La vie est un immense jeu de cartes. Vous venez au monde avec un set distribué au hasard : votre physique, votre tempérament, le pays auquel vous appartenez, votre famille, votre héritage… Nous ne parlons pas là de belote. Il n’y a qu’un seul tirage. Si vous obtenez un carré d’as, lucky you. Si vous grattez un valet ou un huit, vous devrez vous battre pour votre confort de vie. Si vous n’héritez que de deux et de quatres… votre bonheur sera moins garanti.
Vous, oui vous, de quelles cartes disposez-vous ?
La suite dépendra de ce que vous en ferez. De la pioche, des évènements et personnes qu’elle vous fera croiser. Tous ces sujets, avec leur propre jeu. Des règles tacites que vous établirez, de votre stratégie, et des cartes que vous échangerez.
Une seule en concordance avec les autres peut vous faire rafler gros, autant qu’une tâche unique peut ruiner un jeu de reines. Par exemple… Vous obtenez les cartes : pays riche, famille aimante, intelligence correcte, physique qui s’il n’est pas grandiose n’est pas non plus disgracieux… et une capacité sentimentale déréglée. Un neurotransmetteur déficient. Une maladie inexpliquée. Une seule de ces trois cartes, et votre beau jeu semble ruiné. Si dans votre main équilibrée de trèfles, de pics et de carreaux vous ne disposez que d’un seul coeur, et pas un très bon coeur… A quoi donc ressemblerait votre vie ?
Peut-être un peu à la sienne.
Certains parlent d’une créature dotée d’un coeur de silice inné, rigide et froid comme la roche un mois d’hiver. Les valves rigides, peu étanches. Réglé tel une horloge, d'autant soufflent qu’une oreille avertie en percevrait le tintement. D’autres affirment qu’il s’était jadis agit d’une humaine comme vous et moi, qui brimée par ses pairs, rejetée par les siens, aurait vu son coeur durcir et s’éroder, au fil des années. Qu’importe, les deux versions s’entendent en ceci : à cette personne manque un morceau d’elle-même, une part de son humanité lui a été refusée.
Dès lors quel destin, pour une telle entité ?
La voilà. Elle vous observe de ses grands yeux bleus, la mine friponne. Un large sourire fend son visage. Du haut de ses quatre-vingt-huit centimètres et demi, elle n’a pas encore saisi. D’un coup ses mains sortent de derrière son dos et se posent sur la votre, dévoilant son trésor. Un petit objet gluant et frétillant vous chatouille la paume.
— ‘Cagot ! S’exclame-t-elle fièrement.
Délicatement elle vous reprend son butin, court en direction d’un seau de plastique et l’y dépose sur les pissenlits tapissant son fond, avec le reste de son élevage.
Les cloches d’un troupeau au loin résonnent, un doux soleil printanier darde ses rayons sur les peaux, les fleurs et le sol, d’où il débusque l’odeur verte et humide de l’herbe coupée.
Vous observez la bouille qui chantonne maladroitement une comptine. Elle s’émerveille d’un rien. Le rouge d’un coquelicot la ravie. Elle se sent éternelle, comme si elle avait toujours vécu et qu’elle vivra toujours. Immortelle. Pour elle, le temps s’étire à perte de vue, infini. Elle est le centre de son monde, et le monde lui tend les bras. Tout est merveilleux. Tout est magique. Le Père-Noël, la petite souris et les cloches de Pacques vivent en elle.
Et puis, comme tout être en ce monde elle traversera les âges. Elle grandira, et vieillira. Je me demande si son innocence y survivra. Le temps semblera toujours plus rapide d’année en année, si bien que ses dix ans, si lointains qu’elle ne les atteindra jamais, sont derrière elle à présent. Et de nombreuses choses changent…
Le silence n’est troublé que par les crayons qui courent sur le papier, et la voix du professeur les guidant.
— Avant même notre naissance, les neurones se doivent d’établir un contact avec leurs voisins. Ce n’est qu’ensemble qu’ils peuvent faire circuler l’information, codée en tout ou rien. C’est à dire…
Notre plus si petite protagoniste prend distraitement des notes. Elle regarde par la fenêtre, songeuse. La biologie la passionne c’est vrai, mais elle n’est rien à côté des flocons blancs qui tombent au ralenti, sans un bruit… Le spectacle est féerique.
Elle se perd dans le paysage un long moment…
— …et c’est ainsi que les neurones n’ayant pas réussi à créer de lien dégénèrent, pour laisser plus de place aux autres. On appelle cela « apoptose ».
La sonnerie fait sursauter la collégienne.
Comme toujours en sciences, elle traîne un peu pour poser les questions qu’elle n’a pas osé aborder devant les autres. Mais ce n’est pas la seule raison : c’est l’heure de la pause. Elle retarde autant que faire se peut le moment où elle devra sortir au milieu des autres.
Le vent s’est levé. Sa chevelure vole comme folle autour d’elle alors qu’elle progresse lentement dans la cour, encerclant sa vision d’un tourbillon châtain. De petits groupes sont formés, tous bavardant pendant la récré.
Ils semblent rayonnants, heureux de cette pause bien méritée.
Elle est tendue tel un arc.
Il lui faut trouver son groupe d’appartenance, ou à tout le moins le seul qui ne la rejette pas de trop, au plus vite. Quelque chose lui manque pour s’intégrer, mais elle n’a toujours pas saisi de quoi il s’agit.
Moi je vais vous le dire : les normes sociales lui sont impénétrables. Son coeur ne comprend pas ce que celui des autres a d’inné, il ne bat pas à l’unisson. Hors, et c’est bien malheureux pour elle, les normes implicites et tacites des jeunes… sont à suivre à la lettre. Sinon…
Pour pallier à cela elle utilise toute son intelligence. Comprendre ce que ses congénères attendent d’elle. Obtempérer. Les imiter. Construire le miroir qui satisfera l'autre, se fondre en la personne que l'on voudrait qu'elle soit. Sa sur-adaptation n'est même pas consciente : n'est-ce donc pas cela, les relations sociales?
Un éclair roux zèbre les groupes d’élèves.
De la poitrine de la collégienne, comme par enchantement une douce chaleur irradie : c’est Elle.
Elle si vivante, souriante, sociable… Elle qui avait attiré son regard trois ans en arrière déjà. Elle vient de passer à toute allure d’un groupe à un autre. Sa longue et épaisse chevelure rousse tombe dans son dos et s’y achève en pointe. Ses vêtements excentriques attirent l’attention des garçons, à moins que ce ne soient ses… En tout cas, elle ne passe pas inaperçue. Cette fille… Si belle, si pétillante… Même sa voix est mélodieuse, unique.
Mais la jolie rousse ne l’a pas aperçue. Pour elle… Elle est transparente. Parce qu’elle ne l’aborde pas. Elle en est incapable. La moindre de ses tentatives se solde par un échec. Elle ne sait simplement pas comment s’y prendre. Pas du tout.
Elle se sent comme un papillon attiré par la lumière, mais se retrouve à tourner les talons lorsqu’elle l’aperçoit au détour d’un couloir. Les autres vivent des amourettes, sans grande importance. Elle… Elle a un désir fusionnel pour cette fille.
Elle l’observe beaucoup. S’en est sûrement malaisant par moments, mais elle ne s’en rend pas compte, elle ne peut s’en empêcher. Car lorsqu’elle la voit… cet étrange trou béant qui la suit partout, logé dans sa poitrine, se remplit quelque peu. Lorsqu’elle la voit, une pièce d’elle-même semble s’emboîter. Cette lumière réchauffe son coeur le temps de l’entrevue... mais jamais ne subsiste. Elle glisse sur ses bords lisses comme du vin le long d’une carafe : c’est enivrant sur le moment, mais jamais plus de quelques gouttes demeurent, une fois le festin achevé. Le verre sèche, et bientôt c’est comme s’il ne s’était rien passé. Oh la tête se souvient, et c’est agréable. Mais le coeur, le coeur lui reste inchangé.
Vide.
Soudain, son champ de vision s’obscurcit. Un garçon haut de stature et qu’elle ne connaît que trop bien s’est imposé devant elle, beaucoup trop proche pour être avenant.
— Salut, Pornhub, fait-il dans un large sourire métallisé. Tu m’donnes des sous aujourd’hui ? J’en ai toujours pas, je veux acheter un pain au chocolat. C’est bon ces trucs, t’aimes ça toi ? Tu dois bien me comprendre…
Son souffle fétide se dépose sur le visage de la jeune fille. Une grimace s’y serait volontiers peinte, mais l’heure n’est pas à la fine bouche. Elle a échoué. Trop absorbée par la contemplation de sa belle rousse, elle est repérée. A deux minutes de la fin de la récré.
— Désolée Dorian, je… je n’en ai pas aujourd’hui.
C’est vrai. Son argent de poche ne tombe qu’une fois par semaine, pas tous les jours. Et… Un froid polaire lui secoue l’échine, une sueur fine humecte son t-shirt. Elle se maudit intérieurement, d’avoir une fois de plus oublié son goûter chez elle. Impossible de le troquer contre la paix. Maudit cerveau. Maudite elle, même pas foutue de penser à quelque chose d’aussi simple ! Lorsque c’est un livre elle a affaire aux profs, ce qui est déjà loin d’une partie de plaisir. Mais là…
— Quoi, tu veux pas ? Susurre l’autre. T’es qu’un petit enfoiré, tu le sais, ça ?
Son coeur écrase l’accélérateur. A lui en faire mal. Ses sens vacillent sous l’adrénaline mais ses membres, loin de se mettre en mouvement, se pétrifient. Traître de corps. Malheureusement pour elle, elle n’a pas encore appris ce qu’est le phénomène de sidération. Elle se hait de tout son être de ne pas être capable de se défendre, ni même de fuir. Elle se dégoûte… Profondément.
— De-demain je te donne le double…
Voilà que même sa voix déconne. L’impact au creux de son ventre la lui fait perdre. Elle chavire, recule d’un pas, puis d’un autre. La douleur explose dans son abdomen et la plie en deux. Des larmes montent à ses yeux. Elle prend une grande inspiration… Non. Elle ne peut pas ! La douleur s’accentue tandis qu’elle se sent suffoquer. La pure panique doit se lire dans ses yeux, car l’autre au-dessus d’elle affiche un air satisfait, triomphant.
— Tu faisais quoi avec le prof tout à l’heure, Pornhub ? Allez avoue… Tu le suçais hein ? C’est pour ça tes bonnes notes ? C’est pour ça que tu traînes presque toujours dans les classes après les cours. Petite salope !
Le crachat lui arrive sur le front. Elle ne peut l’éviter, elle se concentre à reprendre graduellement son souffle pour ne pas défaillir. Le reste est flou. Des cris hystériques qui surgissent tout autour d’elle. Le collège entier qui court dans leur direction. Les premières fois, elle avait cru à du secours. Quelle naïveté… Maintenant, elle sait. Elle sait à quel point c’est vain. Elle sait comment cela se passe, à chaque putain de fois.
Ils forment un cercle mouvant et déchaîné autour d’eux deux. Les cris sont assourdissants. Tous hurlent à pleins poumons, leur gorge immonde déployée. Empreints de pure folie.
— Ouai battez-vous battez-vous !!
— Vas-y Dorian fous-lui une raclée !
— Frappe frappe !!!
Tous les paris sont à sens unique. Elle n’entend pas son nom. Elle n’a pas d’ami. Quand bien-même : qui voudrait la protéger, elle ? Si tout le monde les déteste à ce point, elle et quelques autres… C’est qu’il doit y avoir une raison.
Elle se redresse péniblement et fait volte-face, resserre désespérément les bras autour de sa poitrine pour la protéger. Le temps qu’un surveillant arrive, se faufile entre la horde d’élèves en furie et parvienne à les séparer… s’il y parvient…
C’est peine perdue.
On la saisit par les cheveux, la brûlure lui arrache un cri. Puis elle sent une main dans son dos, qui la penche de force en avant. Et des saccades… Quelque chose qui tape contre son intimité, heureusement protégée de ses habits. Le dégoût et l'humiliation l'écrasent au milieu des éclats de rires. Mais alors autre chose émerge: cette fois c’est trop. Une vague de colère, d’énergie du désespoir aussi dense qu’un laser la frappe toute entière. Soudain, enfin, elle se débat comme un diable. L’autre un peu surpris, dé-serre sa prise une fraction de seconde. Elle ne veut pas faire ça. Elle ne… Elle lui plante son pied dans le tibia. Puis à l’entre-jambe.
Encore.
Encore.
La dernière chose qu’elle voit avant de s’évanouir est son regard. Empreint d’une haine à la profondeur indicible. Jamais n’en avait-elle vu de semblable.
— Pourquoi ?… Interroge-t-elle faiblement.
Comprendre. Au moins comprendre ce qui lui vaut tout ça. Que lui-a-t-elle fait?
Entre deux halètements de douleur, le malfrat plante ses yeux dans les siens.
— J’aime pas ta gueule.
Son poing se propulse à la vitesse d’une balle vers ses côtes.
Un craquement sinistre retentit. La chair est écrasée, les organes compressés. Même les parties les plus dures cèdent sans difficulté. Le petit corps finalement explose en un amas gluant, il ne reste rien de lui.
— Merde, jure l’étudiant en levant son pied pour regarder.
La fille qui le flanque éclate de rire.
— C’est pas drôle, se plaint-il. Mes chaussures sont neuves, elles sont immondes maintenant…
Alors qu’elle se faufile parmi une foule de touts autres élèves, amicaux, pacifiques, de ses épisodes précédents le souvenir ne s’achève. Sans un mot son attention se pose sur les débris de carapace de l’infortuné petit mollusque. Elle dépasse le garçon et poursuit sa route, le regard toujours baissé. La boule au ventre, une douleur sourde dans la poitrine. Amicaux. Pacifiques. Tout est là autour d’elle, mais ses yeux ne le voient pas.
De façon générale elle évite toujours de croiser les regards, et lorsqu’elle n’a pas d’autre choix elle en adopte un dur, glacial, pour que ce soit celui des autres qui cille. Elle fonce s’enfermer dans les toilettes dès que du temps libre s’offre à elle, seul lieu sécurisé. Qui sait ? Peut-être pourrait-elle finir comme cet escargot…
Les petites cartes attirent rarement les grosses. La justice n’est qu’un vague concept humain. Ici les peines comptent double : les problèmes en entraînent d’autres, et les souffrances laissent des cicatrices, qui si par chance se résorbent, d'autres fois purulent. Simple lien de cause à effet. Plus à terre vous êtes mis par la vie, plus rude la remontée sera… pour peu que vous releviez le défi. Combien tentent de gagner un huit de trèfle avec un trois de pic ? Combien y parviennent ? …Et à quel prix ?
Sa longue crinière miel-caramel tombe en cascade sur ses épaules. Presque rousse. La contempler la calme, parfois. Elle est la seule composante qu’elle aime vraiment de son physique.
La déprime la suit partout où elle va. Comme un nuage noir dont l’ombre lourde comme un monde pèserait sur ses épaules. Elle se sent lente, pataude, son existence a-t-elle seulement un sens ? Pourquoi est-elle ici ? Pourquoi se lève-t-elle seulement chaque matin ?
Dépourvue de tout plaisir, la vie devient un fardeau. Et il n’est plus lourd fardeau, que d’exister sans vivre.
Le bruit court qu’une maladie nouvelle se répand autour du globe. Très vite sortir est prohibé.
Assoiffée de sécurité, ce n’est pas pour lui déplaire. Mais il y a quelque chose qu’elle ne peut pas faire dans son appartement. Il lui faut gagner un lieu plus isolé encore.
Les rues sont désertes. La ville, fantôme. Elle entre dans un parc, jette un coup d’œil alentour pour la forme, puis se glisse sous un feuillage, son passage secret. Son lieu est comme à côté du monde, protégé par d’immenses et magnifiques roseaux et saules pleureurs.
Là, à l’abri du regard de quiconque aurait prit la même envie de braver l’interdit, elle sort délicatement une petite pipe de son sac. Un briquet, une résine brune.
Un coquelicot ouvre ses pétales écarlates un peu plus loin. Elle l’observe. Tout en tirant sur l’instrument, elle jauge une énième fois, au fond d’elle-même, la différence abyssale qui s’étend entre être solitaire et subir la solitude.
La substance comble son vide intérieur, affectif comme identitaire, plus béant que jamais. Ce n’est pas un simple trou : il est caustique. Il ronge sa chair pour s’épandre. Alors elle emplit son coeur artificiellement, faute de relation réelle, puis paye la substance qui réclame son dû. Son coeur ralentit un peu trop à son goût lorsqu’elle en abuse, et plus le temps passe… moins ce petit paradis se laisse atteindre.
De surcroît, tout ceci n’est pas vrai. C’est incomplet.
Le feuillage des saules ondoie et la berce. Le silence est surnaturel. Cela donne au lieu une atmosphère singulière, comme si le temps y était suspendu.
C’est dans ce rêve perdu au milieu du réel qu’elle fit sa connaissance. Dans ce lieu splendide, au beau milieu d’un désert, à cette époque aux allures de fin du monde.
Assise à même le sol, elle perçoit un mouvement dans le feuillage. Les cheveux châtain coupés courts de l’intrus ne lui vont pas très bien, mais la finesse de ses traits lui donne un visage d’ange.
Sa respiration s’emballe mais curieusement, elle n’a pas peur. Elle sait. Il sera quelqu’un d’important pour elle, elle le sent, déjà un lien hésitant s’est créé.
Jamais elle n’oubliera les mois qui suivirent.
Ses mains attirant doucement son corps contre le sien.
Le délicat frisson de son échine sous ses caresses, leurs souffles entremêlés. Sa peau contre sa peau, sa voix dans son oreille. Ses yeux en dessous d’elle, ignés, happés par les siens. Océans. La courbe qu’elle imprime pour venir poser ses lèvres sur les siennes. Qui se frôlent. Se goûtent. S’unissent. Puis les siennes qui descendent doucement dans son cou à elle. Il y prend son temps.
Les gémissements qui lui échappent lorsqu’enfin il parvient à sa poitrine. Les ondulations de son bassin sur le sien. La volupté ambiante. L’extase. La plénitude.
Puis ce moment, un peu plus tard, de sécurité absolue, tous problèmes oubliés, essoufflée, dans la chaleur de ses bras. Cet instant d’éternité.
Elle caresse ses cheveux courts contre sa poitrine. Lui parle tendrement. Il semble distrait cependant.
— Ethan, fait-elle doucement, ses doigts courant sur le tatouage désormais familier qu’il porte à la nuque. Tu m’écoutes ?
— Oui… Enfin, non… Heu…
— Qu’est-ce qu’il y a ?
Il soulève sa tête, et porte un doigt à l’oreille qu’il avait collée à sa poitrine.
— Ton coeur… Tu as eu une opération ?
Une vague inquiétude la saisit tandis qu’elle secoue la tête, perplexe.
— Il y a un… Cliquetis, insiste-t-il.
— Oui, s’impatiente-t-elle un peu. C’est pareil chez tout le monde, non ?
A son tour de secouer la tête. Elle pose alors la sienne contre son torse. Le battement est sourd, profond, régulier. D’un coup elle s’écarte, surprise. Ce n’est pas le son qu’émet le sien. Le jeune homme lève les bras en signe d’apaisement :
— Il doit bien y avoir une explication… Une valve mécanique ? Mais je ne sais pas… Pourtant on dirait…
— Du verre, finit-elle à sa place.
Son cœur bat si fort à présent que son joli tintement, cristallin, doit s’entendre dans toute la pièce.
Elle passe encore et encore les résultats de ses examens en revue. Rien à faire : aucun ne montre d’anomalie. Elle et son chéri semblent être les seuls à l’entendre. Mais après tout, qu’importe : si personne d’autre ne le voit, ça ne doit pas être si grave que ça. Et surtout, l’émotion qu’elle avait sentie pour cette fille, des années au par avant, a ressurgit. Plus forte encore. Ce besoin de fusion. Cet amour pour lui. Tout s’est éclairci. Elle a autant d’affection qu’elle le désire à présent. Cependant tout coule encore et toujours sur les parois de son coeur froid... Elle a besoin de lui.
Elle lui fit découvrir les lieux les plus magnifiques qu’elle connaisse, il lui apporta… Tout le reste. Son univers si riche, si beau. Il lui appris que tous les humains ne sont pas à craindre. L’optimisme, la philosophie, les leçons de vie… Que d'autres voies sont possibles.
C’est ainsi qu’au bas d’une cascade, sous un pont judicieusement baptisé pont des fées, ils jouèrent de la musique tout leur saoul. La bruine portée par la queue ondine se dépose sur leur peau nue, qui scintille comme parée de diamants. En dépit de la chaude saison ils frissonnent sous cette douche matinale, rient et s’embrassent.
Après ce long moment de complicité, Ethan sort quelque chose de son sac. Intéressée, elle découvre une pelote de lin et des aiguilles. Il prend son temps pour tout bien déballer avant d’enfin répondre au regard plein de curiosité qu’elle darde sur lui. Le sien se fait plus grave :
— Ce coeur te fait souffrir ? Demande-t-il doucement. Ca crève les yeux. Tu es souvent distante, repliée sur toi-même, tu as l’air si triste. Il te manque quelque chose, n’est-ce pas ?
Elle papillonne du regard, toujours surprise par sa sagacité.
Lui marque une pause, déjà en pleine réflexion.
— Mais pas maintenant. Pas à l’instant. A l’instant tu étais pleine de vie. Tu comprends ? Rien n’est figé ! Ton coeur… (Il prend ses mains dans les siennes, le timbre de sa voix se fait passionné : ) On va t’en fabriquer un autre !
Elle s’apprête à rire pour la forme, son regard confiant mais déterminé l’en retient.
— Je ne pourrais pas te rendre un coeur de chair et de sang. Ca me semble impossible, malheureusement.
Sa voix ne tarit pas d’optimisme, mais ses mots la percent en pleine poitrine :
— Je comprends ce que tu traverses. Le verre, c’est fragile. C’est froid. C’est rigide. Avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer…
Il lui relève doucement le menton.
— Mais le lin… Le lin, c’est solide, souple, tiède et réconfortant.
Le temps qu’elle comprenne, et elle lève sur lui des yeux desquels brille une lueur nouvelle, des prunelles pleines d’adoration et d’espoir.
— On va t’en fabriquer un autre, dit-il avec douceur et fermeté. Tu vas guérir, ta vie va guérir. Et alors crois-moi, tu seras heureuse.
Une gratitude immense étreint la jeune femme. Il rit :
— Et puis, plus tard, on pourra habiter ensemble ! Tu viendras dans mon futur chez-moi. On aura un animal de compagnie…
— Un cochon nain ! S’exclame-t-elle.
— ...ouai. Ou un lapin ?
Elle se jette à son cou.
Le vent lui cingle le visage et fait claquer ses vêtements. Ses pas sur le bitume humide rythment sa progression, métronome sans musique, décompte de ce qui va suivre. Les voitures à sa droite passent à vitesse débridée, appuyée par l’effet Doppler. Sa main distraitement posée sur la rambarde est trempée.
La pluie vient de cesser. Les nuages laissent place à de timides rayons de soleil par ci par là. La vue est magnifique. Elle marque un temps d’arrêt, jette un coup d’œil. Se retourne pour voir sa voiture sagement garée – quoi que warnings toujours allumés. C’est ici. La voilà aux premières loges d'une expérience de psychologie sociale : l’effet du témoin. L’effet du témoin signifie que plus il y a de spectateurs à une scène, plus la foule met de temps à réagir. Cela fait appel à la diffusion de responsabilité, et le biais de normalité : chacun constatant l’inaction de son voisin, pense alors qu’il a tord de s'inquiéter, et préfère ne pas prendre le risque de s’humilier en agissant.
Le métal tinte lorsque son pied s’y pose, elle fait jouer ses muscles et se hisse au dessus du vide. Le pont est haut, il doit bien y avoir une quarantaine de mètres. La route rectiligne en contre-bas semble toute petite, comme un jouet. Curieusement, elle n’a pas peur. Sujette au vertige, elle se sent irrésistiblement attirée par le vide, et doit se cramponner de toutes ses forces pour ne pas se faire happer. Mais l’idée d’y tomber ne lui fait plus ni chaud ni froid. Elle est déjà morte à l'intérieur. Elle se donne cinq minutes. Viendra-t-on la chercher, ou l’effet du témoin opérera-t-il ?
Nous sommes en pleine heure de pointe.
Durant des mois Ethan et elle avaient travaillé d’arrache-pied. Un coeur n’est pas quelque chose de facile à broder. Entre les ventricules, les oreillettes ou encore la crosse aortique, ce n’est pas le travail qui manque. Ethan est sa vie, sa bouée de sauvetage, son plus grand amour. Mais régulièrement il part loin d'elle, longtemps. Ces semaines d'attente sont interminables. Il lui en faut plus. Il est sa nouvelle drogue, il n’y a qu’avec lui qu’elle se sente réellement bien. Qu’elle se sente vivre ! Hors, elle est manquante : sa part viciée a besoin de quelque chose pour se remplir… de quelqu'un. Elle ne flirt pas avec lui simplement pour être à ses côtés. Une part d'elle-même veut être lui. Les frontières entre eux deux se sont gommées.
Son amant de son côté, semble un peu fatigué. S’en rend-elle compte ? Non. Son thorax est sans fond, sa soif insatiable. Elle ne peut pas s’arrêter. Si elle s’arrête… Non, elle ne peut pas s’arrêter.
Pire : elle découvre que les petites mimiques qu’elle lui empreinte, sa façon d’être, ses tics de langage… toute la lumière qu’ils font rayonner sur lui, ne sont sur elle que vague copie. Une fois seule, ces artefacts ne font qu'attiser sa frustration. Ils ne le remplacent pas. Elle a besoin de lui.
Parfois elle cauchemarde qu’elle le perd la nuit. Elle se redresse en sueur, le visage ruisselant de larmes. De peur que cela ne se réalise, elle s’accroche toujours plus, le sollicite sans cesse pour se rassurer.
Et tandis qu’elle tombe de plus en plus amoureuse, lui se fait distant, détaché... lassé. C’est ça. Il s’est lassé d’elle. Elle ne voit rien, l’amour l’aveugle… Jusqu’à ce qu’il le lui dise.
Les voitures défilent à toute allure dans son dos, le vent manque la faire chanceller. Encore une minute.
Elle porte la main à sa poche, et en sort son espoir, son petit coeur de lin… inachevé.
C’est trop tard maintenant.
En faisant tout ce qu’elle a pu pour le retenir, elle l’a fait fuir. Un cri lugubre, grave et écorché monte de sa gorge. Elle ne reconnaît pas sa voix. Une partie d’elle, vitale, lui est arrachée. Encore. Elle a besoin de lui!! Les vampires ne s’abreuvent pas de sang dans la vraie vie…
Elle n’en peut plus de cette existence qui reprend toujours tout ce qu’elle donne, comme un vol.
Elle vient de franchir la ligne. Ce moment où toutes les belles choses vécues se retournent contre soi. Chaque souvenir heureux avec lui, est à présent une gifle en plein visage. Et des larmes qui roulent. Elle n’a plus qu’une seule chose en tête : il lui faut oublier, oublier…
Ses doigts qui la maintiennent en équilibre se desserrent lentement. Un instant, une pointe d'appréhension la saisit : cela va-t-il faire mal? Non : peu importe la réponse. Elle souffre déjà. Maintenant elle accepte son sort : le néant, l'oubli... Plutôt que la folie.
Sa main lâche la rambarde.
Au lieu de tomber comme un pierre, elle se sent lestement soulevée en arrière. Elle s'écrase sur la bande d'arrêt d'urgence, à l'abris derrière la barrière.
Passée la seconde de stupeur, l'étonnement : Tiens ? Quelqu’un est venu finalement. C'est éphémère, mais on fait attention à elle. Il reste une personne à ses côtés. Elle n’est pas seule. Cette pensée la réconforte quelque peu.
— Ca va aller, fait une voix masculine dans son dos, les bras la serrant fort contre son torse.
— Ethan ? S’entend-t-elle demander, tremblante.
Elle oscille entre espoir et terreur à l’idée de le revoir. Comment y réagirait-elle ?
Un moment elle se demande si donner à son suicide la possibilité de rater était une bonne idée.
Elle contemple les mains qui la retiennent, et un petit soupire lui échappe. Elles sont larges, grossières. Pas celles d’Ethan. Cette constatation la ramène peu à peu à la réalité. L’inconnu lui murmure des paroles rassurantes tout en pianotant sur son téléphone, pour finir par y parler. Elle n’écoute pas. Elle contemple le coeur de lin toujours logé dans sa main. Elle sait qu’il ne reviendra pas. Jamais. Pas comme ces derniers mois, en tout cas. Probablement de son côté, l'a-t-il déjà sortie de sa tête, au profit d’une autre. Rien n'est plus sûr. Elle pense à lui jours et nuits. Mais elle n’est plus rien pour lui.
Elle se lève lentement et tend le bras par dessus la rambarde. L’autre vient de raccrocher, il lui tient toujours fermement l’autre main, sans doute de peur qu’elle ne tente de nouveau de sauter.
— Les secours arrivent, dit-il. C’est fini, tout va bien aller.
Elle secoue la tête : les choses sont plus compliquées. Et elle comprend :
— Nous sommes des neurones à notre échelle, murmure-t-elle dans un souffle.
— Pardon ?
— Nous sommes des neurones à notre échelle, répète-t-elle plus fort.
Serrant les dents de toutes ses forces, elle ferme les yeux… invoque toute la volonté qu’il lui reste et, écarte les doigts. Le petit coeur, léger telle une feuille, virevolte au gré du vent. Il s’éloigne, descend doucement sous le pont.
Et disparaît.
Tous deux restent ainsi cois, un long moment. Lui ne doit pas bien comprendre ce qu’il vient de se passer. Elle se sent fissurée à l’intérieur. Les larmes roulent de nouveau librement sur ses joues.
— Pas besoin de secours, décide-t-elle lorsqu’enfin calmée.
— Ce n’est pas une option, dit l’autre. Je ne peux pas vous laisser repartir comme ça.
— Et moi je n’ai pas envie de finir en hôpital psychiatrique. Écoutez… Merci infiniment pour ce que vous avez fait pour moi. Vous êtes quelqu’un de bien. Mais je dois y aller maintenant.
Avant qu’il puisse réagir, elle dégage son poignet d’un coup sec et court vers sa voiture. Son sauveur crie, paniqué. Au son de ses pas, elle comprend qu’il est sur ses talons. Arrivera-t-elle avant lui ? Soudain elle aperçoit une petite forme devant elle, sur le bitume.
— Hé merde, fait-elle entre ses dents.
Elle hésite un instant... Et pile net. Se penche. Puis dépose le petit escargot sur la rambarde.
— Tu l’as échappé belle toi, hein ?
Une poigne solide lui agrippe de nouveau le poignet, serrant à lui en faire mal.
Elle est bonne pour l’hôpital.
Mais elle sourit.
Chacun des bris de verre qu’elle extirpe lui arrache une grimace de douleur. Les fragments sont acérés comme des lames de rasoir. Pourtant elle procède ainsi, inflexible, l’un après l’autre. Elle voudrait remonter le temps pour ne plus commettre les erreurs qu’elle a gravées, mais se frotte à l'impossible. Alors elle n’a pas besoin de coeur, décide-t-elle. C’est s'en séparer ou souffrir longtemps, une vie peut-être. De toute façon, l’amour est un des sentiments les plus égoïstes qui soient. On profite de la personne que l’on aime, puis lorsqu’on s’en lasse, on la jette tel un kleenex usagé, quitte à la détruire. Lorsque l’on prend soin de l’autre, au fond, est-ce vraiment pour lui, ou pour nous ? Si c’était pour lui, les évènements de la fin ne se dérouleraient pas ainsi. Non. C’est bel et bien pour nous que nous prenons soin de l’autre. Pour notre propre plaisir. Et pour qu’il ou elle reste avec nous.
Une poupée n’a pas besoin de coeur, elle peut très bien vivre sans. Elle continuera à faire du mirroring sur les passants, prenant un tic de langage par ci, une façon d'être par là, absorbant même de nombreuses opinions, contradictoires parfois. Jamais elle-même, jamais de personnalité vraie. Au moins s'adapte-t-elle à ses locuteurs… Mais elle ne souffrira plus – ou du moins, plus autant. Plus besoin de s’attacher à qui que ce soit, puis, plus besoin de le retenir, moins encore de porter la peur constante de le perdre. On ne peut plus heurter ses sentiments.
Ils sont inexistants.
Mais est-ce là une fin acceptable ? Peut-on en dire qu’elle est heureuse ?
La suite ne m'est pas plus connue qu’à vous. Cependant, si je devais donner mon avis, je crois qu’un jour viendra où elle se lassera de la vie morne et plate qui l’attend sur cette voie. Alors, quand elle se sentira de le faire, je pense… J’espère, que, même seule – oui seule, les autres ne sont pas fiables, n’est-ce pas? Qu'importent les obstacles qui se dresseront, qu'importent les pentes à gravir. Elle prendra une aiguille, dessinera des plans… et elle brodera.
Si vous subissez des violences – quelle qu'en soit la forme –, parlez-en à des personnes qualifiées ou de confiance. Ne restez pas seul.e.
Si un.e de vos proches ou vous-même avez des pensées suicidaires, contactez Phénix ou Suicide Écoute (liste non exhaustive).
En cas d'urgence, composez le 15.
.
Catégorie : Expérimental - 08 mai 2021 à 23:13
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Dernière modification par Morning Glory (12 mai 2021 à 22:49)
a écrit
Après c'est difficle d'accepter quelque chose de soi qui est si douloureux je trouve. Surtout si ça isole socialement quand on a désespérément besoin de relations ><
Donc faudrait que j'aime mes maladies huuuum
Ton texte est beau et émouvant. Il conserve une part de mystère même après tes explications. C'est très bien ainsi.
J'ai tout de même envie d'ajouter que ce serait dommage que tu t'enfermes dans les diagnostics que tu as reçus et tendes désormais trop à te définir au travers de des étiquettes que les psychiatres t'ont apposées.
Morning Glory du forum PA est une personne attachante et non un ensemble de troubles psychiatriques.
Les personnes officiellement exemptes de ces troubles (ou de pathologie psychiatrique) ne jouissent pas toutes de compétences sociales et relationnelles exceptionnelles. Les "inégalités" sont majeures en ce domaine, y compris chez les "neurotypiques". Comprendre comment l'on fonctionne soi-même et être capable de se représenter à peu près comment fonctionnent les autres est déjà un belle base pour avancer en se respectant et tenter d'élargir le champ des possibles.
Bises.
Ton texte est beau et émouvant. Il conserve une part de mystère même après tes explications. C'est très bien ainsi.
Oui j'aime bien mêler réel et poésie, ça donne un résultat assez curieux, d'où le titre de mon blog.
C'est dur de se voir autrement qu'à travers ses maladies, lorsqu'elles conditionnent à peu près toute ta vie. Tout finit par tourner autour d'elles en fait. Et ouai elles me définissent en tant que personne dans ma tête, peut-être un peu à cause des diagnostics, mais surtout parce que je passe un temps considérable à les combattre, au quotidien et avec les multiples thérapies. Du coup au bout d'un moment je ne vois plus qu'elles...
Mais je vois aussi ce que tu veux dire. Merciii :')
a écrit
C'est dur de se voir autrement qu'à travers ses maladies, lorsqu'elles conditionnent à peu près toute ta vie. Tout finit par tourner autour d'elles en fait. Et ouai elles me définissent en tant que personne dans ma tête, peut-être un peu à cause des diagnostics, mais surtout parce que je passe un temps considérable à les combattre, au quotidien et avec les multiples thérapies. Du coup au bout d'un moment je ne vois plus qu'elles...
Oui, j'entends bien, et je ne sous-estime ni tes difficultés ni ta souffrance.
Je t'envoie plein d'ondes positives pour t'encourager dans ton "combat".
Parfois, le salut vient d'une rencontre... Dans tout les domaines
Ba ouaiiii maiiis j'ai justement appris que la rencontre, spoiler, elle dure pas xD Et que le deuil est infiniment plus long et douloureux que la relation est agréable en fait. Du coup la balance bénéfice/risque huuum
Après je reconnais que j'ai appris plein de choses de cette relation donc ça fait pencher du côté "c'est ok", mais en même temps ça a été teeeellement douloureux, genre j'avais pas senti ça depuis des années vraiment, pire que mon mega-crash au 6-APB (!), que... bof... Les relations heu, c'est vraiment risqué ^^' De véritables bombes à retardement pour certaines >< Je dis pas que je vais les fuir éternellement mais heu ça va compliquer encore pas mal les choses.
Morning Glory a écrit
Ha alors c'est toi CS fufu^^ Jme demandais
Faire écrivaine c'est mon rêve de gosseMaiiis il me manque un truc clé: l'inspiration. Elle va elle vient. Et souvent elle va plus qu'elle vient^^ Pis j'ai beaucoup de mal à structurer une histoire, et encore plus à développer des personnages sur du long scénar, probablement car avec mon isolement social je pratique pas et donc j'ai du mal à cerner les gens je me dis. Enfin peu importe d'où ça vient mais, j'y arrive pas. Pour faire ces huit pages word il m'a fallu six mois, et pourtant là l'inspi était relativemment correcte par rapport à d'habitude. A ce rythme je te laisse imaginer quel âge j'aurai lorsque j'aurais terminé mon premier bouquin x) Pis la dépression arrange rien avec l'apathie, pas faute d'avoir pas mal essayé pourtant.
Et enfin même si j'y arrivais, pour en faire son activité (rémunérée je suppose?) faut vraiment être vernis, tant pour avoir l'accord d'une maison d'édition que ne pas s'y faire arnaquer (le salaire en france est catastrophique, au bon vouloir de la maison d'édition).
Trop de complimeeeents je sais plus quoi dire hahaha
^.^
Super happy que ça t'aie plu!
Arigato gosaïmasu
Après ouai je travaille sur ma phobie sociale et à être plus moi-même mais c'est trèèès laborieux (pis bordel, ça veut dire quoi être soi-même? On en avait débattu sur PN mais ça reste une vaste question). Cela dit y a vraiment du mieux comparé à il y a quelques années ça c'est sur, à ce niveau je tiens le bon boutParfois, le salut vient d'une rencontre... Dans tout les domaines
Ba ouaiiii maiiis j'ai justement appris que la rencontre, spoiler, elle dure pas xD Et que le deuil est infiniment plus long et douloureux que la relation est agréable en fait. Du coup la balance bénéfice/risque huuum
Après je reconnais que j'ai appris plein de choses de cette relation donc ça fait pencher du côté "c'est ok", mais en même temps ça a été teeeellement douloureux, genre j'avais pas senti ça depuis des années vraiment, pire que mon mega-crash au 6-APB (!), que... bof... Les relations heu, c'est vraiment risqué ^^' De véritables bombes à retardement pour certaines >< Je dis pas que je vais les fuir éternellement mais heu ça va compliquer encore pas mal les choses.
Oui, c'est moi ! Plutôt discret sur le forum, je lis beaucoup
Tu parles d'inspiration, je trouve que tu la possède, à la simple différence que l'inspi, ça vient pas tout le temps, au moment où on le voudrait, c'est un peu le propre des artistes.. Quand ça vient, ils se jettent dessus et travaillent sans relâche, jour et nuit, plongés dans leurs pensées, jusqu'à l'épuisement parfois.. Vient un peu de repos, et c'est reparti pour un tour !
En ce qui concerne l'édition, tu peux peut être voir en préparant de petites histoires en auto édition, ou sur internet, afin de voir l'accueil du public dans un 1er temps ?
Je ne connais pas le domaine, mais cela ne m'étonnerai pas que l'on puisse commencer de cette manière, surtout avec internet maintenant ! J'achète justement parfois de petits livres spécialisés d'auteurs en auto édition..
Ensuite, il est vrai que se sociabiliser serait encore un atout supplémentaire pour te donner des idées, des situations.. Tu sors quand même ?
C'est souvent un cercle vicieux, il faut se faire violence pour en sortir, et c'est là que réside toute la difficulté !
Tu fais du sport ? En chier dans une activité d'endurance peut aider à travailler ton mental, petit à petit, être à l'écoute de tes sensations, et appréhender cette phobie sociale sous un autre angle, progressivement. Les thérapies par le sport peuvent beaucoup aider à prendre confiance en soi.
A te lire, je pense que tu as une grande force de caractère, que tu n'oses peut être pas mettre en avant..
Etre soi même ? c'est simplement prendre conscience de qui tu es, physiquement, intellectuellement, psychologiquement, ta vision du monde, de ce qui t'entoure, tes pensées, tes envies, tes projets.. Sans artifices aucun justement pour donner le change, sans jouer un rôle, sans vouloir être la meilleure.. Je le vois comme ça !
Je ne parlais pas spécialement de rencontres amoureuses, mais amicales et professionnelles. Une rencontre peut tout faire basculer, te guider, t'accompagner et te faire confiance !
J'en ai bénéficié il y a 10 ans, et je le disais encore la semaine dernière à cette personne, que sans lui j'en serai pas là actuellement..
Maintenant, une rencontre amoureuse peut aussi être LE déclic pour changer ta vie, mais là les sentiments s'en mêlent alors la confiance réciproque devra être forte, à mon avis !
Egalement ne pas compter à 100% tout le temps sur l'autre personne, au risque de l'épuiser, et de la voir s'éloigner.. C'est un équilibre précieux à trouver, avec beaucoup de compréhension et de volonté d'aller de l'avant..
J'avais lu ton crash au 6-APB, un truc de taré !! Franchement, tu as quand même la santé, pour encaisser tout ça.. C'est un bon point, tu devrais pouvoir t'en sortir complètement !
Bon, je vais commencer à écrire un roman moi aussi
Je ne parlais pas spécialement de rencontres amoureuses, mais amicales et professionnelles. Une rencontre peut tout faire basculer, te guider, t'accompagner et te faire confiance !
Ha oui pardon lol, en effet
tes envies, tes projets..
Ca non plus j'en ai pas beaucoup, malheureusement ._____. Ouai jsuis la meuf la plus cool et intéressante du monde t'as vu xD
Je viens d'acheter un handpan mais c'est juste une énième copie sur quelqu'un ^^" J'espère au moins que j'aurai la volonté / l'envie d'en faire longtemps je me suis arraché un bras pour le payer xD Le bout de métal le plus cher du monde jte jure hahaha
Enfin ouai c'est compliqué. Mais j'entends. J'espère que tu as raison et que j'ai bien une personnalité propre (une force de caractère waaaow carrément :p), enfin y en a forcément une mais elle est pas mal rognée quoi, par des doutes des peurs oui surement.
Morning Glory a écrit
Moi j'ai beaucoup trop de repos entre les deux moments d'inspiration^^
Ha oui l'autoédition c'est différent encore. Internet, itou (ba, je le fais ici^^). Mais ça me semble compliqué d'écrire des histoires, ça vient pas là j'ai racconté ma vie avec des métaphores incorporées, c'est très différent d'inventer toute une histoire avec des bons personnages une intrigue etc.
Et non je sors presque jamais
Enfin là je suis pas chez moi mais c'est deux fois l'an quoi
En même temps, j'ai personne avec qui sortir et aucun évènement auquel aller, du coup non je suis full no life j'attends que la vie passeJe ne parlais pas spécialement de rencontres amoureuses, mais amicales et professionnelles. Une rencontre peut tout faire basculer, te guider, t'accompagner et te faire confiance !
Ha oui pardon lol, en effet
tes envies, tes projets..
Ca non plus j'en ai pas beaucoup, malheureusement ._____. Ouai jsuis la meuf la plus cool et intéressante du monde t'as vu xD
Je viens d'acheter un handpan mais c'est juste une énième copie sur quelqu'un ^^" J'espère au moins que j'aurai la volonté / l'envie d'en faire longtemps je me suis arraché un bras pour le payer xD Le bout de métal le plus cher du monde jte jure hahaha
Enfin ouai c'est compliqué. Mais j'entends. J'espère que tu as raison et que j'ai bien une personnalité propre (une force de caractère waaaow carrément :p), enfin y en a forcément une mais elle est pas mal rognée quoi, par des doutes des peurs oui surement.
Salut !
Alors justement, peut être qu'en t'y mettant, cela va te détourner un peu de ton quotidien ? Coucher toutes tes idées d'écriture, et tenter de les rassembler en une ou plusieurs histoires ?
Pour les sorties, je te rejoins aussi, avec cette période de merde l'isolement est total.. J'ai du 1P-LSD au frigo, je tape même pas un petit buvard car je ne suis pas en phase psychologique à cause de cette solitude forçée..
Alors je sors beaucoup en montagne, sport..
En situation normale, tu as envie de sortir ?
Bon, les rencontres amoureuses peuvent aussi te changer hein Mais en ce moment elles sont plutôt rares
Tu n'as pas de projets, car pour le moment tu essaies de te sortir la tête de l'eau.. C'est déjà un projet, un souhait de pouvoir avancer !
Je pense que tu dois être intéressante, vu la capacité que tu as de créer des situations, certes fictives, mais basées sur des faits réels..
Il te faut surtout de la confiance en toi, afin de savoir gérer tes choix pour la suite..
J'ai regardé ce qu'était un handpan, je ne connaissais pas, j'espère que tes voisins seront conciliants selon l'heure à laquelle tu vas taper dessus
Mais ça peut créer une ambiance sympa selon le contexte
Bien sûr que tu as une force de caractère, mais comme tu le soulignes, elle a été rognée par ton chemin de vie, et tu en as conscience, c'est déjà une avancée car tu peux isoler le point de départ de cette situation.
Cela peut te donner une base de travail pour commencer ta reconstruction, et tu auras sûrement besoin d'aides extérieures, ce forum peut être un bon atout au vu du passif et du savoir en la matière de certains intervenants.
Je comprends très bien la ou les peurs que tu peux ressentir.. Mais ça se travaille !
Tu es sur quelle région ?
C.S. a écrit
Pour les sorties, je te rejoins aussi, avec cette période de merde l'isolement est total.. J'ai du 1P-LSD au frigo, je tape même pas un petit buvard car je ne suis pas en phase psychologique à cause de cette solitude forçée..
Alors je sors beaucoup en montagne, sport..
En situation normale, tu as envie de sortir ?
Perso cette période n'y a rien changé^^ Plein de monde sombre dans la dépression à cause d'elle, pour ma part je la vis "bien", juste parce que le confinement c'est mon lot quotidien
Et oui j'ai envie de sortir mais en suis incapable^^" J'ai nul part où aller et personne avec qui y aller, du coup je commence par où?^^
Y aurait le sport ouai... Mais c'est pas trop mon truc. Passé un temps je marchais beaucoup, ça m'a un peu passé mais ça doit être le mauvais temps ça reviendra j'espère. Bon le truc, c'est que c'est pas super social comme activité
Tu n'as pas de projets, car pour le moment tu essaies de te sortir la tête de l'eau.. C'est déjà un projet, un souhait de pouvoir avancer !
La confiance en moi sauf sous metaphedrone (3mmc) j'arrive pas à en avoir, ça s'apprend pas chez moi. Ou alors c'est tellement laborieux que j'ai du mal à voir les avancées. Après mon taff en CAARUD va m'aider pour ça c'est sur ^.^
Ouaiii t'inquiète le handpan les voisins seront ok je suis dans la maison de mes parents Le jour où je serai en appart par contre je sais pas si j'aurais toujours le courage d'en faire pour cette raison ><
Ok. J'ai une force de caractère youhouuuu, faut que j'intègre ~(>_>) ~
Et oui heureusement les peurs se travaillent C'est en cours, j'avance par petits pas mais j'avance me dit mon psychiatre.
Je suis d'AuRA (auvergne rhone alpes) et toi?
Morning Glory a écrit
L'écriture j'essaye j'essaye... Là je veux écrire un poème un peu dark (gnark, pour changer) et j'en chie mais bon^^ On verra si oui ou non il verra le jour
C.S. a écrit
Pour les sorties, je te rejoins aussi, avec cette période de merde l'isolement est total.. J'ai du 1P-LSD au frigo, je tape même pas un petit buvard car je ne suis pas en phase psychologique à cause de cette solitude forçée..
Alors je sors beaucoup en montagne, sport..
En situation normale, tu as envie de sortir ?Perso cette période n'y a rien changé^^ Plein de monde sombre dans la dépression à cause d'elle, pour ma part je la vis "bien", juste parce que le confinement c'est mon lot quotidien
Et oui j'ai envie de sortir mais en suis incapable^^" J'ai nul part où aller et personne avec qui y aller, du coup je commence par où?^^
Y aurait le sport ouai... Mais c'est pas trop mon truc. Passé un temps je marchais beaucoup, ça m'a un peu passé mais ça doit être le mauvais temps ça reviendra j'espère. Bon le truc, c'est que c'est pas super social comme activitéTu n'as pas de projets, car pour le moment tu essaies de te sortir la tête de l'eau.. C'est déjà un projet, un souhait de pouvoir avancer !
La confiance en moi sauf sous metaphedrone (3mmc) j'arrive pas à en avoir, ça s'apprend pas chez moi. Ou alors c'est tellement laborieux que j'ai du mal à voir les avancées. Après mon taff en CAARUD va m'aider pour ça c'est sur ^.^
Ouaiii t'inquiète le handpan les voisins seront ok je suis dans la maison de mes parentsLe jour où je serai en appart par contre je sais pas si j'aurais toujours le courage d'en faire pour cette raison ><
Ok. J'ai une force de caractère youhouuuu, faut que j'intègre ~(>_>) ~
Et oui heureusement les peurs se travaillentC'est en cours, j'avance par petits pas mais j'avance me dit mon psychiatre.
Je suis d'AuRA (auvergne rhone alpes) et toi?
Il verra le jour ton poème, comme toutes tes histoires, ce n'est qu'une question de temps.. Rien ne presse !
Tu n'as pas de potes, tu avais fait une sortie en montagne avec une pote il me semble, il y avait eu un TR ?
Après, nulle part où aller, c'est effectivement en fonction de ce que tu aimes, ou tu aimerais faire.. ça me pose moins de soucis, étant plutôt solitaire et fan de montagne, seul ça me suffit, je vois assez de collègues la semaine
Mais comme tu dis, ce n'est pas très social, même si parfois tu peux croiser qq personnes et taper un brin de causette
Tu n'y vas encore pas au CAARUD ?
Tout de suite mieux quand t'es chez les parents, profites de pouvoir faire un peu de bruit, en appart' avec les voisins, c'est de suite différent, j'en sais qq chose ici
Le psy est en mesure de quantifier ton évolution, de ton côté à cause, je pense, de ton rythme de vie atypique, tu as l'impression que rien ne bouge.. Fies toi à ce qu'il constate !
Je suis dans la même région que toi, tout près d'un graaannd lac binational..
Tu n'as pas de potes, tu avais fait une sortie en montagne avec une pote il me semble, il y avait eu un TR ?
Ouai mais c'est quelqu'un qui est loiiiin, rencontrée sur le net^^ J'ai pas de potes proches quoi, irl.
Si si, ça c'est trop cool un à deux aprems par semaine je vais à mon CAARUD, j'aide des gens et ça tombe pile sous le coup de mes connaissances/capacités. Ca par contre c'est bueno mais deux sorties par semaine c'est pas assez. C'est un début tu me diras
Tout de suite mieux quand t'es chez les parents, profites de pouvoir faire un peu de bruit, en appart' avec les voisins, c'est de suite différent, j'en sais qq chose ici
Ha merde, ba j'espère qu'ils gueuleront pas si je joue sur des horaires où on a le droit de faire du bruit parce que ça va être la merde. Sinon au pire ils pourront pas faire grand chose... A part gueuler lol
(Je te MP pour la région.)
Morning Glory a écrit
Tu n'as pas de potes, tu avais fait une sortie en montagne avec une pote il me semble, il y avait eu un TR ?
Ouai mais c'est quelqu'un qui est loiiiin, rencontrée sur le net^^ J'ai pas de potes proches quoi, irl.
Si si, ça c'est trop cool un à deux aprems par semaine je vais à mon CAARUD, j'aide des gens et ça tombe pile sous le coup de mes connaissances/capacités. Ca par contre c'est bueno mais deux sorties par semaine c'est pas assez. C'est un début tu me dirasTout de suite mieux quand t'es chez les parents, profites de pouvoir faire un peu de bruit, en appart' avec les voisins, c'est de suite différent, j'en sais qq chose ici
Ha merde, ba j'espère qu'ils gueuleront pas si je joue sur des horaires où on a le droit de faire du bruit parce que ça va être la merde. Sinon au pire ils pourront pas faire grand chose... A part gueuler lol
(Je te MP pour la région.)
Répondu !
Dounia a écrit
C’est une pauvre tentative, maladroite, foutraque et certainement beaucoup trop plaquée sur mon vécu traumatique de bipolaire chaotique...
Petit coeur de verre...
Sais tu quand j’ai été mieux, quand j’ai franchi le fameux cap?
Quand j’ai arrêté de chercher que les autres cherchent reconnaissent et aiment mon petit coeur foutraque, mon petit coeur à la dérive, mon cristal en explosion permanente...
Quand j’ai appris à l’aimer mon même. À plus le juger, le comparer, lui dire tu devrais être Ci ou ça, quand je lui ai laîché du lest pour lui dire, fuck les autre petite fille triste, moi je te prendrai dans mes bras, nos bras, et fuck le monde, on les emmerde, on est merdiques, foutues, bancales, mais vivantes et dignes...
Le jour où j’ai compris que je dansserai sur la tombe de mes parents, je me suis sentira me libre avec mon coeur de cristal, le jour où j’ai compris à quel point j’aivais le droit d’être heureuse du suicide de l’homme qui m’a violé je me suis sentie femme...
Pareil pour moi,je me fous de ce que pensent les autres maintenant,et depuis je suis heureux,je pense