Salut tout le monde ! Je viens apporter mon témoignage en tant que fils, peut-être il pourra aider quelques parents car dans mon cas je suis très heureux de l'éducation sur les prods que mes parents m'ont donné.
Alors pour vous faire un état de ma situation: Je suis aujourd'hui un jeune homme vivant seul, début de la vingtaine. Mes deux parents sont des UD, ma mère est une bonne consommatrice de
cannabis ainsi que des quelques autres prods à l'occaze, mais elle aime beaucoup les différents psychédéliques et autres substances entheogènes qu'elle a été ammené à étudié non officiellement pour son travail (elle est psychologue). Elle fume du
tabac depuis qu'elle est très jeune et du
cannabis tous les jours. Mon père a eu des consommations plus problématiques, lui son kiffe c'était plus l'
héro, la
coke et l'
alcool, par contre pour lui ça a été moins joyeux et beaucoup plus problématique. Il est parti quand j'étais très jeune, donc quand j'ai eu l'âge de comprendre certaines choses ma mère a du répondre aux même questions que vous vous posez ici seule.
Ma mère a toujours fumé un
joint le soir à la cheminée, donc depuis petit je suis familier avec ce produit que je ne diabolisais pas, c'était une plante comme une autre pour moi. Elle m'a appris les choses progressivement, au départ en mettant l'accent avant tout sur les risques des drogues. Quand mon père est parti je ne savais pas que c'était principalement lié à ça, les éléments m'ont été dévoilé peu à peu... Il faut dire que c'était des sacrés histoires comme vous pouvez vous l'imaginer, mafia, dettes, prison... J'ai été "protégé" de ce passé jusqu'à mes 13/14 ans avant que ma mère me dise que mon père était héroïnoman. Jusqu'à mes 16 ans j'ai fait la grande partie de mes expériences en cachette, surtout avec l'
alcool et le
cannabis. Alors ma mère était au courrant, elle m'avait déjà vu vomir à la maison, bourré dans des fêtes de village et même vomir en cours à 14 ans après une bonne purge avec un ami à midi et ma première expérience avec le
shit (une demi-bouteille de Gin mélangée à du pepsi...).
Avec le recul je pense que savoir que j'avais déjà une predisposition avec l'abus l'a fait se poser pas mal de questions, et à partir de mes 15 ans et demi/16 ans elle a décidé qu'on allait jouer carte sur table... Et quel plaisir ça a été ! L'adolescent en moi pouvait continuer de faire ses expériences mais ça m'a donné envie d'être très responsable, après ça j'ai continué de boire pendant une ou deux années avant de carrément arrêter quasi-totalement, et le fait que je puisse lui en parler sans qu'elle me juge m'a vraiment beaucoup aidé. Je savais que si moi ou un ami à moi allions mal en soirée, on pouvait l'appeler elle saurait quoi faire ! Entre mes 16 à 18 ans, on a pu commencé à parler de temps en temps de ses consommations à elle, des consommations de mon père... Et de temps en temps elle me donnait un peu d'herbe, elle préférait ça à ce que j'aille l'acheter en ville dans des plans douteux, et elle avait bien raison car quand je repense à certains matos qu'on m'a vendu à moi et mes amis ça fait limite peur quoi !
A partir de mes 18 ans, on a commencé à parler d'autres substances de mon côté, surtout les psychédéliques qui m'intriguaient beaucoup. Ma mère m'a invité à attendre un peu que je réunisse des connaissances et que je me prépare, j'ai attendu environ 1 an et après ça elle m'a donné à moi et à un ami très proche (ma mère est comme une deuxième mère pour lui aussi) une tablette de
LSD de très bonne qualité (jamais retrouvé ça depuis !) et nous a donné tous les conseils de
RdR qu'elle pouvait nous donner... Le plus important étant que si il se passait quelque chose on pouvait l'appeler sans aucun problème ! Cette sécurité m'a fait aborder mes consommations de manière très confiante, le fait de savoir que ma mère était là au cas ou... Impossible de partir en bad hehe ! Aujourd'hui je suis indépendant au niveau des prods, je lui en parle quand même comme à une amie et elle aussi, et je me sens privilégié de pouvoir avoir une relation autant sincère avec ma mère sur tous les niveaux !
Pour résumer donc: Beaucoup d'abus dans mon adolescence, mais je pense que vu ma situation c'était quasiment inévitable... Ma mère a eu le courage de me laisser faire et de pas me punir pour ça, elle me faisait comprendre qu'elle aimait pas que je me mette dans des états horribles mais elle comprenait aussi qu'à cet âge (j'avais beaucoup de colère en moi) si elle m'avait interdit j'aurais été capable de faire pire juste pour me prouver que j'étais "maître de ma situation". Peu à peu donc elle a commencé à "consentir" certains produits (13/14 ans
alcool dans les événements, 15/16 ans
weed, 18/19 ans psychédeliques/MDMA), sans jamais m'interdire les autres mais en me faisant comprendre qu'elle n'aimait pas trop, et donc ça m'a tenu à côté des "drogues dures" (je n'aime pas ce terme mais on se comprend) jusqu'à ce que je soit adulte et ça m'a vraiment aidé, car à l'époque si j'avais connu les prods Dieu sait ce qu'il aurait pu se passer. Toujours le dialogue, ne rien cacher mais pas pour autant en parler elle. Mais toujours répondre aux questions et me faire comprendre que ce n'était pas tabou. Et plus je vieillissais, plus elle me faisait comprendre qu'il n'y avait rien d'anormal à la consommation de drogues, qu'il fallait juste le faire avec respect de soit et du produit.
Après il faut comprendre en étant parent je pense que l'adolescent change d'avis très vite... Jusqu'à mes 14 ans je disais que je n'allais jamais rien fumer de ma vie, j'étais contre ce mode de consommation et après j'ai commencé les
joints (jamais de
cigarette encore même aujourd'hui
), jusqu'à mes 18/19 ans je pensais que les pills et autre n'étaient pas pour moi et un jour l'idée c'est mise dans ma tête et tout à très vite changé... Tout ça pour dire aux parents, les ados peuvent changer de conviction très vite, se dire "totalement contre jamais de la vie ça", et commencer à en consommer plusieurs fois par semaine peu de temps après parce qu'ils ont vu un ami ou une célébrité le faire... Mais moi l'envie de fumer ne m'est pas venu de mes parents, au contraire quand j'étais enfant je n'aimais pas que ma mère fume (les clopes surtout !) et ça m'a coupé l'envie de consommer du
tabac, pareil le passé de mon père je le connais et ça m'a tenu éloigné des
opiacés. Par contre si ma mère m'avait caché par exemple les travers de mon père, j'aurais pu être tenté d'essayer un jour et quelque chose me dit que j'aurais vraiment directement croché.
L'honnêteté de ma mère m'a certainement ammené à "banalisé" des produits très jeune et donc j'ai fait mes expériences plus jeune que la plupart des enfants qui ont été enfermés dans un cocon protecteur (pas de jugement de valeur là dessus par contre, chacun élève ses enfants comme il le pense), mais en contre-partie elles m'ont permis de mûrir très jeune et à mes 18 ans déjà je comprenais les problèmes que l'
alcool apportait alors que pas mal des gens de mon âge découvraient cette drogue encore sans se poser de question. Aujourd'hui je ne recherche plus à me "mettre mal" comme j'aimais le dire, j'utilise les drogues comme des outils et j'ai un grand respect pour les drogues, je ne les prend pas de haut car je sais ou ça peut me mener. Ca m'a aussi permis de comprendre que toutes les drogues ne doivent pas être mis dans le même panier, ce qui peut arriver quand on cherche la défonce en premier quelque soit le prod, je sais qu'il ne faut pas traiter toutes les drogues de la même manière, sans pour autant les classer dans des cases comme "douce" ou "dure".
Un autre problème qui subsiste malheureusement quand on est autant franc avec ses enfants, c'est le regard que peuvent avoir ses amis là dessus. En effet, quand j'étais jeune j'ai eu le droit à des remarques comme "ta mère c'est une tox je sais qu'elle fume des
joints", et du coup certaines fois j'avais la haine contre elle de faire ça car si un des mes copains me l'avait dit c'est que ça devait être vrai (même si ça venait sûrement plutôt de ses parents à lui !). Mais ça ce n'est pas un problème qui est uniquement lié à la consommation de drogue, on va dire que ça va avec n'importe quel mode de vie qui ne rentre pas dans la doxa.
Je ne sais pas si j'ai été assez claire, j'ai reformulé le message plusieurs fois car j'ai eu de la peine à lui donner une ligne directrice sans partir en HS... Si vous avez des questions car je n'ai pas été clair n'hésitez pas à me demander. Pour finir, et cette fois je vais donner mon avis de jeune adulte: Même si des fois le regard des autres personnes est très dur car l'usage de drogue reste tabou, si vous pensez que vous devez être franc avec vos enfants faites le. Si vous leur expliquez avec assez d'amour, il est fort possible qu'ils apprennent de vos propres erreurs à vous et qu'ainsi ils évitent certaines peines que vous avez vécu, là ou sans communication vous les lâchez dans la jungle... Peut-être plus vieux, mais c'est pas forcément une bonne chose ! Bon week-end à tous
Dernière modification par CoachMigui (04 février 2017 à 13:03)