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On ne négocie pas avec Schizo 



Jeudi, le troisième membre de notre couple, Schizo, nous a ramené un copain de son rendez-vous chez le docteur : Nozinan.

Il va bien falloir apprendre à se connaitre, car Schizo est très exigeante et ne négocie jamais. Nozinan doit rester chez nous « le temps qu’il faut », point.

Ça commence à faire beaucoup de gens dans la chambre d’ami : Xeroquel, Fluvoxamine, Xanax. Parfois Loxapac vient nous rendre visite, pour une journée, puis il repart. Il est comme ça Loxapac, il s’en va et il revient à l’improviste, sans prévenir. On l’aime bien mais on doit régulièrement changer nos plans pour lui, car quand il s’en va il nous faut bien 24 heures pour s’en remettre.

Schizo nous avait prévenus : « Il vient quand il veut ou Mari s’en va ! ».

Alors on acceptait qu’il vienne de temps en temps.

Mais depuis quelques semaines, il venait beaucoup trop souvent. À tel point que je ne voyais presque plus Mari, mais que Schizo. Alors Schizo a vu avec le médecin : Nozinan s’installe à demeure chez nous.

Mari et moi nous étions un peu inquiets. Nous ne le connaissions pas. On nous avait dit des trucs pas terribles sur son frangin Haldol : il est assommant, fait trembler et rend complètement débile. Bien plus que Xeroquel.

Mais Schizo a dit, alors Mari a préparé la chambre d’amis.

Le premier jour, Mari a dormi 10 heures. Nous avons été un peu surpris lui et moi, nous pensions ne pas nous croiser de la journée. Quand Tercian était venu il y a bien longtemps, Mari avait dormi jusqu’au lendemain.
Mais quand j’ai demandé comment ça se passait à Mari avec Nozinan et Schizo, Mari n’a pas su quoi me répondre : au bout de deux mots, son regard est parti dans le vague. Il avait oublié la question.

J’ai failli pleurer quand j’ai vu le filet de bave pendouiller. Foutu Nozinan ! Foutue Schizo !

Puis il m’a dit : « J’ai fait pleins de cauchemars. Mais j’ai enfin pu dormir. »
Ca m’a suffi à ne pas hurler.

Cela fait maintenant quelques jours que Nozinan squatte. Dans l’ensemble je suis plutôt contente de l’avoir avec nous à la maison : il ne fait pas trop dormir Mari mais lui permet de vraies nuits de repos. Mari est moins agité, moins anxieux, et moins parano : il sort facilement de la maison, ce qui commençait à devenir compliqué. Et Nozinan commence à moins l’empêcher de réfléchir.

Bien sûr, si vous demandez à Mari, pour lui il n’y a pas de différences. C’est le problème avec Schizo : cette bonne femme lui embrouille la tête. Il va vous parler des cauchemars qui ne partent pas, de la fatigue, de ces foutus bonhommes dans la chambre d’amis qui l’empêchent de réfléchir.
Mails il sait ce qu’il leur doit :

Schizo a dit : « Ils restent ou Mari s’en va ! »

On ne négocie pas avec Schizo.

Catégorie : Témoignages - 31 juillet 2018 à  10:06

Reputation de ce commentaire
 
Très beau texte.
 
Très joli texte. Bon courage. Tête de crêpe



Commentaires
#1 Posté par : janis 31 juillet 2018 à  10:30
Bon courage à vous deux pour l hébergement de nozinan.

Plein de pensées positives pour vous.
Janis

 
#2 Posté par : LLoigor 31 juillet 2018 à  12:13
Beau texte et original :)

Le plus difficile avec la collocation c'est le début wink

 
#3 Posté par : Sangdencre 31 juillet 2018 à  16:46
Bonsoir vous 3 ! Pour se débarrasser de cet intrus, n'hésitez pas à chercher le traitement idéal, quitte à passer un bout de temps en compagnie des 33, il faut bien se dire qu'il y a des incompétents partout. Je leurs jette pas la pierre, mais c'est comme pour chacun d'entre nous, on a ses intérêts de prédilection. J'ai fait l'expérience avec ma copine, aujourd'hui guérie, qui est tombé sur un psy qui n'a en 4 ans jamais lâché prise, au point de la mettre dans un léger coma pour nettoyer son organisme des traitements qui ne l'aidaient pas, afin de commencer une autre thérapie. Très atteinte depuis l'âge de 16 ans, en 5 ans la maladie s'est endormie.


Ton texte est magnifique de sobriété et je vous souhaite de trouver une issue rapidement...respect-2

 
#4 Posté par : Fluche 31 juillet 2018 à  20:33
Le traitement idéal, nous le cherchons depuis 2012 à plein temps. Il semble  insaisissable. Il y a toujours un moment où le traitement est à dose maximale, et où il ne suffit plus. Avant le psychiatre changeait de molécule. Cette fois-ci il veut voir si ce n'est pas plus intéressant d'ajouter un autre traitement. Je suis réservée, car on dirait vraiment qu'il y a une tolérance qui s'installe. Il est impossible d'en être sûr : c'est peut-être simplement la maladie qui rue dans les brancards un peu plus fort que d'habitude.

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