Compatibilité de l'alcool et des traitements contre la bipolarité

Bonjour,

C'est la 1ère fois que je m'exprime sur ce forum car perso, mon addiction c'était la codéine pas l'alcool. J'ai fait un sevrage dégressif de la codéine seule puis en CSAPA et je suis dans ce qu'on appelle le syndrome post sevrage, fait de hauts et de bas.

En fait, je viens poser des questions pour une jeune fille de 21 ans qui me préoccupe beaucoup. Elle va mal depuis longtemps et elle boit (régulièrement ou non, il y a eu les deux) sans doute depuis qu'elle a 15 ans.

Elle vient d'être diagnostiquée bipolaire et elle prend un traitement composé de thymorégulateurs (orthographe improbable), anxiolytiques (qu'elle prenait déjà avant du xanax à faible dose) et un AD, du prozac, qu'elle prenait aussi d'avant quand les médecins la croyaient dépressive. Pour l'instant, elle n'est pas stabilisée, loin de là. Il semblerait qu'il faille arrêter l'AD mais cela ne serait pas possible pour l'instant, ce qui n'aiderait pas.

Elle boit tous les jours et elle se torche carrément environ 2 ou 3 fois par semaine avec de l'alcool fort.

Perso, mon addiction à la codéine a pour origine un trouble anxieux généralisé, ce que j'ai découvert en CSAPA. On ne peut pas comparer un simple TAG avec une bipolarité mais je pense que cette jeune fille boit pour supporter les crises de sa maladie.

Ma question est la suivante, les traitements contre la bipolarité sont ils totalement incompatibles avec l'alcool. Est-ce que boire peut aggraver son état ?

Si je demande cela  c'est que je sais parfaitement qu'on ne peux pas réussir un sevrage quand on est pas près. Moi j'ai mis 10 ans pour être prête. Actuellement, elle n'est pas capable d'entamer un sevrage alcoolique et elle pense que faire une cure la conduira à reboire en sortant.

Sachant qu'en addictologie il y a un vrai pragmatisme, est il possible d'envisager une stabilisation de son état avec les médocs, avant de passer au sevrage?

Au contraire,  boire aggrave t'il son état auquel cas, elle va devoir arrêter pour se stabiliser ?

Je suis inquiète et touchée par cette jeune fille qui dérive doucement. J'ai peur qu'elle se mette en danger et tombe dans de mauvaises mains car ses relations familiales sont, comment dire, complexes.

Je lui ai proposé de l'accompagner au CSAPA de Sainte Anne ou de Marmottan à Paris pour une 1ère rencontre qui pourrait au moins lui donner un ordre de priorité mais pour l'instant, elle a trop peur, d'où mes questions. J'aimerai avoir une meilleure visibilité pour l'aider sur un sujet auquel je ne connais rien. Merci

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#2 
Fluche femme
Psycho sénior France
26 novembre 2018 à  12:19
Hello Lila,
Cela dépend ce qu'elle prend comme thymorégulateur. Pour le lithium j'ai trouvé :

Alcohol can increase the nervous system side effects of lithium such as dizziness, drowsiness, and difficulty concentrating. Some people may also experience impairment in thinking and judgment. You should avoid or limit the use of alcohol while being treated with lithium. (https://www.drugs.com/food-interactions/lithium.html )

Pour ce qui est des antiépileptiques, par exemple :

Alcohol can increase the nervous system side effects of valproic acid such as dizziness, drowsiness, and difficulty concentrating. Some people may also experience impairment in thinking and judgment. You should avoid or limit the use of alcohol while being treated with valproic acid.
(https://www.drugs.com/food-interactions … -acid.html )

Du coup pareil, augmentation des effets secondaires neurologiques.

Si c’est un neuroleptique il y a potentialisation des effets de l'alcool, ce n'est pas très recommandé, sans parler que les deux tapent sur le foie à la longue.

J'en profite pour lui recommander de ne pas prendre sa contraception à la légère, les thymorégulateurs (lithium et antiépileptiques) ont des effets tératogènes terribles.

Je pense que tu connais les interactions benzo/alcool (downers du SNS).

Pour le Prozac, toujours la même mise en garde de la FDA :

Alcohol can increase the nervous system side effects of FLUoxetine such as dizziness, drowsiness, and difficulty concentrating. Some people may also experience impairment in thinking and judgment. You should avoid or limit the use of alcohol while being treated with FLUoxetine.

(https://www.drugs.com/food-interactions … rozac.html )

Toutes ces interactions sont notées comme "modérées" par la FDA (pas les plus imlportantes donc)

Ensuite, est-ce que boire peut aggraver son état ? C'est une question de poule et d’œuf : est-ce qu'elle boit plus quand elle se sent plus mal, est-ce qu'elle se sent mal quand elle boit plus, est-ce que les deux ?

Je pense que ta démarche de l'accompagner dans un Csapa est la meilleure chose à faire.

Bonne chance, à toi et à elle.

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Merci de ta réponse Fluche.

Je crois qu'en effet la meilleure solution c'est de l'accompagner au CSAPA, peu importe qu'elle ait ou pas l'intention ou la force de se sevrer maintenant. Il faut faire un 1er pas et je vais tenter de l'accompagner en espérant qu'elle ne va pas changer d'avis.

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Le mieux serait qu'elle accepte de prendre rendez-vous seule...

Just say no prohibition !

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Je sais, mais je crains qu'elle n'y aille jamais seule.

L'accompagner pour son 1er rendez vous c'est une façon de lui faire rencontrer ce monde de l'addictologie et si elle n'y retourne pas tout de suite après, elle saura que cela existe et qu'au fond du trou, elle aura toujours cette option.

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Fluche a parfaitement raison mais j'ai peur que l'évocation des dangers soit sans effet sur ses consommations.
Comme tu le dis c'est l'oeuf ou la poule mais l'oeuf précède la poule, donc je crois que l'urgence est de réduire sa souffrance psychique. C'est évidemment une tâche qui s'annonce lourde et il faudra probablement être très patient.
Il me parait essentiel de bien préciser au CSAPA qu'elle ne cherche ni le sevrage ni une accentuation de son traitement mais, pour le moment, d'y voir plus clair dans sa souffrance.
Et, peut etre, au passage pourra t on évoquer un meilleur contrôle de sa consommation d'alcool.

Je ne suis pas d'accord avec le conseil de la laisser y aller toute seule, je pense qu'elle a besoin d'aide et que ton appui pourra etre important. Mais, bien sûr, il faut quand même que la décision vienne d'elle et que tu te "contentes" de l'aider sur ce point, sans la contraindre.
Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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