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Le grand mirage 



" La beauté devient une clef pour l'universel [...] "


E.Macron


(Une citation presque aussi vertigineuse, légendaire que "mon cul sur la commode.")




Dorénavant, en mégalopole, on se croirait dans un train dont la vitesse ne cesse de s’accroitre
Chacun dans son compartiment ; les compartiments répartis par positions sociales
Certains vaquent encore dans les couloirs ; les rues.
Après chaque orage, l’impression que ce train file à une allure sans destination précise est sans cesse plus flagrante.
Dans les couloirs, on fait parfois la rencontre d’électron encore assez libres pour oser prétendre qu’hors du train, la vie reste possible ou pire : peut foisonner.



On ne part toujours que de soi-même. On ne parle toujours selon l’idée qu’on a de nous-même.
La vérité n’est détenue que par les autres. Car, chaque individu avant tout a un rapport à la vérité vis-vis de lui-même, de ce qu’il croit être, de ce qu’il ne veut pas être, ou croit qu’il n’est pas, s’ignorant en permanence, toutes les projections qu’il effectue sur lui-même, même par le moyen de la technique/technologie, ne sont qu’illusions. Ce sont les autres qui ont la vérité sur lui. Si l’on éliminait son ego, si l’on devenait pure transparence, la vérité se ferait-elle jour plus clairement ?
Tant qu’un individu ne s’est pas vu lui-même en chair et en os, tel un témoin extérieur de lui-même, la vérité lui sera à jamais mirage. Et de ce fait, c’est sa conception même du monde qui s’en trouverait bouleversée.



Salut P.A !

Ces quelques mots sont les derniers que j’ai écrit tout à l’heure.

Je suis allé vers minuit erré dans mon gribéton quotidien Lyonnais (gribéton c’est un p’tit mot tiré du lexique zarbi de mon rhooman, avec son lot de mots novlangue : 1984, encore et toujours.)

J’ai parcouru les mêmes ruelles, les mêmes murs que j’ai tellement rasé ces derniers mois qu’ils ont autant jauni/noirci que mon mental. Parfois je passe -comme exprimé dans d’autres billets- par des endroits qui souvent me crispaient à max : mais plus maintenant, j’ai dépassé le stade du « whouaa mais souviens-toi comment c’était bon » (pour ceux-celles qui me connaissent, je crois que l’allusion est claire.)

Bon cela dit...

Y’a trois semaines, vers minuit (en-core) je gambade jusqu’à l’agora en vis-vis de la Bourse du Travail -- enfin ce qu’il en reste -- haha, c't'ironie du sort ** : J’imagine bien Malatesta s’écrier d’entre les morts " Mah déjà d’mon vivant plus rien ne m’étonnait "

Donc, se trouve assis au bord d’un encastrement cimenté d’arbre centenaire, un type malingre bien démoli. Ouai en fait totalement allumé, une vraie fête des lumières à lui tout seul mais version épave flirtant avec l’abime.
Il me toise et s’écrie :

ooh mec j’ai besoin d’aide, est-ce que je fais une hémorragie selon toi ? Il me tend son bras couvert de bosses et de cicatrices.

Ouai effectivement c’est pas merveilleux.

D’humeur anodine (comprendre : d’humeur détendue et serviable (yep ! chaque jour un peu plus) je m’assoie à ses côtés, devine bien sûr la cause de son  "problème" sans mots-dire, excepté :

C’est pas une hémorragie. Ni un abcès. La C que t’as l’air de t’injecter depuis X temps te rends parano, c’est tout.
Plus tu vas te focaliser sur une tache sur un tableau, et plus le tableau deviendra tache.
[ Non en vrai cette métaphore je l’ai pas dit, pas assez de spontanéité avec les inconnus-inconnues. Mais j’trouve que ça en jette graave d’écrire ça là tout de go... Tout feu tout flamme le Nils, je.... 0O ? Hum… houla j’vais tenter de pas ouvrir le débiteur de conneries (CPM) ça dégénère vite quand les vannes sont ouvertes ]

Mais le gadjo insiste, et sévèrement. Lourdement, même.
[ Entre temps, entre les secondes d’où résonnent ses lamentations, je commence à flairer l’apparition inopinée d’un panneau d’avertissement fluctuant dans l’air - devant mes yeux cernés. Cernés, certes, certes - maiiis ho combien avisés. ]

La preuve :

« Warning ! Warning ! Ce Dramatis personæ va te proposer un shoot. Je répète : Warning ! … »


P'tain c’est pas normal. J’suis sûr que c’est une hémorragie. J’suis… Ha tient j’peux t’offrir un fix si tu veux.

Haha il est écrit six lignes plus haut que j’ai le regard avisé. Je tomberais pas dans le panneau. [ fastoche celle-là, oui j’sais ]
C’est niet. Allez gros vas-y propose encore, c’est niet. A-vi-sé.

Okay. J’habite cette rue. T’as du matos propre ? [ C’est moi qui parle là ]

Bon alors j’appuie sur l’champignon, vitesse grand V. Le temps trottine, l’espace s’accroit, le mouvement file à toute blinde, c’est chouette : même les lampadaires seront centenaires un jour. 0O ??

Chez moi : un shoot. Puis un deuxième. Grande montée. Hyper excitation. Libido en flèche. En moi c’est l’orage quand même – faux pas, mecton. Faux pas. Okay j’vais pas en faire tout un plat non plus (ben oui j’suis défoncé d’un coup alors le remord, il viendra plus tard, quand je serais raplapla.)

Je passerais les détails de cette nuit, la baston entre moi et deux fils à papa d’un bar huppé du centre-ville tellement gentrifié en 3 ans qu’on ne peut qu’imaginer qu’à ce rythme, la mégalopole ressemblera à un disque laser : lignes droites hyper aplanies, plus aucun relief, uniformité partout, brassage de cultures vivantes nulle-part, architecture costard bleu métallisé etc… oui oui c’est chouette, vraiment.)

Pi nos routes se sont séparées comme il est d’usage dans la zone : amitiés dans lendemain…
D’ailleurs ça m’arrangeait puisque le remord est arrivé plus vite que prévu, sans déraillé, pile à l'heure et moi sur le quais avec la gueule enfarinée. 
Je rentre à la tanière et m’affale comme un vieux sac sur le divan (un matelas du 115 à même le sol, en réalité. Je n' échangerais mon imagination pour rien au monde. Ou alors pour une femme de rêve, à la limite, telle que je l’imagine. Cherchez pas, éventuelles-éventuels lectrices-lecteurs, ceci est un paradoxe totalement assumé)

Je n’ai pas reconsommé depuis. J’en étais à 4 mois sans C, voir plus. Le craving n’est pas revenu après ce shoot (4). En fait, ces shoots m’ont dégouté. C’est définitivement plus mon truc.
J’aurais préféré de loin, de très loin ce week-end sous boulette d’opi - cet été dans une région où il a sévèrement cogné niveau température.
[ z'imaginez le bulletin météo dans 10 ans ? "Aujourd'hui l'air sera doux : 37 degrés mimimum." ]

J’ai même cessé de fumer : plus de goudrons dans le corps depuis l'début d’été. Clope électro assez efficace, même si c’est la troisième que je m’achète en 2 mois. La technologie à ses défauts : en tant que ptit écrivain en herbe trimant sur un récit dystopique dont le contexte se trouve être le transhumanisme et cette maxime chère à l’une de mes persos : « Juste un bétail : Transhumanisme, ça sonne toujours mieux que transhumance. »

Sans tabac, j'respire mieux, j'prends pas un iota de poids (c’est même le contraire), je dors comme un bb sans impatiences aux jambes le matin, mon teint naturel est revenu (héé sérieux 20 ans de clopes !! Dont 15 à deux paquets par jour…. Wouaa, oui nous les "exogènes de la République", les "Occidentés de la vie" on ne connait pas le sens de l’effort, c’est bien connu… haha big_smile )

Même si, comme disait l’Ancien : "ambitieux était l’escargot" (avec un accent à couper au couteau) Oui, cent fois oui : c’est possible désormais de pouvoir se dire : bah ouai c’est hautement possible.

Je reste donc à 10 mg de sub, et parfois quelques déconnades avec le seresta. Mais, et ça n’est que mon expérience propre, un « manque » de benzo en ce qui me concerne c’est de la rigolade, il dure généralement 3-4 jours grand max. Il est gérable parfaitement ; si tant est qu’on ait un endroit, un chez soi pour s’isoler dans le calme.
Reste le sub, évidemment. Là je reste persuadé d’un truc : c'est mon nouveau talon d’Achille. Ma faille certaine.
Pour rien au monde je ne voudrais revivre le manque aux opioïdes.

Mais de là à spéculer d’avance sur les épreuves à venir disséminées sur la longue route - notre longue route commune - celle à parcourir avant la tombée de rideau, je préfère m’en tenir à l’ici et maintenant.
Hei, vous savez quoi ? J’apprends à aimer tout ce que j’avais l’impression de haïr. J’apprends à me dire qu’au final, ce ne sont pas les humains qui sont bons ou mauvais, mais les interactions produites par les humains.

Je commence à croire (ou pour être exact : à vouloir croire, que la vie en elle-même n’est qu’un grand mirage, une sublime illusion. Interroger le cadre de cette illusion pharaonique, le remettre en questions : c’est un peu la tâche que je me suis assigné, je crois... cool )

Ciao ciao

(bisoo à ma p'tite équipe de psychopotes qui se reconnaitra. Oui, oui, toi aussi... salut )

Lire, écouter, comprendre, se taire. La seule voix résonnant au-delà de toutes les autres est une musique des sphères. Commenter risque désormais de faire croitre le désert. Le silence ne terrifie plus, il devient juste et nécessaire.



Et que votre journée soit riche en sensations !!


" On a sur la conscience des meurtres de vitrines.
Comment peut-on encore se regarder dans la glace ? "

un anonyme (en noir)



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Catégorie : En passant - 18 août 2019 à  07:27

Reputation de ce commentaire
 
Top. Rick
 
Trop bon rythme! Ocram



Commentaires
#1 Posté par : Tête de crêpe 18 août 2019 à  08:33
Bonjour Nils,

Quel immense plaisir de te relire !

4 mois sans c et sans plus de frustration me semble-t-il a te lire, c’est une bien belle avancée vers ce que tu me paraissais vouloir atteindre.
Et un grand bravo pour l’arrêt de la clope.

Bises

 
#2 Posté par : Hilde 18 août 2019 à  12:49
Coucou Nils,

Cela fait plaisir d'avoir de tes nouvelles; jolie plume, comme toujours.

Bravo pour la gestion de l'écart et l'arrêt de la clope, je vois qu'on est embarqué dans le même bateau!

Bises,

 
#3 Posté par : Drim 18 août 2019 à  13:39
Salut Nils,
Super texte, très solaire.
Fuck pour la clope

A plus :)

 
#4 Posté par : Nils1984 19 août 2019 à  07:45

Tête de crêpe a écrit

Bonjour Nils,



Bises

Hei Tête de crêpe ^^ merci à toi... comment ça se passe de ton côté ? J'ai pas mal de billets à lire, je vais aller faire un tour sur ton blog..
En tt cas j'aime bien revenir sur P.A évoquer des p'tits chapitres liés à certaines frasques... en tt cas pr l'arrêt du tabac, ça mériterait un billet entier j pense... donne de tes nvlles quand tu pourras

à tres vite alors wink


 
#5 Posté par : janis 19 août 2019 à  07:53
Coucou Nils,

C est un bonheur que de te retrouver !!
Bravo pour la cigarette et la gestion de la c.

Bises
Janis

 
#6 Posté par : Nils1984 19 août 2019 à  07:55

Hilde a écrit

Coucou Nils,


Bravo pour la gestion de l'écart et l'arrêt de la clope, je vois qu'on est embarqué dans le même bateau!

Bises,

salut smile

Merciiii smile'pas tjrs simple de me déchiffrer parfois j'pense (enfin j'suppose...?)
Ouaiii stopper le tabac j'en rêvais depuis des années (et depuis l'expression dépitée du dentiste aussi (sic))
Bha j'ai lu très vite dans un forum que l'O/M/C aurait décrété le clope électro néfaste à long terme ? huuum... les lobbys de Philip Morris ont-ils séjourné à Genève histoire de...?  (simple intuition infondée)
Le clope électro m'aide à balle, c'est tt à fait convenable, je mets même plus de patchs. Le truc évidemment c'est que sans ce gadget c'est retour case dep' (direct) **
bref
donne de tes nvlles aussi quand tu pourras, ça fait un baye...

ciao ciao


 
#7 Posté par : Nils1984 19 août 2019 à  08:03

Drim a écrit

Salut Nils,
Super texte, très solaire.
Fuck pour la clope

A plus :)

heiii Drim

Texte écrit sur un coup de tête en fait, c'est tjrs les trucs spontanés qui j'ai l'impression arrivent à évoquer un bon relief...
J'ai tjrs la tête blindé d'images en mouvements, parfois c'est symphonique et cool, parfois c'est un vrai capharnaüm... n'empêche que c'est un peu grâce à cette "anomalie" que je puise ma force. Mon utopie se résume à ça : vive les singularités, à bas l'uniformisation généralisée... 

à très vite alors :)


 
#8 Posté par : Nils1984 19 août 2019 à  08:12

janis a écrit

Coucou Nils,

C est un bonheur que de te retrouver !!
Bravo pour la cigarette et la gestion de la c.

Bises
Janis

salut Janis !!

C'est un bonheur réciproque de vous retrouver...
Je suis jamais bien loin, parfois je sombre profond mais remonte vite à la surface
Une fois j'ai écrit  à une pote très chère de P.A un truc du style :
Les shoots de C en excès c'est comme monter les curseurs d'une table de mixage n'importe comment, à la fin ça donne un son (dis)tordu
Trouver son équilibre quand l'effet est si bon, c'est pas easy haha

Je vais feuilleter quelques billets de ton blog

Et reviendrais au nvlles bientôt, qui sait ?
see you :) et que ta journée soit belle !!


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