La "réinsertion" comme frein d'accès à  la vie

Catégorie : Témoignages
05 janvier 2015 à  14:53

Me voici en plein processus de "réinsertion" et je peux vous dire que ce n'est pas simple.

Je mets le terme "réinsertion" entre guillemet car je ne l'aime pas du tout. Je le trouve tellement rabaissent que je pense qu'il est un frein pour avoir une vie dite stable. J'ai l'habitude de voir écrit "insérer une pièce dans la fente" ou une carte, ou tout autre objet dans un trou, dans aucun cas on ne parle d'être humain. Donc à  part me réinsérer dans ma mère je ne voie pas comment me "réinsérer", je suis un Homme avec des émotions, sentiments, envie, désirs et besoins.

Ce terme de "réinsertion" me fait donc me sentir de temps à  autres moins utile que des personnes ayant un emploi. Sans compter le fait de devoir sans cesse montrer que l'on veux s'en "sortir". Mais sortir de quoi ?

Cela vas faire 1 an que je travail chez Safe et que ca se passe très bien, ma formation aussi se déroule sans trop d'encombre, mais voilà  que j'ai des soucis financiers comme jamais.

D'accord je gagne un peu plus qu'au RSA socle, seulement en terme de "réinsertion" on a vue mieux.
J'ai moins de temps pour courir les services sociaux ainsi que les associations d'entre-aide comme les resto du coeur, ma CMU risque de sauté, mes RDV pour mon suivie social ont lieu durant mes heures de boulot, donc mes rares congés que je prend, je les prends pour des RDV. Ce n'est pas très reposant.
En prime j'ai eu droit a une radiation de la CAF car auparavant j'étais SDF, donc je recevais mon courrier au CCAS, mais avec mon emploi je passais rarement le prendre, et je n'ai donc pu me rendre aux RDV imposés par la CAF pour mon suivie dû à  mon contrat aidé.
J'ai même pensé à  un moment d'abandonner mon emploi afin de continuer comme je le faisais auparavant.
Toutes ces démarches ne me permettent pas de pouvoir faire pleinement tout ce que j'ai besoin pour faire aboutir mon objectif : obtenir mon diplôme afin de pouvoir travailler dans mon domaine de prédilection qu'est la réduction des risques. C'est à  dire que ce qui me permet de m'approcher de cette "réinsertion", soit psychoactif safe et ma formation, sont incompatible avec l'emploi du temps que me demande l'Etat afin de justifier ces "coups de pouce".
A ceci se rajoute le fait que ayant vécu en marge de la société, je ne connais pas forcément tous ces codes, mais il faudrait pourtant que je les connaissent afin, par exemple, de ne pas louper les RDV car je serait au courant des démarches à  faire.

Il y a aussi le critère de la fierté à  prendre en compte. Au bous de plus de 15 ans de misère social et financière, j'aurais cru qu'au boud d'une si longue période depuis mon embauche, j'aurais eu droit à  enfin vivre simplement sans avoir à  encore quémander auprès des travailleursSES sociauxLES. Mais ce n'est pas le cas, hors c'est parfaitement incompatible avec mes horaires. Je comprends aisément le désarroi des gens pour sortir des marges. Ce n'est par manque d'envie, mais par manque de possibilité et de réel accompagnement et/ou soutien de la part des services publique.

Pareil pour la santé.
Je me suis fait faire des lunettes, mais les montures RSA sont très clairement moches, c'est presque écrit dessus "pauvres".

Une fois après une agression de la part du propriétaire du logement que j'occupais j'ai du aller voir un dentiste qui exerçait bénévolement dans une association pour les gens à  la rue, ce dentiste voulait m'enlever 2 dents qui bougeaient sans rien mettre à  la place et j'ai du presque me battre pour pas qu'il abandonne son idée. En fin de séance il me dit que effectivement mes dents sont solides mais super mal placé. Si je ne m'étais pas interposé, j'aurais eu 2 dents en moins, donc une gueule encore plus amoché et donc encore plus de mal à  sortir de la marge.

Les autres aussi sans s'en rendre compte
Dans la vie de tous les jours ce n'est pas simple non-plus. La dernière fois que j'étais à  une caisse, une bouteille de mousseux d'une dame derrière moi passe dans mes achats, la dame le signal car je n'avais pas vue en disant que je n'avais surement pas les moyens de me payé une bouteille pareil... j'étais en doc qui valent au moins 10 de ces bouteilles, et même à  la rue j'avais honte de boire du muscador tellement imbuvable (personnellement). Ce genre de petite phrases assassine sont dur à  entendre dans ces moments là . LE pire je dirais, c'est que pour la dame il ni avait rien de méchant, elle en rigolait et avait un petit sourire pas méchant du tout. Elle ne se rendait pas compte de l'impact de ce type de phrase.

Il y a aussi la famille très gentille qui veux t'aider mais en te montrant bien que tu n'es pas comme eux et que tu ne peux vivre sans aide extérieur. Gentillement en te faisant les courses par exemple, ce qui renforce en nous le sentiments d'assistance nécessaire.

Evidemment je ne vais pas lâcher l'affaire en si bon chemin, mais je n'ai plus le temps de me consacrer à  toutes mes activités, je dois apprendre à  mieux m'organiser, pas simple. Surtout que ma formation ne s'arrêtera qu'en octobre 2015. C'est pourquoi je pense sacrifier un peu ma présence sur psycho car mes autres activitées étant dans le processus officiel de cette "réinsertion" qu'il faut que je mène au boud afin de pouvoir vivre comme tout le monde wink

Vivement que le bénévolat soit reconnu au même titre qu'un emploi.



Commentaires
bonjour Mikykeupon

il y a vraiment des mots qui ne collent pas à  la réalité!

il est vraiment regrettable que des situations comme la tienne existent. tu fais tout pour "quitter la marge", tu trouves un travail qui te plaît etc mais tu es toujours confrontée aux ennuis, aux tracas financiers et autres, comme beaucoup de personne hélas (je pense aux femmes à  qui on impose les temps partiels avec toutes les conséquences négatives quand elles sont en plus mère célibataire)!

La crise a bon dos parfois!!!

Continue ton chemin Mily! tu as trouvé de quoi t'épanouir dans un domaine qui te plaît et dans lequel tu viens en aide aux autres!

Moi je te félicite pour tout le chemin parcouru et celui que tu vas encore faire, tu n'as pas fini de nous étonner. Accroche toi même si les difficultés sont encore nombreuses. Il est vrai que parfois les gens sont maladroits (référence aux personnes de ta famille qui te font des courses) mais n'oublie pas que si ils le font c'est parce qu'ils t'aiment, mal peut être, mais ils t'aiment, et ça aussi c'est très important de savoir qu'il y a des gens quelque part qui sont là  pour nous.

pour tous tes papiers "en attente" essaie de t'arranger pour avoir 1 ou 2 jours de libre pour faire les démarches nécessaires, on sait que la France est procédurière et que l'administration est parfois une machine infernale!

je comprends très bien le fait que tu ne puisses plus venir autant sur P A que tu as marqué de ton empreinte, mais je sais que tu penses toujours à  ceux que tu as connu sur le site!

Au plaisir de te lire, bonne continuation, bonne route à  Toi!


Salut Miky,

Désolé d'apprendre que c'est la galère pour toi... C'est vrai que tout le système de réinsertion qui existe, malgré les bonnes intentions derrière, peut être sacrément pesant, comme tu le dis, en termes de temps, de fierté personnelle, etc...
Je pense aussi que la bureaucratie/paperasserie à  l'extrême qui caractérise le système français n'aide pas du tout... D'accord on a certains filets de sécurité, des aides, des organismes permettant d'aider les personnes en difficulté ou marginalisées, mais tout cela est tellement compliqué à  comprendre parfois, avec des rdv à  foison, des formulaires, que ça ne rend pas la vie facile du tout.

J'ai été extrêmement étonné en revenant en France après avoir vécu au Royaume-Uni (qui est loin d'être parfait, je l'admets) du nombre de formulaires, de rdv par lesquels il m'était impératif de passer pour me re-régulariser... En Angleterre tout (chômage, salaires, santé, centres genre csapa) était nettement plus simple, très peu de paperasse, quelques codes, grande flexibilité dans les rdv, et tout simplifié au possible. Après avoir été à  la rue pendant quelques temps là  bas (bon pas très longtemps mais quand même), il m'a été très facile de me réinsérer, d'avoir un boulot/logement, et une vie un peu plus stable. L'inconvénient, c'est qu'il est aussi très facile de faire le chemin inverse du jour au lendemain.

Je ne peux pas trop donner de conseil pour tout ce qui est rdv et administration, car tout ce bordel me dépasse. Par contre, ce que tu dis sur la vie de tous les jours et la façon dont te traitent les autres, ça m'a beaucoup touché car j'ai souvent ressenti la même chose... Quand les gens se méfient de toi, ou ont pitié de toi, alors que tu veux juste te sentir d'égal à  égal avec eux. Ils le font sans mauvaise intention (du moins pas tous) mais ça blesse quand même. Le pire c'est quand on t'infantilise, qu'on te fait sentir que tu n'es pas totalement une personne responsable, adulte, ça n'aide vraiment pas, parce que du coup on ne te donne pas l'opportunité d'exercer pleinement ta propre responsabilité et de faire tes preuves; et aussi tu perds patience et courage et t'envoies tout boulet.

C'est vraiment dommage que tu aies à  diminuer ton implication sur Psychoactif et tes autres activités bénévoles, tu fais du bon boulot - mais il vaut mieux que tu te concentres sur ces problèmes pour arriver à  te sortir de cette situation. Bon courage à  toi et surtout bonne chance!


Bonne année et bonne santé.
Miki ne lâche rien, c'est dur et le moral en prend un coup, mais le temps joue en ta faveur.
Dans quelques années tu verras que ta situation se sera améliorée sur de nombreux plans. Il y a un temps d'adaptation, il faut prendre sur soi, petit à  petit les choses iront mieux.
L'emploi et la formation à  safe c'est l'objectif à  ne pas perdre de vue;
En tout ca, bonne continuation, et je suis daccord avec toi, le retour à  la vie professionnelle, aux responsabilités est souvent difficile et aussi au niveau de l'organisation.


#4
sphax
modérateur à la retraite
05 janvier 2015 à  21:18
l'histoire de la petite dame avec la teil de mousseux , me fait penser aux nombreuse fois ou j attend ma compagne avec pogo (mon chien) devant un magasin et où je suis obligé d'expliquer au gens que j ai un toit où dormir un travail car ils veulent absolument me donner un truc à  manger pensant que je fait la chem ...

Le délit de sale gueule est plus qu'existant dans notre beau pays des aprioris ...

courage à  toi l'amis et comme je te l ai dis il y a quelque jours n'hésite pas à  appeler , de même pour les code des démarches et des aides que tu peux avoir , j ai un peut de bouteille la dedans hésite pas wink

;p sphax


#5
mikykeupon
Modérateur à la retraite
11 janvier 2015 à  14:44
Merci à  toutes et tous pour vos messages de soutien, mais malgré toutes ces mésaventures je ne voulais pas vous faire penser que je le vie mal. C'est plus un constat de ce qui m'arrive et qui doit sûrement arrivé à  d'autres. Évidemment je ne vais pas dire non plus que je le vie bien, mais c'est assez récurant.

@ Marie, je sais que la dame ne se voulait pas blaissante, mais comme on dit « l'enfer est semé de bonnes intentions  », donc dans certain cas pour réellement aidé la personne il vaut mieux ne rien faire, car bien souvent ces aides sont infantilisantes et nous empêche de mettre toutes nos compétences en action afin de nous prouver à  nous-même que nous sommes capable et par la-même de s’apercevoir de ses limites afin de demander l'aide nécessaire le cas échéant. Mais il est très important pour le processus de revalorisation de soi de laisse l'autre se planter aussi, car c'est dans l’échec que l'on apprend le plus, et après un échec généralement on ne se relève pas mais on rebondit car on aura appris de nos échecs et nous en ressortons grandit car avons appris de nos actes. Évidemment trop d’échec anéantissent aussi la capacités à  s'épanouir, c'est pourquoi il est primordial de s'entourer de personnes de confiance à  qui l'on peux demander du soutien en cas de besoin.
En gros il faut attendre la demande (souvent la réelle demande n'est pas formulé, donc il faut réussir à  interprété les différents signes et mots qui la trahissent, bien souvent elle n'est même pas clairement identifié par la personne en demande) et non pas prendre des initiatives qui pourraient être nuisible.

Il faut noter qu'affrontant enfin les codes que cette société nous propose (interaction avec les autres, travail, papiers administratif, délai à  respecter, logement à  entretenir, factures à  payé, bêtise humaine, rythme à  avoir, levé à  heures fixes, rendez-vous, services sociaux, finances, vestimentaire et je pense ne pas encore avoir fait le tour) alors que je les ai fuit sciemment durant des années, il m'est très difficile de tous me les approprié rapidement afin de ne plus être discriminer et pouvoir avancé comme je l'espérait après presque 1 an de travail sur moi. Je trouve que les efforts à  donner sont nettement plus important que les bénéfices en retour.

J'ai changé de tenu vestimentaire en adoptant des vêtements moins larges, déchirés, dépareillés et c'est marrant de voir comme les gens me regarde différemment et me laisse un peu plus tranquille. Mais malgré le fait que j'ai enfin adopté les codes du travail et du look vestimentaire, il reste que la vie nous marque physiquement par nos acte, et que malgré tout mes efforts, il me paraît très difficile, voire impossible, un jour d'être considéré comme un Homme, je pense que je resterai quoique je fasse un tox-marginal.
Vue que j'en aie conscience, que je suis plutôt rodé après toutes ces années et entouré de personne à  qui je peux me confier, j'arrive plus ou moins à  passé à  travers, mais bon nombre de personnes dans mon cas n'y arrive pas et abandonne tout espoir de pouvoir vivre simplement en s'épanouissant. Dans ce cas pourquoi quitter ce monde alternatif  ? 
Ce monde est peut-être dangereux, mais au moins il a une place pour moi et chacun d'entre nous. Et l'ascenseur social fonctionne, il est possible de partir de rien et d'évolué, ce qui n'est pas le cas en France où le système de caste ce mets en place petit à  petit depuis pas mal d'années.


et oui, en France tu as meme beau avoir des put1 de diplomes, si tu n'as pas de "réseau", des connaissances, ben c'est pas gagné....c'est d'ailleurs pour ça que autant d'incompétents occupent des postes à  responsabilité, car meme s'ils sont foncièrement bêtes, ils ont, eux, du réseau....


#7
mikykeupon
Modérateur à la retraite
11 janvier 2015 à  22:12
Alors je suis content d'être un incompétent, car c'est grâce au réseau que je me suis fait en évoluant dans l'auto-support, qu'aujourd'hui je suis membre du Bureau de psychoactif, que je travail chez Safe et que je suit une formation à  l'université pour obtenir un DESU en Prévention des conduites à  risques. Mais je détaillerai plus sur mon autre billet où je remercie l'auto-support. demon1


je n'ai jamais dit que tu étais incompétent....ayant moi meme commencé à  bosser en RdR via l'autosupport (ASUD), vive l'autosupport...qui est malgré tout souvent mal vu par le corps soignant, les CSAPA (ou CSST??), enfin, les centres de délivrance de méthadone...alors que ce qui se passe en leurs murs est bien + sérieux (je pense pas avoir besoin de te faire 1 dessin) que dans les rares structures d'autosupport...        prévention des conduites à  risques...pour toi meme en tant que travailleur dans ce milieu, en général (y'a PLEINS de conduites à  risques), par rapport à  ton public (plutôt axé sur la dope??)? je savais pas que ça existait....ça doit surement etre très interessant en tout cas, avec 1 bonne dose de psycho j'imagine...ça doit te servir, et servir à  ceux que tu connais, conseille...


Hello Miky.
Pour avoir un peu suivi ton parcours, via tes posts, on sent que tu as tout ce qu'il faut en toi pour continuer d'avancer.
C'est clair, être UD, et avoir été en décalage, un certain temps, avec ce que la plupart des gens considèrent comme une façon adéquate de construire sa vie ; tout ça freine probablement ton évolution. Parceque les idées reçues ne changent pas, mais toi, tu changes. Même si certaines personnes pensent qu'être UD est une maladie incurable, qu'un UD n'est pas fiable, manque de volonté ; on te mettras des freins, et certains se réjouiront du moindre écart, les confortant dans leur conception des choses. C'est clair qu'affronter la méfiance, le jugement, s'avère épuisant moralement, et peut-être qu'on attendra plus de ta part que de quelqu'un qui s'est toujours conformé au rôle qu'on lui a attribué.

Donc c'est normal, à  mon sens, d'avoir des doutes, d'être fatigué, ou d'être un peu découragé. Ca arrive aussi à  des personnes qui ont un train de vie confortable, qui ont fait "tout bien comme il faut", et qui ne comprennent pas pourquoi ils ne sont pas épanouis.

Tu as l'air d'être quelqu'un qui a une certaine energie vitale ; de ce que j'ai lu, tu n'as pas eu une vie de tout repos, et tu t'es donné les moyens de retomber sur tes pattes ; de te donner des objectifs, et de canaliser cette energie pour te donner les moyens de les atteindre.
J'espère que tu auras le soutien que tu mérites, et tu peux me croire, chaque étape de ton parcours, même si t'en auras un peu plus chié, bah ça te regonflera, et tu pourras te sentir fier. Pas de t'être "réinséré" , mais d'accomplir quelquechose que tu as choisi, qui correspond à  tes valeurs (ça, je sais que t'en as, et des valeurs bien plus humaines que beaucoup de personnes qui rentrent dans le moule) , et qui donne sens à  tout ton parcours, même les moments les plus durs.

Je vais te dire un truc : j'ai été UD pendant toute ma formation d'infirmier ; évidemment, je le criais pas sur les toits, mais ça m'a fait galérer, de me battre avec ma polytoxicomanie, en plus d'assurer pour la formation et les stages (et c'est une formation difficile à  la base ; faut pas être un génie, mais humainement, moralement, c'est difficile pour tout le monde.) Alors j'ai pas été l'étudiant idéal, je me suis demandé si ça en valait la peine, j'ai failli me barrer plusieurs fois. Pour une formation qui dure trois ans normalement, j'ai mis presque cinq ans à  avoir mon diplôme. J'ai eu la présence d'esprit de faire un report de six mois, qui m'a permis de gérer la dernière ligne droite. Bien sur, l'école et ma responsable ont jamais su que j'étais UD, mais comme j'ai une façon d'être un peu différente, ma responsable a été persuadée jusqu'au bout que ... je fumais plein de shit. Ca lui allait, parceque ça expliquait selon elle les difficultés que je pouvais rencontrer (oui, quand je me réveille en plein manque, que je peux pas bouger de mon pieu sans douiller, ben je me met en arret. ) dépendance aux opiacés ? injection ? ça lui a surement pas traversé l'esprit, tu vois, mon cerveau aurait déja fondu, avec tant de débauche!
J'ai été obligé de venir taffer en manque, parceque tu valides pas un stage si t'es en arret tous les deux jours, forcément ... donc je prenais sur moi, je tirais la tronche forcément ; sauf que pour avoir un bon rapport, si tu fais pas copain copain avec l'équipe, faut bosser comme une machine. Et sous opi, j'étais mieux socialement, et j'assurais bien le taf. Bilan : mon tout premier stage, je prenais encore rien, j'y suis allé "comme je suis" , je me suis fait allumer. Milieu de formation : j'essaie de limiter ma conso, je fais le taf', mais pas l'énergie pour avoir l'hypocrisie de faire la causette avec une équipe imbuvable : je me fais allumer. Autre stage, en consommant tous les jours, pluie de compliments.

Tout ça pour dire, j'en ai chié, j'ai mis du temps, j'ai même été obligé de masquer des  traits de personnalité, ou de refaire un peu ma garde robe. On m'a même dit, presque mot pour mot, de laisser ma personnalité au vestiaire. Mes piercings, on m'a convoqué pour ça ; pourtant c'était soft, moins d'une dizaine, et pas ultra voyants, exclusivement sur les oreilles. J'ai même fini par céder la dessus, partiellement.

Mais comme j'étais fier le jour du diplome ! épuisé, parce quand on te persuade pendant 5 ans que t'es pas à  ta place, c'est pesant. Mais je les ai bien niqués, et je sais que je le mérite, parceque dans tout ce qu'on m'a reproché, on a jamais remis en question mes compétences, juste d'être un peu trop moi-même.

C'était juste un exemple détaillé, pour te dire que tu les auras, tes victoires, tes fiertés ; parceque tu vas passer outre les moments de galère ; peut-être qu'il faudra faire des compromis, ou des efforts aux plus mauvais moment, mais tu peux pas gâcher tous les efforts que tu as déja fait, si tu es persuadé d'être dans la direction qui te correspond. Et je vais te dire, quand j'entend parler certains pros du monde médical, quand ils sont pas devant un patient, je t'assure que si leur intolérance, leur connerie, leur méchanceté, leur cruauté, si ça se voyait autant qu'un piercing au milieu du nez, y'en a un bon paquet qui mettraient pas le pied dans une structure de soins.

Et ton parcours de vie, même s'il a été compliqué, ça te sera utile un jour, et au meilleur moment, parcequ'il y aura peut-être que toi qui aura l'expérience pour comprendre certaines situations. Combien de fois j'ai fermé ma gueule, quand une dizaine de soignantes balancaient des choses ignobles sur tel ou tel UD. J'ai fermé ma gueule, sinon c'est un suicide professionnel, en tant que stagiaire ; mais en gardant bien en tête qu'une fois titulaire, j'attend de pied ferme le premier qui se permettra de rabaisser les UD. A qui tu fais le plus confiance : un pro qui te fait un joli sourire, mais te traite comme un sous humain la porte fermée, ou à  un mec humain et entier, parcequ'il a connu autre chose que le confort, et qu'il a eu l'occasion,en ne suivant pas le troupeau, de développer ses propres valeurs ?

Bon, en tout cas, l'hiver est pas la meilleure periode pour se réchauffer le moral. Mais je suis sur que, ne serait-ce que via PA, tu trouveras un peu de soutien si t'as besoin. C'est une bonne solution de ne pas laisser trop d'énergie pour t'occuper de PA, si tu en as tout juste assez pour pousuivre ton objectif. Mais comme je disais, j'suis sur que tu continueras de faire les bons choix ; et si après ta formation, dans ton taf, tu es amené à  aider ceux qui en ont besoin, alors tu auras la chance de faire un job qui te demande de donner beaucoup, mais ou tu reçois au moins autant (je parle évidemment pas de thune, même si ça aide ...)

Bon courage, ciao!
YLT
Reputation de ce commentaire
 
Bel "exemple détaillé" ... WD2
 
Excellents arguments / je pense comme toi YLT / Away


#10
snoopy
Modératrice à  la retraite
13 janvier 2015 à  17:08
juste un petit mot en passant pour te redire mon soutien miky mon ami !!

impression qu'on traverse certaines difficultés communes ces derniers temps, le jugement, le regard, les impressions sur nos intentions, notre passé plus ou moins visible etc.....

je le repete, si t'as besoin d'evacuer, ou de gueuler, ou juste parler ou autre, tu sais où me trouver, je serais là ......

pour le reste, merci YLT pour ton post, il ne m'etais pas adressé bien sur, mais m'a rassurée quand meme personnellement (par exemple, rien que sur le point de pouvoir demander un report de temps, ouf !! vu que je suis encore en arret maladie, que je loupe plein de trucs et que mes premiers partiels je ne pourrais pas les passer-c'est dans moins de 2 semaines), sans parler de tout le reste de ton discours, pas toujours autant rassurant, mais au moins sincere et franc, oui c'est sur, certains metiers choisis ne sont pas simples a assumer dans la vie de tous les jours......

allez miky, hauts les coeurs et les cretes, c'est un nouveau combat, mais je suis persuadée que tu le surmontera avec "classe" (pas pour ca qu'on dit "fier comme un coq"?) lol

salut


Ouais " nique sa mère , la réinsertion  ! " comme dirait l'autre ....

Juste un petit mot de soutien , Micky , t'inquiètes copain , je vois très bien ce que tu veux dire .
Courage , et je pense sincèrement que déjà  t'as fais le plus dur ...
Continues , ne te laisse pas bouffer le tétiot , et , de toute façon , tu le sais ; à  la fin c'est toi qui va gagner !!!

Bises l'ami
punk1


#12
mikykeupon
Modérateur à la retraite
22 décembre 2015 à  23:35
La réinsertion n'est vraiment pas simple.

Comment se réinsérer dans un monde qui m'a toujours mis à  la face que j'étais "différent", qui m'a stigmatiser, blessé, à  cause de laquelle j'ai suivie un rythme de vie qui allais m'être fatale si je n'avais pas fait de bonnes rencontres ? Surtout que je trouve que ce monde que j'ai rejeter et qui m'a bien aidé à  me sentir "une merde", est de pire en pire.
Et pourquoi faire ? Pourquoi se réinsérer dans ce monde qui ne voulait pas de moi, et qui encore aujourd'hui, sous couvert de vouloir m'aider n'arrête pas de me rappeler ma différence ?

Oui je ne suis pas normé, mais j'aimerai vivre simplement sans avoir un sentiment de jugement envers moi constant.

Le parcours de réinsertion est long, et à  la limite schizophrénique. J'espère en tout cas ne jamais oublié qui je suis ni d'où je viens. Comme malheureusement bon nombre de personnes réinsérés...

Je ne suis plus sûr de l'utilité d'obtenir mon diplôme, surtout que d'avoir suivie les cours m'a fait énormément évoluer déjà , le reste est plus une histoire d'égo.
D'égo et de promesse. Promesse à  ma s œur et Jeff ainsi qu'à  celles et ceux qui me soutiennent depuis le début de cette sacrée fucking aventure.

Vivement le 4 janvier que l'écriture soit fini, et mi-janvier pour la soutenance et connaître la sentence drapeau-blanc


#13
away
Adhérent PsychoACTIF
23 décembre 2015 à  10:07
Salut Miky,

Ce petit message pour te souhaiter bon courage, tu tiens le bon bout : tu soutiens dans pas longtemps.
Tu le fais pour toi, pour ton équilibre et ta vie future.

Tu fais quelque chose pour noël sinon ?
Moi j'ai ma louloute ce soir et demain mais le 31 je vais me coucher tôt....

Bon courage, c'est bientôt fini.

Je te fais une GROSSE bise Miky.

David


mikykeupon a écrit

La réinsertion n'est vraiment pas simple.

Oui je ne suis pas normé, mais j'aimerai vivre simplement sans avoir un sentiment de jugement envers moi constant.

Miky, je la reprend à  mon compte ta phrase sur la norme.
Je te suis absolument sur l'absurdité d'un tel mot : "réinsertion".
Comme si la simple insertion n'était pas déjà  une putain de bataille avec soi-même. Il est un microcosme dans lequel tu es inséré et reconnu, celui de la réduction des risques vue par les lunettes de psychoactif.
Tu portes une méchante étiquette qui t'insère, de facto, dans une catégorie appelée : "Inclassable".

Moi, quand je pense à  toi, j'ai d'abord ta tronche incroyable qui vient accompagnée d'une idée de pureté , de cette sincérité qui accompagne souvent les vrais fous/génies.

Pas facile à  porter, mais tu as un sacré costume Miky.

Moi, je ne te juge pas Miky, je t'aime.

Fil


#15
pierre
Web-Administrateur
23 décembre 2015 à  11:10
Certe la formation t'a fait évoluer, MAIS Avoir un diplôme permet de s'ouvrir d'autres portes, que tu ne vois pas forcément pour le moment.


Courage Miky wink

Je suis sur que ça va le faire ton diplôme et que tu pourras pousser un grand "pffffiiiouuuu".

Après dis toi que tu as quand même réussi à  naviguer dans les drogues sans jamais tomber dans les opiacés et les TSO qui vont avec.

Qui peuvent être de gros freins (comme en parle très justement YLT) au boulot, études, formation, etc.

Tu as a côté d'autres freins, mais je suis sur qu'avec ou sans, tes innombrables qualités compenseront. Et que tout va bientôt rouler pour toi super

Et passe de bonnes fêtes si d'ici la on se recroise pas merci-1

Bises mon miky punk1

LLoigor


#17
wastedreamor2
coz I've Wasted a Dream or 2
23 décembre 2015 à  13:19
Bonjour Miky,

Un diplôme ne représente pour moi en rien une tentative de normalisation.

J'ai été formatée par le modèle prepa + gde école ( merci pour le lien " la crème de la crème"), mais je ne suis jamais rentrée dans aucun moule. je refuse de bosser dans ma branche, la banque et tous ses pingouins.

Le diplôme c'est pour toi avant tout, te prouver que tu en es capable, ce n'est pas un diplôme qui va te définir. Mais ça reste, c'est à  toi, personne ne peut t'enlever le savoir que tu auras dû accuérir pour y arriver. Et arriver à  ça à  l'âge adulte, reprendre une formation, peu en sont capables.

Tu t'ouvres des portes même si comme le dit Puierre tu n'en vois pas la finalité possible. On peut rebondir sur plein d'autres options avec un diplôme en plus.

Et plein d'ondes positives pour ta soutenance.


#18
Cusco
Stand bye régulier
23 décembre 2015 à  21:15
Bon courage Miky
Il serait injuste que tous ces efforts n aboutissent à  rien. Ouais... l'injustice, toujours là  à  n'importe quel moment.
Mais ne change rien de ta personnalité, c'est mon avis.
Amicalement.


Hey miky.... :)

Lâche pas l'affaire!

Plus de news .... sad

Gros bisous


Salut
C'est vrai que lorsque l'on a vécu en marge de la société,surtout longtemps il est plus que difficile de se"réinsérer-réformateur",pourrait on dire
Faut se dire aussi que souvent on cherche à  se démarquer des autres par des tenues vestimentaires , ou tout autre manière de sortir du troupeau, même si â mon avis c'est pas l'apparence qui fait la personne,l'habit ne fait pas le moine comme on dit mais ça ne se vérifie pas,loin de la !
Enfin si tu te teins les cheveux en vert,que tu te mets une crête et que t'as 20 kg d'acier chirurgical accroche sur le corps via percings ou autres faut pas être étonné d'entendre à  longueur de temps, comme la dame avec son mousseux tu vois
Et puis tu sais on est sûrement pas mal â pas avoir de cmu,ni de rsa,tu vois la galere quoi  , toî  tu es quand même sur un chemin qui devrait t'assurer des jours meilleurs et faut pas oublier non plus que l'on peut se sentir différent dans sa tête,car c'est ce qu'on a dans la tête qui est le plus important, et pas la tenue ou l'aspect different,d'ailleurs tu peux etre tatoué, percé,des cheveux de 3 m de long et etre un con et t'auras des mecs habillés avec des costumes à  la con qui seront super cool
Quand aux commentaires désobligeants,blessants,qu'est ce que t'en a â battre?,des conneries on en entendra toujours,ce qui compte c'est encore une fois tes perspectives professionnelles,et d'avoir un toit sur la tête,personnellement pendant mes années grosses galères ça â ete le plus difficile,surtout l'hiver.
Mais faut pas rêver le bénévolat ça restera toujours synonyme de "pas payé",même si tu bosses,le dernier truc que je voulais dire c'est que j'ai passé du temps dans des pays où si tu n'avais pas de tune et que tu tombais malade pas de cmu, rien, donc si tu chopais un truc grave eh bien tu mourrais tout simplement, donc même si l'administration ici est chiante ,compliquée et pleine de paperasses il y a quand même certains avantages :si tu as la cmu par exemple c'est appréciable d'avoir tes médicaments sans rien avancer financièrement.
Je te souhaite bon courage


#21
mikykeupon
Modérateur à la retraite
16 février 2016 à  20:46
Un rapide message pour dire aux sceptiques que j'ai eu mon diplôme, un DESU prévention des conduites à  risques, un diplôme de niveau bac+4 que j'ai obtenu en allant à  la soutenance avec la grande crête dressé, et une des jury m'a remercier d'être venu avec.

Au début je m'étais coiffé pour faire voir la crête mais petite en mode brushing, puis finalement je l'ai redressé car je suis plus convaincu avec, donc plus convainquant ;-)
C'est vrai que j'étais bien stressé pour la coupe en plus de l'épreuve. Je me disais que même avec un bon mémoire, la crête aurait pu être invalidante.
Mais une fois lancé je me suis emporté, et au lieu de durée une vingtaine de minute, nous avons arrêté 1h15 plus tard car une des jurys prenait l'avion.

D'accord le look joue, mais nous sommes aussi doté de la parole, et c'est avec des mots que nous pouvons convaincre.

N'abandonnez pas vos rêves, ce sont les rêveuses/rêveurs qui ont fait bouger le monde.
Reputation de ce commentaire
 
excellent miky. continues. NP


#22
snoopy
Modératrice à  la retraite
17 février 2016 à  02:05
toutes mes felicitations mon frere a crete !! t'as tout dechiré, et fermé leur grande bouche a certains, ca c'est bon !! jamais douté de tes capacités super
en plus, je te suis, avec ma formation d'educ spé, j'espere que moi aussi je pourrai decrocher mon diplome !! tu peux m'envoyer un peu de tes good vibes ? punk1

bon, sinon, on fete ca quand ? big_smile

bisous,
snoop


Toutes mes félicitations Miky!

On ne se connait pas, mais je dois bien avouer que ton parcours force le respect!

J'espère que tu seras flatté de la comparaison car en lisant ton post d'hier soir, j'ai pensé à  François des Bérus.
Lui aussi a eu un parcours tumultueux puis a trouvé sa voie puisqu'il est aujourd'hui chercheur pour la fac d'histoire de Lyon (si mes infos sont bonnes).
Il en faut de la force pour réussir à  mener à  bien ses projets!

Et aller passer sa soutenance avec une crête : bravo Monsieur! C'est fort et couillu!

Au plaisir de lire bientôt de tes nouvelles sur le site.

Manolo


#24
bighorsse
Adhérent PsychoACTIF
17 février 2016 à  12:15
felicitations sinceres
si ce n est pas indiscret qu as tu fait comme memoire?


Salut mikykeupon,

Merci de partager ton analyse très pertinente de la réinsertion.
Bien écrit, il ferait un bel édito!

" [...]Donc à  part me réinsérer dans ma mère je ne voie pas comment me "réinsérer" [...]" Ou comment accrocher le lecteur dès l'intro big_smile

Sinon je réagis à ton billet de 2015 car je me pose quelques questions par rapport à ton parcours.

Tu a intégré le DESU via VAPP ou tu a une licence?

Pense tu qu'une personne titulaire d'une licence en éco/gestion et d'un DU en science de l'éducation est éligible à la formation? (Je demande au cas ou tu aurais croisé des profils similaires durant ta formation.

Merci d'avance pour les réponses!

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