Je peux t'apporter comment la réaction de mes parents a été aidante. Il y a 40 ans, je shootais environ 1/2 g de blanche quotidiennement pendant 3 ans après quelques années de consommations occasionnelles.
Est arrivé le moment ou le désespoir des
sevrages secs ratés a pris le dessus. Les 3° et 5° jours de l'arrêt sec de l'
héroïne sont les plus difficiles à passer car le 3° est très hard et commençait à germer das ma tête la pensée : "une petite pause serait bienvenue" et le 5°, la forme physique revenant un peu, la tentation de s'en offrir un dernier devenant réalisable (il fallait à l'époque trouver le pusher chez lui et bien sûr se déplacer pour aller chercher, mais bouger redevenait possible au 5° jour. Après de dizaines de
sevrages "ratés", chaque ratage rendant le prochain un peu plus dur, j'ai fait le constat que seul, je n'y arriverait pas, d'autant plus que ma femme consommait aussi et que les essais d'arrêt n'étaient pas coordonnés.
J'étais donc le fameux fils avec une grosse situation professionnelle qui se sentait vide de toute solution autre que de toujours avoir avec moi au minimum un gramme de cette poudre blanche si puissante.
C'était le premier gros échec de ma vie (vécu tel quel à ce moment précis). J'ai donc appelé au secours mes parents et je crois que cela m'a sauvé la vie. Quand je leur ai dit dans quelle situation je me trouvais, leur réponse a été courte et bien efficace :
Ha ! Ce n'est que ça ! On va t'aider.
Et ils l'ont fait sans porter le moindre jugement et surtout aucune parole critique ou inquisitrice, rien de cela. C'est, pour moi, la plus belle preuve d'amour que j'ai reçu dans ma vie. J'ai mis du temps à régler le souci, mais soutenu par des parents qui n'y connaissaient que dalle aux soucis de la consommation d'
héroïne, que dalle sur le manque, que dalle sur la
PAWS (dépression post
sevrage).
Je les remercie à nouveau à l'occasion de ce post, qui me permet de les faire revivre quelques secondes chez les lecteurs du post. Ils sont décédés en 2007 et 2015 (95 ans).
J'ai pensé, j'espère sans me tromper que ce témoignage peut te servir un peu.
Te soucies pas trop, aujourd'hui, entre autre grâce aux
TSO, l'arrêt de la consommation d'
opiacés récréatifs n'est plus une cassure énorme dans l'existence d'une personne grâce à la possibilité d'utiliser les
TSO qui ont une efficacité redoutable et que seuls les ignorants et les intégristes religieux critiquent en disant "on ne remplace pas une drogue par une autre drogue", pensée initiée par le Dr Olivenstein qui a été un frein en France à l'usage de ces traitements que j'utilise depuis 23 ans en me félicitant tous les jours.
Dans le protocole cité par Prescripteur de
sevrage avec l'aide de
TSO, je l'ai fait en 1983 à l'hôpital St Anne en surnombre des 50 personnes sur lesquelles l'essai de la
méthadone était autorisé à Paris pour étude. J'ai eu le droit à un
sevrage progressif sur 5 semaines avec un dosage de
méthadone diminuant lentement. Je n'ai subi aucune souffrance physique ou psychique, le temps des 5 semaines. J'étais même euphorique de faire cela avec tant de facilité tout en travaillant tous les jours. Le dernier gobelet bu, la prescriptrice m'a annoncé que je prenais du sirop neutre depuis 7 jour set que le
sevrage était fini. Que nenni, un mois après, une dépression monumentale m'est tombée dessus et le chemin du pusher existait toujours. Donc échec à moyen terme et ce protocole n'est plus proposé dans les circuits de soins aux personnes usagères de drogues.
Fin de mon témoignage de fils qui prend de la
came (toujours à 71 ans) quand il en a envie ou besoin, mais avec réflexion et sagesse comportementale.
Et tiens le coup, ce n'est pas si horrible que cela de consommer des drogues. Pour beaucoup, c'est indispensable pour corriger certaines déviances comportementales ou psychiques qui les font souffrir, donc des outils d'auto médications échappant au contrôle du corps médical, des produits aussi qui peuvent être des aides précieuses pour mettre le turbo à certains moments de l'existence (examens, épreuves professionnelles, épreuves sentimentales, etc....).
Il est indispensable de ne plus écouter les phrases de certains politiques ignares qui parlent encore de LA DROGUE, l'associant à la merde alors qu'il existe des centaines de drogues différentes non compatibles sous la même appellation.
Amicalement
Fil