Sevrage Codéine et maladie chronique sous-jacente

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Jérome homme
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Bonjour,

je vous contacte pour trouver du soutien et des conseils dans le contexte de mon sevrage de la codéine. J'ai par le passé connu quelques périodes d'addictions assez courtes impliquant des prises relativement modérées de substances psychoactives (à  part une conso délirante de Lexomil il y a longtemps).

Le problème est que depuis 2 ans et suite à  une erreur médicale, je dois vivre avec des douleurs forte très handicapantes (impossible de sortir de chez moi assez fréquement à  cause des douleurs).

Pour palier ces douleurs j'ai essayé le Kratom. Il en a résulter une dépendance assez forte et un sevrage douloureux. Egalement, avant ma maladie, j'ai connue la codéine avec une période d'addiction de 4 mois et demi à  des doses autour de 200 mg/j. Bref les opiacée sont imprimés dans ma petite tête. Le petit démon à  sa petite maison dans mon cerveau...


Récemment (il y a deux mois et demi), je suis retombé dans la codéine. Je résistais à  l'envie de prendre des antalgiques malgré la douleur mais d'autres difficultés hors santé m'ont fait craquer et reprendre la codéine.

J'ai arrêté brutalement lundi dernier. Depuis, les symptômes physiques de sevrage se sont nettement estompés. Le pire à  été les deux premiers jours. J'ai accélérer un peu le sevrage avec des doses non saturantes de naltrexone (3 à  4 mg / jour), préférant morfler un peu plus pendant 2 jours plutôt que d'avoir un pic de symptômes au bout de 3 à  4 jours comme lors des précédant sevrages.

J'ai préféré cette méthode de sevrage mais ne la conseillerais à  personne eu égard au caractère complètement empirique du dosage de naltrexone (je n'ose pas imaginer mon état si j'avais pris 50 mg d'un coup). Qui plus est ma consommation de codéine sur ces deux mois et demi fut qutotidienne mais relativement modérée (environ 180 mg/jour de codéine en 3 prise de codoliprane espacée de 6 heures).

Alors voilà , je n'ai presque plus de symptômes physiques de sevrage mais quid de la suite... Si je n'étais pas malade chronique, je pense que je tiendrais sans opiacée car je suis bien entouré et inséré professionnellement, avec une femme et un fils formidable. Le problème c'est cette foutue maladie qui m'anéantit. J'ai l'impression d'être dans une terrible impasse. Soit je suis drogué, soit je souffre. Je n'ai pas d'espoir d'être sans opiacés et bien. Ma maladie n'a que peut de chance de s'améliorer...

Je ne sais plus trop quoi faire... Reprendre les opiacés? S'il n'y avait pas cette foutue accoutumance et le besoin d'augmenter les doses pour être soulagé, je n'hésiterais pas...

J'espère que mon (long) message n'est pas trop illisible. Le moral n'est pas là , la concentration non plus.

Au plaisir de vous lire.

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Syam homme
गोविन्द राधे राधे श्याम गोपाल राधे राधे
Inscrit le 26 May 2015
3358 messages
Jérome, attention je ne te dis pas de le faire mais tu dois savoir que dans le cas d'une maladie à  la douleur insoutenable, les opiacés ne sont pas une drogue mais un traitement. Si tu en as besoin pour vivre dignement, il n'y a AUCUNE culpabilité à  avoir mais alors AUCUNE.

L'augmentation des doses est certes un problème, et ça signifie qu'il faudra probablement vivre avec toute ta vie, c'est ça la seule question qu'il faut te poser et non pas envisager le problème sous l'angle moral des drogues qui n'a rien à  voir avec ta situation. Pour toi c'est uniquement un traitement éventuellement nécessaire.
Quand on augmente les doses par nécessité à  cause de la tolérance, d'abord si c'est bien fait ça dure très longtemps, après la codéine, tu as des choses plus fortes et les dosages sont augmentables encore et encore tant que c'est nécessaire. Les médecins savent faire ça et sont prévenus des mécanismes.
Dans les cas les plus sévères, il se produit parfois qu'on sort des normes prévues, mais qu'un palier finalement se révèle avec lequel il n'est plus nécessaire d'augmenter. Et certains vivent toute leur vie avec de telles doses. C'est clairement un soucis, c'est un handicap bien entendu... Mais la douleur est peut-être un handicap supérieur. Donc renseignes-toi bien et sors de la vision "drogue, drogué". Tu as à  peser le pour et le contre dans ce qui risque d'être une escalade de dosage... Mais peut-être aussi le retour à  une vie supportable, reprendre des activités bénéfiques, des sorties, voire même du sport et profiter de la vie, de tes proches etc. Tu vois il faut bien y penser.

Bien entendu le mieux serait d'en discuter avec un algologue compétent, ce serait mieux si tu veux reprendre un traitement opiacé, que tu le fasses sous prescription et surveillance d'un médecin, tu te sentiras plus serein et tu pourras en parler avec lui tous les mois au moment de l'ordonnance pour tirer le meilleur parti du traitement et pas trop déraper.

Dernière modification par Syam (11 juillet 2016 à  20:23)


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Jérome homme
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Inscrit le 27 Oct 2015
8 messages
Merci pour ta réponse Syam.

Le problème est que je peux vivre, de manière, certe, beaucoup plus limitée sans antalgique de niveau II et III. Mes douleurs sont assez fluctuantes et j'alterne entre crises (25% du temps) durant lesquelles le niveau est intolérable (évalué à  7 ou 8 / 10) et période plus calmes (douleur entre 2 et 3 voir 4 / 10).

Avec les opiacés, je n'arrive pas à  me discipliner. Je reprends en période de crise mais n'arrête pas quand la tempête est passé. Je sens également que rapidement je prends plus que la dose qui atténue suffisamment les douleurs pour une autre finalité ... que tout un chacun ici connait bien.

La vérité est que cette maladie due à  une erreur médicale m'a fait perdre une grande partie de mon autonomie, m'interdit tout sport y compris doux (j'étais un grand sportif avant) et me contraint énormément au point de vue alimentaire (bref la vie de frustration parfaite). Je tiens tant bien que mal grâce à  mon entourage et aux passions qu'il me reste (aquariophilie). J'ai la chance de pouvoir continuer mon travail 100% à  domicile car je suis mathématicien. Ce qui me reste n'est parfois pas assez à  mon gout et c'est alors qu'il me faut une béquille, ... chimique.

Revenons à  nos moutons (bah oui les opiacés c'est doux comme la laine), honnêtement, je sens bien que j'apprécie autant le soulagement de la douleur que le petit coté planant que j'avais découvert avant mes problèmes de santé; d'où mon manque de rigueur flagrant et ma peur de reprendre.

Avant ma maladie j'ai toujours eu une tendance dépressive et un déficit d'attention très marqué (ne me demandez pas comment j'ai pu décrocher mon doctorat en maths, ça reste un mystère Osmile).

Sur le fond je trouve ton discours de très bon conseil, simplement, et je me répète, j'ai ce manque de discipline et cette attirance pour les opiacés qui dépasse le cadre antalgique, d'où ma peur de reprendre et de tomber dans une spirale plus toxicomane que médicale.

Je vais essayer l'inverse des opiacés : la naltrexone à  faible dose (LDN : Low Dose Naltrexone) qui donne de bon résultats chez certains avec ma condition. Succinctement, l'idée de la LDN est de prendre au couché une dose suffisamment faible de naltrexone pour que le blocage des récepteurs opioïde ne dure pas 24H. Le bloquage pendant la nuit fait que le lendemain le corps se "venge" en produisant plus d'endorphine (entre autre) induisant un soulagement de la douleur, une réaction anti-inflammatoire, ainsi que d'autres bienfait sur des maladies chroniques.

Je n'ai pas spécialement une vision drogue / drogué dans le sens ou pour moi les toxicomanes "se soignent", consciemment ou pas. Ils (et je d'ailleurs) compensent peut être un état émotionnel par la drogue, état lié soit aux rigueurs de la vie, soit à  un terrain physiologiquement défavorable (déficit en neurotransmetteur d'origine génétique ou iatrogénique). C'est peut être un peu prétentieux pour moi de chercher à  expliquer la toxicomanie alors que je ne suis pas expert en la matière, c'est juste un ressenti, en parti basé sur ma modeste expérience / intuition personnelle.

en tout cas merci pour tes conseils. Il me faut une période pour peser le pour et le contre des différentes alternatives. Tout autre avis est le bienvenu.

PS: autre vice de ma maladie, j'ai interdiction de prendre tout antalgique anti-inflammatoire, stéroïdien ou non... Hors opiacés, il me reste le paracétamol...

Dernière modification par Jérome (11 juillet 2016 à  21:21)

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Syam homme
गोविन्द राधे राधे श्याम गोपाल राधे राधे
Inscrit le 26 May 2015
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Oui je comprends Jérome, et je suppose que tu as saisi ma démarche. En effet personnellement j'arrive (pourvu que ça dure) à  me discipliner sans effort : en fait autant j'adore prendre un trip opiacé récréatif à  l'occasion, autant être sous Oxy pendant deux ou trois jours pour la douleur ça me gave plus qu'autre chose et je suis même ravi d'arrêter quand j'en ai plus besoin. Et pour beaucoup de gens c'est pareil. Mais une certaine marge de la population ne peut pas se discipliner, c'est pas par manque de volonté (le doctorat de math est sans doute pas plus facile) mais selon les experts américains, c'est une particularité du phénotype et des récepteurs, maintenant ils testent génétiquement avant de donner un traitement opiacé pour les détecter.

Donc je trouve ton raisonnement plein de bon sens, c'est peut-être bien ce qu'il faut faire, mon soucis était juste que le choix ne soit pas dicté par une fausse morale, mais bien par une analyse rationnelle lucide de la balance entre pour et contre. Et que tu saches que ta tendance à  l'addiction immédiate sur les opiacés n'est pas une faiblesse, mais sans doute une réalité physiologique. Apparemment tu savais déjà  tout ça wink

Pour les AI qu'ils soient NS ou S ils sont rarement recommandables. On est beaucoup à  pas pouvoir les prendre parce que tout en soignant les symptômes, ils aggravent en fait la cause. Et beaucoup les prennent en ignorant que cela aggrave leur maladie. Restent les AI naturels (botwellia harpagophytum curcuma) et l'aspirine qui marche pas si mal en tant qu'AI.

Dernière modification par Syam (12 juillet 2016 à  01:14)


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Mister No homme
Pussy time
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Avec les opiacés, je n'arrive pas à  me discipliner. Je reprends en période de crise mais n'arrête pas quand la tempête est passé. Je sens également que rapidement je prends plus que la dose qui atténue suffisamment les douleurs pour une autre finalité ... que tout un chacun ici connait bien.

Je pense que tu devrais clairement consulter un algologue. Je pense également qu'il te faudrait en permanence un minimum d'opi, à  ajuster en fonction de la douleur. Prendre en charge la douleur, c'est prendre en charge aussi le traitement. Si le traitement provoque un manque et une dépendance (que tu aimes les effets ou pas ça change rien), bin, il ne faut pas l’arrêter complètement, trouver un dosage de confort et pouvoir ajuster par la suite.
Que tu apprécies les effets des traitements, c'est pas grave en soi, c'est aussi ce qui peut permettre de mieux supporter la situation. Ce qui pourrait être gênant, c'est que par gout pour les opiacés, tu mettes ta santé en danger avec les doses ou que tu sois dans la course permanente pour de nouvelles ordonnances.
A partir du moment où tu n'es pas dans cette situation, il te faut accepter la dépendance au traitement et entendre qu'elle ne signifie pas forcément de prises de risques.
Pas de manque, mais pas de prise de risque et surtout une bonne prise en charge de la douleur.
Apprécier les effets des traitements, ce n'est pas forcément dramatique. Comment tu vis ton rapport au traitements ? Qu'est ce qui te dérange le plus dans la prise d'opis ? Tu vis mal le fait que ça puisse être continu à  petit dosage quand la douleur ne le justifie pas ou tu n'y parviens pas ? Là  encore, je suis persuadé qu'un algologue pourrait t'aider à  voir plus clair surtout si tu lui exposes ton gout prononcé pour les effets de ce qui soulage ta douleur.
Bon courage.


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