[ Lorazépam ]

Tolérance aux benzos et aux z-drugs

Bonjour,

Je suis un usager de benzodiazépines depuis bien trop longtemps, souffrant de troubles anxieux généralisé, de dépression liée à l'anxiété et de troubles du sommeil très handicapant.

Mon récit risque d'être un peu long et je n'ai pas l'habitude des codes sociaux des trigger warning mais je vais essayer de bien faire les choses. Je parle de deux événements qui m'ont durablement traumatisé : un suicidé, un attentat dans le même mois.

J'ai recommencé à prendre de l'alprazolam en 2018, en plein bore-out/brown out suite au travail. J'en avais déjà pris pendant trois mois pendant mes études, 10 ans auparavent. J'ai commencé à du 0,5 mg, tout allait bien au début : euphorie légère qui ne shoote pas, l'esprit qui se calme enfin, et je peux ENFIN dormir. Trois semaines plus tard, je me rend compte que je dois passer à 1 mg. Trois semaine après rebelote et je n'ai pas voulu continuer dans l'engrenage. Je connaissais peu le prod, je savais juste que les américains montaient parfois jusqu'à 2mg, voire 4mg. Trois mois plus tard : retour des insomnies+++, suicide de mon meilleur amis, puis une semaine plus tard l'attentat à Strasbourg et guess what? J'étais aux premières loges. Ca ne m'a clairement pas fait du bien. J'ai continué l'alprazolam six mois, avec de moins en moins d'effet, pas de suivi psy à cette époque (grosse connerie), pas d'antidépresseur agissant sur l'anxiété. Et je me suis rendu compte, trop tard, que j'étais accro au xanax. J'en prends, je ne dors pas mieux et bonjour les insomnies d'anxiétés auxquelles je suis habitué depuis mes... 15 ans. J'arrête d'en prendre et c'est l'enfer. Avec des décompensation ou je suis juste horrible à vivre pour mes proches.
Je voulais arrêter en 2019, puis le nouveau boulot s'est montré ultra toxique et stressant, puis l'année passe et bonjour le covid. J'ai réellement pu arrêter cette merde en 2022 - l'année de la grande guerre en Europe. J'ai eu du laroxyl à la place, bon traitement pour ces troubles anxio-dépressif a priori et cerise sur le gâteau : ça apaise certaines douleurs chroniques.

Tout ça pour dire que j'ai une tolérance aux benzo qui s'est construite sur des années, et sur un parcours de vie cabossé. J'ai eu quelques hauts, et beaucoup de bas. En ce moment, c'est la catastrophe. J'ai été mis à la porte comme un malpropre d'un boulot où je m'étais donné sans et âme pendant 18 mois, pile dans le domaine que je cherchais, dans l'IA, en tant qu'ingénieur senior. Ce qui était prévisible arriva : je fais un burn-out carabiné, je replonge, deuil familial + ma meilleure amie assassinée en Guadeloupe (si vous êtes strasbourgeois, vous en avez sûrement entendu parler)... et je replonge. Mon psychiatre me fait mélanger plein de produits différents, ça change parfois toutes les deux semaines. Il tente l'artillerie lourde car les benzos couplés au zopiclone ou au mogadon soit ne me font plus dormir, soit je fais tellement attention que je limite les prises à deux fois par semaines. Pour éviter une nouvelle descente aux enfers addictif, étant de plus mentalement bien plus fragile qu'avant.

A chaque fois sur demande de mon psy, j'ai essayé nozinan, venlaxafine, sertraline, olanzapine, tercian (plutôt pas mal au début mais risque de torsade de pointe avec d'autres prod). Je ne comprend pas du tout ce que mon psychiatre cherche à faire.

J'ai l'impression de métaboliser chaque produit bien plus rapidement que la norme, ce qui pourrait poser problème avec les antidépresseur et les neuroleptiques.

Pour faire simple, ma stack actuelle c'est olanzapine 5mg le soir, avec entre 10 et 25 gouttes de la laroxil, du CBD avec de la mélatonine de temps en temps, et ponctuellement 2,5 lorazepam couplé à soit du modagon (10 mg), soit du zopiclone (7,5 mg), soit du lormétazépam (2mg). Jamais les trois en ensemble

/!\ En revanche ! là c'est dangereux et j'ai conscience d'avoir ponctuellement (assez rarement) des comportement inconscients et irresponsables : à savoir un bon verre de gnôle type armagnac pour descendre tout ça. C'est dangereux. Je ne devrais jamais faire ça, mais ça m'arrive quand même quand même de le faire.

Je cherche depuis plus de 20 ans à improviser au mieux avec mes troubles du sommeil, je cherche à limiter au plus possible les produits dont je peux avoir besoin, et surtout, limiter ce qui relève des benzos et des z-drugs à une à deux fois par semaine.

Ça peut marcher. Je l'ai déjà fait. En revanche c'est un traitement d'appoint et non un traitement de fond.

Je rentre dans beaucoup de détail j'en suis désolé, mais j'ai l'impression que j'en avais besoin pour tout mettre au clair dans ma tête avant de revoir le psychiatre.

Pour vous donner un exemple d'accoutumance : j'ai du lorazépam à 2,5 mg qui m'ont été proscrit. Hier soir je suis monté à 5mg conte tenu de mon accoutumance passé. Je me sentais bien, un bien plus dans le sens "je suis assez chill pour reprendre des pavés d'historiens qui me fascinent tant, plutôt qu'un "bien, je sens que Proxima du Centaure m'attend et que Kadath l’Inconnue m'attendent dès que j'aurais fermé les yeux.

Concrètement, ce que je veux réellement ? Pouvoir accepter la vie telle qu'elle est. Vivre dans ces putain de troubles anxieux dépressifs qui ont un impact de dingue sur mon sommeil. Accepter enfin mon autisme. D'autant que l'effet cumulé du manque de sommeil + des benzos fait que le réveil matinal a tout d'une torture interminable. Difficile d'émerger, difficile de percer la brume qui me fait office de cervelle : cet état où on est moitié réveillé et moitié encore en plein sommeil paradoxal.

Mais, surtout, trouver une solution viable de long terme sans faire appel au benzo, aux z-drugs, à des neuroleptiques qui fonctionnent parfois, mais peuvent être trop hard, notamment en ce qui concerne le risque de prise de poids.

Voilà, désolé, pour les payés, j'ai essayé de faire au mieux.