Une reunion sur les TSO et notamment la Méthadone

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prescripteur homme
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champi vert101champijaune0cxhampi rouge0
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Bonjour, une reunion d'experts sur les TSO et notamment les moyens de réduire les OD à la Méthadone est organisée et PA y est invité.

Il est donc important de remonter les avis des forumers.
J'ai essayé de citer quelques reflexions et j'ai traduit (très partiellement) un guide américain datant de 2014.

Je pense qu'il faut insister sur le fait que la primo-prescription par les Médecins de Ville ne doit pas faire craindre une augmentation du risque. En effet, les médecins de ville peuvent etre plus "proches" que les CSAPA et intervenir plus vite.
De plus, dans les études américaines la majorité des OD à la Méthadone étaient dans un usage hors protocole. Faciliter l'accès au protocole de primo-prescription diminuera donc les initiations "sauvages".

Un autre point me parait etre la mise en place (avec l'autorisation de l'usager) d'un réseau permettant une bonne communication entre CSAPA, médecins traitants, pharmaciens, infirmiers, éducateurs et même entourage (pas forcément TOUS ces intervenants mais ceux qui sont identifiés comme utiles par l'usager).
Ceci suppose par exemple la mise en place d'une vraie messagerie sécurisée "universelle"  entre professionnels de santé (l'existant est très peu utilisé par les professionnels de santé pour cause de complexité technique ou de freins de la part des pouvoirs publics= Apicrypt qui marche bien mais n'utilise pas la CPS= Carte de Professionnel de Santé, n'est pas soutenu. ) et pourrait aussi utiliser le DMP.

Evidemment la mise à disposition de Naloxone serait un plus, notamment en cas de risque accru (antécédent d'OD par exemple).

Enfin, je crois que le centrage des tests urinaires post initiation sur le prévention et non sur le "disciplinaire" est indispensable.

Mais la discussion est ouverte à d'autres idées et souhaits.

Amicalement



https://www.jpain.org/article/S1526-590 … ltext#sec3  (2014)

Abstract:
Methadone is used for the treatment of opioid addiction and for treatment of chronic
pain. The safety of methadone has been called into question by data indicating a large increase in
the number of methadone-associated overdose deaths in recent years that has occurred in parallel
with a dramatic rise in the use of methadone for chronic pain. The American Pain Society and the Col-
lege on Problems of Drug Dependence, in collaboration with the Heart Rhythm Society, commis-
sioned an interdisciplinary expert panel to develop a clinical practice guideline on safer prescribing
of methadone for treatment of opioid addiction and chronic pain. As part of the guideline develop-
ment process, the American Pain Society commissioned a systematic review of various aspects related
to safety of methadone. After a review of the available evidence, the expert panel concluded that
measures can be taken to promote safer use of methadone. Specific recommendations include the
need to educate and counsel patients on methadone safety, use of electrocardiography to identify
persons at greater risk for methadone-associated arrhythmia, use of alternative opioids in patients
at high risk of complications related to corrected electrocardiographic QTc interval prolongation, care-
ful dose initiation and titration of methadone, and diligent monitoring and follow-up. Although
these guidelines are based on a systematic review, the panel identified numerous research gaps,
most recommendations were based on low-quality evidence, and no recommendations were based
on high-quality evidence.
Perspective:
This guideline, based on a systematic review of the evidence on methadone safety,
provides recommendations developed by a multidisciplinary expert panel. Safe use of methadone re-
quires clinical skills and knowledge in use of methadone to mitigate potential risks, including serious
risks related to risk of overdose and cardiac arrhythmias.

Résumé
La Méthadone est utilisée pour le traiteemnt de l'addiction aux opioides et pour le traitement de la douleur chronique (nb= n'a pas cette AMM en France). Le profil de sécurité de la Méthadone a été mis en question par des données indiquant une augmentaion importante des OD à la Méthadone, ces dernières années, en parallèle avec une montée "dramatique" de son usage dans la douleur chronique.L'American Pain Society et le College on Problems of Drug Dependance, en collaboration avec la Heart Rythm Society, ont créé une commsission interdisciplinaire pour développer un ensemble de règles cliniques pour un usage plus sécurisé de la méthadone en TSO comme pour la douleur chronique.
Dans le cadre de ce développement la American Pain Society (Société Américaine contre la Douleur) a demandé une revue systématique des différents facteurs de la sécurité de la méthadone.
Après une revue complte de ces éléments le panel d'experts a conclu que des mesures pouvaient être prises pour améliorer la sécurité de l'usage de a Méthadone. Les recommandations spécifiques incluent le besoin d'éduquer et de conseiller les patients sur la sécurité de la méthadone, d'utiliser l'ECG pour identifier les personnes à haut risque d'arythmies assocviées à l'usage de Méthadone, d'utiliser d'autres opioides chez ces patients à haut risque, tels que définis par une prolongation de l'intervalle QT (corrigé), une initiation et une titration prudente de la méthadone, et une surveillance et un suivi étrits. Bien que ces recommandations soient basées sur une revue systématique, le panel a identitifié de nombreuses insuffisances de recherche, la plupart des recommandations sont basées sur des évidences de mauuvaise qualité et aucune sur des évidences de haute qualité.

Recommendations

Patient Assessment and Selection

Une selection attentive des patients est nécessaire, notamment d'autres opiacés ou opioides peuvent être plus appropriés s'il existe des problèmes potentiels avec la méthadone (interactions médicamenteuses, anomalie ECG). Mais cela concerne surtout le choix pour la douleur chronique.
Necassité de contrôle de la présence d'opiacés dans les urines pour dépister d'éventuels "naifs" aux opiacés.

Patient Education and Counseling

Le panel recommande que les patients soient bien informés et conseillés sur les risques de la méthadone. Une description individualisée des différents problèmes qui peuvent apparaitre et des mesures à prendre est importante. Par ailleurs il est utile que l'entourage et les autres professionnels de santé intervenant pour d'autres pathologies soient informés.


Baseline Electrocardiograms

Le panel recommande la pratique d'un ECG de base dans les situations à risque (antécédents d'arythmie, de prolongation de l'intervalle QT etc..
Les situations augmentant le risque sont
* anomalies des electrolytes comme l'hypokalemie ou l'hypomagnesemie;
* anomalies de la fonction hépatique
* anomalies cardiaques et antécédents (exemple anomalie congénitale ou antécédent d'endocardite);
* predisposition génétique (antécédent personnel ou familiale d'anomalie de l'espace QT)
* usage associé de médicaments prolongeant l'espace QT

Interactions Médicamenteuses

Nombreuses voir notamment

https://www.grea.ch/sites/default/files/flash3.pdf

https://www.rvh-synergie.org/images/sto … yer_57.pdf

http://atforum.com/documents/Drug_Interactions.pdf


Initiation of Methadone

Le panel recommande une initiation prudente (l'initiation du traitement est une prériode à gros risque d'OD).

Quand la Méthadone est utilisée comme TSO, le panel suggère que les cliniciens ne débutent pas la Méthadone à plus de 30 ou 40 mg par jour. La dose doit etre titrée sur des signes objectifs et subjectifs de manque et ne doit pas être augmentée de plus de 10mg/j et pas plus souvent que tous les 3/4 jours. La Méthadone dooit etre suspendue en cas de sédation.

nb, mon avis = Ces recommandations sont très restrictives et ne doivent pas, à mon avis, être suivies à la lettre, surtout chez les gros consommateurs d'opiacés (ou ceux qui prennent deja de la Methadone de rue).

Le texte précise que la demi vie de la Méthadone est en moyenne de 1 jour et est rarement hors de l'intervalle 15 à 60 heures mais peut chez certaines personnes atteindre 120 heures. Dans ce cas le temps d'atteinte de l'équilibre peut etre de 15 jours à 3 semaines (5 demi vies).


Follow-Up Electrocardiograms

Selon les indications initiales d'ECG

Monitoring for and Management of Adverse Events

Un suivi doit etre réalisé, après l'initiation mais aussi après toute augmentation de dose (revoir 3 à 5 jours après) mais peut etre fait par téléphone ou en collaboration avec des professionnels de santé de proximité.

nb, mon avis = Cet avis rejoint l'utilité d'un réseau autour du patient incluant le pharmacien, le médecin traitant, des infirmiers de viulle, des éducateurs etc.. sans oublier l'entourage, mais évidemment  si le patient l'autorise.

Test d'urine = obligatoires avant mais utiles dans le suivi.

nb, mon avis = utiles dans le suivi s'ils ne jouent pas un rôle disciplinaire mais sulement la prévention des risques d'interactions dangereuses.


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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psychic homme
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prescripteur a écrit

Je pense qu'il faut insister sur le fait que la primo-prescription par les Médecins de Ville ne doit pas faire craindre une augmentation du risque. En effet, les médecins de ville peuvent etre plus "proches" que les CSAPA et intervenir plus vite.
.


]

Bonjour,
par définition , la primo prescription c'est une seule fois, rien ne s'oppose ensuite à ce que  la deuxième prescription et les suivantes soient faites par un médecin de ville, c'est déjà inscrit dans la loi,  il suffit que le CSAPA le décide et fasse une ordonnance de délégation au médecin de ville
le principe de la primo prescription par un médecin spécialiste existe aussi pour d'autres classes therapeutiques

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Zazou2A homme
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Salut psychic

Je pense que prescripteur le sait, puisqu’il a été longtemps médecin en csapa

Mais cette règle de primo prescription, qui concerne seulement la méthadone, et qui en rend l accès bien plus compliqué que la bupre

En effet, même si comme tu l as dis on ne parle que de la première ordo, en général dans les faits, on attends d être stabilisé et ce depuis un moment avant de passer en relai médecine de ville.

Et même s’il est évident que la méthadone demande un peu plus de précaution que la bhd, notamment par rapport au risque d’OD qui est plus élevé, en réserver la primo prescription aux csapa ou addicto hospitalier, fait que beaucoup d’UD se cantonnent au subutex, qui parfois n est pas la molécule qui convient le mieux, et ça pour des raisons pratiques.

Selon la région, le centre etc il peut être compliqué pour certains UD de se rendre dans un csapa, et perso je pense qu élargir le cadre de prescription, permettrait à ses derniers d avoir une seconde option

La bupre meme si elle est efficace pour beaucoup, est très loin de combler tout le monde, et son effet antagoniste rend parfois son usage compliqué pour les usagers qui consomme toujours dès agoniste complet

Je pense que cette mesure serait bénéfique; personnellement je pense que tout mesure qui permettrait d élargir l’accès et la palette des tso en France serait bénéfique.

Une substitution injectable par exemple manque cruellement, mais c est un autre sujet smile

Si cette mesure était adoptée; (pour la primo de méthadone) peut être qu’une formation sur l induction serait une bonne chose aussi, certains médecins ne maîtrisant peut être pas bien ce domaine j imagine, puisque jusque là il ne pouvait que prendre un relai, après la mise en place par un csapa

drogue-peace

Zaz

Dans un monde qui va si mal, ce serait de ne rien prendre que d être malade..

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psychic homme
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Le médecin de ville qui prend le relais du CSAPA  peut augmenter ou diminuer les doses, accompagner vers l'arrêt progressif ou recommencer le traitement suite à une rechute après période d'abstinence.
Dans ce dernier cas  on recommande de recommencer à posologie basse ,max 40mg/j ou plutôt 10 ou 20mg si abstinence aux opiacées et augmenter par palier de 10 mg tous les 4 à 10 jours (schéma d'induction de l'AMM)

Il n'y a pas de délai préconisé entre l'initiation en CSAPA et le relai en médecine de ville, il peut être très court si le patient répond aux  critères fixés par une circulaire de janvier 2002 faisant état  à des capacités d'autogestion du traitement et de facteurs de stabilité.
Note du comité scientifique :
"Dans la réalité , les durées de maintien en milieu spécialisé avant le relais en ville dependent egalement de pratiques différentes au sein des equipes en matière de relais .La présence ou non de medecins acceptant le relais joue aussi dans le délai ainsi que la situation psycho-sociale de l'UD qui peut necessiter un accompagnement de longue durée en milieu spécialisé"

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prescripteur homme
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champi vert101champijaune0cxhampi rouge0
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Mon premier post est en double (avec le champignon, ce qui montre que ça a été probablement doublé après que je l'ai écrit (bug ?)) comme ma réponse à psychic. mais en voulant supprimer le double j'ai tout supprimé.
Donc je réecris mais j'arrête de vouloir gerer les doublons.

Psychic, excuse moi mais je faisais reference au projet de primo-prescription en ville de la Méthadone qui ne bouge pas depuis 2 ans, malgré des expérimentations validées et une forte demande des commissions ad hoc.
Comme on ne sait pas pourquoi ça bloque, je me disais que c'était peut etre la peur des OD. C'est pourquoi je précisais que les médecins de ville (formés spécifiquement et travaillant en relation avec un CSAPA) sont tout à fait capable de prévenir les OD aussi efficacement que les CSAPA. D'autant qu'ils sont souvent plus "proches" et plus disponibles.
Et si cela baisse le nombre d'initiations "sauvages" par la Méthadone de Rue la sécurité y gagnera.

Je suis d'accord avec zaz, et j'avais oublié d'en parler,  sur l'importance de reequilibrer le choix bupre/methadone et surtout de pouvoir choisir le produit selon le mieux pour la santé du patient et non selon le mode d'exercice des prescripteurs.

Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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FunkyHunk homme
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C'est curieux oui, tes post doublés Prescripteur...

Perso, je suis pas un grand connaisseur mais,

Je suis OK avec le système actuel, et pense que la primo prescription de métha ne doit se faire que par des pro spécialisés.

La molécule est loin d'être anodine, elle necessite des conditions particulières, et surtout... les généralistes ne connaissent que de nom, ou presque. (tu as un pourcentage élevé de medecins de ville, qui ne savent pas vraiment ce que c'est, et qui sont à la ramasse niveau produits psychoA et addictions...)

Navré, mais on ne peut pas (pour l'instant, et en attente d'une nouvelle génération de médecins) deleguer cette tâches aux généralistes.

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prescripteur homme
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champi vert101champijaune0cxhampi rouge0
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Le projet jusqu'ici était que la primoprescription ne serait faite que par des médecins volontaires, formés à cette prescription et travaillant en relation avec un CSAPA, donc pas  tous les généralistes, comme le Subutex.
Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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prescripteur homme
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On pourrait rajouter dans les demandes qu'il y ait plus de gardes fous contre les interruptions brutales de traitement. Voir par exemple

https://www.psychoactif.org/forum/viewt … 70#p362870

Je ne détaille pas les mesures car elles sont multiples mais par exemple protocoliser et sécuriser les dépannages par les pharmaciens, permettre des prescriptions/délivrances "d'urgence" mais sécurisées (par exemple par le DMP ou le DP) , etc..

On peut insister sur le fait que les arrets brutaux de traitement sont non seulement douloureux mais aussi  fortement facteurs de mortalité par OD.

Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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Newton homme
Nouveau Psycho
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111 messages
Je suis Québécois, ici c'est principalement des généralistes avec un petit formation supplémentaire sur la methadone et le suboxone qui font de A à Z. Et je trouve que c'est plutôt pas mal.

“La folie, c’est se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat différent.”

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