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Le Sanglot du Pêcheur I. 



Il y a quelques soirs où l'on voit apparaître
Sur les bords du chenal au débit gargouillant;
Une silhouette en pleurs, trop épuisée de l'être,
Trop fatiguée des jours qui lui volent son sang!

L'au qui coule à ses pieds est salée de ses larmes
Qu'il offre avec foi en dépit cependant
De son coeur bien trop sec amoindri par les charmes
De la fille envolée dont il était l'amant.

Dans un ultime pas la petite a chuté,
Du sommet d'un rocher à la crête des flots.
Etouffée par le froid et bien trop loin portée
D'un courant tourmenté qui lui brisa les os.

Depuis son triste instant où la vie chancelât
L'amoureux esseulé prit la mélancolie
Comme une amie sincère à l'idée du trépas;
Poursuivant à jamais sa quête de l'oubli.

Mais d'oubli il n'y aura tant qu'il arpentera
Le rivage empourpré à chaque jour qui naît.
Son étoile a chuté tandis que bien plus bas,
Les flots bleus continuent à lécher les galets.

Quelle étrange infâmie que celle du décès
Changeant une journée à l'aube très banale
En voyage sanglant entaché de regrets
Terminant sur le bord d'un tragique chenal.

Juillet 2015

Catégorie : Poèmes - 19 février 2021 à  17:22

Reputation de ce commentaire
 
c'est puissant ./ spud
 
cool
 
peut être le meilleur poème amateur que j'ai lu
 
L'au qui coule à ses pieds est salée de G !!! ;) GuyG
 
ce poème vol haut, touche le soleil - Nils



Commentaires
#1 Posté par : Acid Test 20 février 2021 à  01:26
C'est beau !

De toi ?

 
#2 Posté par : Psilosophia 20 février 2021 à  07:21
Oui tout à fait, ça vient d'un vieux carnet plutôt collector. Merci!

 
#3 Posté par : Psilosophia 20 février 2021 à  07:21
Oui tout à fait, ça vient d'un vieux carnet plutôt collector. Merci!

 
#4 Posté par : Anonyme5461 27 mai 2021 à  20:29
C'est autobiographique ?

 
#5 Posté par : Psilosophia 27 mai 2021 à  20:33
Non la poésie autobiographique relève pour moi, soit du mauvais goût où de la mauvaise compréhension de l'essence même de ce qui fait la beauté de la forme versifiée.

 
#6 Posté par : Morning Glory 27 mai 2021 à  21:04
Je n'ai pas tout à fait la même vision que toi de la poésie, mais c'est très fort en effet, tu écris bien.

 
#7 Posté par : Psilosophia 27 mai 2021 à  21:08
Merci pour ton commentaire MG. Je sais cependant que ma vision de la poésie est loin de faire l'unanimité.

 
#8 Posté par : Cobe 27 mai 2021 à  21:45
Désolé je suis totalement hermétique à la poésie mais

Psilosophia a écrit

Non la poésie autobiographique relève pour moi, soit du mauvais goût où de la mauvaise compréhension de l'essence même de ce qui fait la beauté de la forme versifiée.

Tu peux développer stp ? Tu penses ça de toutes les formes d'art ?


 
#9 Posté par : Anonyme5461 27 mai 2021 à  22:40

Psilosophia a écrit

Non la poésie autobiographique relève pour moi, soit du mauvais goût où de la mauvaise compréhension de l'essence même de ce qui fait la beauté de la forme versifiée.

Quel dommage !

Moi qui rêvais de lire à travers ton âme !


 
#10 Posté par : trolalol 20 février 2022 à  15:02

Psilosophia a écrit

Il y a quelques soirs où l'on voit apparaître
Sur les bords du chenal au débit gargouillant;
Une silhouette en pleurs, trop épuisée de l'être,
Trop fatiguée des jours qui lui volent son sang!

L'au qui coule à ses pieds est salée de ses larmes
Qu'il offre avec foi en dépit cependant
De son coeur bien trop sec amoindri par les charmes
De la fille envolée dont il était l'amant.

Dans un ultime pas la petite a chuté,
Du sommet d'un rocher à la crête des flots.
Etouffée par le froid et bien trop loin portée
D'un courant tourmenté qui lui brisa les os.

Depuis son triste instant où la vie chancelât
L'amoureux esseulé prit la mélancolie
Comme une amie sincère à l'idée du trépas;
Poursuivant à jamais sa quête de l'oubli.

Mais d'oubli il n'y aura tant qu'il arpentera
Le rivage empourpré à chaque jour qui naît.
Son étoile a chuté tandis que bien plus bas,
Les flots bleus continuent à lécher les galets.

Quelle étrange infâmie que celle du décès
Changeant une journée à l'aube très banale
En voyage sanglant entaché de regrets
Terminant sur le bord d'un tragique chenal.

Juillet 2015

Des images puissantes servies par une langue vérsifiée de facture plutôt classique - ou en tout cas très 19ème (et avec Lautréamont en signature, on devine certaines références...), rarement maîtrisée de nos jours. Moi-même poète à mes heures perdues, je ne peux que m'incliner. Et au moins mon jugement peut difficilement être suspecté de complaisance, en l'occurrence...
Si tu as d'autres choses à nous faire lire, ce serait un régal et un honneur, n'hésites pas smile

(Et si tu lis un peu l'allemand, ce le serait aussi pour moi de te soumettre quelques unes de mes productions :))

Ton meilleur ennemi (ou du mois aspirant à),


 
#11 Posté par : Psilosophia 20 février 2022 à  16:04

trolalol a écrit

Psilosophia a écrit

Il y a quelques soirs où l'on voit apparaître
Sur les bords du chenal au débit gargouillant;
Une silhouette en pleurs, trop épuisée de l'être,
Trop fatiguée des jours qui lui volent son sang!

L'au qui coule à ses pieds est salée de ses larmes
Qu'il offre avec foi en dépit cependant
De son coeur bien trop sec amoindri par les charmes
De la fille envolée dont il était l'amant.

Dans un ultime pas la petite a chuté,
Du sommet d'un rocher à la crête des flots.
Etouffée par le froid et bien trop loin portée
D'un courant tourmenté qui lui brisa les os.

Depuis son triste instant où la vie chancelât
L'amoureux esseulé prit la mélancolie
Comme une amie sincère à l'idée du trépas;
Poursuivant à jamais sa quête de l'oubli.

Mais d'oubli il n'y aura tant qu'il arpentera
Le rivage empourpré à chaque jour qui naît.
Son étoile a chuté tandis que bien plus bas,
Les flots bleus continuent à lécher les galets.

Quelle étrange infâmie que celle du décès
Changeant une journée à l'aube très banale
En voyage sanglant entaché de regrets
Terminant sur le bord d'un tragique chenal.

Juillet 2015

Des images puissantes servies par une langue vérsifiée de facture plutôt classique - ou en tout cas très 19ème (et avec Lautréamont en signature, on devine certaines références...), rarement maîtrisée de nos jours. Moi-même poète à mes heures perdues, je ne peux que m'incliner. Et au moins mon jugement peut difficilement être suspecté de complaisance, en l'occurrence...
Si tu as d'autres choses à nous faire lire, ce serait un régal et un honneur, n'hésites pas smile

(Et si tu lis un peu l'allemand, ce le serait aussi pour moi de te soumettre quelques unes de mes productions :))

Ton meilleur ennemi (ou du mois aspirant à),

Et bien merci de ton retour, cela me va droit au coeur! En effet tu as vu juste, Lautréamont fut l'un de mes auteurs de chevet pendant de longues années. La lecture des Chants m'a profondément bouleversé.

C'est avec plaisir que je te lirai, malheureusement mon niveau d'allemand est au ras des pâquerettes. Donc si t'as des textes en français, fais les péter dans ton blog!

Et sinon oui j'ai pas mal d'autres trucs, je pourrai en partager encore si tu veux pas de soucis!


 
#12 Posté par : Agartha 20 février 2022 à  16:16
Pareil que Cobe, je suis carrément hermétique à la poésie usuellement mais là je dois dire que j'ai kiffé. Peut-être le contexte qui fait ça, je sais pas.
En tout cas après plusieurs relectures ça se lit de manière très lisse (comprendre "smooth", "sleek") et c'est super agréable.

J'ai souvent l'impression, surtout en lisant des poèmes amateurs, que les gens essayent juste de sortir des mots soutenus et inutilement compliqués pour faire du beau. Là, j'ai trouvé chaque mot à sa place, pas d'extra inutile.

Psilosophia a écrit

Quelle étrange infâmie que celle du décès
Changeant une journée à l'aube très banale
En voyage sanglant entaché de regrets
Terminant sur le bord d'un tragique chenal

Puissant de ouf!


 
#13 Posté par : Psilosophia 20 février 2022 à  17:17

Agartha a écrit

Pareil que Cobe, je suis carrément hermétique à la poésie usuellement mais là je dois dire que j'ai kiffé. Peut-être le contexte qui fait ça, je sais pas.
En tout cas après plusieurs relectures ça se lit de manière très lisse (comprendre "smooth", "sleek") et c'est super agréable.

J'ai souvent l'impression, surtout en lisant des poèmes amateurs, que les gens essayent juste de sortir des mots soutenus et inutilement compliqués pour faire du beau. Là, j'ai trouvé chaque mot à sa place, pas d'extra inutile.

Psilosophia a écrit

Quelle étrange infâmie que celle du décès
Changeant une journée à l'aube très banale
En voyage sanglant entaché de regrets
Terminant sur le bord d'un tragique chenal

Puissant de ouf!

Merci Agartha, cela me fait d'autant plus plaisir lorsque cela vient de personnes hermétiques à la poésie tu vois.

J'ai un peu le même avis que toi sur la poésie amateure, rares sont les textes qui retiennent réellement mon attention. Quant à l'utilisation de mots alambiqués, certains se cachent beaucoup trop derrière la licence poétique pour au final pondre des trucs indigestes, à la rythmique bancale.

Après ma vision de la poésie est très classique, principalement eurocentrée (voire Francocentrée) et j'ai franchement du mal avec tout ce qui s'est écrit après le XIXème. Je déteste les vers libres, haïkus et la plupart des formes d'expérimentation poétique.

Ton message me fait penser que j'ai jamais répondu à Cobe le pauvre.

Cobe a écrit

Désolé je suis totalement hermétique à la poésie mais

Psilosophia a écrit

Non la poésie autobiographique relève pour moi, soit du mauvais goût où de la mauvaise compréhension de l'essence même de ce qui fait la beauté de la forme versifiée.

Tu peux développer stp ? Tu penses ça de toutes les formes d'art ?

Cobe a écrit

Désolé je suis totalement hermétique à la poésie mais

Psilosophia a écrit

Non la poésie autobiographique relève pour moi, soit du mauvais goût où de la mauvaise compréhension de l'essence même de ce qui fait la beauté de la forme versifiée.

Tu peux développer stp ? Tu penses ça de toutes les formes d'art ?

Désolé Cobe je te réponds un peu tard. Je parlais principalement de poésie quand j'ai écrit ça. Après je ne suis pas réellement connaisseur d'art, à part peut-être la musique, mais je ne suis pas réellement ouvert d'esprit. Tout ce qui se rapproche de l'art contemporain par exemple je peux pas blairer. Pour moi, rien ne me fait vibrer plus qu'une statue grecque ou qu'un tableau de la période romantique.

Pour ce qui est de la poésie, j'ai du mal à considérer que le poème puisse avoir une visée didactique, morale ou encore utile. Je me retrouve complètement dans la pensée du mouvement poétique du Parnasse par exemple. Je ne veux rien apprendre en lisant de la poésie, je cherche juste à ce que l'esthétique du texte me submerge, quel qu'en soit le contenu.


 
#14 Posté par : Anaya 21 février 2022 à  01:15
Bonsoir, ton poème est magnifique, quel plaisir de le lire ! Tu n’as rien à envier aux agrégés de lettre !

 
#15 Posté par : Psilosophia 21 février 2022 à  15:35

Anaya a écrit

Bonsoir, ton poème est magnifique, quel plaisir de le lire ! Tu n’as rien à envier aux agrégés de lettre !

A part peut-être leur culture littéraire, leur esprit d'analyse de haut vol et leur rigueur.

Merci de ton commentaire !


 
#16 Posté par : Anaya 21 février 2022 à  18:55
Tu as raison, hihi. Je voulais mettre l’accent sur la beauté de ton texte et critiquer l’élitisme en passant^^

 
#17 Posté par : Psilosophia 21 février 2022 à  20:05

Anaya a écrit

Tu as raison, hihi. Je voulais mettre l’accent sur la beauté de ton texte et critiquer l’élitisme en passant^^

C'est gentil de ta part!

Après les agrégés de lettres, je serai ravi d'en voir plus plutôt que la masse de clones sans âmes qui sortent d'écoles de commerce, ENA, écoles marketins (un exemple parmi d'autres) et qui peuvent. dans certains cas grossir les rangs de quelques milieux élitistes problématiques: milieu publicitaire, neuromarketing, environnements start-up, sphères politiques et décisionnelles.

La liste est longue comme ma... C'est dire


 
#18 Posté par : Anaya 22 février 2022 à  23:17
On est dans une société où les idéologies dominantes sont conduites par les politiques et les médias qui récupèrent la science et la recherche à ces mêmes fins.
Le « savoir » valorisé socialement est le savoir universitaire, ou celui dispensé par les grandes écoles.
Dès la maternelle, une sorte de tri s’effectue, et les enseignants finissent par laisser sur le côté « les plus mauvais, turbulents » pour ne travailler qu’avec les meilleurs. L’école produit des individus normatifs qui vont à leur tour produire des individus normatifs.
Les établissements qui proposent une manière différente d’apprendre sont privés et payants, donc en sont exclus également les enfants des familles aux revenus les plus modestes.

C’est vraiment super que tu aies publié ton texte, disponible gratuitement (d’un point de vue financier) pour le plus grand nombre. En fait tu envoies le message que tout le monde peut créer, des œuvres qui devraient selon moi être connues, avec une portée plus grande que ce forum.

Peut être que ton poème relève de l’intime et que c’est cette intimité que tu souhaites partager, dans ce cas je te remercie

 
#19 Posté par : Nils1984 23 février 2022 à  13:33
Les Chants de Maldoror j'ai tenté, essayé, j'l'ai retourné dans tous les sens, impossible de rentrer dedans. Simplement inaccessible pour moi...
C'est la posologie noir désir, Ducasse ou le destin calamiteux. Né posthume...
Comme beaucoup d'écrivains, de poètes amateurs. On travaille en silence.

 
#20 Posté par : Anaya 25 février 2022 à  11:59
Parfois on peut se demander si rester « dans l’ombre » n’est pas une manière de se protéger, se préserver de cette société normative dominée par l’économie de marché.

Pour rebondir sur ce que tu dis, le système scolaire français est un monolithe intouchable qui n’est pas prêt à intégrer de nouvelles méthodes d’apprentissage et à innover. Pourquoi ne proposerait-on pas des manières d’enseignes en adéquation avec les singularités de chacun ? Car une personne qui « bloque » à l’école pourrait développer ses aptitudes dans un contexte différent. Pourquoi ne pas proposer des œuvres littéraires enregistrées au lieu d’en imposer la lecture ?

Il n’y a pas d’approche individualisée à l’école… que faire de ceux qui ne sont pas assez normaux pour y rester et en même temps, qui le sont trop pour intégrer des dispositifs médico-sociaux ?

Il y a peut être un moment où c’est la transgression de ces normes qui permet  de créer.

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