Important :
Les propos que je tiens ainsi que les avis que je formulent sont strictement les miens et je respecte bien évidemment comme j'admire, les UD qui réalisent des
sevrages brutaux. De même, ce récit est le fruit de ma courte expérience, et je ne recommande absolument pas la prise en automédication des substances que je mentionnent.
Bonne (longue) lecture

Bonjour à tous,
Je tenais tout d'abord à m'excuser sincèrement pour mon absence durant x temps et notamment pour ne pas avoir répondu aux commentaires du post que j'ai écrit il y a de cela plusieurs semaines.
J'ai ressenti le besoin d'écrire aujourd'hui, un peu pour la raison évoquée ci-dessus mais surtout pour me faire un souvenir écrit des dernières semaines et tant qu'à faire, vous le faire partager avec moi.
On commences ?
Afin de préserver mon anonymat, les dates mentionnées sont notés X. X est un chiffre inclu dans l'intervalle [0-9] et si la date > 9, le premier chiffre du jour est écrit. Ex : 1 janvier est écrit X mais 31 janvier est écrit 3X.
--------- Le contexte ---------
J'étais depuis un moment sous 150mg/J de
Tramadol, comme précisé dans mon dernier post. Mais derrière ces récits quelques peu mensongers se cachent une tout autre histoire.
Ces 150mg/J n'étaient malheureusement pas constants. La métaphore du Yoyo est parfaite pour explique ce que je vivais. 150mg/j pendant 2j, puis 300mg pendant 1, puis 250, puis re 150 pendant 2j, bref je m'amuser avec ma tolérance.
Ce jeu n'a pas duré. Elle qui s'était installé, qui avait augmenté à vue d'oeil puis stabilisé pour enfin entamer une véritable expansion.
Le 20 mai, 300mg était devenu une dose d'entretien, bien qu'euphorisante.
Le moi stabilisé avait replongé en plein dedans et bien décidé à en découdre.
Le samedi 2X, je prend 450mg (espacé de plusieurs heures) de 12 à 15h.
A 17h, je suis dans la voiture d'un proche, direction les urgences.
Je remarque que ma langue me fait mal. Je regarde dans un miroir, elle présente des entailles sur la partie inférieure. Tout est devenu clair comme de l'eau de roche.
Mauvais calcul et élimination de la dernière dose de 150mg incomplète ont entraîné 5mn de convulsions suivi de 7-8mn de perte de connaissance d'après mon proche. J'ai surdosé !
ECG normal, EEG et IRM ne relevant aucun signe d'épilepsie.
Et en lisant le bilan sanguin : légère rhabdomyolyse, hyperthermie, convulsions sans cause épileptique. C'est donc un SS due à un surdosage de
tramadol.
Je n'étais pas tant terrifié par l'évènement en lui-même puisque mon pronostic n'est pas engagé et qu'on me laisse repartir sans d'autres consignes que "Ne prenez pas de
tramadol avant demain". Mais mon imagination débordante élaborait des scénarios qui auraient pu, en fonction du contexte, se terminer, si ce n'est en réa, 6 pieds sous terre.
Il m'était arriver de surdoser légèrement et de commencer à avoir des tremblements. Mais ça...
Une dizaine de jours en arrière de cela, j'avais demandé une place en hospitalisation pour essayer de finir avec tout ça.
Et je crois que c'était le bon moment. C'est ce grave et tout sauf anodin déclic, qui m'a fait me rendre compte que je ne maîtriser plus rien, même pas la dangerosité en cas de dépassement de la DJM.
Quelques jours plus tard, la date tombe. Ce sera fin mai.
--------- L'Hospitalisation ---------
C'est aujourd'hui. Avec les boites que j'avait, j'ai décidé de me stabiliser sur 400mg/J réparti en 2*200 (10h et 18h). C'est pas terrible mais ça passe tout de même.
Arrive donc ce fameux jour d'entrée en hospitalisation. Comme l'idiot que je suis ne s'arrête pas dans sa connerie, complètement envahi par l'angoisse et l'impression d'avoir tout rater (totalement fausse), je prend 350mg le matin.
A l'entrée, découverte du service et de la chambre, fouille, explication des règles, etc. Tout le monde est adorable et l'ambiance est vraiment détendue, cool.
La fameuse fouille, que je pensait très rigoureuse, s'avèrera être juste un inventaire de mes objets, rien de plus.
Et à la vue des comportements des soignants, je me rend compte qu'une belle confiance est établie entre eux et moi. Ajouté à cela leurs gentillesse et leurs dévouement, l'angoisse disparaît aussi vite.
En fin d'après-midi, le médecin viens me voir. Elle me propose grossomodo trois solution :
- Un
sevrage brutal accompagné par des médicaments,
- Un
sevrage dégressif rapide sur 3 jours,
- Une
substitution.
Pour moi qui suit dans l'euphorie du moment et qui n'est pas encore en manque, je choisit la première option. Les
opiacés je veux que ça cesse et à la dure. Remarquez mon sens de l'humour très développé, la fougue de la jeunesse...ou une inconscience que je paierais sans doute très cher. Enfin bref !
La fin d'après-midi et la soirée se passe très bien. Je rencontre du monde, discute et m'intègre parfaitement.
20h, les premiers traitements : 1/2
Catapressan et de la
Buspirone pour l'angoisse. Je suis tendu mais bon, ça va.
Pour dormir, j'ai le droit à du phénergan. Plutôt efficace parce que je m'endort comme un bébé.
Je vais vous passez la première journée qui à été assez simple avec le
catapressan, seule molécule qui réussie à me soulager. Passons à la deuxième nuit, bien plus rigolo...ou pas :)
--------- L'Enfer ---------
Il est 20h. Ca commence à pas mal tirer quand même. Je prend avec un grand plaisir la moitié de clonidine qui peine à agir mais bon, ça va passer (et j'avais un grand sourire quand j'ai dis ça).
22h je vais me coucher. On est à 36h après la dernière prise. J'ai tous les symptômes de manque mais bon. Allez un petit coup de pied au cul et ça va passer.
De 22h à 5h du matin, je suis rester sous une douche brulante, dans un état proche de l'abrutissement à cause du phénergan, de la clonidine et du néfopam, le seul antalgique un peu plus fort que le rigolo
paracétamol. Toutes les heures, je me séchait et essayait de profiter des 10mn de répis que m'avait donner l'eau chaude pour dormir...Ah ah, je suis naïf.
Les jambes c'est un calvaire, je n'arrive pas à rester allonger plus de 5mn sans bouger et je supplie que le Myorel fasse effet.
Le chaud/froid me rend fou. L'idée de prendre du
tramadol ne quitte plus mon esprit. Je vomis, je transpire, j'angoisse. Je prend très très cher, il n'y a aucun autre mot.
C'est aussi la première fois que j'ai des hallucinations et j'en ai eu deux types :
- Pendant quelques secondes, l'impression de voir une forme humanoïde scintillante devant mon lit d'hôpital,
- Et pour moi plus grave ; Un état semi-lucide de délire ou je parles, je répond, j'agit, avec des gens qui ne sont pas la. Chaque hallucinations/délires étaient la même ; On me parlait, je répondait ou j'agissait (jusqu'à saluer quelqu'un) pendant 10 à 20 secondes, puis je me rendait compte que j'étais seul.
C'est pour moi ce qui m'a fait le plus peur. Et si je me faisait du mal à cause du délire ou même pire si je blessait quelqu'un ? Comment être sûr que je suis pas un danger pour moi ou pour les autres ?
Et après avoir lutter comme un porc, je fini par m'endormir vers 5h...pour 30mn jusqu'à ce que mon corps me rappelle que cela ne marche pas comme ça.
--------- Jusqu'à ce que... ---------
6h. Je sort marcher un peu. C'est ignoble. J'ai froid, mon corps est une douleur à lui tout seul et moralement c'est le fond du trou. Je pleure toutes les larmes de mon corps pour aucune raison.
Instant "Fun", j'ai également découvert, les éjaculations prématurées, c'est-à-dire, sans aucune stimulation sexuelle. Je ne sais pas si les médicaments ou le
sevrage sont en causes mais il me semble que c'est bien un des symptômes de manque.
A confirmer tout de même :)
8h. Je suis a bout. J'en suis à mon cinquième vomissement, je suis prostré dans ma chambre en priant pour que l'acupan agisse et en me disant qu'à 10h je vois le médecin.
10h30. Le médecin rejoint ma chambre. On à pas parler très longtemps elle et moi, ça était plutôt rapide. Elle me dit en toute honnêteté que le pire est a venir,
je n'en suis qu'à 48h et les hallucinations la surprenne autant que moi.
On parvient rapidement à une même constatation ; Je ne peux pas continuer comme ça, je souffre trop sans aucun intérêt.
Alors, elle se lève et part chercher le seul comprimé capable de mettre fin à ce cauchemar. Aussi petit qu'une pièce jaune, au goût mentholé qui fond sous la langue...Orobupré, 2mg.
Je le pose sous ma langue, attend 3 minute avant de déglutir. Je parles un peu avec le médecin, et la...
Je crois que de ma vie je n'ai jamais ressenti un tel soulagement. Pas beaucoup d'euphorie mais l'arrêt des symptômes me redonnent une joie féroce, un sentiment de satisfaction que je ne pourrais expliquer.
Puis l'hospitalisation continue et je sort dans x jours. Je serais donc à 2mg/24h, qui ne me stabilise pas sur la durée certes, mais qui dorénavant, sera l'instrument principal du grand et long orchestre qui se trouve être, mon
sevrage au
tramadol.
--------- Conclusion ---------
Depuis que je suis sous
buprénorphine, mon regard sur le
sevrage à drastiquement changer. Cette nuit d'enfer m'a apporté énormément de choses que je résume comme suit :
- Un
sevrage réussi demande de la préparation, du temps, du temps et du temps. Il faut réellement être prêt, ce que je n'étais pas ou pas complètement, et un immense travail en amont sur la composante psychique. Si j'avais continuer, à la sortie d'hospitalisation j'aurais été sevré physiquement, mais je me serais jeter sur la première boite que j'aurais trouvé.
- La souffrance est inutile. Cela n'a aucun intérêt de s'infliger de telles souffrances uniquement pour dire "Je n'est pas pris d'
opioïdes". Et dans mon cas, cette souffrance physique été accompagné d'une réelle peur de déconner et de perdre le contact avec le réel.
- Pour se sevrer physiquement, il faut être à une petite dose d'un
opiacés. Je ne sais pas ce que j'espérais en partant de 350mg à 0, mais c'était voué à l'échec avant même que je rentre.
- Enfin, les traumatismes que j'ai pu infliger à mon corps sont et resterons ignobles. Plusieurs jours après, j'ai encore peur d'être en manque. Je fait des cauchemars et me réveillent en sursaut en pleurant. Et sur le long terme, je penses qu'il y a un risque de réels dégâts.
Pour finir, je tiens à remercier l'ensemble du personnel soignant de mon service, autant médecins, qu'infirmiers, qu'aide-soignants et même les ASH, qui, à tout moment, se rendus disponible, si ce n'était pour m'apporter une solution pharmacologique, au moins du réconfort.
C'est donc le début d'un nouveau cheminement avec une nouvelle molécule, la
buprénorphine, et j'ai bien compris qu'il me fallait du temps, de la patience et un énorme travail sur moi-même. Je laisse la dépendance physique de côté et géré par un médecin pour travailler sur le plus important ; le psychique.
Moi qui me sentait prêt à affronter le
sevrage, me voila remis à ma place bien comme il faut et comme on dit
Qui fait le malin, tombe dans le ravin, même si moi, c'était un puis sans fond.
Prenez soin de vous, et à tous ceux qui réalisent, tentent de réaliser un
sevrage ou se questionne sur une consommation problématique, vous avez toute ma force, mon courage, et mon amour.
Amicalement,
Cyp'