Je peux peut être te parler un peu de mon expérience personnelle pour te donner le point de vue d'une anxieuse comme toi mais plus âgée.
J'ai un trouble anxieux généralisé diagnostiqué il y 6 ans. Il serait chronique et présent sans doute depuis 15 à 20 ans.
Pendant toutes ces années, mon anxiété démesurée, mon hyper sensibilité, m'ont conduit, pour être socialement insérée, à une addiction au codoliprane en vente libre à l'époque (paracétamol et
codéine). Je gobais ce médoc le soir en me couchant pour tenir en laisse mes débordements anxieux et j'ai cru pendant des années que je ne pourrais jamais faire autrement.
Avec le recul, j'ai fini par voir un processus à l'oeuvre. Même lorsque j'étais persuadée que cette addiction était la seule solution pour moi, je n'ai tout de même jamais cessé de réfléchir et de garder une forme de critique de mes propres pensées. Je n'ai jamais été heureuse dépendante et je me suis accrochée à ce fil de lucidité au fond de moi, même si j'étais impuissante.
Il n'y a pas de honte à penser comme tu le fais mais garde un peu d'esprit critique, d'interrogations sur tes agissements et sur ton futur. Se demander s'il existe d'autres solutions, c'est essentiel.
C'est comme ça que peu à peu j'ai bougé, évolué jusqu'à trouver la force d'entamer un
sevrage dégressif, celui qui a été réellement à son terme. J'ai alors découvert que si la difficulté physique a été terrible, l'envie de consommer avait disparu avec les années et l'évolution de mes pensées.
J'ai aussi découvert qu'un simple antidépresseur fonctionnait parfaitement bien sur mon anxiété. Je sais que tout le monde n'a pas cette chance mais chez moi, ça a été spectaculaire, au point de me libérer d'un énorme poids intérieur, comme si on avait vidé un étang dans lequel je pataugeais depuis des années.
Aujourd'hui, j'ai réduit cet antidépresseur car il limitait mes émotions mais l'anxiété est assez bien gérée. J'ai suivi une thérapie comportementale au début (essentiel pour réduire les crises anxieuses) et maintenant elle est plus classique pour comprendre les mécanismes de l'anxiété et son origine. Il ne s'agit pas de ressasser son passé mais de comprendre ce qui a conduit à ces débordements pour tenter de défaire des réactions automatiques (pas encore gagné de ce côté...mais bon, j'avance).
Il y a 20 ans entre la période où je pensais que cette dépendance était le seul moyen pour gérer mon anxiété en étant insérée et maintenant où je n'ai plus d'envie de consommer, arrêté les anxiolytiques pris temporairement (3 ans quand même) sans envie d'en reprendre.
Ouf c'est fini. Je te souhaite le meilleur et surtout de ne jamais cesser de te questionner qui est bien là puisque tu as fait ce post.