Pourquoi? Pourquoi vouloir recommencer? La question semble naïve, je le sais. J'ai comme beaucoup d'autres voulu recommencer, pour faire mieux. Mais je trouve que c'est cette assertion qui est naïve. Le mieux est une notion bien trompeuse. Mieux pour qui? Mieux pour quoi? Mieux que qui ou que quoi? Certes, on s'est bien planté, la première fois, et celles d'après. Du moins, c'est ce qu'on croit. Recommencer, ce ne serait pas se replanter, autrement?
Tout est déjà parfait, en l'état. On est seulement convaincus du contraire en nous abandonnons à nos fantasmes. On n'aurait pas fait mieux, mais seulement autrement. A l'arrivée, on se serait surement retrouver au même endroit, au même moment, à fantasmer sur ce qu'on aurait fait mieux. Est ce que les erreurs en sont vraiment? Ce que j'en sais, c'est qu'elles nous cloisonnent selon des normes prédéfinies et culpabilisantes. Lorsqu'on leur accorde trop d'importances, elles nous sidèrent aux yeux du monde. On ne peut reculer, on n'ose plus avancer, alors on stagne.
Il n'y a pas d'erreurs dans nos itinéraires, il n'y a que des chemins empruntés. Pourquoi vouloir recommencer quand une multitudes d'autres chemins s'offre à nous? Ecrasés sous le poids des remords et des regrets, on a juste oublié de regarder l'horizon. Le funambule n'avancerait pas si son regard se posait sur ses pieds ou vers l'arrière.
Nous sommes des funambules sans perches. Toujours en équilibre, à deux doigts de tomber dans le vide, avançant la peur au ventre. Pour moi, il n'y a que deux voies possibles, soit tenir sur le fil, soit tomber.
Si je devais recommencer, alors je tomberais.