Après l'arrêt, le vide et la solitude...

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Stelli
Modératrice - Dinosaure de PA
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1945 messages
Sous méthadone depuis le mois de mars, j'ai mis du temps à  arreter vraiment. C'était mon énième tentative d'arreter, mais comme toujours j'avais vraiment du mal à  me passer de la pompe, et j'étais toujours à  la recherche de ce truc qu'on ressent après un shoot. Pourtant j'avais vraiment envie d'arreter. Après une longue phase de rechutes, arrets, reprises, doutes, découragement, nouveaux espoirs, nouvelles motivations, rererererechutes, etc, le dégout a fini par l'emporter et la dernière fois que je me suis shootée, j'en avais tellement marre que je me suis jurée que c'était la dernière.
Marre de me charcuter 15x par jours pour m'injecter un truc qui ne me faisait plus rien, si ce n'est que ça me passait le manque quelques heures à  peine.
Marre de claquer mes thunes pour cette merde, et d'être comme toujours dans une situation catastrophique niveau financier, situation qui même aujourd'hui après arret total, me poursuit et n'en finit pas.
Marre de foutre en l'air ma vie pour rien, car cette putain de came ne m'apporte plus rien (plus, car malgré tous les ennuis qu'elle a pu me causer, elle m'a apporté de l'expérience, et malgré tout, malgré le doute qui subsiste, malgré les difficultés, je trouve que j'en sors grandie, alors oui, quelque part, elle m'aura été utile, peut etre fallait-il que j'en passe par là ).
Marre de ne plus pouvoir avancer, de faire des efforts fous pour ne finalement réussir qu'à  rester sur place, à  moins que je ne m'enfonce...
Marre de ce produit que j'aime et que je hais en même temps, qui m'a étreint quelques fois, dans les bras duquel je me suis sentie si bien... mais qui depuis me nargue et me nuit.
Marre d'avoir perdu tous mes amis, d'avoir fait souffrir tous ceux qui ont assisté à  ma dégringolade sans fin, de les avoir fait souffrir d'avoir voulu m'aider quand je les en empechais.
Marre de les avoir condamnés à  assister, impuissants à  ma destruction choisie et consciente, que seul le désespoir guidait.
Marre d'être trop souvent en manque, quand je n'avais pas pu trouver assez vite une solution pour me trouver l'elixir qui aurait soulagé mon corps et flatté mon âme. Ce manque qui trop souvent m'a poussée à  souhaiter mourir plutôt que souffrir, encore et encore.
Marre de fuir cette souffrance lancinante qui ne cessait jamais, ravivée chaque fois plus fort dès que les effets de la drogue s'estompaient, me ramenant à  la réalité.
Marre de fuir lachement cette vie qui m'effraie et m'angoisse, hantée par ce passé que je laisse m'emprisonner.
Marre de toujours décevoir, de toujours lâcher, de toujours mentir quand je sais d'avance que je vais échouer, faute d'avoir la force et encore moins le courage de fournir l'effort qui me permettrait de réussir, de m'en sortir.
Marre de provoquer, inconsciemment, mes échecs, incapable de contrôler ces mécanismes qui me poussent à  agir ainsi.
Marre de ce tourbillon qui m'emporte et dans lequel je me laisse submerger.

STOP!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


Oui, mais maintenant ?

Depuis cette dernière fois, depuis que j'ai arrêté, finalement, rien n'a changé. Toutes les difficultés sont toujours présentes. Certes, je ne fais plus tout ce que j'ai pu faire, jusqu'au plus sordide, pour trouver ma came, et c'est une véritable libération. Mais ensuite ? Les problèmes d'argent sont toujours là , toujours aussi grands, ils me tiennent, m'emprisonnent. Ils me font culpabiliser, car la raison est ... Je ne peux m'en prendre qu'à  moi même, mais combien de temps encore devrais-je payer mes erreurs ?
Et puis je suis seule... je n'ai plus aucun contact avec aucun de mes amis d'avant, que j'ai éloignés volontairement, ou qui sont partis, écoeurés. Je n'ose pas les rappeler, j'ai honte, tout ça est encore trop récent, je ne voudrais pas leur faire subir une nouvelle rechute, toujours possible.
J'ai coupé les contacts avec mes relations de came, c'était indispensable... je croise encore quelques personnes, au hasard de mes sorties, mais je n'ai plus de relation suivie, et c'est mieux comme ça.
Mais je me sens seule. Vide. Je ne sais plus comment occuper le temps que j'ai...
Je vis en décalage complet avec la société je dors n'importe quand, souvent dans la journée, la nuit je regarde la tv, seuls mes rdv au CSST rythment encore mes journées, et il m'est extrèmement difficile de me lever, d'arriver dans les temps avant la fermeture.
Je n'ai pas de rythme de vie en fait. Je ne mange pas, je grignote un peu, je ne me lave presque pas, parce que toutes ces petites choses si simples et si normales me semblent énormes, et représentent autant de difficultés que j'ai du mal à  dépasser.
C'est tellement ridicule...
J'ai décidé de faire une post cure, je pense que ça me fera le plus grand bien. Il faut que je réapprenne à  vivre normalement, à  vivre, tout simplement. Pour le moment je vivote, et par moments je survis.
A terme, je veux reprendre mes études pour être infirmière. J'ai du les abandonner car dans les conditions actuelles, je n'étais plus capable du tout de les poursuivre... j'ai bien essayé mais c'était un fiasco. Mais je veux les reprendre, même si je dois commencer par me soigner, pour pouvoir le faire ensuite. Sans ce projet, je ne ferais plus aucun effort, je n'aurais pas envie de m'en sortir.
Malgré tout, le vide au quotidien est difficile à  supporter. Le vide et la solitude.
Comment ceux qui sont passés par là , parmis vous, ont vécu et dépassé ces moments ?

Je suis fatiguée, lassée, mais heureusement je me dis que ça finira bien par s'arranger, que je vais me tirer de là  et que j'en sortirais plus forte que jamais, du moins je l'espère !

Je vous embrasse tous, en espérant que je ne vous ai pas trop saoulés avec mes états d'âme, en tout cas ça fait du bien de poser tout ça, ça soulage, merci à  ceux qui auront eu le courage de me lire :)

Bise à  tous, et bon courage, quelle que soit votre situation et vos difficultés, n'abandonnez jamais.

Ciao !

« J’ai l’honneur de te décerner le titre de bienfaitrice des camés! Bravo! » (trolalol)

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pierre
Web-Administrateur
Inscrit le 15 Sep 2006
16690 messages
Salut Stelli,
décidément quand tu écris sur le forum, c'est toujours de l'émotion !

La phase d'arret  de la pompe et/ou de l'heroine est difficile, meme sous substitution. D'autant plus que les soignants qui nous exhortent à  arreter n'en parlent pas beaucoup.Ils croient souvent (comme les usagers) à  l'arret magique qui va solutionner tout les problèmes ! Hors, aprés l'arret, c'est déprime, angoisse, vide, solitude et dans un premier temps, c'est pire qu'avant au niveau du mental. Il faut que le corps et l'esprit se rhabitue à  vivre sans l'héroine et/ou sans la pompe.
Pour passer le cap, ça prend un certain temps. et pendant ce temps, ça peut aider de faire un travail sur soi, de faire un peu d'activités physiques. tu peux faire aussi une post-cure, mais là  il faut bien la choisir en fonction de ce que tu veux. Je te conseille de te renseigner et d'en visiter 2 ou 3 avant de choisir !
enfin, je ne sais pas ou tu en est au niveau de la méta et depuis quand tu as arreté la pompe, mais il ne faut peut etre pas arreter la métha tout de suite et d'abord penser à  te stabiliser ?

en tout cas, il ne faut pas culpabiliser des reprises, c'est un processus normal : c'est un long va et vient qui va te conduire à  l'arret. Et de toute façon, tu resortira grandi de ces expériences d'addictions, qui sont aussi, si tu y prete attention, une découverte la nature humaine.


Tiens nous au courant, bon courage et surtout prends soin de toi !
Bizzzaffectueuses
Pierre

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Stelli
Modératrice - Dinosaure de PA
Inscrit le 06 Nov 2006
1945 messages
Salut Pierre
Eh oui, souvent, ce qui me motive à  écrire c'est un trop plein d'émotions, la colère, la tristesse, la lassitude, les doutes, les questionnements... c'est ce qui explique sans doute ce qui se dégage de mes écrits.
J'ai bien conscience de la difficulté de l'arret.Pour ce qui est de la post-cure, c'est en cours, je suis en train de faire les démarches auprès de quelques-unes, et effectivement, je pense que ça me fera le plus grand bien.
Pour la metha, ça fait depuis le mois de mars que je suis sous traitement, actuellement à  130mg, ce qui peu sembler beaucoup de prime abord, mais qui est peu au vu de mes analyses de sang, car je metabolise rapidement les opiacés, ce qui fait que ce que j'ai dans le sang n'a rien à  voir avec la dose absorbée... et est moins élevé. D'ailleurs, le dosage n'est pas tout à  fait adapté et je dois refaire des methadonemies réparties sur 24h pour vir où j'en suis précisement, et revoir le dosage et peut etre étaler les prises.
Pour ce qui est de la pompe, si je ne compte pas toutes les tentatives échouées, ça fait 2 mois que je n'ai rien pris. J'espère tenir bon, même si je dois admettre que ce n'est pas facile et que j'ai bien failli craquer bien des fois. Je ne compte pas arreter la metha pour l'instant, ce n'est pas du tut d'actualité, j'ai grand besoin de retrouver un peu de stabilité avant d'envisager l'arret, et ça ne sera pas avant plusieurs années.
Je sais bien que c'est normal de rechuter et que ça fait partie du processus, mais bon quand tu as réussi à  tenir des mois, c'est rageant quand meme de craquer, meme si ça ne remet pas en question tout le chemin parcouru, n'en déplaise à  ceux qu'on a déçus !!
Les hauts et les bas se suivent, meme si les hauts ne snt pas trés hauts et les bas écurents et parfois trés bas, mais bon, j'avance, je fais mon bonhomme de chien comme dirait un certain mÔssieur.
Bises à  toi,

          Stelli

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pierre
Web-Administrateur
Inscrit le 15 Sep 2006
16690 messages
De toute façon, une tentative d'arret est toujours une bonne expérience, meme si il y a reprise (que je préfère à  rechute qui reste trés connoté). ça permet de prendre du recul, et si il y a reconsommation, ça se fait dans un autre contexte.
Ce que je vois autour de moi, c'est que les personnes qui ont arreté au moins un an, meme si elles ont repris ensuite, ne consomment plus de la meme manière. Elles ont acquis de l'expérience et ne tombent plus dans les memes travers. C'est du comportementalisme, mais par exemple, quand elles se font une session coke, elles laissent leur carte bleue à  quelqu'un de confiance. Ou elles arrivent à  ne consommer de l'héroine que le week end, en prenant leur substitution pendant la semaine. C'est tout ces petites choses qui font qu'elles arrivent mainteant à  gérer leur consommation, là  ou avant il y avait des gros dérapages.
Alors, vu comme ça, un arret meme temporaire est toujours bon à  prendre !
Bizzzà toi
Pierre

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big
Psycho junior
Inscrit le 25 Sep 2006
205 messages
quand je tapais la came, lorsque j'arrivais à  différer un shoot d'une heure, je me trouvais "héroique"...aujourd'hui cela fait bien 8 ans que je n'ai pas touché à  une pompe...alors oui, tous les combats sont valables, meme si on retombe mille fois on se relèvera tjs jusqu'à  l'aboutissement de notre DESIR. Alors N'ABANDONNEZ JAMAIS

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big
Psycho junior
Inscrit le 25 Sep 2006
205 messages
au fait qu'est que des "méthadonimies" ? qui fait cela et pourquoi?

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Stelli
Modératrice - Dinosaure de PA
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1945 messages
methadonémie c'est un dosage de la metha dans le sang... pour ma part ça a servi à  détecter que je métabolisait super vite la metha, c'est à  dire que mon foie l'éliminait + rapidement que la moyenne, ce qui fait que que je me retrouve en manque au bout de moins de 24h (au lieu de 36 en moyenne chez la plupart des gens)
c'est à  cause de ça que j'ai du augmenter en dosage, pour le moment à  130, mais comme c'est pas encore ça, je vais devoir refaire des analyses, et je pense que ça serait pas mal que j'étale la prise de metha sur les 24h... enfin bref sans le dosage metha, la fameuse methadonemie, j'en serais tjrs à  me plaindre tous les j que ça me tire au bout de 15h après la prise et à  pas capter pk ils me croient pas...

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Stelli
Modératrice - Dinosaure de PA
Inscrit le 06 Nov 2006
1945 messages
hum tiens sinon, en parlant de reprise... voilà  que g fini par craquer... et je me suis fait fumer au csst... c lourd... comme si je savais pas que c'était pas bien blablabla
bref...

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catherine
Nouveau Psycho
Inscrit le 27 Oct 2006
157 messages
Estelle,

pour ce qui est de la métha et sa métabolisation dans le sang je sais de quoi tu parles, j'ai eu d'identiques problèmes. Qe ton bibtou m'appelle je lui raconterais des choses interressantes à  ce sujet, le pire étant pour les personnes sous tri thérapie.
chez moi l'alcool, même à  petite dose, me créait d'intenses crises de manque quelques heures après la prise donc, ne flippe pas c'est plus courant que l'on veut bien te le dire...
Une fois que tu auras trouvé ta vitesse de croisière substitutive, tu te sentiras beaucoup plus à  l'aise avec ça, craquage ou recraquage inclus.
Force et détermination soupoudré de beaucoup d'amour.
Cath

Dernière modification par catherine (15 mai 2009 à  17:21)

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pierre
Web-Administrateur
Inscrit le 15 Sep 2006
16690 messages
Et alors, ça a été quoi leur discours au CSST aprés que tu "recraques" ?
J'espère qu'il ne t'on pas menacer de réduire tes doses ou de te supprimer ton traitement ?
Bizzzzzzz
Pierre

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Stelli
Modératrice - Dinosaure de PA
Inscrit le 06 Nov 2006
1945 messages
Quand je suis revenue le jeudi après 2j d'absence l'infirmière m'a accueillie en me disant que j'avais rdv dès le lundi avec le médecin "pour régler ça".
Le lendemain j'ai vu l'infirmier qui me suit habituellement... il avait l'air déçu. Il m'a pas menacée mais a plutôt eu un discours du genre "qu'est-ce qui s'est passé ? tu cherches quoi ? Tu pouvais pas gérer ça autrement ? C'est pas trés malin, tu te mets en danger. Tu déconnes! Comment tu as fais pour les thunes (d'un air accusateur) ? Quoi, en plus tu as pris de la coke ? Ah ben ça doit aller alors, tu as du faire des démarches, t'as avancé ??"
etc.
Bref... dans un sens il avait pas tord, mais je ne suis pas sûre que cet entretien ai été trés productif puisque ça m'a surtout fait cupabiliser sans m'aider à  comprendre pourquoi je m'étais reshootée ni comment faire face à  la même situation la prochaine fois.
Heureusement l'entretien suivant a été plus pertinent, et on a pu discuter pour de bon.
Par contre, ce qui m'énerve, c'est que ça fait 3 ou 4x que je parle au médecin de la metha en lui redemandant une methadonemie étalée dans la journée, il avait l'air ok, mais toujours rien de concret... je sais que mon dosage est insuffisant, la methadonemie permettrait de le mettre en évidence à  leurs yeux mais ils n'ont pas l'air pressés... comment un traitement peut-il être efficace si on n'adapte pas le dosage selon les besoins ? hmm

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annebauer
Nouveau membre
Inscrit le 24 Oct 2006
36 messages
J'ai écrit un article sur la substitution injectable (pour ceux que ça interesse je me ferais un plaisir de vous le faire parvenir!!! ^^), dans lequel je parle de la consommation de produits en plus de la substitution pour retrouver cet effet que nous cherchons tous et qui nous manque, ces instants de biên-être total, qui me rend en osmose avec moi même et avec la vie...

La coke c'est flippant, dans le sens où je trouve que la dépendance psychique est encore plus dure que la dépendance physique à  encaisser...

Au mois d'octobre, en une semaine j'ai claqué toutes mes assedics en enchaînant les taquets de coke....
Plus COMPULSIF, tu meurs... tumeur....
Le pire c'est que ça me frustre car je suis plutôt raisonnable en règle générale avec la vie en général et la défonce en particulier, mais là ... plus rien à  faire, pas moyen de me raisonner avant de ne plus avoir de thunes, du coup je culpabilise à  mort et je m'en veux!!!

AUTOFLAGELLATION DE MERDE!!! et conséquence c'est que je compense encore avec autre chose... ça me saoule d'arriver à  analyser à  posteriori mes comportements bidons de junk-attitudez, mais ça me saoule encore plus de ne pas trouver le moyen pour agir AVANT!!!

KEEP MOVIN'            smile      @nne

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