Y a-t-il des drogues/ROA pour lesquelles vous refusez d'initier quelqu'un ?

Bon ben j'enclenche le bal. C'est des questions que je me pose actuellement, ça tombe à pic!

Perso, ajd j'ai vraiment du mal à initier des personnes qui sont pourtant en demande d'un environnement safe pour leur première fois. Je vois que vous parlez des ROA mais pour moi ce n'est pas vraiment ce qui me pose problème car je n'ai pas trop été exposée à ce genre de situation et j'ai envie de dire heureusement...

Je ne me vois pas, par exemple, faire une première injection à qqun.e sans partir dans une angoisse totale, là où je suis capable d'accompagner des personnes habituées  en difficulté sur un instant T. Je ne peux pas ne pas réagir quand je vois une personne se "charcuter". Par contre, si on me le demande quand même, je ferai toujours au mieux pour que la personne puisse essayer dans de bonnes conditions, ça m'est déjà arrivée mais seulement en free, avec des personnes que je ne connaissais pas.

Étant plus jeune, j'ai fait beaucoup d'initiations aux psychédéliques et j'ai parfois dû gérer des situations où mes ami.es étaient vraiment dans le bad dont une qui a fini en psychiatrie. Je l'ai extrèmement mal vécu et c'est pour cette raison que je me suis intéressée à la RDR et que j'ai commencé à pratiquer de la réassurance en free party. C'est de loin ce que préfère dans la pratique de la RDR en milieu festif.

De fait, non je ne suis plus du tout à l'aise avec les initiations quelles qu'elles soient... Encore ce week end on m'a demandé une initiation au cannabis et en toute sincérité ça m'a direct mis une boule d'angoisse, c'est dire à quel point c'est un sujet qui m'affecte.

Ce n'est finalement pas tant le fait de faire découvrir un produit ou une ROA qui me pose problème mais j'ai tellement peur de "l'accident" sur le moment que je m'abstiens.

J'ai quand même fait des initiations "chasse de dragon" avec l'héro et l'opium. Une fois j'ai fait tester à un ami qui ne consommait pas beaucoup de drogues en général et qui était en dépression; il a adoré. Sur le moment ça me faisait plaisir, mais quand il est venu chez moi le lendemain en me demandant avec impatience quand allions nous réitérer l'expèrience, ben j'ai répondu "plus jamais" ... C'était absolument hors de question de le fournir en produit.. Dans cette situation ça m'est apparue comme une évidence. Je savais que cette personne n'aurait pas "l'audace" de s'en procurer par ses propres moyens. Pour moi, l'affaire était réglée.

Est ce que je m'en veux ? Honnêtement pas du tout.. Il n'a jamais réessayé d'aprés ce que j'ai compris mais en soit si il l'avait fait ça ne m'aurait pas posé de problèmes dans la mesure où je ne lui ai pas rendu service en lui refusant de le fournir.

On était à Nantes, donc largement de quoi faire.

Je parle uniquement de mon vécu, ce n'est pas tant une position ferme, déjà car je l'ai pratiqué et pas qu'une fois et je n'en ai jamais voulu aux personnes qui m'ont initiées, au contraire! C'est extrêmement important d'être accompagné.es dans ses premières fois donc big up à ceux/celles qui le font!

Ça sera tout pour moi . Merci pour le sujet.

À+

J'ai fait un edit car j'ai oublié un élément essentiel de mon histoire la première fois et aussi parce que je n'ai pas de correcteur sur mon clavier x).

Dernière modification par Myozotis (Hier à 21:49)

Salut

Merci pour ce sujet, que je trouve vraiment intéressant!

Je crois, de mon côté, que la question n’est pas tant celle de la molécule ou de la ROA en elle-même, mais plutôt celle de l’initiation et du contexte dans lequel elle se fait.

Dans ma vie de PUD « festif », j’ai initié pas mal de personnes, quels que soient les produits ou les modes d’administration. À l’époque, je ne me posais pas vraiment ces questions: on partageait un lifestyle, une culture (tekno, free, soirées), et l’usage faisait partie d’un ensemble plus large.

Aujourd’hui, mon rapport aux produits est très différent. Je consomme seul, dans un cadre fonctionnel ou introspectif, avec des dosages précis, en lien avec ma fibromyalgie (et la qualité de vie que je peux améliorer grâce à tout ça). Le versant récréatif a quasiment disparu, et avec lui l’idée d’initier quelqu’un. Ce n’est plus une pratique sociale: c’est devenu un rapport très personnel entre moi et moi-même. Chaque produit ayant trouvé sa place dans mon quotidien.

Pour autant, je reste profondément attaché à la réduction des risques. J’adore en parler, réfléchir aux usages, aux contextes, aux mécanismes. Si une personne vient me voir d’elle-même pour poser des questions sur une substance ou une ROA, je serai toujours partant pour expliquer, prévenir, accompagner, partager mon expérience et mes garde-fous. Il est hors de question de laisser quelqu’un en galère.

En revanche, proposer spontanément un produit à quelqu’un est devenu très rare, pas par interdit moral, mais parce que le contexte social n’est plus la, et mon rapport aux molécules n’est plus le même. À la marge, ça peut arriver (soulager une douleur, accompagner un moment très spécifique), mais ce n’est plus une évidence comme avant.

Je n’ai pas de jugement sur les différentes ROA, les ayant toutes pratiquées plus ou moins longtemps.

Ce qui compte, c’est le choix éclairé, le contexte, l’envie réelle de la personne, et l’accompagnement que je peux fournir.
Si quelqu’un vient me voir, j’aviserai en fonction.

Curieux de lire les autres retours là-dessus, parce que je pense que ce sujet dit beaucoup de notre rapport collectif à la stigmatisation, à la responsabilité, et à la peur de « faire basculer » quelqu’un.

Amicalement!

Dernière modification par elonnx (Hier à 18:08)

Bonjouur

Avis partagé sur la question...
Pour moi ça dépend tellement de plein de choses que ya pas une bonne réponse ou une mauvaise réponse. Il existe des millions de situations différentes avec des millions d'implications qui nous dépassent tellement que de savoir fondamentalement si ce qu'on fait est bien je pensais releve de l'impossible. On le fait et puis ça s'experimente je dirais ^^

J'ai été initié à l IV d'opiacé lorsque j'avais 17-18ans alors que ca ne m'avait jamais vraiment appelé. Mais de fil en aiguille j'ai été amené à ça, par une rencontre en particulier. Et puis ça s'est fait comme je l'ai dit au dessus. Puis voilà la vie continue. J'ai été initié dans le meilleur cadre possible. Mais cette personne n'est pas responsable de tout les échos qui ont précédés de cette expérience. C'est ultra mystique quand on pense à ça, aux implication d'un moment dans sa vie... Qu'est-ce qui fait que? Pourquoi moi? Pourquoi j'ai été amené à expérimenter ça ? Il y a un sens encore plus profond qui relève de la métaphysique ou du spirituel je pense mais bref ça nous dépasse. Pour finir le chapitre sur mon experimentation aujourd'hui, presque 10 ans après je ne sais toujours pas si cette expérience était favorable ou non, positive ou non. Une chose est sûre c'est que ça a eu eue des répercussions très importantes et encore aujourd'hui je galère. Mais et c'est la que ça entre dans le spirituel pour moi c'est quel sens on donne à sa souffrance. Et c'est là aussi que ça part dans tout les sens. Lun va penser que c'est bien, l'autre mal et bla et bla et bla. On avance pas beaucoup en partant de ce point de vue mais difficile pour moi de ne pas parler avant tout de nos propres perceptions.

Alors que dire ? Est-ce bien d'initier quelqu'un à l'IV ? Suivant mon expérience évidemment que même si il y a des chances pour que ça n'aie pas autant d'impact que dans ma vie j'ai vraiment pas envie d'impliquer quelqu'un dans ce chemin de torture, aussi beau soit la beauté qui en ressort...

Après je parle presque en philosophe mais il y a bien évidemment le cadre qui compte et importe. Comment s'est fait, amené, accompagné. Comme je l'ai dit dans mon expérience ca a été fait dans les règles de l'art donc j'ai été initié à la bonne école si je peux dire directement. Et heureusement.

Et puis pour souligner le point de l'implication. On peut avoir tendance à noircir l'injection IV mais pour certain fumer un joint peut avoir des répercussions autant destructrice que pour quelqu'un qui a pu tomber accro au geste de l injection. Bref encore une fois c'est la lotterie on ne sait jamais quelles implication peuvent avoir les gestes que nous allons faire vis a vis d'une autre personne. Donc question de bien, de mal ?
Pas de réponse finale.

Portez vous bien surtout et soyez bénis

Hello,

Alors pour moi un truc que je ne veux pas faire sur quelqu'un c'est clairement l'iv. Il y a tellement de risque pour la santé si c'est mal fait que je n'ai pas envie d'initier une personne là dedans.

Après si la personne l'a déjà fait je n'aurais aucun problème à lui montrer les bons gestes. Des potes à moi ont commencé l'iv et du coup c'est là que je leur ai expliqué l'importance du matériel stérile, du filtre toupie ou sterifilt+ et montrer les bons gestes à prendre.

Après si une personne veut vraiment commencer je peux lui montrer comment je fais mais par contre elle va s'infecter seul. Tout le monde se souvient de ses premières fois et plus d'un se son dit plus jamais je recommence à cause du carnage qui est fait.

Par rapport aux substances, je ne ferais pas tester les opiacés à cause du manque. Pareille pour les benzos ou comme ça.

Sûr ceux Little