TR Air sec et utilisation sur plusieurs mois (protoxyde d'azote)

Mon expérience et ce que j'en retire sur la consommation de proto ou air duster

Bonjour, j'aimerais résumer mon expérience avec "l'air sec" ou air duster ou protoxyde d'azote (enfin, pas que..). J'ai 25 ans, j'ai découvert que je pouvais me "détendre" avec une bombonne dépoussiérante pour ordinateur il y a 8 mois, j'ignorais les effets et je suis vite tombé dedans. Je ne fais aucune apologie, je laisse une trace de ce que j'ai vécu pour comprendre, aider, et discuter.

J'ai essayé plusieurs substances dans ma vie, et même vis à vis de mon traitement, je n'ai jamais ressenti une dépendance psychologique aussi "puissante" que ce gaz accessible et pas cher. Pour précision, je suis sous zolpidem, tranxene, laroxyl, bupré, prozac, mph (medikinet, ritaline..) à forte dose.

Je fais des tests EEG tous les mois suite à une pathologie qui n'a rien à voir avec tout ça, ce qui était aussi une aubaine pour constater l'évolution néfaste du produit d'un côté neurologique.

Mon expérience et mon témoignage ne reflète que mes recherches et mes expériences subjectives sur moi-même seulement, bien que je sois suivi chaque mois et proche de nombreux spécialistes, dont certains qui m'ont écouté et ausculté sur long terme.

Ma prise était crescendo mais en 8 mois, j'ai consommé 220 bombonnes "d'air sec" et dépensé un peu moins de 1000 euros en me fournissant sur internet. (Testé plusieurs marques donc différentes compositions)

INFOS ET INTOX Ce que j'ai lu, ce que j'ai compris

Après mes premières soirées aux côtés de ces bombonnes, j'ai fait des recherches et j'ai vite compris que ce truc était sous-estimé par ceux qui ont l'habitude de consommer, ça parlait de vertige, sensation de couilles chaudes, parfois hallucinations… sans intérêt pour beaucoup de gens.

Ce qui m'a frappé, c'est le nombre d'articles qui mettent en garde l'utilisation, mais sans rien expliquer, pire parfois, en disant que "ça fait pourrir les vaisseaux sanguins", "ça fait des AVC", "ça provoque Alzheimer" "vous saignez du nez". [Vraies explications d'articles en ligne venant des médecines préventives, non sourcées].

On utilise la peur au lieu d'éduquer, mais bon c'est pas la première fois, et c'est un moyen de dissuasion qui fonctionne. La vérité c'est qu'il n'y a pas assez d'expériences que nous n'avons que peu d'ampleur pour affirmer ou jauger les effets néfastes. On peut prendre pour base le N2O et son ancienne utilisation en médecine mais là encore, aucune précision sur la consommation à moyen ou long terme.

Statistiquement, le plus dangereux quand on consomme du gaz, c'est la perte d'équilibre ou l'évanouissement qui peuvent provoquer une chute, c'est donc surtout traumatologique dans un premier temps, mais je ne dis pas que c'est bon pour autant côté neurologique.

Les effets sont imprévisibles, on ne peut que lister de manière exhaustive les accidents liés à ça, mais sans généraliser, et les drames que j'ai étudié à ce sujet relèvent souvent des pathologies que le gaz va aggraver, et non un gaz provoquant une pathologie. Asthmatiques, épileptiques, empoisonnement si autre solvant plus toxique.

EFFETS PHYSIQUES ET PHYSIOLOGIQUES

Ce qui se passe concrètement du côté physio relève de ce que j'ai pu étudier alors c'est sujet à réflexion. En vérité, la sensation de chaleur se diffuse selon la position dans laquelle on se trouve, si on est debout (A EVITER : risque de chute), cet effet se situera dans des zones du corps plus sensibles, mais en étant couché et selon le produit, cette chaleur se diffuse de la tête (cuir chevelu) jusqu'aux pieds, et sur le coup ça semble douloureux, mais on se surprend à aimer ça, puis par la suite, cela provoque des bourdonnements toujours plaisants mais de moins en moins fort (ce n'est pas une accoutumance, une heure après, vous pouvez à nouveau profiter de cette sensation).

J'ai également noté des vertiges, une vision trouble pendant la prise, et un goût sucré. Je n'ai pas parlé du mode de consommation, en ce qui me concerne, je vidais ma respiration et j'insufflais par la bouche le gaz grâce au petit tuyau des bombonnes. C'était bien plus plaisant que la prise par le nez, mais le gaz "remplaçait" l'oxygène et le risque d'asphyxie est bien présent si on ne s'en sert fréquemment sans raisonner sur la méthode la plus safe pour consommer, il faut maitriser sa respiration à chaque prise, qui peuvent durer jusqu'à 20 secondes de "pssshhhh" directement dans la bouche, même si je conseille de bien aspirer avant, de ne pas dépasser 5 secondes et de bien aérer la pièce.

Il se passe quoi dans mon corps concrètement ? Si mes infos sont bonnes, en restant sur le proto, le gaz va stimuler le système sympatho-adrénergique, qui sert normalement à répondre à un choc ou un stress, et va délivrer "des ressources pour faire face", ou "coping" pour les intimes, le cocktail est constitué de dopamine, noradrénaline, et des neuromédiateurs de fibres. L'euphorie et tout ce qui est physiologique vient de là ofc. Pour la sensation de chaleur, ce sont les glandes sudoripares qui sont stimulées, leurs rôles initiaux est de réguler la température du corps, mais le gaz va agir rapidement dessus, sans laisser le temps de transpirer, et la dilatation provoque une pression intracrânienne (PIC) temporaire.

Est-ce que j'ai développé une pathologie ou une quelconque anomalie après ces 8 mois de consommation acharnée ? De mon point de vue, non, je n'ai jamais fait d'OD, de black out, de saignements, de perte de mémoire. Du point de vue de mes EEG, mon neurologue n'a jamais noté la moindre anomalie ou évolution en 9 EEG de routine, donc je crois que mon cerveau s'en tire à bon compte, en omettant mes autres troubles. Est-ce que ça veut dire que c'est sans danger ? Pas du tout, pas même pour moi, je suis curieux et cartésien, comme je l'ai dit il n'y a que trop peu d'études sur le sujet et j'ai peut-être casé une épée de Damoclès sur ma tête sans le savoir d'ici quelques années. Mais mon cerveau n'a pas pourri malgré les affirmations de RTL.

MES HALLUCINATIONS

Je rentre dans le concret car pour la plupart, le trip se situe sur les effets les plus impressionnants et non sur un simple bourdonnement qui masse le corps et qui chauffe de temps en temps.

Je suis sous TSO et j'ai connu plusieurs dépendances, les dépendances physiques comme ceux des opiacés est le plus hardcore que j'ai connu et c'est la raison de ma prise de bupré depuis quelques années, mais j'ai tout de suite relativisé sur la dépendance psychologique de ces petites bombonnes.

Le simple fait d'en avoir en stock me faisait sentir bien, et lorsque le stock était épuisé, je stressais au point de localiser et attendre des heures devant chez moi le livreur chronopost pour récupérer la commande. J'ai toujours pensé que j'étais un peu plus accoutumé à la dépendance psy étant donné tout ce que j'ai testé dans la vie, mais là, je me suis situé à un niveau carrément flippant, limite parano si le livreur était en retard par exemple.

Bon et je le redis, plus de 200 bombonnes de 750ml en 8 mois, je ne me serai jamais cru capable d'investir autant. Quelques fois à court de stock, je sortais du vieux matos de mes parents ou je demandais au voisin s'ils avaient du propane ou du butane pour "remplir mes "briquets" ou "du barbecue". Les effets étaient relativement similaires bien que le danger soit dupliqué, l'inspiration m'a déjà même irrité mes poumons au moins d'avoir la trachée en feu.

Les hallucinations ont été les pires de tout ce que j'ai pu tester. Je n'ai même pas la capacité d'expliquer certaines choses que j'ai vues, mais je pense que le frisson et le côté physio du gaz étaient plus forts que mon envie d'halluciner puisque j'ai compris que mon état d'esprit n'était pas adapté pour continuer de consommer, et je continuais quand même.

Bien sûr parfois c'était des petites choses, l'impression d'entendre des voix, parfois un changement total de ce qui m'entourait avec une lucidité impressionnante puisque je me retrouvais parfois dans des endroits sans aucun sens avec des gens, et de discuter avec, pendant des heures parfois.

Mais mon état d'esprit dépressif prenait souvent le dessus et j'ai eu des hallucinations qui m'ont traumatisé au point d'arrêter la consommation depuis ces 8 derniers mois malgré l'envie extrême de consommer à nouveau.

Mes pensées dépressives me jouaient des tours, et à partir d'un certain moment, je me sentais agressé par des trucs surnaturels. L'impression que mon lit bouge, des bruits de pas intenses, des monstres à la Silent Hill qui apparaissait devant moi, ma chambre et mes couloirs devenait parfois rouges comme rouillés de partout.

J'ai un peu honte d'avouer ça, car autant j'aime m'intéresser sur le côté physique et l'anatomie, autant je n'arrive pas à expliquer pourquoi je continuais de consommer pour me faire torturer avec des screamers, des fantomes, des visages sur les murs... le moindre mur avec une forme arrondie se transformait en paréidolie de trucs qui essayait de me faire exploser le coeur niveau frisson.

Vous me croyez si je vous dis que j'ai repeins un mur entier car une sorte de créature à la Lovecraft géante apparaissant dessus quand je consommais, et que je discutais avec elle par télépathie ?

Le plus flippant c'est que parfois je retrouvais des traces de passages d'hallucination mais hors trip, même si je me persuade à juste titre que c'est peut-être le gaz qui commençait à me rendre parano.

Je pense que ma consommation excessive m'a creusé la tête avec une insatiable envie de frissons, ou de me jouer des tours à moi même, avec exactement les pires choses qui pouvaient me faire perdre la tête.

CONCLUSION

J'ai un peu plus de mal avec le côté psychique que j'ai vécu mais vous aurez compris que ça m'a traumatisé, je réalise que lorsque l'ont devient intimement consommateur de cette saloperie, on essaye involontairement d'aller toujours plus loin pour un trip encore plus haut, mais comme tous les trips, si on a un mauvais état d'esprit, ou qu'on déprime, ça fait ressortir le pire de nous.

Chaque mois pour mon test EEG j'avais peur que mon neurologue me sorte un truc du style "t'as une tumeur" "tu te defonces" car j'étais persuadé que je me tuais à petit feu, avec des expériences toujours plus WTF mais rien et je compte bien en parler maintenant que j'en ai fini afin de faire des tests plus poussés, mais ça reste un soulagement.

Au bout de 8 mois, ce qui m'a fait arrêté net, c'est surtout quand j'ai fait le calcul de tout ça et que ça causerait ma ruine un jour ou l'autre. Peut-être que je me ferai plaisir dans un long moment quand j'aurai un meilleur état d'esprit et surtout en bonne compagnie car c'est typiquement le genre de drogue qui vous renferme sur vous même et manipule les pensées.

A faire uniquement dans une bonne ambiance, sur du très court terme, et surtout en restant maître de son mental.

Je sais pas si mon TR est digeste ou que la partie psy est trop abstraite mais j'ai essayé de retranscrire au mieux ce que j'ai vécu. Si quelqu'un a des questions ou si quelqu'un veut parler des détails, je suis là pour ça, je me rends compte que j'aurai dû tenir un journal de bord mais je ne pensais pas que ça s'étalerait sur 8 mois

Prenez soin de vous !