Des matins qui dérangent 



Mon histoire d'amour/haine avec la codéine commença il y a environ quatre ans, j'étais dans une période plutôt morose de ma jeune vie.


En effet, je venais de commencer une licence dont  je savais bien que je ne la finirais jamais et qui ne me plaisais guère. Ma famille se cassait la gueule avec une mère qui buvait, prenait des médicaments en quantité astronomiques, avait des comportements suicidaires et s'autodétruisait en important avec elle le peu de plaisir qu'il me restait.



Mes amis étant partis faire des études autrement plus plaisantes que les miennes j'étais seul. Enfin seul... oui et non... je comptais déjà sur ma grand-mère, femme au combien merveilleuse dont la présence vaut bien plus qu'une boîte de codéine après dix jours de spleen.



Elle m'aidait comme elle le pouvait, supportant la déchéance de sa propre fille alors que toute sa vie elle se fit tant de bile, pour que son bonheur fut son seul et unique but.



Je vivais, si l'on peut parlait de vivre, avec cette mère tous les soirs ivre en espérant qu'un jour, elle redevint, ne serait-ce que pour un court séjour, la femme forte qui bien souvent me porte.



Bref, une année passa et je perdis du poids, me laissant fondre, et sans jamais répondre lorsque l'on me demandait pourquoi.



J'intégrais enfin, cette fois non en vain, des études, c'est certain, que j'aimais fort bien. Je rencontrais alors, par un coup du sort, celui qui sera, un ami de choix.

Cet individu, à l'âme perdue, je m'en préoccupais comme un père l'eut fait. Pendant plus de deux années il fut bien entouré, je fus pour ma part de nouveau damné.



En effet, l'état de ma mère s'aggravant, ajoutant à cela la conjointe de mon père, une vraie tirant, j’augmentais les doses au-delà de toute symbiose. Finissant ainsi soulagé, fort et puissant comme jamais auparavant. Je travaillais de plus en plus, faisant du sport comme un russe, afin de ne plus penser à tous ces soucis qui m'écrasaient.



Puis arriva l'heure de partir, quitter se foyer de martyr, pour me retrouver en colocation avec cet ami au si bon fond. Une année passa pendant laquelle je me rendis compte que ce cher comte n'était pas plus un saint que je ne le fus. Mais je l'aimais, cet ami dont la présence de joie m'emplit.



Après une longue période de stage, durant laquelle j'apprends la fin d'un âge, en effet la codéine, cette amie si intime, ne se présente plus qu'à moi que par l'intermédiaire d'un papier bien sournois, il me faut revenir en France, toujours en état de transe.



La codéine est morte ! mon ami m’exhorte de lui ficher la paix, comme cela sans procès ! "Tu dégages !" me dit-il avec rage, sans jamais que je ne sus quel fut son but.



Seul avec le foie malade du paracétamol, je me retrouve tel un mongol, à réclamer au médecin de quoi calmer mon chagrin. Buprénorphine sera ta copine ! Me dit-il, et moi tel un infirme, je la prenais pensant être soulagé.


Voilà maintenant six mois, que je ne suis plus moi, triste, angoissé, malheureux, je trouve ma vie sans saveur et tout comme elle mes rimes s'arrêtent.



J'en ai assez, je n'éprouve plus de plaisir, comme si la bupré me bloquait l'envie d'être heureux et toute possibilité de savourer les choses.


Je vois un psychiatre, bon d'accord, mais cela va-t-il me soulager et me rendre aussi heureux d'avant ? Je ne le sais pas !



Je partage donc avec vous cette triste et trop longue période de ma jeune vie. Alors oui il y a de quoi se réjouir, j'ai d'autres ami(e)s qui m'aiment, ma mère va mieux, mon père fait ce qu'il peut pour moi et la santé est correcte pour tout le monde. Mais sincèrement j'en ai assez, c'est la déprime, je veux ma codéine !



J'en rêve la nuit, j'en ai besoin, je faisais mille fois plus de choses avec elle que je n'arrive plus à faire.



En plus mon ami m'a dégagé son me dire pourquoi mais je dois continuer à la fréquenter car on fait les mêmes études. C'est juste un ami d'ailleurs, on pourrait comprendre que c'était plus mais non, nous étions très proches c'est vrai mais sans aller au-delà.



De plus je pense sincèrement être autiste car j'ai des points communs avec des autistes qui sont bien trop nombreux pour être le pur hasard, cela expliquerait d'ailleurs beaucoup de choses.

 

Voici une petite présentation de ma personnalité, assez complexe et en souffrance actuellement.



Je viens donc partager avec vous les douleurs des privés de la codéine.



N'hésitez surtout pas à laisser vos impressions et avis, j'aime vous lire.



A plus salut

Catégorie : Témoignages - 14 février 2018 à  20:17

#codéine



Commentaires
#1 Posté par : Pignoufette 15 février 2018 à  23:09
Codeine addict aussi depuis longtemps. Je sais ce que tu vis
Ma mère vient d'avoir une prescription qu'elle n'a pas pris..  Je lui ai dit de retourner à la pharmacie en prétextant que c'était mon seul remède pour les migraines... J'ai trop hâte d'avoir les boîtes dans les mains pour faire des extractions et des gros shoot...

Je sais... Je voudrais en sortir aussi. Ou pas.
Plein de bisous

 
#2 Posté par : Ad codeinam Aeternam 19 février 2018 à  23:28
Salut !

Merci à toi Pignoufette, c'est gentil.

Rrrro tu me tentes tellement avec ton ordonnance là, t'as bien de la chance de pouvoir en profiter. Je me damnerais pour quelques comprimés.

Je n'avais aucune envie de m'en sortir car j'estime ne rien faire de mal, mais je n'ai pas eu tellement le choix (comme beaucoup d'autres accros d'ailleurs).

En tout cas bon trip codéiné à toi.

Plein de bisous salut

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