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Sevrage progressif et hasardeux de l'heroïne 



Du brun du rose et de la tristesse.

Fin mars j'ai commencé un sevrage progressif pour la première fois, parce que je savais trop bien que je n'allais pas avoir la force refaire autrement, et pas non plus la possibilité financière de tenir le rythme arrivé à  un demi gramme par jour. Et puis à  quoi bon, juste assez pour noyer le sentiment d'absurde qui remplissait toute ma vie à  nouveau, juste assez pour faire comme si je me sentais normal alors que ce n'était pas le cas.——Si j'y suis arrivé, oui et non, je ne saurai pas répondre.

J'ai commencé avec 400mg de Tramadol LP, 200mgLP le matin + 200mg LP le soir.

Le retour de la dépression, des douleurs musculaires, cette horrible nervosité qui ronge le ventre et s'accumule dans les bras et les jambes, l'impression d'être vide et d'avoir la tête pleine de bruit, bien loin du calme et de la plénitude de l'héro. Mais malgré tout ni nausées, ni vomissements ou diarrhées, ni non plus de transpiration, d'impression de crever de chaud et de geler en même temps.

Quand la dose est devenue plus supportable je suis passé à  100mgLP le matin + 200mgLP le soir.

Puis 100mgLP le matin + 100mgLP le soir.

Ensuite juste un comprimé de 100mg LP le soir et un comprimé de 50mg dans la journée quand ça allait trop mal.

A la fin rien d'autre qu'un comprimé de 50mg le soir, puis une fois tout les deux ou trois jours.

Plus de trois semaines de sevrage progressif et malgré tout pas mal d'extras, des rechutes si l'on puis dire, des pauses on pourrai aussi dire, histoire d'éclairer un peu l'obscurité.

Toujours pas vraiment capable de me sentir normal, mais est ce que je me suis déjà  vraiment senti normal, est ce que j'ai déjà  été capable de me sentir en sécurité sans rien dans le sang, et sans avoir à  craindre le retour de la dépression. Ce sentiment d'absurde, cette tristesse que je devrais avoir et qui ne vient toujours pas ou alors pas comme elle devrait, trop forte et trop faible, dans le désordre. Un deuil qui refuse de se faire.

J'ai passé la première semaine chez moi, le reste dans de la famille comme à  chacun de mes sevrages depuis 2015 (c'était le 6e pour les opiacés, déjà ). Pourtant cette fois, peu être parce que c'était progressif et qu'au fond je n'ai jamais concrètement arrêté suffisamment longtemps pour m'y retrouver, il n'y a pas cette impression de repartir à  neuf, peu être parce que c'est trop le foutoir dans ma vie, peu être parce que je sens la dépression revenir une fois de plus, après quelques mois d'accalmies. C'est comme si tout s'était déréglé.

Catégorie : Sevrage - 30 avril 2017 à  20:28

#tramadol #héroïne



Commentaires
#1 Posté par : Spiral32 01 mai 2017 à  02:16
Courage c déjà  bien
Moi j'ai fait sevrage à  la dur aujourd'hui au bout d'une semaine pu de douleur pu de sueur pu de dhiarhe  pu de crampe
Seul truk pri du tranxeine au bout di 2ieme jours

 
#2 Posté par : Recklinghausen 01 mai 2017 à  03:49
Salut,

Bien joué pour le switch vers le tramadol.

J'aurais neanmoins la sensation que le sevrage fut ( trop ? ) rapide.

Pour ce qui est de la déprime, cela ne m'étonne guère. Le tramadol a en plus une action sur la serotonine et joue également un rôle d'antidépresseur.

Le fait d'avoir commencer à  400mg/ jour pour arriver à  rien en même pas un mois doit avoir également un rôle dans l'apparition d'une déprime bien prononcée.

De plus, apparemment, tu consommes des opiacés depuis de nombreuses années. Le phénomène de PAWS risque d'être assez sévère.

As-tu déjà  envisagé un passage vers un Traitement de Substitution aux Opiacés ?

La solution à  tes soucis de déprime ( voir de dépression ) pourrait peut-être être celle-là  ?

Dans un premier temps, le but serait de te stabiliser.

Et une fois stabilisé, après quelques mois,,tu pourras envisager une baisse de façon très progressive.

Le Subutex ( ou de la buprenorphine peu importe que se soit la marque ou le générique ) pourrait peut-être te convenir ?

Ou comme tu es suivi dans un CAARUD, prendre rendez vous dans un CSAPA pour un traitement méthadone.

Cette molécule pourrait t'amener à  accomplir ton objectif... C'est à  dire une consommation festive de temps à  autre.

En effet, les extras peuvent être envisager avec cette molécule ( contrairement à  la buprenorphine ).

Je me permets de te parler de substitution car tu as entrepris 6 sevrages " à  la dure " en 2 ans et demi et ils se sont soldés par des échecs.

Et que comme tu le soulignes dans ce post, tu sens que la dépression revient à  grand pas. Et que tu t'aperçoit que ton organisme est déréglé.

L'avantage de la substitution serait justement de retrouver un équilibre tant physique que psychologique.

Et qu'il n'aura pas d'impact au niveau de tes finances.

Par contre, il sera obligatoire d'accepter un traitement sur un long terme avant d'envisager une vie sans opiacé.

Je t'engage à  en parler avec un addictologue ( voir deux ) afin d'avoir l'avis de professionnel de santé pour pouvoir prendre ta decision " à  tête reposée ".

Prends soin de toi,


Reck.

 
#3 Posté par : interopid 01 mai 2017 à  18:52
pour te répondre Reck je crois que tu as mal compris certaines choses, j'en ai déjà  parlé dans mes autres posts de blog, par rapport à  mes consos d'opia en général, mes sevrages et mes problèmes de dépression?

Déjà  mes 6 sevrages c'était sur mes 6 ans de conso d'opia et aucun n'a été un échec même si certain ont eu plus de rechutes pour malgré tout arriver a une période où j'étais totalement sobre, et ou je n'avais plus le "besoin" de consommer. Et ce fut le cas à  chaque fois.

Je n'ai jamais consommer en continu pendant ces 6 ans, quand j'accroche ça dure quelques semaines et je me sevre parce que je peux pas géré une dépendance physique et j'en ai franchement pas envie non plus. Je n'ai jamais été dépendant au long terme.

Et les TSO ne sont pas du tout envisageable pour moi pour plusieurs raisons, déjà  parce que justement j'ai pas une dépendance au long terme, j'ai une conso d'opia occasionnel depuis des années et je ne suis pas encore arrivé au moment où je voudrais m'en séparer, parce que j'aime l'hero et que me battre contre ça ne menerai à  rien. Mais être usager actif c'est mon choix. Et éviter le plus possible de rester dépendant quand j'accroche c'est mon choix aussi. Je n'ai jamais eu pour but de ne plus jamais reprendre d'opiacés après un sevrage, et en général c'est assez inévitable que la conso occasionnel finissent par redevenir trop régulière.
Etre sous TSO quand je voudrais stopper pour de bon la came ça aurai pu être une option mais vu le système allemand c'est clairement pas envisageable pour moi, ça me ferai perdre toute liberté, et en allemagne le plus gros défaut des protocoles de substitution c'est qu'on est poussé a diminué et arrêté le plus vite possible, donc comme traitement de fond à  long terme pour des personnes qui ont vécu toutes leur vie avec les opiacés c'est loin d'être génial..

Pour ce qui est de la dépression je suis bipolaire hypomanique, je l'étais avant de consommer des opia, et c'est à  séparer de la dépression lié au sevrage. J'ai déjà  pensé et je pense toujours aux AD sans pour autant que ce soit envisageable en ce moment, peu être jamais, peu être un jour, j'en sais rien, mais j'ai fais un post à  ce sujet si ça t'interresse.

Donc non mon but n'est pas d'avoir une vie sans opiacés, parce que ce n'est pas quelque chose d'envisageable pour moi en ce moment, je dis pas que ça ne changera pas, je pense d'ailleurs qu'un jour ce sera le cas ou en tout cas que je trouverai une autre façon de fonctionner. Mais ce jour n'est pas arrivé.

Ce que ce sevrage à  de particulier contrairement aux autres c'est plus lié a ma vie actuelle, au fait que j'ai eu une phase dépressive atrocement violente de juillet à  décembre dernier qui c'était pourtant arrêté après mon sevrage de décembre. Mais j'ai perdu mon frère le mois dernier et je suis dans une période de ma vie où beaucoup de changement vont et doivent arriver.
Et d'ailleurs pour moi j'pense pas pouvoir dire que ce sevrage est fini mais je suis dans un période tellement compliquée que j'ai du mal à  savoir où j'en suis et tout ce que je sais c'est que le quotidien que j'ai actuellement n'est plus vivable, que je n'arrive plus à  me sortir la tête hors de l'eau et que je vais devoir trouver une solution transitoire, car persévérer là  dedans ne donnera rien.

 
#4 Posté par : Caïn 02 mai 2017 à  10:14
Salut Interopid,
J'ai été consommateur occasionnel d'héro et de codé des années durant. Et même quand j'ai fini par devenir conso régulier, c'est sur des doses très basses (jamais plus d'un G par semaine). Le problème de ces périodes c'est que tu apprécies vraiment les moments de conso, puisque tu gères plus facilement les difficultés du manque (d'ailleurs le manque je ne savais pas ce que c'était durant ma période de conso occasionnel). Donc tu as toujours dans un coin de ta tête l'envie de faire un plan. Même si tu restes des mois sans consommer parfois (ou juste une boîte de néos pour faire la fête pour ce qui me concernait). A la longue, au fil du temps, cette envie perpétuelle génère des frustrations et ça te pousse vers une conso de plus en plus régulière. Je dis ça mais j'ai des potes qui sont restés dans des plans occasionnels de dré, sans jamais tomber accro et sans jamais prendre de TSO.

 
#5 Posté par : interopid 03 mai 2017 à  01:52
Oui je pense que je comprends très bien ce que tu veux dire.
Dans mon cas cette envie elle est déjà  là . A vrai dire quand j'ai commencé c'était pas si occasionnel que ça. En fait j'ai commencé par du skenan, c'était en janvier (pour parler de la première année) quelques jours après mon anniversaire d'ailleurs.
Je me suis très vite mis au shoot mais c'était encore totalement occasionnel à  ce moment là  c'est vrai. A l'époque j'avais vraiment aucune connaissance niveau RdR ou à  propos des opiacés et autres substances, autant dire que je me méfais pas particulièrement de la dépendance. Mais j'ai même passé des mois après avoir commencé le ske sans consommer du tout, tout l'été si mes souvenirs sont bons.

En septembre j'ai recommencé beaucoup plus régulièrement, j'ai fini mes stocks de ske et vu que je n'étais plus en contact avec la personne par qui j'en récupérais j'ai, par concours de circonstance, eu accès à  de la came et dès mes premières conso c'est devenu très régulier, plusieurs fois par semaines puis tout les jours au bout de même pas 2 - 3 semaines il me semble.

Ca a duré comme ça jusqu'à  début décembre, où je me suis retrouvé en manque pour la première fois parce qu'à  court d'argent. A l'époque je n'avais aucune idée non plus de ce qu'était le manque et je savais vraiment pas ce qu'il m'arrivait, c'était une sale descente aux enfers. Faut précisé aussi que c'était en 2011 et j'avais donc 13 ans, et ouais j'ai commencé tôt. La came elle m'a accompagné toute ma vie si on peut dire.

 
#6 Posté par : Caïn 04 mai 2017 à  12:19
Les gens qui arrivent à  rester occasionnels, c'est souvent qu'ils n'ont pas de plan régulier et sont par ailleurs raisonnables. J'ai un pote il achetait son gramme, sachant à  l'avance qu'une fois fini, il attendrait quelques jours voire quelques mois pour refaire un plan. Et il le faisait ! Je faisais ça aussi. Mais un jour la volonté s'en va, tu ne résistes pas à  l'envie, tu te mens à  toi-même genre pas de problème je m'arrêterais le plan d'après.
Rester occasionnel c'est à  mon avis ne pas taper plus d'une fois par mois, et encore...

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