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Je Suis Une Rencontre 0.1 



Je retombe sur ce carnet à la couverture noire, aux pages blanches, dans lequel j'ai écrit en Aout 2016, pendant ces premières consommations de cocaïne quotidiennes.
Je viens de le relire, et j'ai envie de le recopier ici.

O comme je me semble jeune, et naïve, à l'époque où j'écris ces lignes.
Encore inconsciente de tous les mois de douleurs qui s'en suivront.
C'était encore le début, je me sentais légère, et j'étais encore loin de me douter des mois de souffrance qui m'attendaient alors.

J'ai envie de partager les mots de ce petit carnet à la couverture noire.
Je le diviserai en plusieurs épisodes.
Voici le 1er.


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" Lundi 8 Aout 2016.

Ca a commencé un mercredi.
J'ai invité mon amie E à dîner. Ca fait longtemps qu'on ne s'est pas vues, elle rentre de vacances en Bretagne avec son mec.
Depuis la dernière fois, en quelques semaines, j'ai vécu beaucoup de choses. Je vis les instants, j'essaie de ne pas y penser. Nous n'en parlerons pas ou plutôt, je n'en parlerai pas. Je garde cette deuxième vie pour moi.
Je suis rentrée du boulot et j'ai cuisiné en speed en buvant une bière. ;
Petites verrines (et pas vermines comme j'ai écrit dans ma 1ere version ^^ Merci @Bootspoppers) : mousse d'asperges avec des petits bouts de truite fumée. C'est mon père qui a fait ça une fois, c'était bon. alors je lui ai biqué la recette, comme souvent.

L, mon ami bipolaire qui passe me voir au boulot régulièrement, m'a ramené un sac surprise de légumes récupérés au marché, comme souvent. J'ai eu droit a du fenouil, des courgettes, des aubergines, du basilic, des raisins secs, un pot de confiture de prunes de sa mère, des galettes de maïs et ... une truite !
J'en ai acheté une deuxième et je les prépare donc, avec des légumes, des échalotes et du vin blanc.

E. arrive, elle me raconte ses vacances et autour d'un verre de rosé et de carottes-tzatziki, on commence notre brainstorming.
Le thème du festival est tombé et on veut y participer pour la 2eme année.
Ce thème c'est "JE SUIS UNE RENCONTRE".

On se lit les notes qu'on a prises chacune de notre côté. On jette les idées en vrac, c'est le moment de tous les possibles. Toutes les portes sont ouvertes.
On dresse une liste des différentes rencontres qui existent : amoureuse, professionnelle, familiale, sportive etc ...
des personnages qui pourraient se rencontrer.
On s'interroge sur la signification de la rencontre, des sens que cela peut prendre.
On parle de hasard, d'imprévu, de deux mondes différentes qui se croisent, de comment cela peut bouleverser une ligne tranquille.

On discute beaucoup, on relève les difficultés d'un thème si large, de comment il faudra faire pour se démarquer et avoir une forme originale.

Pour une fois, c'est elle qui se ressert du vin plusieurs fois. Je suis censée m'être mise à la clope électronique. Je lui taxe des Lucky quand même.

Finalement il est minuit, elle doit partir, elle habite Place d'Italie.
On a dîné à l'intérieur, il pleuvait dehors.
J'étais un peu déçue, j'espérais lui faire profiter de mon jardin. Mais l'air est doux, j'ai une certaine ivresse et je décide de la raccompagner au métro.

J'ai juste ma petite robe noire et mes clés. En prenant le chemin du retour toute seule, je sens que j'ai besoin de vivre quelque chose.
Je sens que ça monte, ça monte.
Je commence à être habituée à ce sentiment.
J'essaie de lutter une minute dans ma tête.
"Tu pourrais continuer à lire Vernon Subutex, tu pourrais continuer d'écrire le scénario sur lequel tu travailles, tu pourrais regarder un film, tu pourrais avancer sur tes montages en attente, tu pourrais même, juste, te mettre au lit, écouter de la musique et laisser ton esprit divaguer..."

Mais non, cette petite lutte intérieure, je n'y crois déjà plus depuis le début.
J'ouvre la petite boite magique dans laquelle est cachée la poudre, et je sais que j'ai envie d'en prendre.
Je ne trouverai du plaisir en rien d'autre.
Ensuite, je sais que je vais me connecter sur le site, et chercher une rencontre pour "Tout de suite maintenant", comme le film de Bonitzer qui passe actuellement au cinéma.

Je commence à discuter avec quelques personnes et comme à mon habitude, j'ai une sorte d'impatience.
Non, je ne prends pas de rendez vous.
Oui, je peux me déplacer malgré l'heure tardive.

Je commence à discuter avec un mec avec lequel j'accroche bien. La quarantaine, plutôt pas mal.
Il est prêt à se déplacer, mais en regardant autour de moi et en prenant conscience de la lumière crue de la pièce, je préfère sortir.
Le temps commence à filer.
Il habite à l'autre bout du monde.
Je commande un uber. On échange nos numéros, c'est parti.
Je me prépare rapidement et à 01h21, je suis dans le uber avec Lyes (le chauffeur).

J'aime bien les chauffeurs de uber, je leur tape la discute à chaque fois.
C'est intéressant.
Ces mecs doivent voir une tonne de moments de vie et d'existence défiler.
Ils sont plein d'histoires. J'aime ca.

J'arrive à l'adresse, je compose le code, je pousse la porte, je sonne à l'interphone ...
Petit moment qui devient presque un rituel, une habitude, et bizarrement c'est un des moments que je préfère pour le frisson qui me parcourt l'échine que cela me provoque.

(à suivre...)

Catégorie : Témoignages - 22 janvier 2018 à  17:33

#cocaïne



Commentaires
#1 Posté par : Lauresse 22 janvier 2018 à  20:06
Eh c’est pas gentil sa , la suite , je suis frustrée moi ! :)

 
#2 Posté par : ismael77 28 décembre 2019 à  20:09

IsadoraD a écrit

à lire Vernon Subutex,

bonne écriture je remonte tes billets depuis le début et je kiffe, merci!
as-tu aimé le livre?


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