Témoignage personnel – Rapport différencié à l’oxycodone et aux substances psychoactives

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#biodisponibilité #cerveau #dependance #opioïde #oxycodone
Bergamote femme
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France
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Hello à tous,

Durant une période de dépendance à l’oxycodone, un épisode m’a profondément interpellée et reste, encore aujourd’hui, un élément clé de ma compréhension du phénomène d’addiction.

Alors que je me trouvais en rupture de traitement lors de vacances à l’étranger, un médecin ibérique m’a prescrit en urgence de l’oxycodone à libération rapide, afin de contenir les symptômes de manque. Les effets ont été immédiats : la douleur physique était bien soulagée, et le manque a disparu. Mais à ma grande surprise, je n’ai ressenti aucun effet de bien-être, de boost, ni d’euphorie psychique. L’oxycodone ibérique, bien que visiblement efficace sur le plan médical, n’avait strictement rien de “plaisant”.

Ce contraste est d’autant plus frappant que, dès mon retour en France et la reprise de mon traitement habituel (Oxycodone Arrow, également en libération rapide), les effets de kick et de stimulation mentale sont revenus dès la première prise.

J’ai donc été confrontée à deux produits présentés comme identiques, censés contenir la même molécule, dans le même dosage, avec la même vitesse d’action, mais dont les effets subjectifs étaient radicalement opposés.
Pendant trois semaines à l’étranger, je n’ai jamais ressenti la moindre envie de consommer plus, ni de prolonger la prise une fois la douleur stabilisée;
en même temps, j’ai surtout très vite compris qu’il ne se passerait rien de plus en terme de kick. J’en suis donc restée à une posologie « santé », sans abus.
Ce n’est qu’à mon retour en France, face à une formulation visiblement différente dans ses excipients ou sa biodisponibilité, que la chute s’est prolongée.

Cette expérience m’a fait prendre conscience que la dépendance peut être conditionnée de façon très fine, par des paramètres souvent invisibles aux patients (et même parfois aux prescripteurs) : un changement d’excipient, de mode de fabrication, de biodisponibilité, ou d’effet sur le système nerveux central peut suffire à transformer un traitement en piège.


Je me permets également des précisions quant à mon rapport général aux substances psychoactives
Il me semble utile de préciser que, malgré ce que j’ai vécu avec l’oxycodone, je n’ai jamais été de nature « accrochable » aux médicaments ou aux drogues, tant qu’ils ne déclenchaient pas un effet de “récompense” subjectif immédiat et intense.

À différents moments de ma vie, j’ai consommé régulièrement plusieurs substances potentiellement addictives, que ce soit pour du festif ou pour des raisons de santé pures : cannabis (consommation festive régulière et quotidienne pendant 4-5 ans), Tramadol (santé), Skenan (santé), benzodiazépines (santé), ainsi que la méthadone actuellement, dans un cadre thérapeutique (en tant que TSO oxycodone justement + antalgique pour raison de santé). Pourtant, je n’ai jamais ressenti le besoin d’augmenter les doses de chacun de ses prods, ni rencontré de difficulté particulière à arrêter, notamment les médicaments, dès lors que ces derniers ne procuraient pas d’effet psychotrope plaisant ou d’euphorie.

Par exemple, à l’époque où je fumais du cannabis, j’ai cessé du jour au lendemain à la faveur d’un changement de vie soudain. Aucun symptôme de sevrage, aucune détresse, simplement un peu d’ennui les deux premiers jours — sans aucune souffrance physique ou psychique.

Ce qui s’est produit avec l’oxycodone (et uniquement avec une certaine formulation) est donc pour moi une exception précisément liée à la puissance du kick ressenti, à la fois comme soulagement et comme boost psychique. C’est ce plaisir net et rapide, ce sentiment de récompense immédiate, qui a fait basculer mon rapport au produit, et non un besoin de compensation émotionnelle généralisée.

Je crois que ce type de fonctionnement, que j’ai longtemps considéré comme un simple trait de caractère, voire un “avantage”, mérite d’être mieux compris et pris en compte. Tous les patients ne réagissent pas pareil aux substances. Certains, comme moi, peuvent vivre des années de consommation sans accroche, puis basculer uniquement lorsque la molécule agit de façon précise sur leur système de gratification; ce qu’il m’est arrivée avec l’oxycodone.

Ce n’est pas un manque de volonté bien sûr qui m’a fait tomber, on le sait tous ici, trouble de l’addiction etc, mais un effet neurochimique ciblé, inattendu, et redoutablement efficace. Et cette différence, aussi subtile soit-elle, change tout.

J’aurais aimé échanger de cela avec vous, pourquoi pas avec d’autres personnes qui se reconnaîtraient en moi. Je mets au passage le doigts sur l’importance des excipients, du mode de fabrication, de la biodisponibilité d’un médicament qui pourrait alors peut-être créer moins de dégâts lors de sa mise en place.

Dernière modification par Bergamote (Hier à  23:45)

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Marco 68 homme
Psycho Head
Italy
champi vert8champijaune1cxhampi rouge0
Inscrit le 29 Jan 2019
2384 messages
Ciao
C'est très intéressant ton sujet je te conseille de t'adresser à l'agence de surveillance des médicament qui récolte les témoignages comme le tien
Enjoy

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