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Premier Rêve lucide 



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6.4IS




Ciao P.A !! big_smile

Récemment j'ai fait part d'une forme de déprime, allant, venant, un jour sans, un jour avec, relents pesants du passé (ou de la trouille du devenir...)
Une déprime résultant de toute évidence de mon décrochage Méthadone en novembre 2018, je ne vais plus m'étendre là-dessus wink

Cette déprime ces dernières semaines s'est agrippée à moi comme par riposte, j'ai eu une répulsion distincte envers l'écriture, la stérilité des mots : infertiles pensées.
Je me suis devancé souvent (pas surpassé) malgré les craving increvables, l’arôme caverneuse d'une douleur sourde au dos qui ne me quitte plus depuis un an - oui je me suis devancé pour chaque fois appréhender ce "cosmos" en perpétuelle fantasmagorie.
Mais les mots... j'ai saisi - par exemple - que lorsque nous nommons au-delà l’au-delà, nous perdons immédiatement le sens de l’au-delà.  Idem pour l'extase, idem pour l’Éveil. Principalement l’Éveil. C'est le sens même de l’Éveil que nous égarons puis perdons si nous préjugeons/croyons en son existence.

J'avais écrit une fois :

Les moyens usurpateurs de nous divertir ne manqueront jamais
Saurons-nous un jour exister sans fuir ?

Sans EXIT, le circuit imploserait.
Efface ton devenir, hier n'a pas existé, le temps est une chimie, il diffère selon tes sensations.
Danse dans la brume sombre de maintenant.
OK, une révélation ne se conquiert pas.
Elle est déjà là, tous azimuts, partout présente.




Alors voilà… un petit quelque chose manque sans méthadone. Je le flaire nettement. Mes proches l'ont perçu, malgré ma persistance à dissimuler mes dommages. À une amie, je réitère fréquemment : ça va passer. Ça passera. Orage, vents violents, ouragan.
Et comme je ne suis pas une calculette, comme la logique me fait souvent défaut, je ne me protège pas de ce chaos. Je me laisse traverser par ce chaos. Et je l’éprouve.
J'ai eu depuis l'arrêt Métha en + du Sub (je n'aurais pas réussi à décrocher aussi froidement d'un TSO aussi virulent que la Métha. Vers le 5ème jour, à l'aide de tercian et d'une boulette d'opi, j'ai su patienter encore assez pour me faire un shoot au Sub, qui je l'admet, m'a délivré. Wow...)
Le post "cold turckey mon amour" m'a soufflé.
En si peu de mots : une force d'évocation qui m’a renversé. Oui ! En si peu de mots, justement. Juste ce qu'il faut.
Passons...

J'en viens à l'objet de ce billet.

Il y a une semaine exactement, en ces heures-là, j'étais allongé, blotti dans mes tentures faisant office de draps, les yeux déjà ouverts, réalisant illico ce que je venais d'expérimenter en rêve, mais sans exaltation, ni enthousiasme, ni enivrement : j'avais juste peine à estimer ce « phénomène ». Un rêve lucide, donc.
Le premier rêve lucide dont j'ai heu... ouai toujours rêvé.
Allez stop les mises en abimes : c'était limpide, véritable dimension psychique contrôlée.
J'aurais pu me rencarder sur ce qu'en disent les neurosciences, je ne crois pas au surnaturel - pas plus qu'aux "lieux saints". Pas plus qu'aux Saints d'ailleurs.
Il n'existe aucun mystère que l’humanité n'ait créée elle-même ; mais surpasser cette énième abstraction ne rime à rien.
À quoi bon ? On se tortille comme un ver coupé en deux :

- La phrase suivante est fausse. La phrase précédente est vraie -

Et comme je l'ai dit spontanément à une réunion GJ :

« C'est le fruit qui est désormais dans le ver. »

Lors de quelques escapades notoires ultérieures à ce "grand rêve" unique en son genre (enfin... "mon genre" d'état limite, de type oscillateur de fréquence) j'ai plutôt fait des paralysies du sommeil.

Tout ceci serait-il lié au PAWS ? Aucune idée. Je sais que la route sera longue, je sais que la route est/reste incertaine, je sais aussi que ma liberté regagnée serait simplement de ne plus jamais imaginer ce qu’imagine l’autre à chaque instant pour chaque action, geste, parole, intention.
Je dis "je sais" haha... non, je pense savoir "que je sais".
Les mots... des codes.

Avant de peindre ce rêve lucide, je replace la description d'un autre rêve, bad dream, décrit l'année dernière (car il me semble que des liens s'élaborent d'eux-mêmes)

Réveil préconscient, mes yeux sont déjà ouverts.
Mais le sommeil me ré-entraîne dans ses virtualités.


L’atmosphère du rêve suivant m’échappe. Changement radical des alentours.
Nouvelle mise en abîme, entre les secondes du conscient assoupi, ici…

Je suis condamné par une cour indiscernable que je ne pourrais décrire, sans édulcorer… Nous sommes plusieurs dans ce cas. Je ne reconnais aucun visage autour de moi. Ce lieu est un mouvement qui n’est pas descriptible et je n’en ai guère envie. Ce que je sais et ressens c’est que ma sentence est un isolement d'un genre particulier :Je suis solidement maintenu dans une camisole de métal, fixée au sol. Je ne peux plus bouger ne serait-ce qu’une épaule. Mais le pire n’est pas mon corps muré dans cet effroi, le pire est cet homme qui se tient à mes côtés. Cet homme est celui qui a été désigné par « la cour » pour m’assister, me parler, veiller sur moi. Je ne saurais décrire ce que nous disons, je sais juste que je ne suis pas seul dans ce cas, nombre de personnes condamnées sont également dans cette situation, également surveillées par ce qu’on pourrait nommer aides psychologiques. Oui, je me souviens avoir conscience dans ce rêve que ce genre de condamnation est limitée dans le temps, mais ce calvaire étant reconnu comme particulièrement éprouvant, des instances juridiques sont désignées pour nous aider, nous parler, éviter que l’on craque. C’est une frayeur sans nom. J’pleure dans ce rêve j’en suis sûr, j’entends un type à droite crier : « ça y est… il s’écroule » mais je sais que l’intensité de ma peine augmente dès que cet homme désigné pour m’aider a fini ses heures, doit rentrer chez lui. Quitte son poste. Retrouve son foyer. Son autre vie.Il me dit (sans inventer) : « Allez… tenez-bon, courage, à demain ».Il s’en va. Il fait noir partout. Je souffre seul parmi ceux qui souffrent seuls.


Temps mort.
Là encore, mes yeux sont déjà ouverts.


J'étais encore sous Métha (gélule) lorsque j'avais écrit ça. Je m'abstiendrais de toutes corrélation entre prods et hubris de ma vie psychique :

Depuis que j’ai eu la force de me sauver moi-même, d’être mon propre témoin, anti-héros hagard d’un film interactif idiot, associant des sons à des images, des images à des nombres calculés dans l’espace, mon espace-temps viscéralement lié à des musiques s’enchaînant les unes aux autres dans une logique holistique que moi seul comprend.

Quelle sera la toute dernière musique, celle qui clôturera ce passage terrestre ?

Ce rêve lucide en soi est une musique jusqu'ici jamais écoutée.
Alors le voilà :

D'ordinaire, mes rêves sont très élaborés, dans l'agencement de ses panoramas, de ses reproductions allégoriques, c'est souvent spacieux et ample, parfois somptueux de couleurs et de détails invraisemblables. Comme percevoir au loin une cité futuriste translucide, presque en cristaux-liquides, que j'explore en vol plané, que j'explore comme le défilement d'un paysage contemplé du bar d’un T.G.V.
Mais pas dans ce rêve-là. Non, dans celui-ci, tout est commun, banal. Mais je sais que « je rêve ». Je vous en donne ma parole – et parole d'honneur en + (il me reste peu de chose à part cela.)

Je murmure...
« J'ai peu de temps devant... » (Ai-je dis MOI ? Je n’en suis pas certain)

Je me retrouve dans un salon, une salle à manger, de ma petite enfance.
Les meubles sont kitchs, les tapisseries sont fleuries. Je perçois une ambiance que je ne connais pas mais que je REconnais. Je vois mon père (aujourd'hui défunt). Ma mère est là aussi, mais sa présence reste indéfinie. L'ambiance, l’atmosphère, est étonnamment tranquillisante. Mon père est jeune. Et beau. Je le sens en paix. Je suis conscient, tout à fait conscient que je suis en train de rêver ! J'observe, clairement, je perçois. Il me reste peu de temps. Mon père est en paix : j’éprouve sa quiétude comme un présent. Oui, enfin : ma famille est en paix.
J'en avais rêvé. Mon immersion l'a fait.

[séquence manquante]

Je me trouve dans une salle de sport. Élémentaire, simple.
Pareillement, je me dis :
" Je vais me réveiller d'ici quelques secondes ". Oui ça je l'ai dit.
Alors je me vois. Je vois celui que j'étais au collège : petit gars introverti, zébré, exogène, déjà las de tout - déjà révolté. Ce "jeune moi" que je discerne (je ne me souviens pas à quoi je ressemble, sans quoi j'édulcorerais et je ne le souhaite pas.) doit affronter une équipe : il y a un filet au centre de la salle. Un match doit se jouer. Les couleurs sont ternes.

Alors je vais me parler :

« Viens là toi, j'ai peu de temps. Écoute : les mots ne sont que des mots. Les mots durs ne viennent que d'affects qui ne dépendront jamais de toi. Tu dois arrêter de tout prendre au pied de la lettre. Tu dois arrêter de te protéger de tout. Laisse faire les chose »

(note : évidemment c’est pour le coup ma transcription propre. Rien n’est certain. Sauf ma sincérité.)

[séquence manquante]

Ceci fait, je me sens comme… je ne sais pas. Délivré ?
Je me sens sourire, allongé dans mon lit. Encore une fois ! Oui encore une fois je prononce :

« Il me reste peu de temps. »

Ensuite j’arpente un couloir indéterminé, pour atterrir ou apparaitre - dans un jardin de pierre. Mais comme dit plus haut, d'ordinaire ce jardin de pierre aurait été armé de détails qui à chaque réveil me coupaient le souffle. Mais pas ici. Non ce jardin de pierre est assez sinistre, en fait, rien d'exceptionnel. Face à moi, en dessous de moi, il y a un ravin. Je me perçois voir ce ravin. Je me dis :

« Je risque rien si je saute, ce n'est qu'un rêve ! » (je me sens rire)

Alors je saute ! Et je me marre ! Mon cœur se soulève, ouai sérieux là… c'est jouissif.
Du fond de ce ravin, des cailloux, de la roche, c'est sombre, gris - en vérité c'est assez hideux. Dés-lors je me vois lever les yeux, là-haut, vers les hauteurs. Je me vois percevoir un pont. Mais là aussi, c'est vaporeux, il n'y a aucun détail particulier : ce pont est nimbé d’un éther maussade. Tel un tableau monochrome grisâtre. Et pourtant ! Jamais je n'avais ressenti une joie aussi vive…
Oui, je sais que je peux m'élever, je sais l'ascension possible. Je sais que je rêve.

« Il me reste peu de temps... »

J'agite mes bras comme pour me projeter « là-haut », mes ailes ne sont pas faites de cires, elles sont faites d’un simple désir, né de la conviction qu’ici c’est possible…
Alors je me propulse du sol. L'ascension se crée, s’opère : je monte, j’exhale ce possible, je respire et rerespire : je perçois de mon sommeil que je me marre.
Le pont n'est plus discernable. L'ambiance est spectrale, vapeur floue, terne. J'en tombe presque amoureux. Et j’exulte de rire encore.

Alors j'ouvre les yeux

Avant de pleinement réaliser, je distingue que je suis allongé sur le dos. Je ne dors jamais sur le dos. Il devait être 5h30. Je reste encore un peu allongé. Encore un peu…
Je me lève. Mes stores sont ouverts, l'immeuble en vis-à-vis est clair. La Tour Incity Lyonnaise (au logo Caisse d’épargne) fait irradier ses lumières irrégulières et rococos qui fusionnent à l’obscurité de mon appart délabré. 

Je reste immobile, je scrute le plafond. Je dévisage « l’en haut ».
Alors j'envoie un baiser de mes bras.

Et je dis juste...

Merci !



Catégorie : Carnet de bord - 27 décembre 2019 à  11:15



Commentaires
#1 Posté par : LndvT23 28 janvier 2020 à  12:52
Très jolie texte,  fort en émotions et très bien écrit en supplément !
Le monde des rêves est un monde si exaltant en émotions et les rêves lucide pour moi c'est la cerise sur le caviar merci-1

 
#2 Posté par : Nils1984 05 février 2020 à  21:24

LndvT23 a écrit

Très jolie texte,  fort en émotions et très bien écrit en supplément !
Le monde des rêves est un monde si exaltant en émotions et les rêves lucide pour moi c'est la cerise sur le caviar merci-1

Ooh mercii :)

Je viens de lire ce petit com que je n'avais pas vu, c'est réconfortant ^^
C'était vraiment unique ce rêve en soi pour moi, y'a eu dans le passé des trucs un peu comparables mais ce rêve là... je sais pas, très étrange et en même temps ultra simple. Hyper simple...

Il parait qu'on peut apprendre à rêver comme ça de façon récurrente, mais j'ai pas la formule magique
Au fond c'est peut-être mieux comme ça... big_smile


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