Le Guatemala frappe désormais les trafiquants de drogue "là où cela leur fait le plus mal, au portefeuille", a déclaré mercredi le président Alvaro Colom dans un entretien exclusif accordé à l'AFP à quelques semaines de la fin de son mandat.
"Au cours des huit années ayant précédé mon arrivée, on a récupéré (des mains des narcotrafiquants) environ 1,1 milliard de dollars (environ 773 millions d'euros). Au cours des trois ans et demi (de mon mandat), on a récupéré près de 12 milliards de dollars (environ 8,4 milliards d'euros) en biens, stupéfiants et argent liquide", a rappelé M. Colom.
Mais selon lui, la lutte contre les cartels d'Amérique centrale, par laquelle transite 90% de la
cocaïne consommée aux Etats-Unis, est inégale car ces organisations disposent de ressources financières considérables face auxquelles ces petits pays ne font pas le poids.
Par exemple, 12 milliards de dollars représentent "quasiment deux ans du budget" de l'Etat, a expliqué M. Colom, qui ne pourra pas se représenter le 11 septembre à la présidence, limitée à un seul mandat.
Selon lui, le trafic de drogue est à l'origine de 42% des crimes commis au Guatemala, où l'on a recensé environ 6.000 assassinats en 2010.
Lors d'une visite à Mexico fin juillet, M. Colom avait affirmé que les trafiquants de drogue constituaient une grave menace pour les élections générales au Guatemala le 11 septembre.
Selon lui, les narcotrafiquants "vont tenter de regagner leur influence au niveau municipal, au Parlement, à la présidence, à tous les niveaux".
Pour lutter plus efficacement contre les cartels, le président table sur une nouvelle loi, adoptée fin juin, qui permet désormais de confisquer les biens meubles et immeubles acquis par les trafiquants grâce à l'argent de la drogue. La législation guatémaltèque est maintenant "plus sévère que celle en Colombie ou au
Mexique. Nous les avons copiés et avons amélioré ce qu'il était nécessaire d'améliorer", assure-t-il.
"Cela va énormément faciliter (l'expropriation) de biens qui sont le produit final (du trafic) de la coca: appartements, propriétés, maisons, commerces, argent liquide. Cela va être d'une très grande aide à double titre: les frapper au portefeuille, là où ça fait mal, et à financer la sécurité et la justice", a poursuivi M. Colom.
Selon lui, il ne faut pas oublier que d'autres ont également leur responsabilité dans ce fléau, comme les multinationales qui vendent sciemment des produits chimiques aux trafiquants, ou les Etats-Unis, d'ou proviennent 80% des quelque 125.000 armes à feu qui circulent au Guatemala.
Source :
http://www.google.com/hostednews/afp/ar … 1157fd9.81