Première apparition médiatique de Psychoactif dans le Monde. Avec également, Fabienne Lopez de Principe Actif. Ca fait plein d'actifs !
Marisol Touraine fait un premier pas vers le cannabis thérapeutiqueLE MONDE | 01.03.2013 à 12h27
C'est une mince avancée, mais un fort symbole. Le ministère de la santé étudie la modification d'un décret qui permettrait de lever l'interdiction de la commercialisation de tout médicament dérivé du
cannabis. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pourrait alors évaluer le
Sativex, et éventuellement donner son accord à la mise sur le marché de ce spray, disponible ailleurs en Europe, qui permet de soulager les douleurs et contractures sévères de certains patients atteints de sclérose en plaques. Pour la première fois, le
cannabis est donc envisagé non plus seulement comme stupéfiant, mais aussi comme médicament.
"UNE PETITE VICTOIRE POUR LES MALADES"
"C'est une belle surprise même si le
Sativex ne répond pas à tous les besoins, et une petite victoire pour les malades qui jusque-là avaient bien du mal à se faire entendre dans un débat très politique", se réjouit Fabienne Lopez. Elle préside Principe actif, association dont les membres cultivent du
cannabis pour se soigner. "A 57 ans, je ne vais quand même pas aller en acheter dans la rue", confie cette femme atteinte d'un cancer.
"Un tabou est brisé. Cela pourra rendre service aux patients atteints de sclérose en plaques qui n'avaient pas accès au
cannabis illégal. Mais les malades du VIH ou d'un cancer ne pourront toujours pas profiter des effets bénéfiques du
cannabis, ou resteront dans l'illégalité", estime Pierre Chapard, président de Psychoactif, association d'usagers et ex-usagers de drogue, dont certains à usage thérapeutique. Le
cannabis peut soulager les douleurs, atténuer le manque d'appétit des malades du sida ou réduire les nausées lors d'une chimiothérapie.
L'éventuelle autorisation du
Sativex est une "excellente idée", juge Bertrand Lebeau, addictologue à l'hôpital de Montfermeil. La situation actuelle l'exaspère : alors que des patients qui consommaient déjà du
cannabis en trouvent sans difficulté une fois malades, des personnes âgées lui disent vouloir en bénéficier, mais ne pas savoir comment s'en procurer et ne pas vouloir braver la loi.
PRESSÉE PAR BAYER
Quelques malades ont déjà pu bénéficier des effets du
cannabis, par le biais d'une autorisation temporaire d'utilisation de l'ANSM, à titre nominatif et sur demande d'un médecin hospitalier, une fois tous les traitements autorisés essayés en vain. Mais "c'est très difficile à obtenir, arbitraire et chronophage", explique le Dr Lebeau. Depuis 2001, l'agence a reçu 150 demandes pour le Marinol, médicament à
base de
cannabis, une centaine d'autorisations ont été accordées. Elle en a reçu 50 pour le
Sativex, mais jamais donné d'accord.
Son fabricant, Bayer, a fait deux demandes d'autorisation de mise sur le marché, qui ont été refusées. Alors que son médicament est autorisé au Royaume-Uni, il a fait un recours devant le Conseil d'Etat. Ce qui explique en bonne partie la réflexion lancée par le ministère.
Le sujet reste sensible. Dans le magazine Valeurs actuelles du 28 février, qui a révélé la démarche du ministère, Serge Lebigot, président de Parents contre la drogue, déplorait une "première étape vers la
dépénalisation". En réponse, le ministère insiste sur "la plus ferme opposition" de Marisol Touraine à l'autorisation du
joint récréatif. Et rappelle que des médicaments existent à
base d'
opiacés, donc de stupéfiants, dont l'utilisation est strictement encadrée.
Laetitia Clavreul
Source : Lemonde.fr