La Moldavie et la RDR en prison, exemple a suivre

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Snoop' femme
Modératrice à  la retraite
Inscrit le 09 Jul 2012
2280 messages
Récemment en Moldavie à  la rencontre des représentants gouvernementaux, j'ai été invité à  visiter la prison 15 à  Cricovia qui abrite quelque 550 détenus.

À 30 minutes en voiture à  partir de Chisinau, la capitale de la Moldavie, et située au milieu de collines et de vignobles, la prison 15 a été construite par les Soviétiques dans les années cinquante et est assez bien conservée, malgré les fissures dans les murs. Une petite chapelle orthodoxe donne sur sa cour.
Mes collègues et moi sommes accueillis par Svetlana, une femme jeune et énergique qui dirige le service national de santé pénitentiaire. Passer la porte de fer pour entrer dans la prison met un peu mal à  l'aise. Les gardes, portant de grands chapeaux et en uniforme militaire, nous saluent d’un « bonjour » tout en essayant de comprendre ce qui amène ces nouveaux visiteurs dans leur prison.

Dehors la température est proche de zéro, et de la neige zèbre encore la cour de la prison. Je remarque que des t-shirts et des serviettes sont suspendus à  sécher sur les lignes accrochées entre les bâtiments de deux à  trois étages entourant la cour.

Escortés par les surveillants, nous atteignons le bureau du médecin de la prison, Constantin. Constantin gère la petite pharmacie qui stocke la méthadone, les aiguilles, les seringues et les préservatifs. Son bureau est petit - un bureau en bois, des dossiers papier et un canapé. Il nous accueille avec un thé.

Médecin généraliste d’une quarantaine d'années, Constantin est le seul membre du personnel médical au service de quelque 550 détenus. Son rôle est vaste : il s’occupe de l’habituelle distribution de médicaments et des urgences quotidiennes qui se présentent ; il supervise une petite salle avec trois lits joliment tapissée, et est aussi un confident et un conseiller fiable pour de nombreux détenus.

Bien qu'il existe une prévalence de 200% du VIH parmi les détenus, le dépistage du VIH et de l'hépatite C ne sont pas obligatoires, ni à  l'entrée ni lors de la détention. Au contraire, ce sont les conseils et les dépistages volontaires fournis par Constantin qui ont convaincu avec succès les détenus. Un test salivaire rapide financé par une ONG est disponible.

Le programme moldave de réduction des risques en prison est unique dans la région, et un modèle remarquable, non seulement ici, mais de manière générale. Commencé au début des années 2000, suite au travail novateur de l’Open Society Foundations (OSF), la responsabilité de la gestion du programme a subi, de toute évidence, une transition en douceur vers le personnel de santé publique qui travaille dans le système pénitentiaire.

La méthadone est disponible pour toute personne pour laquelle Constantin décide d’une prescription, et ces détenus sous traitement de substitution passent la prendre chaque jour à  la pharmacie après la signature d'un registre. Bien qu’on me dise qu'il n'y a pas beaucoup de centres de méthadone en dehors de la capitale, je n'ai pas entendu non plus beaucoup de plaintes au sujet du manque de disponibilité des services pour les personnes après leur sortie de prison.

La méthadone et l'échange de seringues sont également disponibles, à  ce qu’on m'a dit, dans les prisons de la Transnistrie, la partie orientale sécessionniste du pays, sous forte influence russe.

Je crois que l'une des plus fascinantes réussites que j'ai observées dans la conduite de ce programme de réduction des risques en prison est la manière dont les aiguilles, les seringues et préservatifs sont distribués.
Les aiguilles et les seringues sont stockées dans des points de distribution sous la responsabilité de détenus bénévoles qui les gardent dans une petite armoire en bois dans leur cellule. J'ai vu deux de ces points de distribution, l'un dans une cellule individuelle soignée et bien rangée d'un détenu longue peine. L'autre était un placard dans le coin d'un dortoir bondé d'une soixantaine de détenus.

Le système de réduction des risques de Moldavie est exemplaire. Il n'y a pas beaucoup de pays dans le monde qui mettent en œuvre l'échange de seringues et les TSO en prison, ainsi que la fourniture de préservatifs, et encore moins – s’il en est - qui font fonctionner un système harmonieux comme celui que j'ai vu en Moldavie.

La Moldavie montre la voie en priorisant la santé de sa population carcérale. Les faits sont éloquents - Constantin et Svetlana se font un point d’honneur de me dire qu'ils n’ont pas connaissance de cas d’overdose (il ya eu une réduction des overdoses).

Nous devons nous rappeler, cependant, de la réalité dans laquelle les programmes de réduction des risques de ce genre existent et continuent à  fonctionner. Comme c'est le cas dans toute la région d'Europe de l’est et d'Asie centrale, le financement de la réduction des risques en prison reste entièrement dépendant de fonds externes - dans la plupart des cas fournis par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Dans le climat actuel, nous devons garder en tête que les bénéfices de ces programmes doivent faire face aux risques de maintien des financements, et contribuer ainsi à  renforcer la durabilité de la réaction d'un pays face au sida. Preuve en est que c’est possible en regardant les décideurs et les bailleurs de fonds dans les yeux, comme nous en sommes témoin en Moldavie.

Arcticle de Michel D. Kazatchkine, publié le 05/02/014 par huffingtonpost.com

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"Si chaque personne savait ce que les uns disaient sur les autres, il n'y aurait pas deux amis au monde"

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@lex homme
Buprénorphinomane a la retraite. Methadonomane.
Inscrit le 24 Feb 2014
718 messages
Salut,


Un truc que je ne comprends pas .. : La metha est distribuée dans plusieurs pays depuis que ca existe.

Et pour l'echange de seringues je pige carrément pas. Dans quel but ? Pour qu'ils puissent se shooter de la came ou autre en prison ?

Si c'est le cas, aurant les laisser libres ...


J'aimerais beaucoup qu'on m'explique pour les seringues, je vois pas c'que ca viens faire dans une prison.

A moins que j'sois trop pété aux benzo pour avoir capté le texte mais là  j'pige pas.
Et si c'etait pour dire 'bravo on donne de la metha', c'est pas nouveau et de + en + de pays le font (en prison voir meme en ville dans des pays comme le Maroc dont le 1er centre metha va/viens (je sais pu) d'ouvrir !

Donc merci d'avance pour les precisions.

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elychips femme
Nouveau Psycho
Inscrit le 09 Nov 2013
115 messages
Les échanges de seringues c'est pour la rdr en prison, peut-être que tous les prisonniers n'ont pas envie de prendre de la metha, ou peut-être qu'il y en a qui se l'injecte tout simplement!

Par contre j'ai pas compris le "autant les laisser libres", si ils ont tué quelqu'un vaut mieux qu'ils purgent leur peine quand même et ça a pas de rapport avec leur addictions, enfin je pense

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noibé homme
Psycho sénior
Inscrit le 30 Jan 2013
786 messages
À mon avis et d'après mon humble experience(pas en Moldavie certes mais c pareil dans ttes les prisons au monde)le trafic de stups est pour certains le seul moyen de se faire(pas mal) de fric déjà  avec les drogues douces comme cannabis mais encore plus avec l'hero ou la coke,qui en France est vendue au minimum le double voir le triple des prix de rue,donc si t'aq quelqu'un d  qui peut t'en amener au parloir c'est tt bénéfice!!
D'autant que la demande est supérieure à  l'offre,ça se vendra de ttes manières.
Amicalement

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ex bakounine homme
Psycho junior
Inscrit le 02 May 2013
360 messages
Des pompes en zon, bien sur! @LEX
Exemple:
  Un ud, injecteur d'  heroine,accroché, qui  ne prend pas de tso, ou qui se fournit a l'occasion en tso de rue, et qui se fait serrer avec 100 gr de rabla, déja pour lui la galère débute en garde a vue, si le toubib qu il voit ,lui sort le trop entendu : "on n' a jamais vu quelqu 'un mourir d'un manque d'heroine", alors a moins de se faire hospitaliser(auto mutilation....) ce sera pour lui : 0 metha /0 subu.
  Il aura droit au mieux a un benzo.
  Des toubibs comme ça , ça existe.
C est meme quelquefois-et souvent dans ces cas la - le flic qui l'écoutait depuis 6 mois, qui ,lui donnera "en douce", du sub ou de la metha,( produits gardés d une précédente affaire ,par exemple). Ceci pour avoir une audition a peu prés normale, ou l'ud signera pas , en chien, qu il est le nouveau pablo escobar.
Si cet ud part en m.a., sachant qu il n'etait pas sous tso, avant son incaceration, son accés a un tso sera plus long (visites et évaluations du toubibs...).
Encore faut il que comme aujourd'hui-1er mai- ,ce ne soit pas un jour ferié, un soir, un WE......
Si , le mec tombe dans la m.a." type", on lui aura proposé ,avant le toubib, du subutex, ou de la rabla, et "avec un peu de chance", une pompe.....(pas une 1ere main).
Meme une fois le tso installé , celui qui a du pognon et peut cantiner, fera ses petits echanges pour se procurer le plus souvent possible de la rabla, ( et il  y a X  autres manieres de se fournir) .
    Alors , oui, des pompes steriles en milieu carceral , permetra a se consommateur /dealer, de ne pas se manger une double peine :  son temps et UN PUTAIN DE VIRUS.

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