L'éclatement de la famille, une fatalité?

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k-âme femme
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Bonjour,
Dans l'espoir d'avoir quelques messages de soutien et d'encouragement voire des conseils précieux, à  mon tour de vous raconter mon, notre histoire....
Je suis la compagne d'un homme formidable depuis presque huit ans. Cet homme est polytoxicomane sous méthadone 110-150 mg depuis que je le connais + anxiolytiques, somnifères et produits de recherche internet depuis environ deux ans. Je suis infirmière mais quand on dit que l'amour rend aveugle... Je n'ai réellement réalisé que dernièrement que sa toxicomanie était actuelle et à  vie et non révolue parce qu'il est sous métha. Je suis clean, quelques années festives au lycée avec des pétards essentiellement et pas franchement plus. Rien depuis, j'ai 31ans.
Nous sommes 4, il a un fils de dix ans dont nous avons la garde exclusive depuis un an et une petite de deux ans en commun. Jusqu'à  la venue des enfants je n'ai jamais porté le moindre jugement sur ses consommations qu'il ne m'a jamais cachées, j'ai refusé ses rares propositions d'y toucher dans nos premières années et ai réagi vivement quant aux trafics qu'il menait au début de notre relation et voilà  tout. Progressivement sans que je lui demande il a stoppé les 'à  coté' et s'est contenté de ce que j'ai cité plus haut.
Je n'étais pas réellement genee par ses états matinaux trés sedatés même si ça m'attristait, j'attendais que ça passe et je profitais pleinement des autres moments. Puis je suis tombée enceinte, c'etait voulu. J'ai du etre alitee en fin de grossesse certainement pour avoir trop forcé au boulot. Je n'ai pas pu reellement compter sur lui durant cette période où rien n'aurait été fait à  force de procrastiner. Elle est arrivée très en avance, avec qu'un seul rein mais en parfaite santé. Elle a deux ans aujourd'hui et son papa la connait si peu que j'en ai mal au coeur. Elle est très en demande vis à  vis de lui mais rien à  en tirer le matin jusqu'à  debut d'aprem parfois. Il manque et a manqué tellement de choses qu'une distance s'est créée entre eux malgré l'amour...Elle a mis plus d'un an à  faire ses nuits, il ne l'a jamais entendue. Il l'a gardee un matin à  trois mois le temps de courses, je suis rentree, elle hurlait à  l'envers en bord de lit, lui comateux son pied dessus. A 6 mois, le temps d'une douche, elle jouait avec des pots de methadone... bref, progressivement, les produits que je tolerais jusque là  avec bcp de comprehension, je les ai vus sous un autre oeil. Puis le garçon de 10 ans arrivé en urgence parce que sa maman le mettait en danger (polytoxicomanie et alcool) qui voit et assiste à  tout ça et qui me questionne...ben, à  la longue...réintroduire de la normalité où soi meme on n'en voit plus des masses...ce n'est pas évident...
Mais ça fonctionnait. J'ai les épaules larges et je menais un peu tout sur tous les fronts. Parce que cet homme, malgré ses defauts, a un milliard de qualités aussi et est debordant d'amour sincere.
Puis ce maudit jour est arrivé... c'etait il y a trois semaines. Il a reçu du flubromazepam en poudre qu'il a pris et mal dosé. Je ne l'ai compris qu'après. Il semblait bourré au départ. Sa conduite était tres mauvaise, je l'ai engueulé, il m'a laissee sur le bas coté, les enfants à  recuperer.. j'ai pris un taxi, mes beaux parents sont allés chercher les petits. On s'est retrouvé chez eux, ca n'allait pas mieux. Le garçon de dix ans est resté dormir sur place, on est rentré à  trois avec la petite que j'ai couchee vite. Ca n'a fait que grimper par la suite dans la parano et le delire : je ou ses parents lui auraient pris son produit qu'il ne retrouvait plus et on allait le payer. Il a une collection d'armes bien planquees qui, idem, avait disparu. Alors après m'avoir suivie menaçant et hurlant dans toute la maison, il a fini par me pointer une arbalète dessus, ce qui fait que j'ai detalé. J'ai repris du courage derriere un buisson et je suis allee chercher ma fille dans son lit, à  deux heures du matin, l'arbalete nous suivant, disant non stop "attends, j'ai un truc à  faire, attends, j'ai un truc à  faire", ça a du aider parce que j'ai reussi à  sortir de la maison en courant notre fille dans les bras, à  moitié à  poil l'une et l'autre, sans affaire à  part doudou et regagner ma voiture. Je me suis refugiee chez mes beaux parents chez qui il est venu parce qu'il voulait leur faire la peau aussi, moi il voulait 'juste' que je parte. Il leur a defoncé l'entree..j'etais au sous sol avec la petite, la tuerie collective en tete. J'ai appelé la police puis je passe les details, j'ai signé une HDT en hopital psy. Il est redescendu de son delire et est sorti. Il ne se rappelle pas mais sait ce qu'il s'est passé.
J'ai quitté l'appartement avec ma fille pendant son hospit, je suis chez mes parents. Il est resté la bas avec son fils.
Je suis traumatisee et profondement malheureuse. Du jour au lendemain, tout ce que nous etions, vivions et prevoyions a explosé.
Ca peut paraitre fou mais au fond de moi je souhaite lui laisser une derniere chance. Il a merdé en prenant ce truc mais le reste, ce n'etait pas lui que j'avais en face de moi.
Il est desesperé.. Il va reprendre l'UTTD et est plein de promesses, de honte, de malheur, il est plus mal que mal.
Pour l'instant je fais au jour le jour...on se voit, on s'aime, on essaie progressivement de recoller les morceaux mais voilà ... moi qui etait douce et comprehensive, patiente et j'en passe..eh bien je ne supporte plus grand chose aujourd'hui.. Je fais demi tour quand il a pris sa metha par exemple. Il a fait la demarche d'aller vers du mieux mais je n'arrive pas à  l'accompagner gentiment la dedans, je lui mets la pression sans le vouloir en exprimant de diverses façons  et parfois très brutalement que si rien ne change ça ne pourra pas fonctionner. Il sait que je n'ai plus une once de confiance vis à  vis de ses addictions...et bref, en étant comme ça, je ne vois pas comment ça pourrait l'aider. Mais c'est tout ce que je peux faire, meme si je sais que c'est loin d'etre l'ideal. Je pense l'enfoncer. Depuis sa sortie il est à  110mg, s'il a augmenté,  je suis surement responsable.
Comment lui refaire confiance? Comment l'accompagner? Est-ce que séparément il ne sombrera pas? C'est le père de ma fille...Comment croire en du mieux? Est-ce l'échec assuré?
J'ai entamé une therapie, des cours de defense et compte rejoindre une association de proches de toxicomanes.
Je souhaite multiplier les aides et les informations  pour m'aider à  avancer. D'où  mon roman ici... merci de m'avoir lue et merci d'avance pour vos reponses.

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splinK homme
PsychoHead
Inscrit le 31 Oct 2014
1116 messages
Salut, Justement la surdose du flubromazepam peut expliquer à  lui seul cet accès de violence, un jour la meuf d'un pote m'appel en pleurs, je débarque là -bas, il était sur le point de la cogner ... Il était comme fou, j'ai dû le retenir pour éviter qu'il ne défonce tout dans l'appart !
J'ai appris par la suite qu'il s'était enfilé la veille au soir au moins 1g de 3MMC puis 7mg de Pyrazolam, voir, plus , et le lendemain de cette scène il ne se souvenait plus de rien ..

Voilà  désolé je peux rien te dire de plus, c'est pas évident après avoir vécu ça de refaire confiance, c'est compréhensible, bon courage... hmm

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psychodi homme
Pour ma santé :5 weed et j'les fume par jour
Inscrit le 24 Jul 2013
951 messages
Bonjour k-âme

bienvenue sur le forum
tes questionnements sont très pertinents et fondés...et traversent bien souvent la tête des personnes dans l'entourage d'UD qui sont dans des sales périodes

k-âme a écrit

Comment lui refaire confiance? Comment l'accompagner? Est-ce que séparément il ne sombrera pas?

c'est souvent la grande angoisse des conjointes et conjoints d'UD : est-ce que ça sera pire encore si jamais on se sépare...? Et souvent, les personnes restent pour sauver les meubles, éviter un pire qui n'est d'abord qu'imaginaire...et elles supportent et supportent des moments intolérables...

tu sembles avoir trouver ou chercher des ressources (thérapie, groupe entourage), ce qui est positif...

parfois, une séparation est bénéfique, la perte faisant parfois bouger les choses...sans garantie...cela peut aussi être la porte ouverte à  la reprise des conso pour supporter la perte de la conjointe ou du conjoint...
tu le vois, la question est complexe et se doit d'être posée dans un cadre fait pour cela (les CSAPA par exemple mais aussi les groupes entourages qui sont des lieux de partage précieux)

une notion importante d'après ce que j'en ai compris : savoir se protéger (surtout les enfants) et mettre des priorités dans ce qu'on tolère ou ne tolère pas (ou plus). Cela n'est jamais facile mais si la relation te tire vers le bas, c'est nuisible pour tout le monde (UD compris)...

ça me semble important aussi que tu saches quels peuvent être les effets "collatéraux" de la prise de certains prod (en l’occurrence la violence aveugle), par le témoignage des gens qui ont fait des expériences similaires (ou alors qui y ont assistés)...le post de splink va dans ce sens

en espérant que tu trouves sur le forum des avis et des positionnements qui t'aident, de façon complémentaire à  ce que tu prévois de mettre en place

amicalement

psychodi

Reputation de ce post
 
Il cible parfaitement ce que je ressens et m'ouvre les yeux

il y a des jours étranges
il y a des jours, j'm'étrangle
Surtout...ne pas se biler sur la route...
Psychoactif ? Faut s'abonner là, vite !!

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k-âme femme
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Inscrit le 04 Nov 2015
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Merci à  tous les deux pour vos réponses qui m'aident à  avancer doucement. Je pense qu'il me faudra du temps pour y voir clair dans mes priorités et surtout les accepter. Ton message Psychodi m'a fait reconnaitre que pour l'instant je me voile la face. Il est évident pour moi que je me dois de protéger les enfants et je culpabilise deja beaucoup. J'ai annoncé en debut de therapie que ce que je souhaitais c'etait m'aimer plus pour arriver enfin à  me souhaiter du bien et agir en fonction. Ma fille est ma certitude et je ne pourrais rien faire desormais qui pourrait la mettre à  nouveau en danger, c'est effectivement surtout pour ça que je suis en tel questionnement vis à  vis de tout et que je rêverais que l'on puisse me dire et m'assurer aussi bien "c'est voué à  l'échec" ou "c'est bon, tu peux y aller les yeux fermés"..quand tu parles Psychodi des conjoints qui restent pour sauver les meubles...je me retrouve tellement là  dedans...c'est ce que je fais dejà  depuis un moment à  dire vrai...et si je pars, ce que je crois qu'il faut que je fasse, même si je n'ai pas assez cheminé pour pouvoir encore l'admettre, j'abandonnerais l'homme que j'aime et qui m'aime terriblement + je romprais la relation avec sa fille : depuis qu'elle est née, j'ai appris à  eviter de la lui confier dans certains moments alors comment faire si je ne suis plus là  durant un w-e mettons? Qui veillera à  sa sécurité? Je me lancerais donc dans un combat juridique contre l'amour de ma vie et le père de ma fille afin d'etre sure que la petite ne soit pas en danger, et ce, sans meme la garantie que j'ai la garde exclusive et finalement, le mieux aurait été surement de rester dans ce cas fort possibe + mon compagon, s'il ne se fiche pas en l'air, sera dans tous les cas au fond du trou + autre fait non des moindres, je laisserais mon beau-fils sur le bas côté...je n'ai aucun pouvoir pour lui et j'arrangerais vraiment vraiment pas sa situation...il a 10 ans, je le connais depuis ses 2 ans et j'y suis tellement attachee... Sa vie n'est souhaitable à  personne et je vais le bousiller encore plus, un enième abandon. Bref, oui, je me sens pilier d'une famille détruite avc le sentiment que si j'agis, juste ma fille et moi, et sans garantie, nous nous en sortirions.
J'ai honte...comment j'ai pu me mettre dans une telle situation, je ne suis vraiment pas fière, je me sens totalement irresponsable et j'espère trouver la bonne reaction et la force suffisante avec le temps et toutes les aides possible.
Je vous remercie de ne pas m'avoir descendue mais encouragée...
Merci splinK pour ton temoignage, c'est bien cela, moi aussi j'avais un fou face à  moi...et personne pour l'arrêter.
Je compte bien lire tout ce que je peux ici. L'asso m'a indiqué ce site et je me sens moins seule.
Bonne soirée à  vous

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mona987 femme
Nouveau Psycho
Inscrit le 19 Apr 2015
89 messages
hello,

Moi aussi j'ai parfois honte de rester avec qq^'un qui fait des choses que je réprouve complètement, et je ne parle pas de conso de drogue, mais je ne veux pas parler de cela ici.

Mes amis m'ont bien dit qu ce n'est pas à  moi d'avoir honte de ce que fais mon copain, ce n'est pas de cela dont j'ai honte, mais j'ai l'impression que de rester c'est d'accepter et je me dis jusqu'ou accepter ? cela me fait flipper, si mon copain porte atteinte violemment à  l'intégrité d'autrui et que je suis la seule à  le savoir, est-ce que je le dénoncerai(il n'a pas du tout fait cela, mais j'exagère...) ? j'espère que oui, mais le moment venu comment je réagirai ??

je vais te raconter ce que j'ai fait dernièrement, peut-être que cela peut t'aider :

J'ai été voir un hypnotiseur, et je lui ai dis que je voulais réussir à  me sentir plus ancrée, avoir plus confiance en moi et je lui ai parler de mon vécu.
J'avais décidé de lacher prise quant aux agissement de mon copain(les faux plans, le fait qu'il respecte pas mon chez moi..ect).
eh bein je suis sortie de chez l'hypnostiseur en ayant l'impression que rien n'avait changé. QQ jours après, mon copain m'a replanter alors qu'on devait aller à  la montagne, il avait fait la fête jusqu'en fin de matinée, eh bein je te dis pas les émotions qui sont montées, j'étais hyper hyper fachée, il m'a refait cela ce mardi et là  carrément j'ai commencé à  trembler, j'ai hurler chez moi, proche de la crise de nerf. Je suis une personne très calme habituellement ;-) .

Moi je vois mes réactions comme quoi l'hypnotisuer a "modelé mon esprit" pour que je n'accepte plus ce qui me dérange vraiment, que je ne me laisse plus faire. que je me pose moins des questions quant à  la légitimité de ma colère et que ça sorte !!!

Je pense que c'est bien que tu aies peur, cela t'oblige à  être vigilente, c'est pénible à  vivre certes, mais c'est l’instinct de survie !

Essaie l'hypnotiseur, j'ai du faire en tout 15 années de psy dont les 3/4 pour pas grd chose et là  je crois qu'en une séance j'ai bien du faire 2-3 ans de psy.

Courage !!!

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k-âme femme
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Pourquoi pas...? Je t'avouerais que j'ai pensé à  beaucoup de choses mais alors pas du tout à  ça..!
Dans mon boulot pourtant j'ai vu bon nombre de seances d'hypnose, chez les enfants notamment, pour la douleur, ou face aux cancers. Il y a une efficacité réelle et je te crois quand tu dis avoir observé des changements, je vais me renseigner, ça ne pourra pas me faire de mal à  part peut-etre au portefeuille! Mais merci pour l'idee, c'est à  tenter et si ça m'aide à  m'affirmer crois-moi que je te le dirai!

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bighorsse femme
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8506 messages
On dirait que tout à  change ds ta perception à  partir de la naissance de votre fille ..a T il culpabiliser ? Avez vs parlez de ce manque de rein ?
Puis vient un grand garçon...votre couple à  donc subi de grandes secousses pas évidentes à  gérer peut être ...
Il a dérape ...était ce arrive avant ? La c le produit qui a rendu fou ton mec ...il doit être vacciné contre non?
Avez vs pu échanger autour de ça ?

l angoisse est le vertige de la liberté

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k-âme femme
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Décidément...Je ne sais pas si c'est que vous êtes habitués à  "ce genre de cas" mais j'avoue être surprise par les réponses à  chaque fois et les intentions si bienveillantes.
Ça remue des choses, ce qu'il faut je pense, et ce qui est pointé est important.
Merci bighorsse pour ton questionnement.
Effectivement, quand la puce est née, mon regard sur la vie en général s'est modifié ainsi que mes priorités. L'amour d'un enfant est indescriptible et je sais que je serais prête à  tout pour elle. Je suis très investie et pourrais déplacer des montagnes.
Mais tu as raison, la culpabilité vis à  vis d'elle est quelque chose de très présent.
Dernièrement, mon père qui est pharmacien de recherche en industrie m'a expliqué qu'il avait travaillé sur la méthadone quelques années (il ne savait rien sur mon chéri à  ce sujet jusqu'il y a trois semaines) et les retombées génétiques, apparemment un lien pourrait être fait sur les malformations de conception. J'ai coupé court et je ne me suis pas renseignée plus, mais ça me trotte. Dans mon dossier de grossesse, il était noté partout que le papa était sous méthadone, on ne nous a jamais rien dit à  ce sujet quand on a appris pour notre fille, les soignants n'ont pas fait le lien ou du moins ne nous l'ont pas dit.
Nous l'avons appris à  5 mois de grossesse, à  l'échographie morphologique. On se faisait une fête de voir notre bout de chou à  nouveau et le ciel s'est écroulé sur notre tête. L'échographe avait beau être rassurant et franchement très porteur, jusqu'au bout, j'étais anéantie. Et déformation professionnelle aidant, j'ai pensé dialyse, j'ai pensé greffe, j'ai pensé handicap et j'en passe. Nous qui voulions garder la surprise avons appris que c'était une fille... en plus... je l'imaginais déjà  fragile. Bref, ce fut une période atroce pour nous où nous avons du cesser nos professions quelques temps.
Je ne sais pas si mon homme s'est vu responsable. Aujourd'hui je me dis qu'avec tout ce qu'il sait de ses produits, il a certainement dû l'envisager, en tout cas il ne me l'a pas dit, et jusqu'à  aujourd'hui, je n'y ai pas pensé. C'est moi qui ait énormément culpabilisé, un fardeau que je porte encore. Parce qu'elle s'est développée en moi, c'est moi qui ait failli, j'ai râté quelque chose et ma fille allait le payer toute sa vie. On a eu beau me dire de toutes parts que c'était la faute à  "pas de chance" et qu'elle irait très bien, que plein de gens vivaient qu'avec un seul rein, je me sens toujours fautive de n'avoir pas pu donner toutes les chances d'entrée à  mon bébé. Et c'est toujours ce que je ressens, je pleure en écrivant.
Je me disais à  l'époque que c'était à  cause du travail (infirmière en maison de retraite, 80 résidents à  gérer seule) puis que c'était parce que j'étais fumeuse (cigarettes), j'avais diminué autant que possible (une dizaine dans les premiers temps, 5 puis 3, je suis grosse fumeuse) mais visiblement pas assez. A refaire je n'en fumerais pas une. De ce qu'on m'a confirmé à  maintes reprises, la cigarette n'est pas responsable de ça, mais pour ce qui est de son arrivée précoce par contre, outre le fait que j'ai beaucoup forcé, ça n'a pas du arranger.
Aujourd'hui elle va très bien, elle est suivie en néphrologie pédiatrique...on lui fait des examens régulièrement... et tout soupçon d'infection urinaire qu'elle n'a jamais faite se termine aux urgences... Je fais très attention à  l'alimentation et bref, je pense faire tout ce qu'il faut aujourd'hui pour protéger son rein unique en très bonne santé jusqu'ici. Elle devra éviter certaines activités plus tard où son rein pourrait être endommagé, et pour finir, son père et moi sommes compatibles s'il arrive quelque chose même si j'imagine mes reins meilleurs que les siens. Je sais qu'il y a tellement pire et qu'au jour le jour on "l'oublie" tellement elle déborde de vie, mais toutes ces situations sont tellement à  l'opposé de ce qu'on souhaitait pour elle, c'est tellement triste...mais c'est comme ça, l'un comme l'autre, on a sacrément merdé et c'est un poids intolérable.
Je ne sais pas si je devrais lui parler de l'éventualité qu'il y ait un lien avec les produits, je ne sais pas si c'est aussi plausible que ce que mon père me dit, je ne sais pas s'il y a pensé et je ne sais pas si ça ferait du bien... Je suis déjà  si mal avec ma propre culpabilité, j'aurais le sentiment d'en rajouter. Mais on y viendra surement un jour, tu as raison de le pointer.
Le grand, nous l'avions en garde classique, un w-e/2 et la moitié des vacances, nous avons toujours eu d'excellents rapports (je l'ai connu à  deux ans, certainement que ça a aidé) et nous nous sommes vus grandir mutuellement, nous sommes très proches. Il adore son père et c'est pour lui un exemple à  suivre...et son père le lui rend vraiment bien, il a évolué en huit ans (il a eu son petit à  18 ans, se sont séparés avec la maman aux 4 mois du petit : 10 ans d'écart, pbs de drogues et rien à  voir l'un avec l'autre à  part les produits), ils partagent beaucoup de choses en commun et en dehors de la méthadone qui le scotche tous les matins, il s'investit beaucoup pour lui.
Puis les services sociaux l'ont contacté en début d'année, nous voyions bien que ça n'allait pas pour le petit mais nous essayions, à  tort à  l'époque, de lui apporter le plus de joie possible ses temps de présence alors que nous aurions du le questionner et l'aider. Il vivait en fait un enfer chez sa maman bourrée du matin jusqu'au soir (+produits) avec violences avérées, sa fille a été placée en famille d'accueil, pour dire. Mon chéri s'est battu et a déplacé des montagnes tout au long de l'année pour obtenir la garde exclusive avec visites médiatisées de la maman qu'il a obtenu. Il a été exemplaire et le petit bout a retrouvé le sourire. Pour moi ça a été compliqué. Le papa était très absent du fait d'une formation plus que prenante qu'il suivait avec un maitre de stage harcelant. J'ai été seule avec la petite de deux ans et le fiston en miettes qui montrait sa souffrance (j'ai stoppé le travail) : provoquant, désagréable, testeur et j'en passe. J'avais beau savoir qu'il était dans un état affectif des plus déplorables, les mois défilants, à  force de prendre des baffes, je finissais par être sur la défensive aussi. Mais petit à  petit, avec le soutien perpétuel de mon amoureux, aussi bien de façon intime que face au petit, les choses se sont mis en place et j'ai retrouvé le petit bout attachant que je connaissais. Au niveau judiciaire, les choses se calaient, il a repris l'école, il trime un peu mais fait plein d'efforts, est mignon avec sa soeur et tout le monde et a trouvé son équilibre. Jusqu'à  il y a trois semaines, il était bien, on était bien, on sortait la tête de l'eau. Et aujourd'hui... voilà  qu'il nous arrive cette crasse supplémentaire où je n'ai plus beaucoup de force.
Ce petit garçon que j'adore est à  nouveau très malheureux et complètement désorienté vu qu'il ne sait rien à  part qu'on a eu un incident son papa et moi suite à  une "hospit pour burn out" et qu'on a besoin de temps pour se retrouver... Alors qu'il ne me l'a jamais dit, à  chaque fois que je le vois, il me serre dans ses bras à  n'en plus finir, me dit que je lui manque et qu'il m'aime...et il voit beaucoup moins sa soeur... Bref, ça me fend le coeur, vraiment.
Le papa n'a jamais dérapé avant ça, comme j'ai pu le préciser dans d'autres posts, la méthadone et les autres produits n'ont eu comme retombées essentielles que les absences momentanées qui lui font rater des tas de moments en famille et les gros manques de vigilance vis à  vis de la petite qui ont été les deux fois citées, dangereuses.
Oui c'est ce produit de merde qui l'a rendu fou, complètement, il n'y avait plus la moindre étincelle de lui, et ce durant presque 48 heures.
Ca l'a bien évidemment fait réagir, et de ce qu'il me dit, il ne prend plus que ses 110mg de méthadone et c'est tout, souhaitant baisser par pallier toutes les trois semaines. Il est rongé par la honte et le désespoir actuellement, je lui manque atrocement et sa fille aussi. Même si j'y vais presque à  chaque fois qu'il m'en fait la demande, la situation actuelle est dramatique. Il souhaite me prouver que je n'ai plus à  m'inquiéter de rien mais je suis en dents de scie, un jour je le crois, un autre non. Je le connais depuis 8 ans, et jusqu'ici, ce que j'ai pu constater était qu'à  chaque mal son produit. Et, que je le veuille ou non, je fais un rejet complet des produits aujourd'hui. Mais pas de l'amour de ma vie...
Alors c'est extrêmement compliqué. Ce serait tellement plus évident si c'était un simple enfoiré, or ce n'est absolument pas son cas.
Nous devions quitter l'appartement, le bail est arrivé à  terme, nous étions en visite le jour où il est devenu fou. Aujourd'hui j'ai stoppé ma part de loyer. Il visite un appartement pour nous 4 mardi, il faut que je donne ma réponse d'ici une grosse semaine si je veux retenter quelque chose dans l'immédiat (les rejoindre quand j'y arriverai) ou s'il doit s'installer à  deux, ailleurs. Ses parents se porteraient garants (c'est désormais mort pour les miens) mais ils ne le feront pas si je ne suis sure de rien, normal. Bref, je ne sais pas où j'en suis, j'ai tellement tellement peur de faire un mauvais choix que je ne dors plus, c'est épuisant. Va-t-il vraiment se tenir à  ce qu'il souhaite? Ne feras-t-il pas, un jour, sans prévenir, une autre connerie? Et si cette connerie était fatale?
J'ai été en stage en prison, il y avait un pauvre monsieur qui était au milieu de plein de criminels, il semblait rien avoir à  faire là . Il était UD, il avait jeté son bébé de 20 mois par la fenêtre. Il ne l'avait pas fait exprès.
S'il arrive quoi que ce soit de définitif je n'aurais jamais suffisamment d'une vie pour m'en remettre.
Ai-je tort de penser aussi à  ça? Vais-je trop loin en pensant que ça pourrait m'arriver?

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Intervenant Nuit Blanche homme
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Bonjour K-âme,

J'ai lu ton témoignage poignant et la situation dans laquelle tu te trouve est très délicate c'est indéniable

J'aimerais réagir sur quelque chose qui me saute aux yeux quand je te lis : je te cite "chaque mal son produit / c'est le produit qui l'a rendu comme ça... " !! Ca va peut être te paraitre dur ce que je vais te dire, mais il l'a choisit. Il a choisit de consommer à  une époque de sa vie, il a peut être mis les pieds dans un engrenage qu'il a subit par la suite, mais c'est pas le produit qui l'a transformé, cet l'homme qui a changé et qui a donné vie a ses pulsions destructrices. Un produit psychotrope révèle des choses de la psychologie humaine. Il a fais ses choix de vie et même si c'est une belle personne, il a des parts d'ombre comme chacun de nous sur Terre.

Tu le défend, ce que je peux comprendre, mais le produit a peut être simplement révéler quelques pulsions inconscientes qui l'ont mené a cet acte très violents. On a tous une part de violence en nous, et quand nous la refoulons trop longtemps elle sort un jour ou l'autre. Et que faire avec ça, quand elle fait du mal a notre entourage ?

Je comprends que ta confiance soit abimée aujourd'hui et c'est légitime. Mais si tu l'aimes vraiment, tu devrais pouvoir dépasser cela... peut être pas dans l'immédiat mais tu peux lui redonner une seconde chance. Laisse toi du temps. reprenez un peu d'espace, de distance, digérez cet évènement et peut être qu'en habitant un moment chacun de votre côté tout en continuant a vous voir, vous pourrez réparer cette plaie. Mais chacun doit cheminer et reprendre sa part de responsabilité et s'engager dans une démarche de soin . Tu a l'air de te remettre en question assez rapidement, lui a peut être besoin de plus de temps pour ça. Peut être qu'il avait besoin d'un choc pour prendre conscience de tout ça et pour commencer le chemin de transformation.

Et une dernière chose, s'est il débarrassé de ses armes depuis cet évènement ?

Continue de nous dire comment la situation évolue

INB

Dernière modification par Intervenant Nuit Blanche (06 novembre 2015 à  13:43)


Intervenant Nuit Blanche - Action de réduction des risques en milieu festif à  Genève - www.nuit-blanche.ch

Travail photographique personnel : www.regards-et-perceptions.com

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k-âme femme
Nouveau membre
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Bonsoir INB,

peu importe si les discours sont durs, parfois ça aide à  réagir et je ne les crains pas, d'autant plus quand on se planque derrière un ordinateur et tout est relatif.

Je comprends ce que tu as voulu me dire en expliquant que ses consommations étaient son choix, sa décision et qu'en fait, il était bien plus acteur que je ne le crois. Je ne suis pourtant pas d'accord en ce qui le concerne et pour les UD en général. Je ne pense pas que ce soient de véritables choix dans le sens où certes, il y a l'envie du produit et les sensations pour diverses raisons, mais il y a aussi toutes les retombées que bien souvent, et même parfois même quand on nous les dit, on n'imagine pas tant que ça, qu'on ne réalise pas. La notion de choix est bien plus complexe je pense dans ces cas parce qu'il y a une grosse partie d'ignorance.
On y oublie en outre les divers parcours de vie qui font que franchement, se décider, en toute notre âme et conscience, eh bien je n'y crois pas!
Mon homme a commencé ses consommations à  12 ans. Comment un ado de 12 ans peut-il faire un véritable choix face aux drogues...? Sérieusement j'en doute fortement. Pour sa part je pense qu'il y a une bonne part de responsabilité parentale. La maman relève du pathologique entre autres choses.
Le frère ainé et seul frère d'ailleurs de mon chéri est mort d'overdose il y a 8 ans, à  24 ans, il a commencé à  12.
Alors oui, ça parait excessivement naif mais je suis incapable de leur jeter la pierre pour leurs conso.

Par contre, quand tu m'expliques que les psychotropes ne changent pas les gens mais qu'au contraire ils révèlent certaines parts d'eux-même...ben je trouve ça inquiétant... et si d'autres personnes peuvent me le confirmer j'aimerais bien. Ce serait donc un nouveau souci, mais ça me parait fortement plausible, en effet, alors autant y réfléchir aussi.

Merci beaucoup en tout cas pour tes encouragements et le fait d'insister sur le fait de temporiser, tout ce que tu me dis me va droit au coeur...et me donne un peu d'espoir...Merci.

Quant aux armes, depuis son hospit, elles sont toutes dans un coffre sous clé, dans une cave, sous clé et python aussi. Ses parents ont les clés. Mais tu sais, en dehors du fait qu'il était évident qu'elles disparaissent, pour m'être sentie durant toute une nuit à  ce point insignifiante et "moineau", si on veut être violent, pas besoin d'arme. Et si on en veut, n'importe quel objet d'une maison peut en devenir une. Ce soir là  je regardais partout autour de moi pour avoir quelque chose pour me défendre mais tout ce que je voyais risquait de se retourner contre moi. Alors j'ai choisi la fuite comme seule option. Et là  encore, pour moi et mes 1m55, ce n'était pas un véritable choix. La violence et l'horreur peuvent prendre toutes les formes. Mais les armes c'est définitivement terminé.

Je parlerai des avancées.
Merci pour ton message et bonne soirée

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Intervenant Nuit Blanche homme
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k-âme a écrit

Alors oui, ça parait excessivement naif mais je suis incapable de leur jeter la pierre pour leurs conso.

Par contre, quand tu m'expliques que les psychotropes ne changent pas les gens mais qu'au contraire ils révèlent certaines parts d'eux-même...ben je trouve ça inquiétant... et si d'autres personnes peuvent me le confirmer j'aimerais bien. Ce serait donc un nouveau souci, mais ça me parait fortement plausible, en effet, alors autant y réfléchir aussi.

Je ne leur jette pas la pierre non plus, loin de là , mais j'aime rester objectif et relatif ! Même si il a commencé à  12 ans comme son frère, il a eu le choix chaque jour de sa vie d'arrêter, mais je sais bien que ce genre de dépendance c'est pas simple. C'est juste que certaines personnes y arrivent et d'autres non.

Pour en revenir aux effets psychotropes, ça enlève quelques barrières ou le contrôle de soi, donc l'être peux se révéler plus vrai je dirais, sans masque... et des parties de l'inconscient peuvent surgir. C'est le cas avec les hallucinogènes, la cocaïne, les amphétamines, avec les Rc je n'en ai jamais pris, mais je pense aussi que ça peux agir de la sorte. Et vu que notre psychisme est a 90 % inconscient, je te laisse imaginer ce qu'il peux se passer quand tu fais sauter le verrou.

Je suis aide soignant et j'ai aussi travaillé en maison de retraite ou avec des personnes handicapées (physiques et / ou mentales). On va parfois utiliser la camisole chimique pour éteindre étouffer certains comportements, mais souvent d'autres comportements surgissent. Les médecins passent leur temps a traiter les symptômes (pendant que les aides soignants ou les éducateurs gèrent les comportements), et on se retrouve avec des traitements hypra lourds (10 médicaments pour traiter 10 symptômes), au lieu d'aller à  la source.

La source pour ton homme c'est probablement un manque d'amour dans son enfance comme bcp d'entre nous, et il a utilisé la camisole chimique pour éteindre des comportements qu'il n'aimait pas, mais d'autres ont surgis malgré lui. Avait il refoulé de la colère ou de la haine envers sa mère ? Car peut être que c'est sa mère qu'il voulait tuer à  l'arbalète ce jour là  et pas toi.

Dernière modification par Intervenant Nuit Blanche (06 novembre 2015 à  22:35)


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k-âme femme
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Tu dis assez vrai en fait...
Pour ce qui est du choix d'arrêter, j'ai longtemps pensé que c'était difficile mais possible mais maintenant qu'il me dit être vacciné et qu'il semble être dans cette réelle démarche d'arrêt, voilà  que je doute..! Mais tout est trop frais je pense. En tout cas ça ne peut qu'être bien.
Pour lui je pense que c'est le manque d'amour "normal" si je peux dire qui lui a manqué, et quand j'ai lu ta phrase "peut être que c'est sa mère qu'il voulait tuer à  l'arbalète ce jour là  et pas toi" eh bien même si je ne peux pas m'empêcher de penser que j'ai failli y passer et qu'il va me falloir des mois pour digérer, ça correspond beaucoup à  ce qu'il me dit en fait... Alors qu'il était encore délirant, après le moment de l'arbalète quand je lui demandais des explications au téléphone ou quand je l'ai vu aux urgences le lendemain, il me maintenait qu'il voulait juste me faire partir, que je déguerpisse. Par contre pour ses parents, c'était autre chose, aussi bien dans le délire qu'avec du recul. Il m'a redit les mêmes choses une fois "descendu", quand je lui ai tout raconté en détail, qu'il se souvenait de ses intentions, et que, jamais il ne m'aurait fait de mal, mais que c'était bien moins sur pour ses parents.
Çà  correspond à  ce que tu me dis du fameux "masque levé" finalement.

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