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Méthadone en Centre de soin, en route vers l'abstinence 



2 mois et 3 semaines se sont écoulés depuis ma première prise de méthadone au csapa.
60mg par jour, presque plus aucune consommation d'héroine, le bilan est positif.
je suis satisfait.
Par contre moi qui ne tapait pas la coc, je m'y suis mis un peu, 3 fois par mois maximum. C'est l'envie de modifier sa conscience, l'ennuie du weekend, un craving indéfini qui me pousse à  acheter et aussi la nostalgie de ce mode de vie que j'ai mené tous les jours pendant quelques années qui consiste à  aller acheter en cité, discuter avec des visages connus, prendre des nouvelles.
Cette vie sociale à  la marge, j'y ai mis un terme mais la nostalgie me pousse à  revenir voir d'anciennes connaissances.

J'ai un nouveau soucis c'est le xanax. Je suis stressé sans héroine et la méthadone ne me calme pas. Cette nervosité me gène au quotidien aussi j'ai obtenu quelques xanax par le biais d'un ami.
Ca me détend, je suis zen pour mes rendez-vous au csapa, pour mes démarches administratives, pour parler avec des personnes.
Le médecin est contre les xanax, il me dit de tout stopper, faire du sport.
Le stress est normal d'apres lui, chez moi c'est très génant.

Je vais essayer de suivre ses conseils, stopper coc et xanax, faire du sport et voir si je gere ma phobie sociale.
Après tout, ca peut marcher.

La métha aide mais ce n'est pas miraculeux. On peut rechuter je l'ai bien compris.
Tous les toxs que je vois ont un traitement méthadone d'ailleurs.
Une fois le relais en ville effectué, j'espere ne pas rechuter, après le csapa.
c'est pourquoi j'ai envie de maintenir un suivi au csapa au moins 12 mois.
1 an c'est trop court pour oublier la came.
2 ans également. Je sais que je vais commencer à  oublier dans la 3eme année d'abstinence.
C'est le début et ca me va très bien comme ca.
Ensuite je vais commencer les séances psy, et préparer un retour au taf via une formation ou non.
Affaire à  suivre
Bonne vacances tout le monde

Catégorie : Témoignages - 18 juillet 2015 à  23:46



Commentaires
#1 Posté par : wastedreamor2 19 juillet 2015 à  09:56
Courage à  toi ...
Moi aussi je suis très nerveuse et la méthadone ne me calme pas du tout, parfois à  haire dose ça me rend "frénétique", super speed, je brasse beaucoup de vent dans ses moments là .
Et je n'ai jamais connu ça avec l'hero. J'aimerais bien trouver une étude qui justifierait de risques plus importants pour la santé dans le cas d une conso d heroine médicalisée plutôt que dans celui de la méthadone.

Un lien vers un docu intitulé " The truth about heroin"
Qui démontre que, avec un approvisionnement régulier et de qualité, le seul problème de santé qu'induit l'héroïne est la constipation.


 
#2 Posté par : Syam 19 juillet 2015 à  11:40
A ce propos WD2, je me demande pourquoi on conserve ce document "Echelle de classement des dommages créés par différentes drogues.2007"

C'est possible qu'il corresponde à  une réalité si on considère la drogue de rue prise au hasard mais il induit quand même des conceptions erronées sur le produit non?

Quand on voit les dégâts physiques de l'alcool par exemple...

Désolé les blogs ne prennent pas les images. C'est peut-être à  discuter entre adhérents pour voir si ce schéma correspond à  ce qu'on veut communiquer.

http://www.psychoactif.org/psychowiki/i … %29_fr.png

 
#3 Posté par : wastedreamor2 19 juillet 2015 à  12:15
Je suis bien d'accord avec toi Syam... La prohibition complique sérieusement l'accès à  une drogue dont tous les composants seraient connus.  Ca mène aussi à  l'ignorance des masses en véhiculant un discours diabolisateur des substances.

Quant à  l'alcool, j'ai arrêté il y a dix ans, parce que je ne sais pas me limiter et que ça commençait à  être moche. Et je trouve les conséquences de l'alcoolisme bien pires que celles du cannabis.

Sans compter les RC, aucun recul sur les molécules, mais certaines restent légales...

C'est de la poudre aux yeux la prohibition des "drogues", combien d'addictions la sécu accepte de rembourser? Tant que c'est prescrit...Il faut que l'on nous trouve un médoc qui colmate le manque induit par notre drogue de prédilection. La liste des effets secondaires des médocs peut être flippante... L'addiction aussi lourde ( benzol, antiD..)

La coke et l'héro se trouvaient aussi en pharmacie au début du siècle dernier, y avait même une dose de 100mg de coke par petite bouteille de coca.. J'ai pas lu/vu beaucoup de retours sur des décès en masse liés à  la drogue aux mêmes périodes. La peste a fait bien plus de victimes, on n'a pas exterminé Tous les rongeurs pour autant.

 
#4 Posté par : Fabrice 21 août 2015 à  22:03
On lutte contre les addictions de manières très archaïque car on a encore une très faible connaissance du cerveau.
Avec le développement de la recherche tous les progrès futur concerneront les NBIC.
Comprendre le cerveau, être capable de le modéliser et créer une IA sont les objectifs de demain.
En attendant on fait avec ce qu'on a, et la méthadone reste le produit efficace à  ce jour.
Au bout de 4 mois sous méthadone, j'ai réduit ma prise d'héroine à  2gr maxi par mois, je vise l'arrêt total depuis le début et ca progresse bien dans cette voie.

On n'oublie rien en 4 mois, il faut beaucoup plus de temps pour mettre de la distance avec l'héroine.

 
#5 Posté par : Leaf 23 août 2015 à  15:40
C'est marrant ce que tu dis sur la "nostalgie" de ce mode de vie là , en marge, aller pécho en cité, voir les têtes taper la discute... J'ai exactement la même chose qui se passe, ayant arrêté la came quotidienne depuis déjà  pas mal de temps, et c'est parfois limite plus ça qui me pousse à  aller acheter pour me faire un extra que l'effet attendu lui-même... Enfin ptet pas mais c'est bien ça le déclencheur... J'ai l'impression en y allant pas, de louper l'action, ce qui se passe "là  bas" après avoir passé tant de temps dans ce milieu-là , quelles sont les nouvelles, est-ce que ç'a bougé, etc, où est untel et un autre, etc, et toutes les quelques semaines/mois, je suis irrésistiblement poussé à  y retourner, m'immerger là -dedans à  nouveau, malgré le contraste avec ma vie de maintenant qui est tout ce qu'il y a de plus normal, un boulot, de la thune, une vie ordonnée et une routine... Perso j'ai l'impression que ça me suivra à  vie.

 
#6 Posté par : Fabrice 23 août 2015 à  17:25
Depuis 2 jours  je lutte contre de furieux cravings qui ne me lâchent pas d'une semelle. Je résiste, la frustration et la panique augmente avec l'heure qui avance.
Depuis ce matin 08h je n'ai que ca en tête et ca ne part pas.
Je vais aller sortir faire un tour, une ballade pour me calmer, en espérant tenir le coup.
Le craving que je ressens depuis vendredi est une sensation désagréable, au niveau de l'estomac, le 2ème cerveau qui posséde de nombreux neurones, il n'y a pas de pensées précises conscientes, mais cette sensation désagréable d'urgence, de mal-être, d'angoisse je la connais trop bien et je sais qu'elle est en rapport avec le désir d'héroine. Pourtant si j'achete ce sera de la cocaine.
Echouer dimance à  18h après avoir supporter les cravings depuis vendredi midi serait un peu regrettable mais il n'y a que ca pour y mettre fin, aller acheter.

Je vais sortir marcher un peu, je marche beaucoup depuis que j'ai entamé le tso, au moins 2 heures et demi de marche chaque jour sans exception.
Et l'après midi, avec la chaleur, la méthadone me fait dormir toute la journée.

En automne, le retour du froid, l'absence de sommeil la journée sera problématique.
Je dors parfois 16heures par jour depuis 4 mois.
Le temps libre m'inquiète.
4 mois c'est rien après 7 ans d'héroine. Jusqu'en Décembre je me concentre sur le sevrage et rien d'autre. Pour le travail ou formation je verrais en 2016.

Leaf comment as-tu retrouvé un taf au cas ou tu aurais arrêté de bosser entre deux? Comment as-tu organisé ton quotidien, au fil des mois?

 
#7 Posté par : Leaf 23 août 2015 à  19:09
Je connais la sensation dont tu parles, la sensation désagréable qui te retourne l'estomac, comme une crampe, la contradiction entre ton envie de came, la peur, et ta raison qui te dit qu'il faut pas céder à  l'appel. C'est atroce et ça te lâche pas, c'est dur de porter son attention sur quelque chose quand le craving se manifeste physiquement.

En ce qui concerne ton sommeil, fais gaffe c'est pas forcément très bon de dormir autant, perso je trouve que ça rend encore plus dépressif et vaseux, et en plus c'est pas du sommeil réparateur donc ça te casse encore plus. Je sais dormir semble une option valable lorsqu'on est inactif et que les heures sans rien faire de particulier angoissent encore plus, mais ça risque de te rendre encore moins bien dans ta tête au final; faut trouver un truc pour t'occuper la tête ou le corps, pour sortir de cette routine là .

En ce qui concerne le taf, bah moi ça faisait un sacré bout de temps que j'avais pas taffé, du moins légalement, avant ça j'habitais à  londres et j'suis vraiment tombé dans un sale délire, je chourrais dans les magasins et j'ai été "rent boy", sinon à  part ça bordel total dans ma vie, aucune stabilité juste les speedballs, les embrouilles et la galère, hygiène de vie atroce, etc etc. Y a eu un moment où c'est devenu trop la merde, dettes dépression et OD à  répétition, j'suis revenu en france chez mes parents en zone rurale, j'ai décroché brièvement avant de retrouver des vieilles connaissances et suis retombé dans la came aussi sec, c'est parti en couilles et j'ai fait une tentative de suicide par OD de speedball l'été dernier, du coup j'ai été envoyé en psychiatrie pendant plus d'un mois puis cure de désintoxication.

J'suis rentré chez mes parents en octobre, encore tout traumatisé de l'hospitalisation et des évènements, j'ai pas travaillé tout ce temps, juste à  la maison à  me faire chier et à  déprimer, à  me réadapter à  la vie normale (difficile), à  arrêter les médocs (temesta et zopiclone). Quelques rechutes par ci par là  mais beaucoup plus espacées qu'avant, et je continuais à  shooter le subutex. Et petit à  petit j'ai recommencé à  chercher du taf, à  passer des entretiens, j'me faisais tellement chier à  la maison c'était plus vivable. J'ai arrêté d'injecter le sub y a plus de deux mois, et assez rapidement sans que je le remarque ma vie est redevenue "normale" avec des sorties, trouvé du taf comme vendeur (j'avais déjà  de l'exp dans le domaine), premières rentrées d'argent depuis longtemps, et voilà . Mais je te cache pas que y a des moments où le truc du craving et la sensation dans l'estomac me reviennent et parfois je résiste pas, je vais en tess et me fais une session à  l'ancienne.

Mais voilà  en ce moment j'suis en train de me rendre compte que j'arrive nettement moins à  gérer qu'avant, et surtout que maintenant j'ai des choses à  perdre, et que crever me fait flipper alors qu'avant rien à  branler. Y a du avoir un changement dans ma tête quelque part, et je sens que je m'éloigne de ma personnalité "tox" peu à  peu. Je suis sûr que ce sera la même chose pour toi, c'est juste que ça prend du temps et que le parcours est fait de petits échecs, de petites victoires, de rechutes, on se casse la gueule parfois, mais c'est pas grave. Faut apprendre à  être bienveillant envers soi-même et pas être trop exigeant tout en gardant en tête l'objectif qu'on se fixe.

Voilà  désolé pour le pavé mais c'était chaud de bien explique et de faire court en même temps

 
#8 Posté par : Fabrice 23 août 2015 à  20:06
Merci pour le pavé Leaf, C'est bien expliqué et répond à  mes questionnements.

En ce moment tu gère un peu moins qu'avant, le contexte a changé.
Il convient d'être vigilant car les rechutes ont lieu dans ces moments là .
Certes, de l'eau a coulé sous les ponts, la vie a repris une tournure habituelle faite d'une routine métro boulot dodo.

Avant là  où la souffrance, la déprime, le mal-être, le stress, l'ennuie,  de concert amenaient les cravings et la reprise de consommation; désormais dans ce nouveau cadre de vie, c'est le plaisir, la joie, l'envie de fête-relâchement -décompression, le désir de plaisir comme récompense d'une brillante semaine de taf, qui peuvent conduire à  la rechute, la grosse rechute.


J'ai bien compris que ce ne serait pas plus simple au fil des mois et que l'envie de consommer de l'héroine ou la projection du désir de drogue vers la cocaine ou l'alcool par exemple n'allait pas disparaitre avec le temps.
La difficulté de rester sobre persiste dans le temps tandis que nos problématiques de vie se muent, changeantes et évoluent au rythme du retour à  une forme neuve d'appréhension du réél.

Je n'oublie pas non plus avoir été l'un des seuls sans TSO quand j'allais dans les cités acheter ma drogue aux côtés d'une quinzaine ou vingtaine d'autres usagers d'héroine et cocaine.
Ces gens étaient tous passé par un csapa avec suffisamment d'assiduité, ayant réalisé au moins une analyse d'urine négative pour avoir un relai vers un médecin de ville et un délivrance de méthadone en pharmacie.
Pourtant ils étaient tous là , sous le porche d'une tour de cité, en grappes à  discuter souvent d'une voix trop forte en attendant l'arrivée du dealer après l'arrivée des choufs.

 
#9 Posté par : Fabrice 11 octobre 2015 à  01:59
pour donner des nouvelles, j'en suis au 6eme mois sous 60mg de méthadone au csapa local.
J'ai des consommations de cocaine 3 fois par mois ou 4 pour remplacer l'héroine que je consomme tres peu, 1 à  2gr par mois.
Je n'arrive pas à  ne pas consommer du tout. J'avais mieux débuté les 3 premiers mois sans consommer.
J'attends de ne plus rien prendre plusieurs mois de suite avant d'arreter le csapa et chercher ma metha en pharmacie.
Et 6 mois c'est peu, on n'oublie pas, c'est trop récent, tout le monde est là , les dealers les clients font semblants de ne pas savoir que j'ai arrêté.
Globalement c'est une réussite, ca va de mieux en mieux

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