Opiacés et maladie chronique

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cllslght non binaire
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Bonjour, je me pose des questions sur la prescription d'opiacés dans le cadre du traitement d'une maladie chronique.
Le sujet est assez peu abordé sur internet, que ce soit en anglais et en français.
J'ai un ami qui a commencé à se plaindre de douleurs neurologiques insupportables voilà six ans je crois - j'avoue que la chronologie est floue à mesure que les années passent. A commencé pour lui le parcours hélas classique d'un médecin à un autre, ce qu'on nomme l'errance thérapeutique et la prise de ce qu'on nomme non sans pudeur des antalgiques - acupan et actiskenan - en même temps que des traitements antibiotiques au long cours. De loin, la prise régulière de ces substances pour apaiser la douleur ne manque pas d'effrayer un peu : je lui ai donc signalé au fil des ans de faire attention à cela, une sorte de voeu pieux qui n'a sans doute pas beaucoup d'efficacité. Au fil des ans, s'est installé, à ses dires, une accoutumance, avec des prises qui nécessitaient d'être augmentées ou qui s'opèrent désormais par injection. Entretemps les prescriptions se sont faites sécurisées, plus difficiles à obtenir, ce qui a renforcé sa défiance vis-à-vis des institutions médicales et de l'infantilisation d'un sujet laissé à lui-même et qui connaîtrait son corps mieux que quiconque, et donc ce qui est susceptible de le soulager.
En parallèle, et malgré ses négations, je le voyais développer un discours de fascination concernant la morphine, sa posologie, et ses méthodes d'absorption. Il ne s'agit pas ici de juger mais de comprendre afin de pouvoir aider : même si la situation présente est extrêmement compliquée.
Ainsi ai-je pu lire dans les commentaires anglais d'un des rares textes abordant le sujet un internaute faire une distinction entre addiction et dépendance, celle-ci désignant le rapport qu'entretient un malade pour fonctionner sans trop souffrir aux, par exemple, opiacés. J'avoue que la frontière entre les deux, au bout d'un moment, me semble ténue. Pour lui en avoir parlé, le malade tient absolument à ne pas se voir accoler l'étiquette de tox, comme si c'était un stigmate insupportable.
Son médecin lui a réduit de moitié ses prescriptions de morphine, ce qui a occasionné chez lui une crise psychologique : j'ai été témoin de la crise et son copain m'a révélé que c'est cette volte-face du médecin l'avait beaucoup angoissé. Ainsi m'a-t-il appelé en disant avoir consommé trois grammes de coke (le nombre de grammes variaient selon les interlocuteurs qu'il avait appelés à ses côtés) et une boîte de skenan d'un coup, pour que je vérifie qu'il aille bien : j'ai déduit de l'épisode que ce n'était pas un appel au secours, comme on dit de manière un peu niaise, mais une façon de demander qu'on lui prescrive à nouveau les mêmes doses. De mon côté, je me sens démuni.
Quelqu'un aurait-il éclairages, conseils, ou connu une situation similaire ?

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champi vert90champijaune0cxhampi rouge0
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Bonjour, le traitement de la douleur neuropathique est complexe et demande une reflexion strategique au long terme. De plus l'experience, notamment avec la Methadone, montre qu'un traitement opiacé ne mène pas à un escalade des doses sans limites, la plupart du temps. S'il n'a pas consulté un Centre de la Douleur je pense que cela pourrait lui servir à la fois sur le plan technique et aussi sur le plan juridique et reglementaire.

https://www.msdmanuals.com/fr/professio … 1033748_fr

https://www.fo-rothschild.fr/sites/defa … 20CETD.pdf

https://www.sfetd-douleur.org/wp-conten … 6/main.pdf

https://www.jlar.com/Congres_anterieurs … g_cour.htm

https://www.sfetd-douleur.org/wp-conten … ressed.pdf


Quant à la qualification de "tox" refusée par ton ami, je pense que c'est plus un probleme d'indication que de consommation. Quand on utilise des opiacés pour la douleur physique on ne  serait pas "tox" mais si c'est pour la douleur psychique (chercher à aller mieux dans sa vie mais il n'y a pas d'AMM correspondante malgré un usage plurimillenaire dans cette indication) on serait un "tox" ? Qu'il y reflechisse !

Amicalement

Dernière modification par prescripteur (12 mai 2024 à  15:09)


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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cllslght non binaire
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champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
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D'autant que les douleurs psychiques et physiques semblent dans le cas présents difficiles à dissocier. Je me rends compte que sa consommation reste sans doute très en deçà d'autres mentionnées sur ce forum, mais ça s'accompagne de rivotril et que sais-je encore (auprès de son médecin, il marque une préférence pour le sevredol par rapport à l'actiskenan). Cela, ainsi que le fait qu'un de ses proches fasse partie de la corporation médicale, l'a pour le moment tenu à l'écart du marché parallèle.
Il m'a fait part récemment d'une incursion gare du nord pour obtenir du skenan, et dernièrement m'a demandé le numéro d'un pourvoyeur de c et de md, que j'ai prétendu ne plus avoir. Bon, il voulait juste s'épargner l'effort de le retrouver lui-même, ce qu'il a fini par faire : je ne pense pas que ces deux substances puissent lui être d'aucune aide, et sans doute le sait-il lui-même.
Le problème d'une maladie chronique et de ces douleurs neurologiques, c'est qu'elle incite à l'isolement et à la dissimulation, du fait de la souffrance et de l'éventuel scepticisme des proches ; dans mon expérience, l'addiction produit exactement la même chose, d'où à mon avis la difficulté fois deux, si je puis dire, de la situation.

Mes interrogations portent également sur l'efficacité des antalgiques au long cours et un éventuel effet contre-productif :
- j'ai pu lire qu'ils pouvaient augmenter la sensibilité à la douleur au bout d'un moment ? Est-ce vrai ?
- Les opiacés affaibliraient le système immunitaire.
- Sans parler des symptômes de type constipation etc.

C'est un calcul coût/bénéfice que font le docteur et son patient, mais la lucidité de ce dernier, a-t-il beau souffrir, ne serait-elle pas altérée par la dépendance aux antalgiques type sulfate de morphine ?
Merci pour la réponse et les liens que je vais étudier.

Dernière modification par cllslght (12 mai 2024 à  15:51)

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champi vert90champijaune0cxhampi rouge0
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Oui il y a des reponses à tes questions dans les liens. La HAS a fait un texte mais, à mon avis, trop centré sur prevenir l'addiction, en oubliant que chez un malade douloureux la douleur est le principal probleme. En lisant rapidement on pourrait croire que c'est l'addiction.

https://www.has-sante.fr/upload/docs/ap … _fiche.pdf

Pour l'hyperalgie produite par les opiacés, elle existe et les centres de la douleur utilisent souvent la Ketamine pour la traiter.

Amicalement

Dernière modification par prescripteur (12 mai 2024 à  16:57)


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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