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Partie 1 : Préambule. 



2010 :

J'ai 16 ans. Comme toutes les jeunes filles de mon âge, j'aurais dû me préoccuper de ma future rentrée au lycée. Mais à  16 ans je ne vivais pas la vie normale d'une adolescente.
Je suis déscolarisée, je vis entre la rue avec mon copain héroïnomane et entre un appartement laissé à  l'abandon par une mère dépressive. Mes copines sont comme moi : paumées, cheveux rasés et grosses paramilitaires.

A 16 ans, je vais à  une soirée. A cette soirée sur Paris qui changera mon style de vie. Je vais pour prendre, comme d'habitude de la MDMA. Mais mon copain me dit qu'il y a quelque chose de bien mieux que ça, de plus jouissif ; Cocaïne. A l'écoute de ce mot, je me remémore ma mère me dire un jour : Ne touche jamais aux drogues dures, tu t'y perdrais. Sauf qu'en pleine révolte adulescente, je balaye les conseils de ma génitrice. Je sniffe pour la première fois.
Je n'arriverais jamais à  mettre des mots sur ce que j'ai ressenti ce soir là .

2012 :

J'ai 18 ans. Je dois faire le deuil de mon petit ami avec qui j'étais depuis mes 14 ans. Je vis dans la rue, parfois à  l'hôtel quand un de mes clients me laissait la chambre. Cela fait déjà  2 années que mon nez est blanc comme neige, que je ne vois plus le jour. La lucidité est absente, je me jette dans le danger en acceptant pour survivre de vendre mon corps pour plus d'une centaine d'euros. L'amour propre ? Je ne connais pas.

2014 :

La première OD. La première prise de conscience. La première cure de désintox. La première consultation en centre d'addictologie. Un pas vers la guérison ?

2016 :

J'ai maintenant 22 ans. Je suis sortie de la rue, j'ai eu un diplôme.
J'ai maintenant 22 ans. Je suis diagnostiquée borderline, paranoïaque, anorexique. Mes poumons sont usés, mon estomac ne travaille plus de façon normale, mes reins sont fragiles. J'ai perdu plus de 25kg en quelques années.
Les médicaments ? Je ne les connais que trop bien. Les psychiatres m'ont mise sous divers traitements : les antipsychotiques, les somnifères, les antidépresseurs, les anxiolytiques.
J'ai maintenant 22 ans. J'ai pas réellement de sens dans ma vie, je peux juste être fière de ne plus prendre de C depuis 5 mois. On ne parle pas de guérison, mais de rémission. Mais comment être fière de ça quand je continue à  errer dans les anciens quartiers où j'achetais ? Comment être fière de ça quand je pense coke, que je mange coke, que je rêve coke ?

J'ai construis une prison dorée, pièce par pièce, mais je n'ai pas la clé pour en sortir.

Catégorie : Témoignages - 25 avril 2016 à  13:24



Commentaires
#1 Posté par : KeithMe 25 avril 2016 à  13:43
Témoignage touchant, et bravo à  toi. Tu as su etre forte, u peux vraiment être fière de toi..

Continue d'écrire !

 
#2 Posté par : Fino 25 avril 2016 à  13:57
Plus de C depuis 5 mois,  "je pense,  je rêve,  je mange coke" ???

Ou en es tu par rapport à  ton traitement ?

 
#3 Posté par : akck 25 avril 2016 à  14:00
Poignant ton témoignage félicite toi tu as déjà  fais fait un grand pas, arrêt de la coke, un diplôme en main c'est sûrement le début d'une nouvelle vie !
Prend soin de toi et bon courage !

 
#4 Posté par : Invazija 25 avril 2016 à  14:01

Fino a écrit

Plus de C depuis 5 mois,  "je pense,  je rêve,  je mange coke" ???

Ou en es tu par rapport à  ton traitement ?

Ce que je veux dire par cette figure de style, c'est que malgré l'arrêt depuis 5 mois, je ne pense qu'à  ça. Mon traitement, je joue avec. Un coup j'en prends une énorme dose, puis pendant 1 jour que dalle et rebelote.


 
#5 Posté par : Invazija 25 avril 2016 à  14:05

akck a écrit

Poignant ton témoignage félicite toi tu as déjà  fais fait un grand pas, arrêt de la coke, un diplôme en main c'est sûrement le début d'une nouvelle vie !
Prend soin de toi et bon courage !

Déjà  merci beaucoup, malgré l'arrêt de la C et un diplome, je ne bosse pas, par choix aussi.
Mais je voulais aussi te dire : waouh pour tes textes, c'est un réel plaisir de te lire.

Courage à  toi !


 
#6 Posté par : Fino 25 avril 2016 à  14:09
C'est quoi comme traitement ? Si c'est pas trop indiscret

 
#7 Posté par : Invazija 25 avril 2016 à  14:21

Fino a écrit

C'est quoi comme traitement ? Si c'est pas trop indiscret

Alors :

4mg de RISPERDAL
4mg de VALIUM
25mg de ZOLOFT
20 gouttes de THERALENE
90 mg de BACLOFENE

C'est ceux qui marchent pour l'instant. Je suis passée par plus d'une dizaine de traitements différents pour trouver le "bon". Et là  c'est la posologie de base.

Et ensuite j'ai d'autres médicaments pour mes soucis rénaux, mes douleurs etc


 
#8 Posté par : Fino 25 avril 2016 à  15:00
Ok

 
#9 Posté par : bighorsse 26 avril 2016 à  10:03
poignant, terrifiant, mais quelle force dans cette volonté de se sortir d un piege mortel
parfois on met notre amour propre au fond de notre coeur, là  où personne ne peut le voler...on fait ça quand la vie nous pousse à  vivre ce qu on ne souhaiterait à  personne...
on dit que la depression est en partie génétique ; peut être; mais ce qui est sûr c'est qu un enfant abandonné affectivement ne s'aime pas et se punit du désamour par une vie hard

il est normal je pense que ton esprit te ramène sans cesse à  la coke ; 5 mois c'est si peu (et bcp à  la fois) ; la tentation ...quand j'ai decro la derniere fois, je rêvais toutes les nuits pendant des mois que je me faisais un fixe d hero , mais je me reveillais toujours juste avant de l'envoyer....la frustration dans les rêves...reflet de la frustration en vrai

soignes toi bien

 
#10 Posté par : Invazija 26 avril 2016 à  18:56

bighorsse a écrit

poignant, terrifiant, mais quelle force dans cette volonté de se sortir d un piege mortel
parfois on met notre amour propre au fond de notre coeur, là  où personne ne peut le voler...on fait ça quand la vie nous pousse à  vivre ce qu on ne souhaiterait à  personne...
on dit que la depression est en partie génétique ; peut être; mais ce qui est sûr c'est qu un enfant abandonné affectivement ne s'aime pas et se punit du désamour par une vie hard

il est normal je pense que ton esprit te ramène sans cesse à  la coke ; 5 mois c'est si peu (et bcp à  la fois) ; la tentation ...quand j'ai decro la derniere fois, je rêvais toutes les nuits pendant des mois que je me faisais un fixe d hero , mais je me reveillais toujours juste avant de l'envoyer....la frustration dans les rêves...reflet de la frustration en vrai

soignes toi bien

On va dire que la volonté j'ai dû vite fait la prendre, une OD m'a suffit pour me faire peur. J'ai encore du mal à  dire non à  un rail pour te dire. Mais j'espère guérir réellement.

J'espère que tu tiens le coup toi aussi.


 
#11 Posté par : Mister No 27 avril 2016 à  10:11
Un petit mot plus sérieux ici pour te dire que l'étape "je pense tout le temps à  la coke" va s'estomper forcément. En attendant, c'est envahissant, mais je crois que tu fais tout pour chasser le craving, y compris poser des mots sérieusement^^.
Des fois quand je respirais profondément par le nez, j'espérais secrètement retrouver la sensation d'une montée de coke et sa descente dans la gorge.
Maintenant tu peux me mettre un produit de qualité sous le nez ou t'envoyer ce que tu veux, j'ai pris un distance énorme, cela ne sollicite pas mon envie.
Curieux de nature, j'aime toujours constater l'aspect, l'odeur du produit et faire rouler la poudre entre mes doigts. ça ne nourrit aucune envie ou presque aucune, vite court-circuitée et surtout pas envahissante. Il faut certainement du temps pour faire le deuil du produit.
Pas de prison dorée, forcément tu te construis un refuge, c'est stratégique et temporaire. Tu as la clé, il est juste trop tôt pour que tu ressentes une totale liberté. Il est possible d'apprécier la vie après la coke, des fois plus qu'avec... je te l'accorde, ça peut prendre du temps.
Continue de prendre du recul comme tu le fais et ne minimise pas tout ce qui va mieux mais que tu ne perçois pas car tu trouves d'une normalité banale... pour l'instant.
La routine, le train-train, nos relations avec les autres peuvent être bien plus Merveilleuses qu'une cession de plusieurs grammes. C'est aussi l'occasion de prendre le temps d'aller vers d'autres découvertes et de retrouver dans ce cadre une forme d'exaltation.

On va dire que la volonté j'ai dû vite fait la prendre, une OD m'a suffit pour me faire peur. J'ai encore du mal à  dire non à  un rail pour te dire. Mais j'espère guérir réellement. - See more at: https://www.psychoactif.org/blogs/Parti … tml#c12798

Mes derniers extras de coke, je prenais de la paroxétine et je n'ai vraiment pas aimé l'association qui m'obligeait à  tasser avec des benzos. Pourtant, je n'abusais pas, ni en quantité, ni dans la durée. Je crois que ça a fini par me procurer un effet répulsif.
J'ai diminué aussi considérablement ma conso d'alcool ; ça pouvait être le pain et le fromage. Jamais de coke sans alcool.


 
#12 Posté par : Bootspoppers 01 septembre 2016 à  23:04
Salut Invazija ! Je te dois ce poste car j’ai lu ton blog pendant mon dernier trip au DXM et il m’a bouleversé. C’est vrai qu’on n’est pas comme d’habitude sous DXM. Mais on est parfois plus lucide…
Je me suis promis de te dire tout ça. Tu n’as plus l’air de venir sur le forum. Ça n’a aucune importance, les bonnes pensées iront vers toi quand même !
Je tiens tout simplement à  te faire part de mon admiration pour ton parcours. Je suis un senior (enfin je crois bien), et j’ai pas mal d’expérience dans ma vie… avec tout ce recul je peux te dire que j’ai beaucoup de respect pour toi et je tenais à  te le témoigner  respect-2 . Et puis tu as un super humour. Alors bravo. Je te souhaite le plus merveilleux parcours, celui que tu mérites ! Et par la mentalisation, je te communique toute la force dont je suis capable et dont tu peux avoir besoin.
Amitié. drogue-peace

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