Par LAUREEN ORTIZ LOS ANGELES, de notre correspondante
Bientôt un référendum sur la
légalisation du
cannabis en Californie
Les militants de la
légalisation ont réuni suffisamment de signatures pour soumettre la question à référendum, et les sondages leur sont favorables.
Le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger, longtemps hostile à la
légalisation, se dit maintenant ouvert au débat. (Mario Anzuoni / Reuters)
«Etes-vous pour ou contre la
légalisation du
cannabis?»: c´est la question à laquelle devraient répondre les électeurs californiens en novembre prochain.
Les militants, qui profitent d´un contexte favorable à leur cause en raison de la crise économique et de bons sondages, ont annoncé qu´ils avaient largement assez de signatures pour soumettre la question à référendum. Soit environ 680 000 (il en faut 433 971 pour organiser un référendum dans cet Etat fondé sur la démocratie directe).
«C´était tellement facile de les avoir, les gens étaient impatients de signer», a expliqué Richard Lee, propriétaire du dispensaire de
marijuana Coffeeshop Blue Sky, à Oakland, dans la banlieue de San Francisco, et de l´«Université Oaksterdam», qui délivre un enseignement consacré à la substance.
Depuis 1996, celle-ci est déjà fumée ou inhalée légalement dans le Golden State pour ses vertus médicales. Il suffit d´obtenir une autorisation d´un médecin («cannabis doctor») pour que l´Etat vous envoie une carte officielle qui permet de se fournir dans l´un des innombrables lieux de vente.
La nouvelle proposition («Regulate, Control and Tax
Cannabis Act») permettrait à n´importe quel individu âgé d´au moins 21 ans de posséder 28 grammes. Les communes et les comtés californiens auraient ainsi la possibilité de taxer la production et la vente du
cannabis. Une manne qui rapporterait à l´Etat 1,3 milliard de dollars par an, un argument choc dans un Etat plombé par un déficit abyssal.
Autre avantage pour les pro-légalisation, un sondage a montré en avril que 56% des Californiens étaient pour, chiffre qui atteint 60% dans le comté de Los Angeles (le plus peuplé des Etats-Unis). «Le
cannabis médical en Californie a été percu de fait et accepté comme une sorte de
légalisation par une bonne partie de la population», analyse Lee.
Mais rien n´est gagné d´avance. Certaines villes, telle Los Angeles, ont justement decidé de sévir face au bourgeonnement de centaines de dispensaires, qui cachent souvent des activités illégales. En effet, la vente est censée se faire dans un but non lucratif, or de nombreux trafiquants de drogue profitent de cette loi pour avoir pignon sur rue.
Le conseil municipal doit légiférer sur d´éventuelles fermetures et imposer un nouveau cadre juridique très prochainement. Ensuite, il faut que les signatures soient validées par les autorités pour figurer sur le bulletin de vote. «Je serais très surpris qu´elles ne le soient pas», indique Steve Smith, conseiller politique qui a participé à de nombreuses campagnes, au Los Angeles Times.
Plus compliqué, la marge de manoeuvre pour convaincre les électeurs n´est pas si grande : «Généralement, vous êtes au plus haut (des sondages) quand vous débutez une campagne, note Smith. Il suffit que le camp du non trouve un bon argument et davantage de gens deviennent contre». Le vote s´annonce donc très serré.
Mais, aux yeux de Richard Lee, rien ne sert d´attendre, «c´est le moment d´en parler». Même le gouverneur, Arnold Schwarzenegger, de tous temps opposé à la
légalisation des drogues, s´est finalement dit ouvert au débat.
Bonne lecture à vous
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