[ 2C-B ]

TR: le 2C-B, une molécule à ne pas sous-estimer.

15h00 : Fière de l’obtention de mon premier kit de test colorimétrique, je l’inaugure sur un comprimé carré, d’un joli rose bonbon et soigneusement estampillé « 2C-B ». Le marquis donne une belle teinte vert foncée, qui a même léééégèrement viré sur du bleu après plusieurs minutes (la faute au colorant rose ?). Mecke et Froehde restent jaunes… apparemment on est sur du vrai. Fentanyl négatif (jamais trop prudent avec ce truc), et chaque pill contient apparemment 20mg.
Y a pas énormément de TRs sur cette molécule j'ai l'impression…
Je vous emmène ?



Set & setting :

- 58 kg tout mouillé, 23 ans, féminin.
- Substances connues : Morning Glory il y a plusieurs années, 6-APB, ALD-52 et dissociatifs (MXE, MXP, 3-MeO-PCP). Donc une grande première pour moi dans l’univers des phenethylamines.
- Moral plutôt bon pour une fois, je suis impatiente de tester le produit. L’anxiété généralisée et la dépression que je traine depuis mon adolescence sont maintenues à l’écart par 5mg/jour de vortioxetine (Brintelix). On a malheureusement peu d’études sur les interactions avec ce truc vu sa récence. Mais si j’en crois mes recherches sur les interactions SSRI/2C-B, l’association n’est pas connue pour poser problème, même si le trip peut en être un peu altéré… variable à prendre en compte du coup (évidemment ne prenez pas ça pour argent comptant, faites vos propres recherches si vous êtes dans ce cas toussatoussa, c’est important).
- Je suis seule chez moi, pas super rdr mais j’ai toujours cavalé seule sur ce terrain… faute de mieux


Dose : 10mg, + 10mg à T+1h


16h45 : Prudente, je commence avec une moitié que je croque, pour voir. Pas vraiment de gout particulier, enfin un soupçon chimique mais assez léger. Je ferme les volets par précaution : toujours cette crainte coupable qu’on me chope en train de planer, même chez moi… Je m’étale paresseusement sur mon lit, me lance une playlist et attends, euphorique par anticipation.


17h30 : Il y a un petit changement, sans que j’arrive précisément à mettre le doigt dessus. Je me sens un peu vaporeuse physiquement parlant, avec quelques fourmis dans les membres. J’ai une sensation de légèreté dans le ventre, qui remonte doucement dans la poitrine comme si on me gonflait un peu à l’hélium^^ Deux trois vaguelettes visuelles, c’est sympa. Le 2C-B est souvent décrit comme un hallucinogène « moyen » voir « léger », facile à gérer et très contrôlable donc je ne m’attends pas à beaucoup plus niveau visuels. Stupide moi, pas assez renseignée !


17h45 : Impatiente… je drop la seconde moitié.
Les couleurs de la pièce me semblent un peu plus intenses que d’habitude.
J’observe de magnifiques traceurs lorsque je bouge mes bras. J’en avais déjà obtenu avec le 6-APB (je regrette énormément de ne pas lui avoir fait de TR d’ailleurs), mais ils étaient plus rapprochés, nombreux, flous et rapides. Ici il n’y a qu’une ou deux « copie-s » de mes bras à chaque fois, et qui sont très retardées par rapport à mon geste, voir restent bloquées dans la posture initiale. Elles sont également super nettes, quoique pas entières et assez transparentes, mais j’ai l’impression de les voir en HD par rapport à celles du 6-APB qui pourtant m’avaient déjà impressionnée.
Par contre mes pensées deviennent un peu confuses : je bloque sur certaines, elles « freezent » par moment comme l’image d’un dvd rayé qui revient deux-trois fois à l’écran par à-coups, avant de passer à la suivante. Mais ça reste gérable.
J’ai l’impression que mon lit tremble un peu. Etonnée je me retourne pour vérifier, bien sur ce n’est pas réel mais un peu troublant comme effet. Vers 18h ma vue se met à trembler elle aussi, les objets vibrent comme en contact avec un moteur.
Mon humeur est augmentée, je souris béatement.


18h15 : Entre-deux. J’ai l’impression que mes sens sont déjà saturés mais mon esprit, submergé, n’arrive pas encore à suivre. Je sais que je plane mais je garde la sensation d’être sobre.


Environ 18h30 : Trop. De tout. Partout !! Je reprends difficilement mon souffle, j’ai l’impression d’avoir embarqué dans un manège à sensations extrêmes poussé à fond. Très difficile de décrire les visuels et ressentis à ce moment tellement ça allait dans tous les sens.

Visuellement, avec les lysergamides vous avez des déformations d’ensemble : des murs qui respirent, des bâtisses qui fondent, des arbres dansant, des contrastes changés comme si vous étiez sur un photoshop déjanté… Bein là, c’est un peu l’inverse : au lieu de prendre un ensemble pour l’animer, vous isolez les détails visuels un par un (comme une tache, une petite aspérité etc), les dissociez de l’objet initial et les animez. Tous en même temps. C’est à la fois très chorégraphié et ordonné (géométrie à faire pâlir Pythagore), mais aussi un beau bordel xD
Chaque infime détail de mon environnement se mit donc à s’enrouler et se dérouler sur lui-même indéfiniment, s’effondrant sur leur centre pour certains, les autres éclosant comme des pétales.
Si encore on en était restés là, bon… mais ces formes mouvantes, vite lassées de leur 2D, se détachèrent de l’objet sur lequel elles évoluaient à la base pour venir flotter vers moi… dans l’air, en 3D ! Un peu transparentes, elles n’en restaient pas moins tangibles et je me suis rapidement retrouvée avec toute ma chambre venant littéralement à ma rencontre^^’’
Cerise sur le gâteau :
Côté lumière c’est ma lampe de chevet qui éclairait la pièce. « …ha bon vraiment ?! » Après trois, quatre vérifications oui oui, rien que ma lampe de chevet. Pourtant la lumière variait en intensité assez rapidement, et en couleurs aussi. Elle passait par toutes les teintes possibles et imaginables exactement comme si j’étais dans une boite de nuit, semblant émaner des formes jaillies des murs. Comme si ces dernières étaient des projecteurs ultra4K larguant une orgie de photons sur la scène déjà bien surchargée.
Et là, je pense que le compte est à peu près bon pour les visuels. Enfin, yeux ouverts hein. Parce qu'en les fermant vous entrez dans un délire de fantasy abstraite en rythme avec la musique, super coloré et géométrique, et là pour vous le décrire précisément il me faudrait écrire un bouquin dessus parce que les formes s’agencent, se forment et se déforment de toutes les manières possibles autour de vous…

La musique (qui continue avec des nightcores telles que Monody, We Go Down ou, étrangement en adéquation avec le trip : Headphones) prend un gros relief, d’une façon différente qu’avec les autres drogues et difficilement descriptible. J’ai l’impression d’être dedans, mais pas de me fondre avec : plutôt limite de me déplacer dedans en fait^^ Un peu bizarre mais génial.

Concernant mes pensées c’est mort lol, elles virevoltent autour de moi d’une manière vaguement semblable à de fortes doses de Morning Glory dans mon souvenir : insaisissables et balayées au rythme des visuels. Il y a aussi les Thought loops, ces réflexions qui se mordent la queue et recommencent, même si je trouve ça moins fort qu’avec les lysergamides. Cette dernière composante sera du reste intéressante pour la suite^^
Le tout est baigné d’une vague sensation d’étrangeté, comme avec le LSA mais moins fort.

Le physique n’est pas en reste. Bon déjà fallait s’y attendre : j’ai le mal de mer. Je gobe un vogalib car je déteste les nausées.
J’ai le corps qui « grésille » comme si j’avais des fourmis partout. C’est pas désagréable, même vaguement euphorisant. Peut-être pour ça que le 2C-B est vu comme proche de l’XTC d’ailleurs. Je n’ai pas encore eu l’occasion de tester cette dernière mais si je me base sur sa cousine la Benzo Fury, niveau euphorie le 2C-B peut la rappeler vaguement mais on reste bien loin du compte ! Très différent.
J’ai aussi quelques crampes au ventre, un peu de bruxisme, et des acouphènes par moments.


19h00 : Les nausées n’ont pas passé, second vogalib. Les crampes à l’estomac non plus, spasfond. Le trip est vraiment intense et envahissant, à tel point que quelques angoisses montent par moment et se disputent à l’euphorie. Je me reprends comme je peux. J’ai de l’alprazolam comme trip-killer si besoin, et je trouve que le simple fait de le savoir est très rassurant quand on trip.
J’ai également par moment la sensation d’avoir trop chaud, trop froid sans savoir sur quel pied danser comme avec le 6-APB, et aussi par moments d’avoir du mal à respirer ! Bon: thermomètre à 36.8°C, oxymètre à 110Bpm pour 99% d’oxygénation… De quoi être rassurée, c’est dans ma tête !

Je suis totalement désorientée, je déambule chez moi hagarde, allant dans une pièce pour y chercher un objet, puis pensant à autre chose, me demandant pourquoi j’étais venue déjà, puis bordel qu’est-ce que je fous là, pour finalement repartir dans une autre pièce et rebelote ~
Je me rends finalement compte de la situation et ça me fait partir dans un fou-rire qui s’éternisera pendant presque toute la durée restante du trip, avec surement quelques pauses par-ci par-là.
Je peux dessiner dans l’air à l’aide des traceurs qui suivent mes bras, c’est assez magique.

Je note que les visuels sont plus intenses quand je les laisse venir, mais moins présents lorsque je fais autre chose. Peut-être que c’est pour ça qu’on parle d’avoir plus de « contrôle » par rapport aux autres psychés ?
La musique à ce moment change de rythme (https://www.youtube.com/watch?v=LtMD5lRlKnk), ce qui ajouta beaucoup d’intensité à la scène qui suit :
Je m’arrête devant un poster montrant deux personnages en train de danser et avec quelques fleurs autour. En laissant mon regard errer dessus les personnages prennent soudain vie. Tout comme les formes géométriques ils se désolidarisent du mur, s’animent et se mettent à danser sous mes yeux ébahis. Les fleurs autour bougent géométriquement mais volent aussi autour des personnages. Magnifique.

Je mange une gaufrette au chocolat, et le gout bien que restant semblable, me parait un peu « déformé », dénaturé lui aussi.
Je veux aussi répondre à des sms mais aie l’impression d’écrire suffisamment étrangement pour que ce soit louche. Je m’y reprends de nombreuses fois et n’écris pas plus de quelques mots/smileys. Ce moment me donne l’occasion de réfléchir à ma phobie sociale et mon rapport aux autres : « Bon sang je me complique tellement la vie tout le temps, à toujours calculer la moindre syllabe ou le moindre de mes gestes en public alors que ça pourrait être si simple… ». (Difficile de relater ce qui s’est passé à ce moment, en fait ça tient même plus du ressenti que des pensées. En gros j’ai entre-aperçu à quoi pourrait ressembler le monde sans ma phobie sociale, si on veut.)


19h30 : Ca y est, je me sens enfin mieux physiquement parlant ! L’anxiété est totalement retombée elle aussi.
Pensant à toutes ces couleurs inexistantes que j'ai sous les yeux, je ris en décidant de me « faire une farce à moi-même » (cherchez pas, sur le moment ça me semblait logique…) : je branche un spot multicolore à leds et éteins la lampe normale. Et bein… assez déçue : visuellement le trip se met à suivre les couleurs du spot, ce qui est assez agréable mais les visuels de la drogue façon discothèque s’en trouvent éclipsés, et je les trouve quand même nettement plus fun qu’un spot basique :p
Donc c’est un argument pour ne pas utiliser cette drogue en soirée je dirais : en plus d’être hyper intense (en tout cas à ce dosage), elle semble être plus fun en éclairage normal.
Je range mon spot.


19h45 : Je me lasse un peu du nightcore, je passe à Reol.

Je me retiens d’ouvrir les volets pour observer le paysage. J’ai vraiment trop peur que les gens me voient, rien à faire. Mon comportement me semble beaucoup trop anormal et flag, comme toujours lorsque je trip mais là je me sentais encore plus flag qu’avec un lysergamide!…

Du coup je me rappelle Adam de la chaine PsychedSubstance qui disait que le Nexus était vendu comme aphrodisiaque à raison. Malgré la dose un peu élevée pour ce genre d’effets, j’ai hum… essayé quoi^^’’ Et ça valait le coup en effet, j’ai assez hésité à vous poster cette partie mais après tout c’est anonyme, donc pourquoi pas mdr, pour la science ! Mais du coup je vais rester évasive là faut pas déconner xD

Déjà difficile de s’y mettre au début avec les pensées qui jouent aux auto-tamponneuses, mais en insistant, progressivement… Et là les sensations prennent le même chemin que tout le reste : chacune d’entre elles est amplifiée comme passée à la loupe, "colorisée", et suit les visuels yeux fermés en montagnes russes, au point qu’à plusieurs reprises le matelas se déroba sous moi, me larguant au milieu des visuels et de la musique jusqu’à ne plus savoir où je me trouvais… Le tout avec les sensations décuplées, et les thought loops qui trouvèrent toute leur utilité en ramenant sans cesse vers ce qui avait déclenché l’O, le réitérant encore et encore pendant ce qui m’a semblé bien deux bonnes minutes… Enfin bref. Kof. C’était bien quoi Suffisamment pour que je ne cesse qu’une bonne heure et demi plus tard, alors que les effets de la drogue s’estompaient lentement.


21h15 : Ba ouai, la descente déjà. Du coup dans mon cas, si on se fie aux données du psychonautwiki ça aura duré plus 4h que 8, carrément… Zut, ça m’a un peu frustrée haha^^ J’hésite à en reprendre 10mg, et heureusement arrive à me retenir (bien plus aisément qu’avec le 6-APB). La douche chaude que je prends n’est pas extraordinaire, mais reste malgré tout très agréable pour une simple douche.


22h00 : Tellement descendue que j’hésite à faire une partie de LoL. Finalement je me retiens de peur de me griller malgré tout avec mes amis au micro, toujours la même peur.
Je mange un bout, plus rien de spécial à signaler.


22h30 : Début de la rédaction de ce Tr^^ J’ai eu du mal à me passer des playslist m’ayant accompagnée durant le trip, mais une fois arrêtée j’ai eu rapidement une sensation de calme, qui continue encore maintenant à 2h du mat. Je pense qu’il faut vraiment attendre le lendemain pour conduire par contre.


Le lendemain : Nuit assez tranquille malgré une ou deux difficultés pour m’endormir, quelques visuels softs revenant les yeux fermés. Sans rêves ou je ne m’en rappelle pas, RAS.



Conclusion :

Moins euphorisant que le LSA, moins poétique et fin que le LSD, mais très singulier et extraordinaire à sa manière, beaucoup plus chargé visuellement parlant (je trouve).
Moins mental que les lysergamides aussi, mais apparemment les antidépresseurs jouent là-dessus donc peut-être que c’est plus puissant à ce niveau sans ces derniers.

Je n’utiliserais pas le 2C-B en soirée, pas à ce dosage en tout cas. Je doute qu’il apporterait grand-chose dans une telle ambiance, et en plus il est son propre club à lui tout seul, pourquoi l’utiliser en boite ?^^

Je suis mal placée pour dire si il faut effectivement le conseiller aux débutant cherchant un milieu entre la MDMA et le LSD (mon premier trip a été quand même 230 graines de Morning Glory………), mais je pense que ça dépend beaucoup du profil de la personne au final. Personnellement j’ai trouvé les lysergamides beaucoup plus philosophiques, introspectifs et directifs, mais le 2C-B peut aussi être très envahissant à sa façon (physique et visuelle). Dans tous les cas commencer par de petites doses, je pense que quelques milligrammes peuvent facilement changer à quoi ressemble le trip surtout avec cette substance.
Pour ma part je  vais le traiter un peu comme le LSD : avec respect, et minimum un mois entre chaque prise, si possible deux.


Voilààà merci de m’avoir lue jusque-là c'est cool, j’espère que ça vous aura plus et/ou que ça aura été instructif !

++ les psychonauts, prenez soin de vous !

Dernière modification par Morning Glory (24 mars 2018 à  14:52)