Au Canada, des restrictions concernant la
codéine sont également à l’ordre du jour.
Néanmoins, la situation diffère de ce qu’on observe en ce moment en Australie
(lien), et en France (où manifestement les exemples intéressants et initiatives intelligentes de ce qui se passe ailleurs n’inspirent pas les "décideurs") :
1- Le projet est discuté préalablement via une
consultation publique.
2- Les
pharmaciens sont plutôt favorables à la mise sous ordonnance, mais sollicitent toutefois que dans
certaines conditions, ils soient habilités à
délivrer de la codéine 3- Le
ministère de la santé (Santé Canada) soulève lui-même le problème du
risque que les usagers se tournent vers des produits opiacés illégaux et plus dangereux.
Vers une interdiction de la vente libre de codéineSanté Canada a l'intention d'interdire la vente libre des médicaments contenant de la codéine, un opioïde dérivé de la morphine largement consommé, qui peut mener à la dépendance.Les antidouleur, sirops pour la toux et autres médicaments qui contiennent de la
codéine pourraient bientôt n'être vendus que sur présentation d’une ordonnance d’un médecin.
Environ 600 millions de comprimés à faible dose de
codéine, soit quelque 20 cachets par personne, ont été vendus dans le pays en 2015, indique l’avis réglementaire du ministère.
Plus de 500 personnes ont suivi une cure de désintoxication rien qu’en Ontario entre 2007 et 2015, en raison d’une dépendance à la
codéine, qui ne leur avait pas été prescrite, peut-on encore lire dans cette note gouvernementale publiée dans la Gazette du Canada.
Alors ministre de la Santé, Jane Philpott avait averti l’an dernier qu’elle pourrait renforcer les règles en matière de vente libre de produits à
base de
codéine. Elle soulignait, lors d’une conférence à Toronto en juin 2016, que la dépendance que pouvaient engendrer ces médicaments devait être freinée.
Consultation publiqueLes modifications potentielles à la réglementation canadienne visant à exiger que tous les produits contenant de la
codéine ne soient vendus que sur ordonnance – comme c’est déjà le cas notamment au Manitoba, dans certains États américains et dans plusieurs pays européens – sont actuellement soumises à commentaires.
Les Canadiens ont jusqu’au 8 novembre prochain pour faire part de leurs observations à Santé Canada.
Présentement, on peut acheter des médicaments qui contiennent un maximum de 8 mg de
codéine par comprimé ou de 20 mg par flacon de 30 ml si la
codéine est combinée avec deux autres ingrédients médicamenteux, comme la
caféine et l’acétaminophène.
Ces produits à
base de
codéine à faible dose sont accessibles sans ordonnance dans la majeure partie du Canada, sauf au Manitoba, où des exigences plus strictes sont entrées en vigueur en février 2016. L’Australie bannira aussi la vente libre de ces produits en février prochain.
Plusieurs effets secondairesL’Association des pharmaciens du Canada a écrit à Jane Philpott en novembre dernier pour appeler le gouvernement à prendre une telle disposition.
« Les patients peuvent développer une dépendance à la
codéine très facilement, et même avec de plus faibles doses », a déclaré la porte-parole de l'Association, Shelita Dattani, qui accueille favorablement la nouvelle mesure proposée.
Le corps métabolise la
codéine en
morphine, une drogue qui peut entraîner de la dépendance. S’ils sont pris en grande quantité, les médicaments à
base de
codéine peuvent aussi causer d’autres effets secondaires préjudiciables, tels que des lésions au foie.
L’Association souhaiterait également qu’Ottawa désigne
des pharmaciens et des médecins qui soient habilités à prescrire les médicaments figurant dans la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, et qu’ils puissent ajuster les dosages et les quantités d’opioïdes prescrits, y compris la codéine, ajoute la porte-parole.
Limiter l’accès aux produits à faible dose de codéine pourrait conduire à l’utilisation d’autres drogues potentiellement plus dangereuses que la codéine ou encore mener certains utilisateurs à se procurer les opioïdes sur les marchés illicites plutôt qu’auprès des professionnels de la santé, s’inquiète toutefois Santé Canada.
Cependant, l'organisme estime que de telles modifications à la réglementation obligeraient les patients à passer par le système de santé et à avoir un entretien avec un médecin, qui serait à même de leur prescrire le médicament approprié.
Les analgésiques sans
codéine procureraient un soulagement de la douleur comparable à celui qu’offrent les produits à
base de
codéine à faible dose vendus sans ordonnance, mentionne Santé Canada, qui se fie à de nombreuses études publiées.
Source : Radio Canada 12 septembre 2017
Dernière modification par Gilda (13 septembre 2017 à 15:24)