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Chronique de Patient - Numéro I 



Bonjour à tous,

Pour ceux qui ne me connaissent pas, je me présente vite fait à cette date du 25/05/2022 : Neurothérapeute - Neuropsychanalyste - Hypnothérapeute (spécialisé dans les phénomènes addictogènes et les manifestations des troubles de la dissociation).
Voilà c'est fait.

J'ai décidé, dans un but purement pédagogique et informatif/préventif de raconter des chroniques de patient(s), évidemment avec leur accord verbal selon ces conditions-ci : mention de leur prénom et la première lettre de leur patronyme familial dans mon étude de cas privé (mes recherches doctorales et post-doctorales), ainsi que sur un site associatif de soutien entre usagers de substances stupéfiantes.

Partie - "Chronique de Patient I - Carcinome de l'Endocrine insoupçonné"

-> La patiente est ramenée par son compagnon en panique dans le service d'admissions de la clinique psychiatrique privée où je travaille depuis très peu. Il se trouve que selon lui : "ma compagne, je le sais elle consomme de l'héro en sniff depuis longtemps et de temps en temps des amphétamines mais sans plus, je n'y ai jamais vu d'addiction..."

-> Le préliminaire semble indiquer une hypersensibilité aux comportements et phénomènes addictogènes malgré les dires du compagnon selon le directeur de service, diagnostic auquel je m'oppose devant toute l'équipe durant la RCP. A savoir, je suis le seul membre de l'équipe de cadre étant "non-médecin", alors tout le monde pouffe à mon idée. J'insiste en expliquant que durant le discours du compagnon j'ai repéré beaucoup de signes de retenue(s) qui pourraient cacher un autre diagnostic différentiel derrière tout ça. Mon directeur de service m'ordonne alors d'en savoir plus sur lui et leur relation et me dit mots pour mots : "vous en êtes entièrement responsable".

-> Après une longue discussion avec ledit compagnon, il se trouve en effet qu'elle avait fait des examens complémentaires il y a peu pour vérifier si son endocrine fonctionnait correctement (on ne sait pourquoi d'ailleurs il ne m'a rien indiquait là-dessus = confusion de sa part possible). Après les examens, elle est devenue très silencieuse dans les jours qui ont suivis, petit à petit, le compagnon indique qu'elle changeait et que sa consommation augmentait de façon inquiétante. Je lui demande si elle pratiquait des mélanges paradoxaux (lui-même consommateur il a compris tout de suite la question) et il m'indique qu'elle mélangeait souvent : tramadol, kétamine, et héroïne.

NB : à ce moment-là, je me doutais plus ou moins de la suite, mais je n'en étais pas sûr étant donné ma formation de neuropsychologue et non de médecin.

-> Je me dis, avec un peu d'expérience, qu'il n'y a que deux options possibles : soit la patiente consomme pour supporter le résultat de l'IRM et de l'examen de son endocrine, soit elle consomme pour masquer les manifestations symptomatiques de sa perte d'émotions et dans ce cas c'est l'hippocampe et l'amygdale qui sont touchées. Dans les deux cas, elle doit être transférée, après sa désintoxication ici, et après un lavage, en service de neurologie.

-> J'écris un long rapport à mon directeur de service avec un hypothèse complètement folle : je soupçonne un carcinome de l'endocrine de la patiente, ou/avec diminution des volumes concomitantes de l'hippocampe et de l'amygdale ce qui expliquerait ...

Hypothèse finale : ce qui expliquerait que sa consommation de stupéfiants n'est pas une maladie ou un comportement toxicomaniaque mais un symptôme de sa neuropathologie clinique et de son potentiel carcinome.

Je ne révèle pas la fin du dossier pour des raisons éthiques et personnelles.

FIN.


Si ce genre de "blog/chronique" vous a plu, n'hésitez pas à m'en faire part. Je continuerai à vous partager des fragments de ma vie avec des détails, dites-moi si vous voulez que j'insiste plus sur telle ou telle partie du rapport. J'ai essayé de rester synthétique pour entendre vos critiques justement.

Catégorie : Expérimental - 26 mai 2022 à  18:19

#clinique #diagnostic #infos #médecine #neuropathie #opiacés #Toxicomanie



Commentaires
#1 Posté par : Karmen 26 mai 2022 à  18:23
Bon je peux pas te donner de champis vert vu que je suis pas assez présente sur le fofo aha.
C’est bon de te lire, tu seras notre docteur House français de la neuropsychanalyse. C’est cool j’aimerais bien que tu insistes plus que la partie « comportement addicto » plutôt que la partie « diagnostic médical »… j’sais pas si j’suis compréhensible mdr…

 
#2 Posté par : prescripteur 26 mai 2022 à  18:24
Bonjour, tu nous laisse sur notre faim quant à la conclusion de l'affaire. Peux tu quand même nous en dire un peu plus, par exemple que ton hypothèse a été confirmée. Amicalement.
Reputation de ce commentaire
 
Merci pour ton retour, petit champi vert pour te remercier l'ami ! - Serrah

 
#3 Posté par : Serrah 26 mai 2022 à  18:50

prescripteur a écrit

Bonjour, tu nous laisse sur notre faim quant à la conclusion de l'affaire. Peux tu quand même nous en dire un peu plus, par exemple que ton hypothèse a été confirmée. Amicalement.

Oui, la patiente avait bien un trouble de la dissociation identitaire du à des remontées traumatiques de l'enfance (tentative de noyade de la part de son oncle), et également un carcinome endocrinien qui inhibait plusieurs fonctions dont la fonction du thalamus et de l'amygdale de réguler son comportement.

Elle est actuellement traitée en chimiothérapie (si je ne me trompe pas, je n'ai pas pris de nouvelles), mais ils veulent d'abord faire une batterie d'examens pour confirmer.

Merci pour ton retour, sache que je te tiens au haute estime.


 
#4 Posté par : g-rusalem 15 juin 2022 à  08:13

Neurothérapeute - Neuropsychanalyste - Hypnothérapeute (spécialisé dans les phénomènes addictogènes et les manifestations des troubles de la dissociation).

Salut Serrah. Moi j'aurai pas mal de questions si tu le permets.

J'ai vu ton appétence pour la kétamine. Est-ce que tu pratiques l'autohypnose et est-ce qu'on peut s'en servir pour gérer ses cravings ou certains aspects de l'addiction ? As-tu lu le bouquin "Hypnotherapy" de Dave Elman. Et si oui, qu'est-ce que tu en penses lorsqu'il avance qu'un patient en état hypnotique, mais aussi surtout anesthésié, est toujours capable d'enregistrer de l'info (dont des paroles par exemple). Arrive tu a faire régresser tes patients à chaque fois comme il le décrit, et leur faire atteindre cet état anesthésique totalement hypnotique (Esdaile state) ?

Neurothérapeute, neuropsychanaliste. Vous essayez de relier biologie et psychonogie si j'ai bien compris. Parle-t-on de la conscience dans le cursus que tu as suivi ? Pourrais-tu nous donner ton idée ce qu'est la conscience ?


 
#5 Posté par : Serrah 19 juillet 2022 à  02:47

g-rusalem a écrit

Neurothérapeute - Neuropsychanalyste - Hypnothérapeute (spécialisé dans les phénomènes addictogènes et les manifestations des troubles de la dissociation).

Salut Serrah. Moi j'aurai pas mal de questions si tu le permets.

Neurothérapeute, neuropsychanaliste. Vous essayez de relier biologie et psychonogie si j'ai bien compris. Parle-t-on de la conscience dans le cursus que tu as suivi ? Pourrais-tu nous donner ton idée ce qu'est la conscience ?

Salut G,

Je me permets de t'appeler G, ça sonne cool. Merci de poser la question, ça fait plaisir, habituellement je me prends le classique : "non mais mec détends-toi c'est pseudo-science et aucune pierre à l'édifice ... [bla bla bla]".

Donc oui, tout à fait, en fait, on tente de comprendre les comportements (conscients ou inconscients) dans un premier temps en lien avec les causes et les manifestations neurophysiologiques de la biologie humaine. En gros juste associer l'analyse orga et bioméd à l'analyse psycho et cognition. Ca c'est le tronc commun si je puis dire.
Rapidement faut se spécialiser, on commence à préparer un rapport de recherches préliminaires dès la seconde année, puis un rapport complet en troisième, puis ensuite tu entres dans le bain béni des... spécialisations !
Moi j'ai choisi "Les enjeux de la part neuropsychanalytique dans la compréhension des phénomènes addictogènes" et j'ai pondu mon sujet sur le potentiel thérapeutique du LSD pour traiter l'anxiété généralisée (trouble anxieux chronique clinique sévère avec manifestations psychiques ET physiques). Puis ensuite j'ai continué pendant 4 ans (bientôt 5) en Addicto.

Ensuite en décidant de ré-intégrer le labo de recherche suite à correspondance de mon ancien directeur de recherche qui prenait de mes nouvelles, j'ai choisi de me relancer et d'ouvrir mes horizons sur la spécialité : "Troubles de la dissociation, de l'identité, et du trauma." - mes recherches sont encore privées, mais voilà, je crois fondamentalement au potentiel thérapeutique des RCs disso et de la kétamine dans le traitement de ces troubles.

Voilà...

Après pour répondre à ta question ref, oui j'ai lu ^^
Et ensuite : oui je pratique la régression dissociative dans le traitement d'états de dissociation péritraumatique depuis presque 1 an maintenant. Je n'ai jamais fait "d'Hypnoanesthésie" cependant, c'est la spécialité la plus dur et risquée, ce qui n'a rien à voir avec "Algologie et hypnoanalgésie".

Et, dernière réponse, plus biaisée cette fois : j'ai été accroc à la kétamine (durant une période de deuil) et je n'ai jamais décroché malgré un environnement hyper propice et engageant pour décrocher. Le seul qui m'a fait décrocher c'est quand mon directeur de recherche et chef de service m'a suggéré une transe hypnotique sous l'influence de kétamine (c'était une tentative désespérée mais c'est aussi un consommateur) et bim... J'ai réussi à décrocher de la compulsion, du craving, et du "besoin", cependant... Je suis toujours amoureux de la K.

Je crois avoir répondu à tout ce que je pouvais pour la taille du pavé....


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