. J’ai eu une demi seconde de sursaut. Je ne comprends pas ce qu’ils foutent, mais ils ne sont pas le produit de mon imagination ça c’est une certitude ! Je reprends ma marche en accélérant le pas. Une 100aine de mètres plus loin je me retourne à nouveau pour les regarder, je pense qu’ils étaient simplement ivres parce qu’ils ne marchaient pas très droit et parlaient assez fort. -Décidément ce jour là j’en ai vu des vertes et des pas mures-.
Une fois arrivé, je me prends une douche, je bouffe 2-3 légumes qui trainent dans le frigo. Puis essaye de me coucher. Les souvenirs de ma journée réémergent, le feu de Saint-Elme, la marche sous la pluie, Dupont qui panique. Je n’arrive pas à trouver les bras de morphée, des boucles de questions tournent dans ma tête : ai-je vécu ce que l’on peut qualifier d’expérience mystique ? Je n’en sais rien, mais ce dont je suis sûr c’est que les psychédéliques sont définitivement des substances porteuses de créativité spirituelle. Elles initient et augmentent les probabilités d’une réussite dans la quête d’une spiritualité.
H+11h et fin de la descente
Les ressentis les plus tumultueux sont arrivés vers 2-3h du matin, cela devait venir à un moment ou un autre. Les quelques pensées désagréables qui agrémentaient mes dernières semaines viendraient forcément se promener à un moment dans ce trip. J’ai conscience que ce n’est que passager et j’essaye de relativiser au maximum. Les pensées qui sont le miennes à cet instant tout le monde en a, et c’est normal, je suis de retour progressivement dans la réalité. Je repense à ce qui est arrivé à Dupont, (un de ses potes m’a dit qu’à un moment il ne se souvenait même plus de son prénom en plein trip) et voici exactement ce que j’ai écrit sur le moment :
« Je pense que tu as été pris dans un grand flux, prenant, intense et exaltant, mais que tu as voulu trop vite partager. Dès que cela redescendait tu culpabilisais de ne plus rien avoir à transmettre et à partager à tes potes. Sauf qu’avec ce que tu as éprouvé quelques secondes/minutes auparavant, tu n’avais pas envie de leur dire que tu n’avais rien ressenti la seconde qui venait juste de s’écouler. Alors tu t’es auto-persuadé dans le flou de l’excitation de voir très fort des choses. Le truc c’est que le LSD c’est très puissant, donc si en plus de tripper normal, tu t’imagines très fort et très émotionnellement des choses elles peuvent apparaitre. Sauf que cela est super difficile à contrôler et cela génère vite des vagues insaisissables, qui t’ont fait poursuivre sur ta lancée et aller très loin. Dès que dans les moments plus difficiles, le monde extérieur te sollicitait, tu revenais à ce qu’il y avait de plus basique en comportement et mode de pensée -quand il imitait mot pour mot son pote-. Ça a fini par faire un peu l’inverse de l’effet cherché en fin de compte (la recherche de nouvelles sensations et réflexions), du moins c’est l’aperçu que ça donnait extérieurement, alors qu’a l’intérieur je suis persuadé que ca devait être un truc de fou pour toi… »
H+15h
4h du matin, la transition se fait calmement, et je comprends alors que ma nuit de pseudo-sommeil est finie. Je me dirige lentement mais surement vers l’afterglow. Je suis remplie d’un sentiment de tendresse envers tout et n’importe quoi. Même envers moi-même : me dire qu’aujourd’hui je vais manger healthy, prendre soin de moi et que ce soir je ne me couche pas trop tard histoire de bien me retaper. Malgré le manque de sommeil et l’activité physique un peu intense de la veille je me sens en forme. Je n’ai pas de fatigue, mes paupières étaient on ne peut plus légères. Tout l’inverse du speed : quand on est sous speed, et que le speed masque la fatigue, les yeux veulent se fermer, pendant que le cerveau lui est à 200% en arrière-plan. Là, mon attention était volatile, un peu comme un gosse qui regarde partout, ou la fragrance d’un parfum par une chaleur d’été. Néanmoins, lorsque je faisais l’effort, j’arrivais sans problème à maintenir ma concentration sur un élément. Une sensation physique de bien être un peu comme lorsque l’on a bu la veille, suffisamment pour le sentir le lendemain, mais pas assez pour avoir la gueule de bois. Sauf qu’ici aucun brain-fog comparable à celui associé à l’alcool. Cet état de plénitude s’est poursuivi jusqu’aux environ de 14h, soit exactement 24h après la prise.
H+27h
Le trip est complètement fini, des amis me contactent pour savoir si je suis partant pour aller manger un bout avec eux et discuter. J’accepte et je ressors dans cette ville, qui le jour précédent, à contribuer à me faire vivre une expérience hors du commun, et que j’ai maintenant l’impression de vraiment mieux connaitre. Par précaution je prends un masque si jamais je pique du nez histoire de pouvoir me poser et dormir. Je parle de mon expérience à mes amis, qui écoutent en me prenant plus ou moins au sérieux. L’ambiance est cool, on va se poser sur des quais. Pas les mêmes que la veille mais non loin de là. Là-bas, je m’allonge, mets mon masque et roupille à 1m du fleuve, tout en écoutant les discussions de mes amis, qui ont bien lancé leur soirée à l’alcool. Je ne souhaitais pas boire et gâcher ce magnifique enchainement d’heures qui se succédaient, sans accro. De tout façon avec ou sans alcool, la fatigue finira par me siffler dans les oreilles pour m’avertir qu’il est l’heure d’aller dormir ! C’est ce que je fis aux alentours de 23H.
H+33h
Cela fait plus de 40heures que je n’ai pas dormi. Good night !
Petit debrief du trip :
Au-delà de l’aspect législatif, j’ai l’intime conviction que tout le monde dans sa vie devrait avoir au moins une fois le droit de vivre ce genre d’expériences. -Oui, oui, même les fake-spirituals qui ponctuent leurs photos avec 3 filtres, de citations minables sur l’âme, la conscience et la synesthésie-. Nous avons tous énormément à apprendre et à découvrir des psychédéliques.
Ce que j’adore chez les lysergamides/ tryptamines, ils sont authentiques, pas artificiel comme de la C ou de la MD (dans les sensations qu’ils produisent). Et je les trouve beaucoup moins égoïstes que les opiacées en tous genres, qui certes, enveloppent dans du coton et font dormir éveillé, mais ne laissent pas de place à l’environnement, ni à l’état dans lequel on est pour s’exprimer. Moins mindfuck que des dissos comme de la Ketamine ou du DXM, on garde un assez bon contact avec l’environnement pour pouvoir l’apprécier. Vous l’aurez compris je suis dithyrambique sur le sujet, mais ces molécules ont une vocation, lorsqu’elles sont correctement exploitées, à révéler un potentiel enfoui en temps normal, au plus profond de nous.
Si vous avez poursuivi votre lecture jusqu’ici, je pense que cela est soit par respect pour mon récit (dans ce cas je vous en remercie grandement), ou que vous êtes intéressé par le sujet des psychédéliques. Si tel est le cas, je ne peux que vous inviter à bien vous renseigner sur ces substances, qui sont loin d’être anodines. Je vous conseille le livre Voyage aux confins de l’esprit de M.Pollan, ou encore la lecture de cette thèse d’Apothicaire, qui traite de l’usage des hallucinogènes dans l’intérêt de la santé publique :
http://docnum.univ-lorraine.fr/public/B … HARLES.pdf
Il faut que je retourne faire un footing au parc. Pour l’instant, je ne ressens pas le besoin de tripper à nouveau. Ce trip ma comblé pour un certain temps. Même après réflexion, il y a des choses pour lesquelles il est très difficile de trouver une interprétation -et qui n’en ont certainement pas-, je n’ai pas l’intention de me forcer à en trouver une.
Catégorie : Trip Report - 23 juin 2020 à 10:41
#1p-lsd #200mcg #200ug #LSD #psychédéliques
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Johan89 a écrit
Tyrosine.
Johan89 a écrit
que tout le monde dans sa vie devrait avoir au moins une fois le droit de vivre ce genre d’expériences.
Johan89 a écrit
Si vous avez poursuivi votre lecture jusqu’ici, je pense que cela est soit par respect pour mon récit (dans ce cas je vous en remercie grandement), ou que vous êtes intéressé par le sujet des psychédéliques.
Non, c'est juste que ton report est excellent et très prenant, précis et précieux car tu te souviens de tout.
Pour ma part j'avais décidé d'attendre d'avoir 18 ans pour en prendre, bien que j'ai consommé de i'héro er moult substances mais je me souvenais de la scène du LSD dans Easy rider, dans le cimetière, flippant...
Je voyais mes potes emprunter des barques dans le port en Bretagne comme en Galice, et faire un smoke on the water sea bad trip...
Et puis j'ai décidé que j'étais assez mur pour être "experienced", et j'ai pris un bart Simpsons avec, Rennes oblige, un pack de 24 à deux, ou 10 8,6...
J'étais hilare!
Mais j'ai mis une droite à mon meilleur ami, puis nous sommes rentrés à la ZUP à pied depuis la rue St Michel dite rue de la soif.
On riait et étions speed, mais mon ami frappé s'est endormi 2 minutes, alors qu"on parlait avec un type à vélo et là, mon ami ouvre un œil et dit au cycliste
"eh tu vas vers la ZUP, tu peux nous déposer, s'teuplais?"
Après ayant constaté l'euphorie et l'absence de bad trip, en plus niveau hallucinogène j'avais expérimenté le mercalm avec ses hallus tactiles, visuelles, et auditives, impossibles à différencier du réel.
Là rien de si total,
il est impossible de ne pas croire à quelque heures passées, avec des personnes, qui vous parlent et sont là devant vous, qui vous touchent :
impossible de ne pas croire ses sens,
surtout quand les hallucinations sont banales, et longues, du style t'es tout seul et tu te crois avec tes potes...
Rien de si profond, dans l'acide,
mais comme les psylos,
ont a une conscience altérée, qui nous fait voir, par exemple un mur comme pour la première fois sans le concept qui va avec, un regard neuf...
Après il m'est arrivé plein de trucs,
dont une fois où le seul abstinent, pour nous ramener en ZUP, a pris un cul de sac après qu'un ami, ait fait un doigt à ceux qu'il ne fallait pas, et on s'est fait braquer et frappés, sur la rocksteady Aïe aïe monkzy man...sur l'autoradio...
Il y en a un qui a chié de peur, avec un flingue (factice?) sur la tempe....
UNE autre fois j'ai partagé un buvard avec ma meuf, et on a fait l'amour out door, j'adore, au théâtre du vieux St Etienne, à Rennes, dans les buissons, pour ceux qui connaissent.
Et puis cette fille n'en est jamais revenu, elle est resté ailleurs, et cela a fait ressortir une pathologie, et puis elle est devenue de plus en plus confuse...
Un ami lui a vécu une révélation, donc je regrette pour la première et pas pour l'ami.
Tout ça pour dire qu'il faut faire attention, on ne sait jamais...
Merci, bon billet!
ismael77 a écrit
Non, c'est juste que ton report est excellent et très prenant, précis et précieux car tu te souviens de tout.
Merci beaucoup
Après ayant constaté l'euphorie et l'absence de bad trip, en plus niveau hallucinogène j'avais expérimenté le mercalm avec ses hallus tactiles, visuelles, et auditives, impossibles à différencier du réel.
Je n'ai jamais essayé de delirogène, cela viendra certainement un jour, mais il faudrait que je me renseigne bien sur le sujet. Et pour le moment, à part si j'allais choper de la datura, je n'ai aucune idée de comment me procurer des déliro dont je connais parfaitement le dosage.
UNE autre fois j'ai partagé un buvard avec ma meuf, et on a fait l'amour out door, j'adore, au théâtre du vieux St Etienne, à Rennes, dans les buissons, pour ceux qui connaissent.
L'acid au lit ça doit être génial mais je n'ai pas encore trouvé quelqu'un pour expérimenter. C'est con quand on sait que prendre de la MD dans ce but, ça fait moins peur aux normies qu'une prise de tryptamines, même si cette dernière est micro dosée. Surtout lorsque l'on connait la neurotox de la MD mais bon...
Tout ça pour dire qu'il faut faire attention, on ne sait jamais...
Yep, j'ai quitté la France et je suis retourné chez moi, mais je continue à prendre de ses nouvelles quotidiennement, ça se passe pas mal de ce qu'il me raconte.
Bon courage à toi pour la suite !