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Les champignons - Souvenirs Aout 2016 



Je fais partie de cette génération des années 90, qui a appris à lire avec les aventures du petit rat vert, du nom de Ratus.
Je n’en avais qu’un exemplaire à la maison, c’était mon préféré de toute la collection.

Le titre :  « Les champignons de Ratus ».
Je l’adorais.

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Dans mon petit cahier à la couverture noire, aux pages blanches, il y a cette rencontre, que j’ai retranscris dans mes posts précédents.
Mais ça ne s'arrête pas là.

Il y a aussi les suites de cette rencontre.
Je ne sais comment l’expliquer, mais cette période de ma vie représente beaucoup pour moi.
Ce sont des moments frais, comme les premières gouttes d'eau qui précèdent la tempête.
C'est le mirage du lac dans le désert.
O comme ces illusions sont douces et suaves, même lorsqu'on sait à quelle point elles sont en fait empoisonnées.
Aujourd'hui je leur trouve un gout amer.

Cet épisode raconte ma première expérience avec des champignons, deux jours après ma rencontre avec I. (voir « Je suis une rencontre »)


-

Vendredi 5 aout 2016

J’arrive chez Victor, le pote de mon pote Adrien, que je n’ai encore jamais rencontré.
Il vit en coloc avec 2 autres amis.
J’arrive la dernière, j’ai une bouteille de rosé, des carottes déjà coupées, du tzatziki et de la soupe. 
C’est un peu atypique de ramener de la soupe en soirée mais j’en avais une trop grosse marmite alors je me suis dit « Autant partager ! »
Petits pois, courgettes, saint-morêt. Et j’ai aussi pris de la ciboulette pour agrémenter le tout.

Ils sont installés dans la chambre de Victor. C’est un peu à l’arrache.
Ils sortent des champignons.
Adrien en avait vaguement parlé, mais on était pas sûrs qu’il y en aurait ou qu’on en prenne.
Ils divisent le tuperware en huit petites portions, on les prends dans nos mains.
On commence à manger mais moi j’y vais lentement, je les picore.
Les cinq garçons en ont déjà pris auparavant, les trois filles, Jeanne, Lisa et moi, non. Pour nous, c'est une première fois.
Ca m'angoisse un peu , je pose plein de questions.

Je suis la première à ressentir les effets.
Je me sens un peu guimauve, j’ai l’impression d’avoir des bras mous et longs.
C’est marrant.

Je sors un peu dans le couloir, je vais dans la salle de bain me rafraichir.
Au bout d’un moment, Jeanne s’inquiète et vient me chercher.
Je suis dans la cuisine, en train de regarder les étoiles par la fenêtre.
Je suis en kiffe total.

Peu à peu, tout le monde nous rejoint dans la cuisine.
Cuillérée de ma soupe que j’avais mise au frigo pour tout le monde.
Je passe une demie heure à faire l’analyse du frigo des garcons. C’est rigolo.

On décide de sortir dans la rue. On est dans une petite bulle à huit, en connexion, dans le mme délire.
C’est une sensation très agréable. J’ai envie de filmer mais je n’ai plus de mémoire sur mon téléphone. J’ai envie de retenir ca. Ils sont tous merveilleux.

Tout est beau. La nuit, les gens, le vent, les feuilles qui frémissent, les lampadaires, les lumières.
On fait deux fois le tour du square et c’est comme si on avait fait le tour du monde.
J'ai l'impression d'être dans un décor. Tout semble avoir plus de relief que d'habitude.

J’ai envie de partager ça.
A qui ?
Je me demande …
A qui je peux envoyer ça maintenant ?
Je pense à lui tout de suite. A I, rencontré deux jours avant.
J’ai envie de partager ce moment avec quelqu’un, juste dire « Je fais ca, je ressens ca » et I s’impose à moi.
Je sens que lui n’aura pas de jugement, écoutera simplement mon envie de partage.

Je t’envoie un message.
Tu me réponds aussitôt.
Je me dis que je dois sembler un peu bêtee, mais c’est pas gravee, je dépasse ce sentiment, je te dit ce qui se passe;
C’est à dire pas grand chose …
Je te dis que les arbres et les lumières sont belles.
Mais chuuuuuut. C’est un secret.

On est en galères de clopes.
Tu me dis que tu rentres chez toi après le boulot, que tu viens de t’acheter un paquet et ouvrir une bouteille de vin avec un pote.
Il est 2H déjà.
On est dans notre monde, je ne suis pas prête à m’en extraire mais ça me fait plaisir de savoir que tu peux m’ouvrir ta porte si tard.

Nous rions beaucoup.
On marche jusque Nation et on atterrit dans un restau de fruits de mer pour acheter des clopes.
Le serveur nous souhaite une "bonne soirée" en insistant bien. On est peut être un peu parano, en tout cas on se dit que ça doit se voir qu'on est pas normaux, tous les 8.

Puis retour au bercail.
Les effets commencent doucement à s’estomper, je ressens les choses de façon moins folles que tout à l’heure.
Mais tout le monde reste, personne ne part, tout le monde est bien.

J’aime ces moments suspendus, de cohésion.
Demain, c’est samedi, personne ne bosse, mme pas moi comme c’est le cas si souvent.

On veut ouvrir la dernière bouteille de vin, mais le tire-bouchon a disparu.
Jeanne l’avait embarqué en sortant.
On cherche dans son sac à tour de rôte.
On en sort plusieurs objets « disparus » au cours de la soirée, comme mon élastique-briquet.
Mon amie Jeanne, qu’on qualifie de cleptomane, de Marie Poppins, de bordélique, ou de gentille chapardeuse …

Finalement, un des mecs finit par retrouver le tire-bouchon, dans une des doublures du sac.
On sert un verre à tout le monde.

En parlant, j'entends ma voix différemment.
Comme si je m'entendais en voix off.
Sensation difficile à décrire, mais j'en ai un souvenir assez fort.
Mes amis me semblent tous très drôles.

Et puis, ça y est, la parenthèse prend fin.
Il est temps de rentrer.
Certains commandent un uber.
Moi, vu l’heure, je me dis autant prendre le métro.
J’ai bien l’intention de te rejoindre …

J’ai presque plus de batterie.
Tu me donnes tes codes.
Je trouve un crayon noir pour les yeux qui traine dans mon sac. J’écris les codes sur mon bras gauche avec.

Le jour commence à se lever …

Il est 6h12, ma batterie a tenu finalement.
Pour la 2eme fois en 3 jours, je compose ton code.
Je filme une nouvelle fois mes doigts appuyant sur les numéros.

Ca y est, je suis là.

Tu me disais que tes yeux ne tenaient plus.
Finalement, tu me proposes un rail quand j'arrive.
Et un verre de vin.
Cool, j'avais pas envie de me coucher.

Je te raconte les champignons ...

——

Finalement, je n’aurai pas eu d’hallucinations comme Ratus lors de cette expérience avec des champignons.
Mais je garde un doux souvenir de cette soirée à admirer les étoiles et le vent dans les feuilles.

Soirée qui n’était pas encore terminée …


A suivre ;-)

Catégorie : Témoignages - 25 janvier 2018 à  20:10



Commentaires
#1 Posté par : FunkyHunk 26 janvier 2018 à  07:53
'lu,

Ah ah le fameux "Ratus",

Souvenirs souvenirs, mais je ne me souvenais pas du tout de cette histoire de champignons,

 
#2 Posté par : Gradak 28 janvier 2018 à  11:15
Je connaissais " Martine dealeuse de coke. "
Mais pas " Ratus prends des perche avec des champignons trouves dans les champs. "

Merci Emma pour ce TR à la sauce Merlin !

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