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Dernière modification par turlubudu (21 avril 2015 à 11:58)
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Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité de contré les industries pharma en leur disant "merde, c'est naturel, sa fonctionne bien, alors faites pas chié avec vos copies et vos besoin de faire des tunes!" ?
C'est déjà le cas. L'industrie pharma est bel et bien dans la place du naturel, ne serait-ce que GW pharma en ce qui concerne la France.
Mais le Jackpot, le vrai sera pour un canabinnoide de synthèse avec la licence qui va avec.
Ainsi est fait le marché.
Le soucis, c'est que l'on voit bien que des recherches intéressantes ne seront pas effectuées avec des produits anciens ou qui n'ont pas vraiment de brevet.
La même dérive va s'appliquer à la MDMA, au LSD comme à des substances naturelles. Je crains que la recherche ne serve qu'à mieux comprendre pour mieux imiter et sortir une molécule originale, une bien drôle dynamique de recherche.
Pour les autres, c'est détention production de stups, exercice illégal de la pharmacie... C'est bien verrouillé tout de même.
C'est comme ça depuis bien longtemps. Il y a de cela presque un siècle les zopis de synthèse sont arrivés un peu pour la même raison aux states. L'industrie pharma n'a eu de cesse de vouloir remplacer les alcaloïdes du pavot par des molécules brevetables.
Parfois, c'est une super avancée, mais pas toujours. Les alcaloïdes naturels du pavot devraient avoir une place privilégiée dans la pharmacopée. Seulement, il faut souvent s'en passer au profit de nouvelles molécules sans que cela se justifie forcément, enfin, avis perso.
Après, pour le CBD c'set différent des autres "drogues", deux lobbys aux moins se crêpent le chignon ; l'industrie pharma et l'industrie agro-alimentaire.
Je n'ai rien contre l'innovation, à condition que l'on ne néglige pas le naturel ou l'ancien.
Dernière modification par Mister No (21 avril 2015 à 13:01)
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je ne comprends en revanche pas ce manque d'humanité qu'ils peuvent avoir sur le fait que si une molécule fonctionne bien, alors il n'est pas nécessaire de cherché à en faire des dérivés et des poisons.
C'est parfois plus que nécessaire et une sacrée réussite, comme, par exemple les opioïdes utilisés en anesthésie. Le soucis, c'est pas forcément l'innovation, c'est l'abandon des pistes les moins lucratives.
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Le Dr Lester Grinspoon est Professeur émérite associé en psychiatrie à la Faculté de médecine de Harvard. Désormais l'un des partisans du cannabis les plus respectés et les plus fervents, Docteur Grinspoon avait initialement prévu de prouver que c'était une drogue dangereuse. En 1967, il entame des recherches pour définir scientifiquement les dangers de la marijuana. Ses études l'ont conduit à une conclusion surprenante, à l'opposé de son hypothèse. Le cannabis n'est pas la drogue dangereuse que lui, et le grand public, avait été amené à croire.
Je te conseille son livre co-écrit traduit en français, "cannabis, médecine interdite".
L'intervieuw de R Mechoulam montre les difficultés qu'il a pu rencontrer. C'est le scientifique qui a mis en évidence la présences de récepteurs cannabinoides et découvert le système endocannabinoide.
L'homme qui a découvert le THC
Publié le jeudi 31 mai 2011 dans High-Times (http://hightimes.com/read/man-who-discovered-thc)
L'histoire d'Israà«l marque cet état comme le lieu d'une intense spiritualité et ce pour plusieurs religions, parmi lesquelles les religions juives, chrétiennes et musulmanes. De manière presque ironique, la contre-culture moderne pointe désormais Israà«l comme le "Ground zero" du mouvement visant à la régulation du cannabis thérapeutique.
En effet, en 1964, au "Weizmann Institute of Science" de Rehovot en Israà«l, le professeur Raphaà«l Mechoulam, épaulé par ses collègues, les professeurs Yehiel Gaoni et Haviv Edery, réalisèrent avec succès la première isolation et découverte du principe actif principal du cannabis, le D9-tetrahydrocannabinol, plus généralement connu sous l'acronyme THC. La découverte de la molécule de THC, il y a désormais bientôt 50 ans, a été le point de lancement d'une révolution du mode de pensée vis à vis du cannabis.
Le professeur Mechoulam est actuellement enseignant en chimie et médecine à base de produits naturels à l'"Hebrew University" de Jérusalem. Ses travaux sur la synthèse du THC, et des autres cannabinoïdes comme le cannabidiol (CBD), sont la pierre angulaire de l'industrie florissante du cannabis thérapeutique moderne. Plus loin que cela, ses travaux majeurs sur le thème de la chimie organique et des interactions entre biologies humaines et végétales ont conduit à la découverte de récepteurs cannabinoïdes dans le cerveau humain et d'un système endocannabinoïde dans le corps humain.
Le professeur Mechoulam a fait l'honneur de donner une interview, au magazine High Times, au sein de son laboratoire universitaire de Jérusalem. Il est probable que le professeur Mechoulam soit un jour nominé pour un prix Nobel pour ses travaux et ses contributions sur les différents thèmes qui sont les siens. Mais c'est son courage à pousser la recherche sur une plante auparavant mal-connue, qui a fait du professeur Raphaà«l Mechoulam, "The Man".
HT: Commençons par le commencement. Dites-nous en plus sur l'état des connaissances sur le cannabis au moment ou vous avez commencé à travailler sur le sujet.
RM: C'était surtout un sujet sud-américain. A l'époque, peu de personnes en consommaient aux Etats-Unis, à part quelques musiciens noirs bien connus. De manière incidente, le cannabis était lié avec la musique. Comment expliquer que des musiciens, jazz notamment, étaient attirés par le cannabis ? Leur permettait-il de mieux comprendre, entendre, la musique ? Voilà comment le cannabis était vu à cette époque.
HT: Dans quel contexte avez vous démarré votre recherche sur le cannabis ?
RM: Et bien, lorsque mon ami, le professeur Yehiel Gaoni, et moi même avons commencé à travailler sur le sujet, j'étais âgé de 32 ans. J'avais à l'époque demandé une subvention (pour démarrer les recherches) que j'avais envoyé au NIH (National Institutes of Health) aux Etats-Unis. Ils m'avaient répondu "Non, non, non. Cela ne fait pas partie de nos objectifs. Revenez vers nous lorsque vous aurez quelque chose de plus intéressant pour nous." Par la suite, une fois que nous avions réussi à isoler le THC, ils ont décidé que le sujet devenait intéressant pour eux.
Et de là , nous avons commencé à travailler sur le sujet. Nous étions les seuls à travailler sur le sujet à l'époque, sans doute à cause de la législation. Vous ne pouviez pas réellement le faire aux Etats-Unis qui était, à cette époque, avec le Royaume-Uni, un des seuls pays disposant des moyens d'effectuer une telle recherche. Les lois étaient faites de telle manière, que l'on aurait du avoir des gardes dans les laboratoires. Il n'était pas possible d'imaginer qu'un professeur, avec ses élèves diplômés, soient surveillés par trois gardes.
Donc, nous venions d'isoler le THC, et, à la surprise générale, ils (NIH) nous ont recontacté pour étudier nos travaux. Nous avions isolé 10 grammes de THC à partir de haschich qu'ils ont emmené avec eux, et la majeure partie de la recherche américaine sur le sujet fut réalisée sur la base de ce THC.
Ici en Israà«l, nous n'étions pas confronté aux mêmes contraintes pour travailler. Les lois sont les mêmes, mais l'application qui est en faite est légèrement différente. Ils (les autorités israéliennes) savaient que je n'allais pas transporter le cannabis en dehors du laboratoire et commencer à le revendre. Nous avons pu travailler sur le sujet pendant plusieurs années, et ce en étant quasiment les seuls à le faire. Nous avons publié quelques études au milieu des années 60, et voilà .
HT: Nous savons que votre centre d'intérêt principal sont les liens entre la chimie et la biologie, mais quel était vôtre objectif en commençant à étudier le cannabis ? Pensiez-vous déjà à l'époque que le cannabis pouvait avoir des vertus thérapeutiques ?
RM: Non, non, je le voyais surtout comme un produit naturel. Si vous cherchez à partir de quelles plantes sont composées les drogues les plus consommées dans le monde, à savoir les plants de pavots desquels on extrait la morphine et les feuilles de coca desquelles on extrait la cocaïne, cette connaissance date de 150 ans. La morphine a été isolé au début du 19eme siècle, la coca et la cocaïne au milieu de ce même 19eme siècle. Et bizarrement, à l'époque ou nous avons décidé de commencer les recherches, le THC, principe actif principal du cannabis, n'était pas encore connu, ce qui nous paraissait étrange.
Et j'ai compris en travaillant sur le sujet pourquoi il n'avait pas encore été isolé : la technique s'avérait être relativement compliquée. Si nous prenons en comparaison la morphine et la cocaïne, qui sont ce qu'on appelle des alcaloïdes, soit des molécules qui comprennent un atome d'azote dans leur composition, que vous précipitez pour obtenir des sels. La cocaïne et la morphine sont des sels, des sels faciles à obtenir. Le THC lui, ne possède pas d'atome d'azote et est contenu au milieu d'une multitude d'autres molécules dont nous savons aujourd'hui qu'elles sont au nombre d'environ 60. A l'époque personne n'avait encore été en mesure d'isoler chacune de ces molécules. Quelques uns avaient néanmoins essayé, ici et là , parmi eux, Lord Alexander Todd, qui fut récompensé par un prix Nobel pour d'autres travaux. Aucun d'entre eux n'a cependant jamais réussi à isoler la substance "pure" et ils n'ont donc jamais su s'ils avaient à faire à une ou à plusieurs molécules.
HT: Donc l'objet était vraiment de découvrir comment fonctionnait le cannabis par rapport à l'usage qui pouvait en être fait et ce alors qu'il n'existait aucune recherche jusque là ? J'essaie en fait de comprendre comment vous en êtes arrivé à orienter vos recherches sur le cannabis plutôt que sur d'autres espèces, la boswellia par exemple.
RM: Oui, mon centre d'intérêt principal sont les produits naturels qui ont des principes actifs et il existe une multitude de produits et plantes qui possèdent de tels principes actifs. J'ai accès à la meilleure bibliothèque ici en Israà«l, avec une multitude d'ouvrages et de publications sur les produits naturels et les plantes, donnez moi un nom, je vous trouverai la référence. Disons par exemple que j'ai entre les mains le dictionnaire de toutes les plantes médicinales de l'est et de l'ouest africain. Je l'ouvre et je cherche "buchu" dans l'index et je suis très vite informé du fait que c'est un produit naturel, que certains remèdes se basant sur cette plante sont connus, et que cette plante est utilisée contre les douleurs dues aux rhumatismes.
Est ce que cette information est vraie ou pas ? J'ai juste ouvert le livre, je ne peux rien affirmer avec certitude. Donc, parmi ces milliers de plantes référencées, vous devez en choisir une sur laquelle travailler, et celle qui fait l'objet de votre attention, de vos travaux, doit bien avoir quelque chose de particulier, de remarquable. Et c'est à ce moment que je me dis que le cannabis, qui est une plante qui fait l'objet d'un questionnement particulier (personne n'arrive à isoler le(s) principe actif(s)) devient intéressant comme sujet d'étude.
HT: A cette époque, vous ne saviez pas encore que des récepteurs cannabinoïdes étaient présents dans le corps humain ?
RM: Non, cela n'est venu que bien plus tard. Vous savez, la science fait des erreurs aussi. Les personnes qui s'intéressaient au sujet n'avaient pas réalisé que le corps humain contenaient des récepteurs (cannabinoïdes). Un groupe de chercheurs de l'université d'Oxford, composé notamment de Sir Bill Paton et Sir William, probablement l'un des meilleurs pharmacologistes du monde et un bon ami à moi, avait déclaré qu'il ne pouvait pas y avoir de récepteurs et ce pour de bonnes raisons. Ces raisons sont peut-être trop compliquées pour être expliquées ici.
HT: Essayez quand même.
RM: Pour expliquer de manière simple, lorsqu'une molécule passe au sein d'un récepteur, elle doit être dotée d'une stéréochimie (arrangement spatial des atomes) spécifique. Vous avez deux mains, elles sont identiques ... et bien non, elles ne sont pas identiques. Si vous les mettez l'une sur l'autre, vous vous rendrez compte qu'elles sont même l'exact opposé. Ce sont des images "miroir" l'une de l'autre, mais elles ne sont pas identiques. C'est aussi vrai pour les produits naturels, ils peuvent avoir deux images, des images "miroir", mais uniquement l'une d'entre elles est le produit, l'autre n'existant probablement pas. Nous pouvons le synthétiser mais il n'existe pas à l'état naturel. Dans le cas du cannabis, le produit naturel (THC) est celui qui est actif, qui existe. Si les deux images étaient les mêmes, il y aurait de fortes chances pour que le produit n'active rien qui soit d'ordre biologique, comme un récepteur, une enzyme, ou quelque chose approchant, le récepteur lui même étant asymétrique.
Donc si l'une de vos mains est le récepteur (tendre la main par exemple), seule une autre main pourra venir compléter le récepteur, son image "miroir", mais une seule uniquement. Il se trouva lors de nos recherches que les deux produits, le THC et sa version "miroir" synthétisée, étaient actifs. Le professeur Paton conclut alors que "Non, ce n'est pas possible. Il ne peut pas y avoir de récepteur de THC."
Il s'avéra que les deux professeurs n'étaient pas spécialisés en chimie organique. Ils avaient acheté un matériel (cannabis) pour leurs recherches qui contenaient déjà les deux versions du THC et il n'était pas possible pour eux de les séparer. Si vous avez un matériel qui contient 20% de trop d'un certain isomère, vous obtenez des résultats dont la stéréoisomérie est faussée. Les résultats de leurs tests amenèrent donc à la conclusion que les deux composés étaient actifs et que donc il ne devait pas exister de récepteur spécifique dans le corps humain pour le THC.
Nous avons refait les tests et nous sommes arrivés à une conclusion différente, à savoir que l'une seule des images miroir du THC était réellement active. Donc, depuis les 20 ans qui nous séparaient du moment ou nous avions isolé la molécule de THC, nous avions fait fausse route. A partir du moment ou nous avons découvert qu'une seule des molécules était active, un autre bon ami à moi, localisé à St.Louis, a rapidement découvert le premier récepteur.
HT: Vous voulez parlez du Pr. Howlett ?
RM: Oui c'est exact, le Pr. Allyn Howlett. Elle a donc découvert le récepteur ce qui laissait entrevoir que d'autres molécules rentraient en compte pour activer ce récepteur. Nous nous sommes donc mis à la recherche de ces molécules activatrices et nous avons finalement trouvé cette molécule dans le cerveau.
HT: L'anandamide
RM: Précisément. Aussi connue sous la dénomination N-arachidonoylethanolamine ou AEA, l'anandamide est un cannabinoïde produit naturellement par le corps humain et qui est utilisé en tant que neurotransmetteur. Il a été pour la première fois isolé par le chimiste tchèque Lumàr OndÅ™ej HanuÅ¡ et le spécialiste en pharmacologie moléculaire américain, William Anthony Devane au sein du laboratoire du Pr. Mechoulam à l'"Hebrew University" en 1992. Le nom, anandamide, est dérivé du terme sanskrit "ananda" qui signifie "bonheur" ou "joie".
HT: Nous savons qu'il existe plusieurs cannabinoïdes, parmi lesquels le THC, CBD, CBN, CBG, etc . Sont ils tous actifs sur les récepteurs CB1 et CB2 ?
RM: Uniquement le THC est psycho-actif. Donc, lors de son passage à travers le récepteur CB1, il produit les effets connus comme étant les effets du cannabis. C'est tout. Aucun des autres cannabinoïdes, du moins pas de manière significative, ne peut passer à travers les récepteurs CB1.
HT: Le mouvement en faveur du cannabis thérapeutique américain connaît actuellement un fort engouement pour les variétés de cannabis riches en cannabidiol (CBD).
RM: Oui, j'ai beaucoup entendu parler de cela. Vous voyez, le problème avec le cannabis illégal, qui est un sujet majeur aux Etats-Unis, est qu' il n'y a aucun autre intérêt que celui de travailler à obtenir des taux de THC plus élevés, puisque le THC est la seule molécule psycho-active qui est captée par les récepteurs CB1. Personne dans ce milieu ne s'intéresse au CBD parce qu'il n'a aucune action immédiate. Cependant, d'un point de vue médical, le CBD est intéressant car c'est un anti-inflammatoire et qu'il présente d'autres propriétés intéressantes. Il bloque également certains effets indésirables du THC.
Sous l'influence de THC (bien que vous n'ayez jamais fumé de cannabis )) vous pouvez être sujet à des pertes de mémoire conséquentes. Vous pouvez par exemple ne plus vous rappeler de choses importantes dont vous vous seriez rappelé si vous n'aviez pas ingéré de THC. Si le cannabis que vous consommez contient un taux de CBD assez élevé pour cela, vous ne subirez pas ce type de pertes de mémoire.
Si l'on s'intéresse aux taux de CBD présents dans le cannabis qui est cultivé illégalement aux Etats-Unis, on s'aperçoit que le taux est toujours très faible voir inexistant.
Je me suis rendu à congrès sur le cannabis thérapeutique récemment aux Etats-Unis pour y faire une lecture au cours de laquelle j'ai expliqué qu'il est impossible de ne pas avoir de CBD. Le cannabis contient du CBD et doit en afficher une fois récolté. Depuis cette date, le CBD a fait son entrée dans le monde du cannabis thérapeutique, ce qui est une bonne chose.
HT: Beaucoup de personnes que nous avons rencontré à travers le monde sont à la recherche de variétés riches en CBD. Avec l'arrivée des laboratoires dans le monde de l'analyse d'échantillons de cannabis (chromatographie au gaz, spectromètres de masse), beaucoup suivent ce sujet de très près. Mais, comparé au THC, les taux de CBD et de CBN sont toujours insignifiants; le taux de CBD est toujours inférieur à 1%. Certains sont arrivés à trouver malgré tout des variétés affichant un taux de CBD autour de 8%.
RM: Qu'entendez-vous par "ils sont à la recherche de variétés (riches en CBD)" ? Je veux dire, par exemple, au Liban, ils cultivent le cannabis depuis environ 400 ans et le haschish qui est extrait contient environ 5% de THC et 5% de CBD. Que ces personnes se rendent au Liban, qu'elles prélèvent des espèces autochtones et voilà le travail sera fait. Nous avons isolé le cannabidiol (CBD) directement depuis le haschish. Nous ne l'avons pas synthétisé, nous l'avons isolé. Nous planchons actuellement sur de nombreuses études qui concernent le CBD.
Nous allons désormais prélever nos échantillons de haschish directement chez la police. Nous prélevons quelques kilos de haschish que nous traitons de manière à isoler le cannabidiol et à obtenir un beau produit cristallin. Le THC est une huile, le CBD est plus un cristal. Et les possibilités avec le CBD sont immenses. Donc, pourquoi en faire un buzz comme celui là (de la recherche de variétés riches en CBD) ? Que ces personnes aillent au Liban ou en Inde et elles trouveront les variétés qu'elles recherchent.
HT: Et ou va le CBD s'il n'est pas capté par les récepteurs CB1 et CB2 ?
RM: Oui, effectivement, les récepteurs CB1 et CB2 ne captent pas le CBD, c'est un peu plus compliqué que cela. Le CBD n'est pas capté par les récepteurs mais fait un tas d'autres choses, dont notamment le blocage de l'adenosine en l'empêchant d'aller là ou elle doit aller. Le CBD influe également sur la sérotonine. Nous avons par exemple travaillé sur une maladie qui porte le nom d'encéphalopathie épathique qui est une maladie qui est due à un alcoolisme chronique. Les alcooliques peuvent connaître des problèmes majeurs qui conduisent à la destruction du foie qui elle même conduit à des modifications du système nerveux central. Une fois le foie détruit, c'est le cerveau qui commence à s'abîmer. C'est ce qu'on appelle l'encéphalopathie épathique.
Nous pouvons à l'heure actuelle inoculer cette maladie à des souris de laboratoire et observer quels sont les changements qui s'opèrent dans le cerveau. Entre autres choses, les souris finissent par ne plus pouvoir se déplacer. Nous avons donc testé de leur administrer du CBD ce qui a eu pour effet d'améliorer grandement leurs conditions. Le CBD avait été actif à travers les récepteurs de sérotonine. La sérotonine est une molécule pour laquelle existe 15 à 16 récepteurs, peut être plus. Le récepteur utilisé dans le cas de notre test était le récepteur de sérotonine 1A.
Le CBD influe donc de multiples manières et ce sans effets secondaires. Très étrange. J'aurais eu tendance à penser que une molécule qui influe aussi fortement sur l'organisme ai des effets secondaires néfastes, mais ce n'était pas le cas. Le CBD est en réalité complètement non-toxique. Cela est remarquable car c'est certainement dans ma carrière l'une des molécules les moins toxiques que j'ai pu être amené à rencontrer.
Il y de cela plusieurs années, le NIH avait posé la question de la toxicité du CBD, du fait que les personnes qui fumaient du cannabis illégalement ingéraient à la fois du THC et du CBD et s'était donc penché sur la question en réalisant une étude sur cette éventuelle toxicité. Le fait qu'ils n'aient rien trouvé ou presque est très positif.
Le NIH est probablement l'une des meilleures institutions au monde. Ils font vraiment un excellent boulot, et je ne peux qu'admirer les personnes qui ont décidé de monter le NIH il y a de ça une quarantaine d'années.
HT: Quel est votre avis sur le fait que le gouvernement connaisse tant de difficultés pour mettre en place une régulation fédérale du cannabis thérapeutique et ce malgré que le NIH soit une institution américaine ? Pour le moment, les choses n'évoluent qu'état par état et le gouvernement fédéral est plus que réticent à permettre au cannabis thérapeutique de devenir une médecine conventionnelle. Malgré tout, une recherche désormais abondante et moderne sur le sujet du cannabis a lieu, est en cours, comment expliquez-vous le fossé qui sépare ces deux mondes (scientifique et politique) ?
RM: Il y a effectivement beaucoup de recherche en cours sur le cannabis, et encore je ne suis pas au courant de toutes les études qui sont faites vu le nombre d'états dans lesquels le cannabis thérapeutique a été régulé. Le président américain a déclaré récemment qu'il pourrait modifier la loi fédérale sur le sujet mais toujours rien de concret pour le moment. Pourquoi ne le ferait-il pas ? Certainement, parce qu'il n'aurait pas une majorité suffisante pour le faire, une telle modification de la loi fédérale demandant la validation de nombreux comités dont il n'obtiendrait pas forcément le soutien.
Chaque administration est confronté à des problèmes de personnes, de projets, c'est partout pareil. Je peux vous le dire en connaissance de cause ayant été à la tête d'une université il y a plusieurs années.
HT: La politique ...
RM: Oui, exactement.
HT: Mais n'étaient ce pas des hommes politiques qui étaient à l'origine de tout ça ? N'y a t-il pas eu un homme politique pour appuyer votre demande d'autorisation de recherches au NIH suite à l'isolation que vous aviez réalisé du THC ?
RM: Yeah. En effet, ils (NIH) ne proposaient pas de subventions concernant des projets de recherche sur le cannabis. Mais, le "National Institute of Mental Health" (NIMH) lui, en proposait, à priori. Comme je l'ai dit plus tôt, le NIH m'avait répondu en me disant qu'ils ne financeraient pas mes recherches parce le sujet ne les intéressaient pas. Puis, par la suite, sans avoir été prévenu, j'ai reçu un appel téléphonique du chef du service pharmacologie du NIH qui me précisait que le sujet était devenu intéressant pour eux. Je lui ai donc demandé "Que s'est-il donc passé pour que vous changiez d'avis si soudainement ?" Il se trouve qu'un sénateur, dont le fils consommait du cannabis, avait appelé le NIH parce qu'il voulait savoir si le cannabis détruisait le cerveau !
Et de ce fait, le gouverneur modifia les objectifs du NIH. Il ne voulait pas se fâcher avec le sénat et ils firent appel à moi pour mener l'étude.
HT: Vous souvenez vous du nom de ce sénateur ? Nous pourrions lui envoyer des fleurs.
RM: Non, je ne m'en rappelle pas ... et même si je m'en étais rappelé je ne vous l'aurai pas dit. Il doit être mort à l'heure actuelle.
Cet article est issu de l'édition de Juin 2011 du magasine HIGH TIMES et a été écrit par Nico Escondido.
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