Voyages et voyage II

Catégorie : Road trip
07 août 2021 à  16:16

Voyages - Deuxième volet. Deux : la Papesse. Deux uns ensemble : la force.
La force qu on nous rabâche sans cesse. Allez sois forte. Hier encore ma petite sœur adorée et qui ne veut plus l’être : c est du passé, il faut tourner la page. Sans arrêt cette injonction à y arriver, et à y arriver seule, sans prods, sans médocs, sans défonce.

21 mois après les mosquées de Turquie et mes voyages sur mon blog, 21 mois de folie d amour de déchirement et de voyages spirituels et magiques, un autre voyage et encore une terrible envie de consommer. Prête à aller pecho sans parler la langue, prête à me fracasser la tête contre les murs de désir. De désir et de tristesse. Petite sœur...
21 mois après et plus aucun cachet dans ma poche. Je les ai tous bouffés. Et pourtant j avais prévu, j’avais prévu la tristesse, j’avais prévu les bouillons tournoyant dans le ventre comme depuis gamine, cette violente sensation de différence, d’avoir des mots à dire, des mots à hurler, des mots qui restent bloqués parce que c’est interdit. Petite fille sage, femme muette.
Ma sœur, a toi j ai cru tout pouvoir déclarer. Mais cet été tu ne m’écoutes plus. Cet été je ne fais que brailler, pleurer, trépigner, supplier. Et toi tu me regardes tétanisée. Tu te retourne vers ta vie de monsieur bien rangé, tu oublies les perches, les unissons, les absolus, tu oublies notre famille, celle qu on s’est inventée, tu oublie notre temple qu’on pensait avoir solidement édifié.
Et moi je me retrouve perdue,  esseulée. Plus de mosquées mais des églises, des ruines, des repas, du soleil, la chaleur écrasante qui me brûle, qui carbonise mon cœur. Coeur/corps qui hurle sans sortir aucun son.

Corps plié. À chercher partout, dans les endroits les plus absurdes, tram, codé, morphine, héro, n’importe quoi. Un soupçon opiacé. Le soulagement du dos, du ventre, de la tête, de tout mon corps qui semble peser cent kilos, qui semble avoir cent ans.
D’elles deux qui me manque le plus ? Sans drogue, avec ma sœur, mon corps souffrirait. Sans ma sœur, avec la drogue, plus personne ne crierait. Mon corps flotterait, mon esprit sourirait...
Rose, violet, orange, les clochers. Bleu le ciel. Jaune et doux et chaleureux le soleil.

Quatre jours à tenir. Et pourquoi ? Pour rentrer. Me jeter sur les prods. Et tout recommencer...



Commentaires
Wouhaaa ... bin j'ai pleuré ...


Pensée pour toi.
Courage.

JFD


Komoto122 a écrit

Wouhaaa ... bin j'ai pleuré ...

Je voulais quand même pas faire pleurer... mais j’avoue que j’ai pas mal pleuré ces derniers temps, ça doit être contagieux neutral

JellyFish's Dream a écrit

Pensée pour toi.
Courage.

JFD

Merci c est gentil. Ce soir je sens un peu moins de symptômes physiques mais c’est toujours pire le matin. Et puis faut dire que j’ai pris des anxiolytiques ce matin et cet aprem et de l alcool ce soir (anti RDR je sais, mais j’ai pris des doses faibles et connues, cela dit c est pas un conseil que je donne pour contrecarrer les symptômes de sevrage aux opiacées ni la déprime car je ne sais pas du tout si ça marche ou si c’est juste des hauts et des bas que je traverse...)

Mais vraiment qu’est-ce que je donnerais pour une petite dose ne serait-ce que de codéine pour apaiser un peu mon corps et mon esprit... La dernière fois que j ai vécu ça, avec un peu de codéine le matin et un peu encore dans la journée  c’était pas drôle mais quand même tellement plus simple...


#4
Unposcaille
Laying down with golden brown
07 août 2021 à  22:26
Pensées pour toi... ton texte était vraiment très fort, ça m'a touché


Unposcaille a écrit

Pensées pour toi... ton texte était vraiment très fort, ça m'a touché

Merci beaucoup. Du coup je suis allée jeter un coup d’œil sur ton blog que j’avais jamais lu et je t’envoie du courage à toi aussi...


Isoretemple a écrit

À chercher partout, dans les endroits les plus absurdes, tram, codé, morphine, héro, n’importe quoi. Un soupçon opiacé.

Et au même temps ne pas en prendre...se priver le temps de recommencer...j'y suis plein dedans aussi ! L'attente d'une vague douce et chaude capable de balayer le froid glacial même d'un coeur  d'Antarctique

À la seule différence qu'on m'a prescrit un peu de DHC qui ne me suffit pas, comme ça ne me suffit pas non plus ces traces douteuses qui ne me soulagent que peu. Et pas satisfaite non plus de tout ce que je vis. Pourtant moi aussi je mange kilomètres et sons étrangers...ça ne fait qu'augmenter mon extraneité vis à vis de ma vie.

La fin d'un amour. Celui entre soeurs a ete enterré depuis bien longtemps. Mais celui sans liens de sang, choix du hazard de rencontres. Elle me manque malgré tout. Les autres sont loins ou bien trop proches. Pourtant je vibre de nouveaux sentiments aussi. Mais l'un ne remplace pas l'autre. Et vice-versa...

Je vois le monde à travers le prisme d'une larme au réveil.  Il est opaque. Je te souhaite d'y voir plus clair.

Je te souhaite de trouver en toi ta propre boué de sauvetage et de flotter doucement sur un océan paisible d'opportunités enivrantes !


cependant a écrit

Je te souhaite de trouver en toi ta propre boué de sauvetage et de flotter doucement sur un océan paisible d'opportunités enivrantes !

C est beau... et ça fait envie.
Trouver la bouée de sauvetage en soi c’est ce qu essaye de me faire faire mon addicto. Mais pour l'instant c est pas concluant. Je consomme bien plus que quand j’ai commencé à la voir... Et pourtant je l’adore.
Là je pouvais tellement pas envisager de passer les prochains jours sans une aide chimique (et franchement si c’est pour me gaver d anxiolytiques et d’alcool qui ne soulageaient qu’a peine les symptômes psychiques et physiques je vois pas en quoi c’est mieux) que j ai réussi à me faire prescrire dans un centre de santé une boîte de chlorhydrate de tramadol (d’ailleurs faut que je vérifie si c est exactement la même chose). Après j ai du faire 5 pharmacies car la ville était en rupture de stock. Le médecin a vraiment rechigné à me faire la prescription, je sentais bien qu’il était sceptique mais j’ai joué la carte endométriose (que j ai par ailleurs mais qui est sous contrôle) et il a fini par céder, après avoir voulu me faire une piqûre d’un antalgique dont je n’avais jamais entendu parler et dont j’ai pas retenu le nom. Pour une fois qu’être une meuf est un atout dans cette société! En attendant dans la salle d attente je me suis dit : allé barre-toi, sois forte, c est l’occasion de te sevrer. Mais non, se sevrer à la dure dans un pays étranger, ne pas pouvoir profiter du premier voyage que je fais depuis un bout de temps juste pour jouer les guerrières eh ben c est pas mon genre. Si je me sevre  ça sera tranquille à la maison et quand je l´aurais décidé. Pour l’instant, à part la dépendance physique qui me fait un peu flipper, j’ai l’impression que je retire plus de bénéfices que d’inconvénients dans cette conso. Déni? Peut-être... en attendant je peux profiter de ce voyage, et de mon amie qui a été au top en m’encourageant à aller au centre de santé, en traduisant pour moi, en marchant des heures à travers la ville pour que j’aille mieux. Et elle n’est même pas consommatrice, très loin de là. Y’a du bon dans toutes les situations en fait...


Salut,

Je ne sais pas où t'es, mais il y a quelques pays où la codéine est en vente libre (même si oui, comme par hasard souvent c'est en rupture de stock) ou au pire du dxm. Ce dernier ne pallie pas vraiment au manque, mais ça m'a quand même aidé quand je n'avais pas le choix...(et le trip c'est pas pareil du tout, entre keta et LSD presque pour moi, mais avec un petit coté anxiogène quand même).

En tout cas ça va le coup de faire un tour sur l'annuaire pharmaceutique du pays où t'es (le mieux c'est de le faire en cherchant direct dans la langue) pour savoir quelle spécialité demander car souvent ce n'est pas les pharmaciens qui m'ont aidé à la tache (au contraire).

Bonnes vagues en tout cas !


Ça oui, j ai vu que c est pas les pharmaciens qui allaient m’aider!

Du coup avec la prescription que j ai eue et le peu de jour qui me restent, ca va le faire.

Sinon je ne sais pas si le DXM est en vente en libre ici et c est vrai que je n y aurais pas pensé. Je ne connais pas bien ce produit même si j en ai déjà pris...

La leçon que j en tire c est qu avant de partir de chez moi je dois prévoir mieux ce dont je vais avoir besoin, dans la mesure du possible... et que je dois être réaliste : comme beaucoup d entre nous j ai tendance à tout consommer bien plus vite que prévu et à me retrouver à sec avant l heure...
Et aussi : en cas d envie de me sevrer (même si c est pas le cas là) le faire tranquille dans mon environnement avec du temps, progressivement, et avec mon lit pas loin et surtout pas dans un environnement étranger qui, même s il est sûrement agréable quand tout est ok, devient carrément hostile quand on est dans cet état...

Merci encore :)

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