Catégorie : Opinion - 26 juillet 2025 à 16:42
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Hello Myozotis
Merci pour l'article.
Mais j'ai l'impression d'un mal entendu total.
Pour moi, cet article n'attaque pas plus la "RDR institutionnelle" que la "RDR en autosupport". Il vise autant l'une que l'autre.
Pour moi, cet article n'attaque pas du tout la "RDR normative" que nous combattons sur PA.
Au contraire, il la défend, en tirant à boulet rouge sur "la réduction des risques non conditionnelle", qu'il déclare "héritée d'un autre temps".
Ce qu'ils attaquent dans la "RDR normative", c'est bien la "RDR" tout court. Le "normatif", il adorent ça, et ils en redemandent !
La preuve, les "soins" vont devenir obligatoires, et dès lors, cesser d'en être pour devenir des maltraitances.
Myozotis a écrit
il y a un rejet de plus en plus marqué de la RDR "normative" sur la plate forme.
Ca, c'est quelque chose de tout à fait assumé ! Et si tu veux mon avis, c'est pas prêt de changer
Mais ce qu'on défend sur PA, et qu'on appelle "RDR non normative et non prescriptive", c'est plus ou moins ce qui est durement fustigé dans l'article, et qui est abandonné à San Francisco.
Tu l'as compris, l'abstinence va redevenir le seul horizon possible pour qu'une aide aux PUD en détresse soit finançable par les institutions publiques. Et la prise en charge des souffrances psychiques injustement réduite à des "addictions", ben ça va se résumer à un sevrage à marche forcée, si la personne ne veut pas être abandonnée par les soignants.
C'est justement le genre de choses qu'on critique sur PA, et ce sur quoi on se fight avec l'opposition.
Je pense en effet qu'il faut défendre l'existence concrète de la RDR institutionnelle, faute de mieux, malgré les graves manquements qu'elle entretient, les violences quotidiennes auxquelles elle nous expose, et la logique d'exclusion du sujet qui la caractérise.
Mais qu'on ne me demande pas d'épargner ses errances dans les discutions sur le fofo. La RDR est un sport de combat, et tant que l'opposition viendra défendre la RDR normative et la prescription sur ce forum qui ne lui est pas destiné, je serai là pour leur rendre les coups.
Il ne faut pas confondre la détresse des personnes avec les croisades politiques et les provocations des trolls de l'opposition.
Myozotis a écrit
Car moi qui fait de la rdr "normative" en IRL je peux vous assurer que j'essaie de transmettre les mêmes valeurs qui sont défendues sur PA sans peur d'être réprimandée par mes supérieurs ou mes collègues qui valident mon savoir expérientiel.
Mais pourquoi tu dis que tu fais de la "RDR normative" ?!!!
La RDR institutionnelle tend à être normative, mais toutes les personnes qui travaillent dans les institutions ne sont pas des monstres de normativité, loin de là. Il y a des résistants de l'ombre ! Et il y a aussi des résignés, qui rongent leur frein, mais qui n'en pensent pas moins, impuissants devant la déroute humaine et sanitaire qui se joue sous leurs yeux... Je ne leur jette pas la pierre.
Si je puis me permettre, tu choisis très mal tes mots. Je pense que l'expression "RDR normative" ne reflète que ton sentiment de culpabilité, parce que tu t'identifies aux structures institutionnelles pour lesquelles il t'arrive de travailler. A tort selon moi, car tout ce que je sais de ta pratique personnelle me montre à quel point elle n'a rien de normative, très loin de là.
Il faut bien vivre, et si ce sont la RDR et le "prendre soin" qui te font vibrer, t'as pas à te sentir coupable. C'est pas parce que tu dois parfois travailler avec ou dans des institutions structurellement normatives et maltraitantes, que ça fait de toi une vendue, et que ça doit te faire appeler ce que tu fais "RDR normative".
Chacun résiste comme il peut à ce que les institutions lui demandent de faire. Et je sais que c'est ton cas bien plus souvent qu'à ton tour !
Myozotis a écrit
J'ai l'impression d'avoir le cul entre deux chaises et ce n'est pas très confortable comme assise.
Il n'y a aucune raison de te sentir visée dès qu'on critique les institutions de la RDR
Mon conseil de survie :
Amicalement.
a écrit
Donc non, le drogue c’est utile parce qu’il faut pouvoir lui taper dessus quand on en a besoin. Bref fin de la parenthèse un peu hors sujet
Heu oui un peu HS mais ça me va.
a écrit
mais non, l’Etat (français) n’en a pas marre de ses drogues :
Il en a marre de soigner ceux et celles qui en ont besoin, encore plus les usagers de drogues.
a écrit
Un drogué c’est sale, c’est dysfonctionnel et en plus ça a sa part de responsabilité dans le climat d’insécurité (eh ouai, tu crois qu’ils les achètent comment leurs kalash les [pas si] petiots des quartiers Nord (de Marseille ou d’Amiens)).
Conséquences bien connues de la guerre contre la drogue menée par Nixon.
Ce que j'essaie de passer comme message est sur une autre tonalité qui rejoint parfaitement la tienne ceci dit.
Dans mon post je parle, entre autre, du droits des usagers de drogues dans l'accès au soin et ça part de la simple distribution de matériel à la répression de plus en plus assumée envers les usagers de drogues. C'est un rétropédalage extrêmement dangereux face à un contexte plus qu'inquiétant. Après tant d'années de lutte c'est difficile de voir ce qui ne tenais déjà qu'à un fil s'effondrer sous nos yeux.
Historiquement la RDR est une initiative portée par les personnes concernées par la conso. C'est là où l'écho est encore plus violent pour celles et ceux qui y consacrent une partie de leur vie.
Et c'est pour cela que je voudrais faire appel à la mobilisation, mais il faut être nombreux et je reste pessimiste.
Donc ok c'est un bon épouvantail politique (rien de neuf) mais aujourd'hui ça va encore plus loin et ça craint.
A+
a écrit
Pour moi, cet article n'attaque pas plus la "RDR institutionnelle" que la "RDR en autosupport ". Il vise autant l'une que l'autre
Non, honnêtement je n'ai pas l'impression qu'ils ont consciences que l'auto support ait un quelconque impact sur les Puds. Je pense qu'ils s'en foutent un peu ^^. L'auto support est très peu soutenu par l'état, la RDR institutionnelle l'est bien plus. Là c'est une remise en question d'une politique de santé publique durement acquise. C'est pas la répression le problème c'est la pratique de la RDR en France qui l'est. Et si la rdr institutionnelle est en danger l'auto support l'est encore plus.
Ce que San Francisco montre aujourd’hui, c’est qu’un changement est possible sans renier la compassion, ni sombrer dans la répression brutale. La ville propose un modèle équilibré, fondé sur l’exigence, la responsabilité, l’accompagnement intensif et l’accès au soin véritable. La France pourrait s’en inspirer. Car il est temps de conditionner toute politique de réduction des risques à un accès structuré au soin, de ne plus se satisfaire des maraudes consistant à distribuer du matériel stérile, mais profiter de ce contact pour instituer une relation thérapeutique. Il faut augmenter massivement les moyens pour le suivi psychiatrique et psychologique, pour le logement accompagné, la stabilisation physique et mentale, faire de chaque interaction une opportunité de transformation et d’orientation vers l’abstinence. Pour cela, le discours doit changer : «retrouver le chemin de la vie sans les drogues et se reconstruire». Enfin, développons une offre nationale de centres de traitement sur le modèle validé scientifiquement des «Rehab centers» anglo-saxons ainsi que des centres résidentiels ou communautés thérapeutiques inspirés du modèle Minnesota. Conclusion : passer de la gestion de crise au choix du courage
Ce passage est particulièrement insultant et sans l'Etat pas de maraude, pas de distribution de matériel, pas d'analyses de produits.... Le gros problème dans cette histoire c'est que l'on dépend d'eux sur trop de point pour faire perdurer cette pratique.
a écrit
Pour moi, cet article n'attaque pas du tout la "RDR normative" que nous combattons sur PA.
Je vois... Sauf que sur PA on s'abstient de parler du médical alors que selon moi la RDR et l'auto support n'existerait pas sans le médical. L'auto support c'est un contre pouvoir libérateur mais sans les médecins on est bien emmerdés... Je compose avec cette réalité; pas de pouvoir sans contre pouvoir! Et j'aime être des deux côtés parce que c'est de l'intérieur qu'on peut faire avancer les choses. Et heureusement que l'on peut parler des maltraitances médicales encore librement même si de façon anonyme... Bref big up à PA pour ça
Ce que j'essaie de dire c'est que si l'on perd le pouvoir médical on perd aussi notre contre pouvoir. Ce ne sera plus aux "sachants" à qui on aura à faire mais bien a des kisdés et ça sera une toute autre histoire. Le fond de mon propos tient là dessus, l'union fait la force. Et on est trop peu et peut être trop clivés pour mener à bien une action politique comme celle qui a pu se jouer dans les années 90 (médecins, politicien.nes et PUDs militant.es ensemble face à la répression abusive et meurtrière qui se jouait) Si on veut des résultats il va falloir se mobiliser ensemble...
a écrit
La RDR institutionnelle tend à être normative, mais toutes les personnes qui travaillent dans les institutions ne sont pas des monstres de normativité, loin de là. Il y a des résistants de l'ombre ! Et il y a aussi des résignés, qui rongent leur frein, mais qui n'en pensent pas moins, impuissants devant la déroute humaine et sanitaire qui se joue sous leurs yeux... Je ne leur jette pas la pierre.
Important à clarifier. Merci beaucoup pour le reste de ton message. Car oui j'ai l'impression d'être une vendue alors que je fais exactement la même chose dans mes interventions sous couvert de l'ARS. De fait, ça crée une dissonance cognitive. Le tout c'est de pouvoir échanger sur le sujet.
A+
a écrit
Je pense en effet qu'il faut défendre l'existence concrète de la RDR institutionnelle, faute de mieux, malgré les graves manquements qu'elle entretient, les violences quotidiennes auxquelles elle nous expose, et la logique d'exclusion du sujet qui la caractérise.
Heuuuu. La RDR participe à l'évolution de l'accompagnement des PUDS en addictologie. Sans elle oui on passera au sevrage forcé, c'est certains. La RDR institutionnelle c'est ce qui amène de la nuance dans les pratiques professionnelles. En fait, la RDR normative ça n'existe pas ou on la confond de façon hasardeuse avec la prévention.
ça je l'ai précisé sur mon premier post
Myozotis a écrit
PA est une ressource, un lieu unique en son genre et il doit être préservé. Beaucoup trop de forumers ne lisent pas la charte ou viennent juste troller ce qui rend parfois l'ambiance très tendue. La modération défend une vision qu'il faut respecter. Le clash c'est de la merde, c'est une perte de temps infinie et surtout ça n'aide absolument pas la cause défendue!!!
Je suis une PUD j'ai mon parcours ma vision des choses et heureusement que chacun.e possède un esprit critique. S'adapter est une preuve d'intelligence. Ici il y a des règles qu'il faut respecter pour instaurer un climat de paix plus que nécessaire à la bonne continuité de cette action militante menée depuis plus de 20 ans.
Pour tout ceux où celles qui ont une vision différente de la RDR il est tout à fait possible de la pratiquer ailleurs qu'ici.
C'est un vrai problème on est d'accord.
Myozotis a écrit
Heuuuu. La RDR participe à l'évolution de l'accompagnement des PUDS en addictologie. Sans elle oui on passera au sevrage forcé, c'est certains. La RDR institutionnelle c'est ce qui amène de la nuance dans les pratiques professionnelles. En fait, la RDR normative ça n'existe pas ou on la confond de façon hasardeuse avec la prévention.
Il me semble que tu ne saisis pas bien les concepts de RDR institutionnelle. La grande différence, c'est qui parle de RDR et qui la définit !
Voila ce que je viens d'écrire pour l'aide mémoire sur la RDR dans le chapitre "Fondement de la RDR"
Cette RdR numérique que PA fait, redéfinit la RdR par le bas. Elle représente clairement un changement dans la manière dont on parle et qui parle de réduction des risques. A travers le prisme de l’expérience et une forme d’essais et d’erreurs collectifs, on peut discerner une contre-voix au discours dominant et au contrôle de la notion de réduction des risques par les experts. La RdR passe de ce qui peut être considéré comme un discours descendant et professionnalisé de réduction des risques (modele top-down) à un discours généré par les pairs et dirigé par les PUD (modèle bottom – up).
Les priorités de PA ne sont pas celles de la RdR en santé publique traditionnelle, qui est parfois perçue comme privilégiant des risques plus abstraits par rapport aux menaces immédiates pour la PUD. Notre discours peut être même catégorisé comme une « contre-santé publique" car ils s’écartent de celui des normes de la RdR en santé publique. Dans PA, la réduction des risques va au-delà de la simple prévention des risques : elle est une vision commune des usages de drogues comme étant des pratiques acceptables et vise une utilisation plus efficace et plus sûre d’une ou plusieurs drogues.
PA est un outils d’empowerment social et politique qui proposent un projet de transformation sociale : tout en se revendiquant de la politique de RdR, c'est une arène publique ou le droit de consommer des drogues et de maximiser les bénéfices de la consommation sont revendiqués. PA résistent au jour le jour à la politique de prohibition, ainsi qu’à une partie de l’addictologie qui tend à envisager l’addiction comme une maladie du cerveau, en ouvrant des voies alternatives à la répression et à la médicalisation (même si de plus en plus d’addictologues intègrent aujourd’hui les approches de RdR en particulier parmi les nouvelles générations).
Quand a la RDR institutionnelle, a-t-telle vraiment une vision unique et éclairée de l'usage de drogues ???? Je ne le crois pas, et je démonte tout cela dans ce meme livre. La RDR institutionelle, ce sont avant tout des outils (substitution, don de seringue, don de naloxone, TASP...) créés pour lutter contre les virus VIH, VHC et les OD. C'est déja beaucoup, mais en aucun cas ca fait une vision de l'usage... Dans la RDR institutionnelle, il y a des personnes qui pensent que la RDR doit (j'insiste sur le doit) etre la 1ere marche vers le soin, des personnes qui pensent qu'il faut que les PUD arretent. C'est très loin de nous et de notre positionnement...
Quand à la RDR normative, c'est la RDR qui dit qu'il faut attendre 6 semaines avant de reprendre de la MDMA, qu'il faut arréter la kétamine parce qu'on a des Kpain, sans prendre en compte la personne, ses besoins, ses bénéfices. C'est une négation du sujet, voire une maltraitance ! Par facilité, certaines personnes pratique cette RDR, en répetant comme des perroquets ce qu'ils ont lu sur des brochures et en ne s'adaptant pas à la personne.
Myozotis a écrit
La grande différence, c'est qui parle de RDR et qui la définit !
Salut Pierre,
Je vois.
Ok c'est ça la RDR normative. Je confirme que cela existe bel et bien.
Il s'agirait parfois même du principal objectif caché derrière cette pratique et de fait une démarche qui va à l'encontre des principes fondamentaux, je ne peux le nier.
a écrit
Quand a la RDR institutionnelle, a-t-telle vraiment une vision unique et éclairée de l'usage de drogues ???? Je ne le crois pas, et je démonte tout cela dans ce meme livre. La RDR institutionelle, ce sont avant tout des outils (substitution, don de seringue, don de naloxone, TASP...) créés pour lutter contre les virus VIH, VHC et les OD. C'est déja beaucoup, mais en aucun cas ca fait une vision de l'usage...
C'est là où je ne suis pas sûre de te rejoindre complètement. La RDR institutionnelle ne se résume plus du tout au sanitaire grâce à la période de transition de la séronégativité de la RDR post sida. Les formations mettent en avant le pouvoir d'agir de l'usager, le principe de rétablissement à ne pas confondre avec l'abstinence, l'écoute active et plein d'autres techniques qui sont à l'opposées du discours médical traditionnel. Et surtout, qui tendent à répondre du mieux possible à la DEMANDE de la personne concernée. Supercherie? Je ne sais pas..
J'ai l'impression que ce sont les freins juridiques qui rendent la RDR maltraitante dans certaines structures. Le manque de moyen facteur aggravant de maltraitance dans toutes les institutions du soin. On a parfois à faire face à des professionnels résignés ou encore pire l'embauche volontaire de bons samaritains qui font fuir les usagers parce que la structure ne peut se permettre de faire mieux faute de ... Je reconnais que ce type de dysfonctionnement découle directement de la stigmatisation mais pas que.
La RDR a sortie les Puds des hôpitaux psychiatriques, elle a permis aux usagers d'acquérir des droits essentiels à la reconnaissance de leur citoyenneté. Et ces droits certes insuffisants, ben on s'y accroche comme on peut et je pense que c'est un acquis fragile.
Honnêtement, je ne vois pas comment on peut essayer de faire évoluer la RDR alors que celle ci est tout bonnement entrain de s'effondrer sous nos yeux.
Ce que j'essaie de dire maladroitement certes, c'est qu'au vu de la situation, j'ai une peur légitime que la RDR disparaisse. De fait, cette peur est aussi présente au sujet de la survie de PA.
Les décisions politiques tombent pendant que nous essayons de défendre nos valeurs ce qui est un combat important oui, mais n'oublions pas qu'à côté c'est la guerre dont on sera les premières victimes..
On fait comment pour se faire entendre? Comment se défendre face à un gouvernement fasciste? Qui est ce qui va subventionner les actions militantes?
C'est ces question que je viens soulever avec mon billet de blog rien d'autre.
Myozotis a écrit
on est trop peu et peut être trop clivés pour mener à bien une action politique comme celle qui a pu se jouer dans les années 90 (médecins, politicien.nes et PUDs militant.es ensemble face à la répression abusive et meurtrière qui se jouait) Si on veut des résultats il va falloir se mobiliser ensemble...
Donc même si on est pas d'accord avec les médecins , on ne pourra, je pense, rien faire sans eux.
Merci pour ta réponse Pierre et aussi pour tout ce que tu fais depuis des années.
Mais quels droits, quelle citoyenneté ? c'est un abus de langage de dire cela. La RDR des institutions cohabitent avec la prohibition et elle ne la combat pas, elle cohabite avec le fait de mettre les PUD en prison ! Je ne vois pas ou est la défense de la citoyenneté dans cela.
Myozotis a écrit
La RDR institutionnelle ne se résume plus du tout au sanitaire grâce à la période de transition de la séronégativité de la RDR post sida. Les formations mettent en avant le pouvoir d'agir de l'usager, le principe de rétablissement à ne pas confondre avec l'abstinence, l'écoute active et plein d'autres techniques qui sont à l'opposées du discours médical traditionnel. Et surtout, qui tendent à répondre du mieux possible à la DEMANDE de la personne concernée. Supercherie? Je ne sais pas..
Excuse moi, mais c'est du blabla institutionelle que je connais tres bien pour faire aussi partie d'une institution. Ce que tu cites, c'est des outils, ca ne fait absolument pas une pensée. La pensée de la RDR institutionnelle est toujours resté coincée dans le VIH ! Elle n'a pas évolué un pet depuis. Et d'ailleurs on le voit tres bien quand la RDR est attaquée : les seuls truc qu'on ressort ont 30 ans, et c'est la lutte contre le VIH...
Myozotis a écrit
Donc même si on est pas d'accord avec les médecins , on ne pourra, je pense, rien faire sans eux.
Mais bien sur que si ! C'est ce type de discours qui les rend ultradominant et qui permet à leur discours médical de nous écraser ! L'émancipation des PUD se fera loin des médecins. La médecine est la pour faire rentrer les déviances dans le droit chemin (si ca vous tente, je vous donnerais les références de Conrad qui explique cela). Comme pour l'hystérie ou la masturbation dans les années 1800 ou l'homosexualité il n'y pas pas longtemps. Ils ne sont certainement pas nos aliers. Au mieux, ils nous considèrent comme des malades qu'il faut soigner. Mais ils ne comprennent rien aux savoirs expérientiels, ou à la stigmatisation... D'ailleurs, ils sont de l'autre coté de la stigmatisation, c'est bien eux qui stigmatisent les drogués. Pour le comprendre, il faut revenir à la définition de la stigmatisation : c'est un processus social de domination des PUD par une caste de dominants que sont les addictologues, les policiers, les juges, les politiques... pour faire respecter une norme sociale qui est l'abstinence de produits illicites. La stigmatisation est donc appliquée par les dominants pour nous faire rentrer dans le rang ! (je peux aussi vous donner les références de Link et Phelan, 2001, sur la définition de la stigmatisation)
Et pour continuer, moi les médecins qui disent qu'ils ne stigmatisent pas les PUD, ca me fait flipper. Parce que ca veut dire qu'ils n'ont pas fait de travail sur la stigmatisation, et que ce sont eux qui stigmatisent le plus !
Bonne soirée
Pierre
a écrit
voici la suite de la discussion. C'est important pour moi, parce que j'ai une critique acerbe de la RDR institutionnelle qui ne répond plus au besoin des PUD. D'ailleurs, pour ceux qui lisent l'anglais, vous pouvez lire mon article pour le HarmReductionJournal, sur la RDR institutionnelle, et qui demande un nouveau modele de RDR "For a renewd harm reduction model"
Salut,
Je te remercie infiniment pour cet échange que je trouve hyper constructif!
Quand je parle de citoyenneté, effectivement, je me rattache à une histoire. Celle de personnes qu'on a laissé mourir dans le silence trop longtemps parce qu'il s'agissait de "drogués irresponsables", des délinquants en puissance. Etre citoyen.ne pour moi c'est des devoirs mais aussi des droits. L'accès à la substitution, la distribution de seringue, peuvent paraître dérisoire ajd mais oui la RDR a apporté de la dignité là où il se passait un massacre sanitaire. Si ce n'est pas une reconnaissance de la citoyenneté d'individus je vois pas trop ce que c'est alors....
a écrit
Excuse moi, mais c'est du blabla institutionelle que je connais tres bien pour faire aussi partie d'une institution. Ce que tu cites, c'est des outils, ca ne fait absolument pas une pensée. La pensée de la RDR institutionnelle est toujours resté coincée dans le VIH ! Elle n'a pas évolué un pet depuis. Et d'ailleurs on le voit tres bien quand la RDR est attaquée : les seuls truc qu'on ressort ont 30 ans, et c'est la lutte contre le VIH..
Et c'est sur ce sujet, où je pense que tu as infiniment plus d'expérience que moi, que j'ai besoin de comprendre pourquoi tu es si affirmatif sur la question?
De mon expérience, la RDR devenue institutionnelle a complétement démolie le paradigme de l'abstinence comme projet d'accompagnement. Les caaruds et les csapas sont fréquentés par des personnes dans le besoin (pour la plupart) avec une demande. Les drogués heureux on les voit pas trop dans les institutions...Et je conçois qu'ils ne puissent pas l'être, tellement ils ne sont pas entendus Quand tu parles de prison, je ne comprends pas très bien comment tu la définis. La pathologisation de l'addiction en est une c'est sur. Mais moi, je ne connais que la prison du prescripteur...
a écrit
Mais bien sur que si ! C'est ce type de discours qui les rend ultradominant et qui permet à leur discours médical de nous écraser ! L'émancipation des PUD se fera loin des médecins. La médecine est la pour faire rentrer les déviances dans le droit chemin (si ca vous tente, je vous donnerais les références de Conrad qui explique cela). Comme pour l'hystérie ou la masturbation dans les années 1800 ou l'homosexualité il n'y pas pas longtemps. Ils ne sont certainement pas nos aliers. Au mieux, ils nous considèrent comme des malades qu'il faut soigner. Mais ils ne comprennent rien aux savoirs expérientiels, ou à la stigmatisation... D'ailleurs, ils sont de l'autre coté de la stigmatisation, c'est bien eux qui stigmatisent les drogués. Pour le comprendre, il faut revenir à la définition de la stigmatisation : c'est un processus social de domination des PUD par une caste de dominants que sont les addictologues, les policiers, les juges, les politiques... pour faire respecter une norme sociale qui est l'abstinence de produits illicites. La stigmatisation est donc appliquée par les dominants pour nous faire rentrer dans le rang ! (je peux aussi vous donner les références de Link et Phelan, 2001, sur la définition de la stigmatisation)
C'est là où je suis sûrement bien plus défaitiste que toi, dans le sens où, je ne vois pas comment se dissocier du médical alors qu'on est trop peu et qu'on a malheureusement pas le poids du statut... C'est vraiment purement factuel (bien qu'horrible on est d'accord là dessus) et de fait je ne vois pas comment on peut rendre un si beau projet réalisable sans se confronter à la réalité du terrain et du climat politique actuel. J'ai lu votre article (par ailleurs excellent) et ce que j'ai retenue, juste en terme de stratégie, c'est que le fait que tu sois chef de service d'un CSAPA pourrait permettre de développer cette initiative hors forum ?
Ma question réside tout simplement là. Quels moyens avons nous?
Pierre, je connais que trop bien les maltraitances institutionnelles et je te rejoins à cent pour cent sur la richesse milles fois plus précieuse et aidante du savoir expérientiel par rapport au discours médical qui est complétement à côté de notre réalité. Je suis pas hyper bien vue dans mon milieu tant je mets ces principes fondamentaux en avance. C'est pour ça que je suis sur PA :).
Je m'engage dans la révolution mais il faut un plan!!!
Bien à toi
Myoz
Tu parles du dispositif TREND/SINTES de l'OFDT? Si c'est le cas je te rejoins à 100%.
ça fait longtemps que je me pose beaucoup de question à ce sujet... Perso je trouve que ça pue