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Une vie pourrie 



Bonjour ou bonsoir ou que sais-je.

Je tenais à vous faire partager ce bad ou cette prise de conscience, là encore je ne sais pas où très bien me placer. J'ai de plus en plus l'impression que cette consommation de 3-MMC par voie IV me pourrit la vie.

Chaque mois j'y laisse énormément d'argent, je suis sur la scellette dans mon taff, en arrêt maladie pour "trouble schizo-affectif et addictions médicamenteuses" officiellement, un taff que j'aime pourtant, je suis docteur en pharmacie spécialisé en pharmacologie anti-infectieuse, et je ne m'en sors pas.

J'y ai laissé des amis, perdu contact avec ma famille, j'ai une personne que je chéris et qui en a ras-le-bol, à deux doigts de me quitter, les seules personnes que je fréquente sont addict et je joue le bon samaritain à fournir du matériel stérile et à faire de la RdR. J'enchaîne les soirées à ne pas dormir et à me défoncer à la 3-MMC et au GBL. Je suis à moitié schizophrène et à moitié bipolaire, ce qu'on appelle une schizophrénie dysthimique.

Bref aujourd'hui j'ai l'impression de ne pas avancer. Pourtant je suis suivi, par un médecin généraliste, un médecin addictologue, un psychiatre avec une capacité en toxicomanie, un psychologue de l'unité des toxico-dépendances et même par un infectiologue. Je suis très à cheval sur ma sérologie et prise de la PrEP.

La dernière fois que j'ai tenté un sevrage j'ai tenu trois jours. J'ai envie de retenter le coup avec plus de volonté. Je ne cuisine plus, je ne fais plus rien de mes journées hormis consommer, je me nourris principalement aux Diet Boissons HP/HC, et depuis maintenant trois ans je suis incapable de dormir sans somnifère, qu'il soit benzodiazépine ou antihistaminique.

Bref une vie pourrie qui ne tourne autour de rien d'autre que la putain de drogue, parfois je m'essaye à d'autres choses comme la Tina ou la 4F-MPH. J'ai à peu près tout testé comme drogue par curiosité, y compris les opiacés, et je ne peux plus croire en moi.

Déjà mon compagnon ne croit plus en moi, j'ai du mal à retrouver confiance. Hormis donner des conseils aux autres je ne sais que faire. Mon capital veineux a pris un sacré coup.

Bref voilà pour résumer et pour vous emmerder un peu, je fais partager mon état d'esprit. Ça ne vaut pas grand chose, c'est pour plus un coup de gueule envers moi-même, peut-être pour me donner un coup de fouet. J'en sais rien.

Portez-vous mieux que moi et surtout ne tombez jamais accro à l'IV de stimulant, cette chose est une pourriture.

Bien à vous,
Akaion

Catégorie : Tranche de vie - 10 novembre 2020 à  04:20



Commentaires
#1 Posté par : sud 2 france 10 novembre 2020 à  11:14
Salut, c'est peut être compliqué en étant personnel médical, qui plus est docteur mais as tu songé à partir en cure loin de tout afin de te couper du produit ??
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Bonne idée je devrais / Akaion

 
#2 Posté par : JellyFish's Dream 10 novembre 2020 à  11:18
Je compatis très fort. Je t'envoie le peu de courage que j'ai en rab.

JFD

 
#3 Posté par : 4lex 10 novembre 2020 à  14:54
Hello Akaion, Merci de partager avec nous.

Je n'ai jamais touché à aucune des drogues que tu cites, mais bizarrement je peux me reconnaître dans cette manière d'être, et finalement, quelques soit la "drogue" : cocaïne, sucre, bière, réseau sociaux, sexe ou piano.. C'est toujours la même histoire, si on arrive plus à décrocher ça devient un problème. J'ai énormément de mal à me réguler parce que j'ai ce tempérament d'être "no limit" un peu comme toi j'imagine. Ce qui me sauve c'est mon entourage (femme, enfants et boulot) j'imagine et une certaine fierté (coucou les bretons), ce mélange m'a toujours permis de ne jamais vraiment passer les limites du non retour. Dans ton cas j'imagine que je n'aurai pas d'autre solution que de donner les clés de ma liberté à d'autre pour mon propre bien, étant conscient que moi-même je ne suis pas capable de m’arrêter. l’arrêt des produits étant finalement la phase la plus "facile" dans ce genre de situation, puisque "l'après" est souvent plus redoutable. Je n'ai pas beaucoup de certitude et j'en ai franchement bavé dans la vie, voici deux choses que je pense savoir et qui te seront peut-être utile : On peux se remettre de tout et le bonheur de vivre est renforcé, démultiplier par les épreuves qu'on affronte. Courage wink

 
#4 Posté par : Chemi971 10 novembre 2020 à  19:55
J'ai toujours vécu dans les addictions alcoolique depuis mes 14 ans (presque 1 an que j'ai arrêté, une biere de temps en temps et stop. maisje sens que sije suis pas surveillée je risque devier.
le Bonheur, je ne connais pas (il faut avoir connu le malheur pour connaitre le bonheur). le hic, me droguant seule, a qui demander de l'aide pour me soutenir. pour  l'lcool j'ai été pas mal été soutenue et fais plusieurs cures.
j'ai peur du décrochage, jessaie quand même je suis passsé de 100 a 25mg de metha seule.

Akaion a écrit

Je suis à moitié schizophrène et à moitié bipolaire, ce qu'on appelle une schizophrénie dysthimique.

je crois que j'ai la même. un gros sentiment d'autopersécutions, je deviens skizo et j'entend du bruit de fond tous les soirs, je pleure beaucoup et je deviens tyran, çacrain


 
#5 Posté par : Biscuit 10 novembre 2020 à  20:08
Ton témoignage est difficile et me pince le coeur, alors je t'envoie plein de courage via ce message. Je n'ai jamais connu les stimulants (et j'en ai aucune envie..) mais les opiacés m'ont conduits sur le même chemin, peut être à un degré moindre car je n'ai jamais pratiqué l'iv mais les conconséquences sur ma vie étaient similaires. J'ai dû arrêter mes études de médecine alors que le domaine de la santé c'est toute ma vie, je n'avais plus de vision à moyen ou long terme, je me suis éloigné de tout et de tout le monde, plus de petit plaisir de la vie, juste prendre mes morphiniques et faire attention au moment où il va m'en falloir à nouveau... Ça avait un impact aussi sur mon couple forcément parce que pour mon compagnon c'était pas amusant d'avoir quelqu'un de complètement passif dans la vie et notre vie de couple...

J'ai eu énormément de chance de rencontrer un addictologue chef de service extraordinaire qui m'a pris en charge, avec une hospitalisation de 21 jours pour mettre en place une substitution adéquate, c'était beaucoup plus que prévu mais il a tout fait pour que je sorte avec une nouvelle vie qui est maintenant depuis 10 mois, comme elle ne l'était plus depuis 7-8 ans environ et que j'étais encore un jeune ado...

Je te donne mon vécu comme exemple, pas pour raconter ma vie mais pour te dire de garder espoir, quand on a la tête sous l'eau on ne voit aucune issue, on ne pense absolument pas que ça peut aller mieux, que c'est possible. Une sorte de sentiment que les choses sont faites d'avances et que c'est terminé il n'y a pas de solution, je pensais ça également.

Il faut que tu penses à ton metier que tu aimes, au bien que ça te fera quand tu pourras exercer à nouveau. Que tu penses aussi à ton compagnon qui même si il en a marre, ça se comprend, est toujours là et souhaite que tu t'en sortes.
Je pense qu'il faut que tu trouves un addictologue qui puisse te donner une vraie solution vue l'urgence de ta situation, partir en cure un certain temps pour te retaper car tu en as besoin même si c'est difficile... Pense à ce que ça peut t'apporter..

Je te souhaite bon courage pour la suite
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Deja vu l'addicto mais en reparler

 
#6 Posté par : Kasey00 11 novembre 2020 à  09:50
My life story but to tell you to keep hope, when your head is underwater you see no way out, you absolutely do not think that things can get better https://testmyspeed.onl/, that it is possible. Kind of a feeling that things are done in advance and that it's over there is no solution, I thought that too.

 
#7 Posté par : Drim 13 novembre 2020 à  16:20
Salut, as-tu essayé de t'éloigner des cercles de gens qui conso, et de trouver des amis disons plus sains pour toi ?
Courage c'est touchant ton histoire, mais t'as l'air d'avoir pas mal d'atout (taff, copain) pour t'aider à t'en sortir.

 
#8 Posté par : sud 2 france 14 novembre 2020 à  17:09
Le problème avec la 3 c'est que c'est trop facilment accessible; 10 mn d'ordi et 3 jours + tard...
c'est pour ça que je lui ai parlé d'une cure/postcure llloooiiiinn de tout....

 
#9 Posté par : Vajra 14 novembre 2020 à  19:20
Bonjour Akaion,
Je suis touchée par ton témoignage. Personnellement j'ai été dépendante de l'héroine pendant une dizaine d'années, voie nasale uniquement. Ce qui m'a permis de décrocher c'est d'avoir un objectif plus fort que la drogue, en l'occurence un enfant. Je n'ai jamais repris ensuite ce produit. Ce que je veux dire c'est que je comprends ce sentiment qu'on ne s'en sortira jamais, les bonnes résolutions qu'on arrive pas à tenir...etc.
En ce qui te concerne je suis assez confiante sur ta capacité à t'en sortir sur le long terme car ce que j'appelle les "fondamentaux" sont là. Tu n'es pas seul, tu as fait des études, tu as un métier, de bonnes capacités d'analyse. Tu sembles être dans la phase où on touche le fond, tu es lucide et la souffrance que tu éprouves peut être un levier pour avancer.
Dans mon exemple le constat que je gâchais complètement ma vie à fréquenter des gens sans intérêt qui profitaient de moi, que je dépensais de grosses sommes d'argent pour de la poudre même pas de bonne qualité, juste pour être à peu près normale, que je méritais nettement mieux qu'une vie minable en marge, n'était pas suffisant. La difficulté à mon avis c'est de se trouver cet objectif qui sera plus attrayant/fort que l'addiction. Moi c'est aussi ma fierté qui m'a aidée à m'en sortir, je ne me reconnaissais pas là dedans, et beaucoup comme je l'ai dis le sentiment que je valais beaucoup mieux que cette vie de "débile".
Je pense que la pratique de la méditation de la compassion sur toi même pourrait t'aider sur le long terme. En apprenant à mieux t'aimer, à avoir plus de considération pour toi, ça peut faire bouger imperceptiblement les choses. Je dis que les choses peuvent ainsi bouger très lentement par prudence, en ce qui me concerne ça a changé ma vie et assez rapidement. Je ne prône pas la méditation pour traiter la toxicomanie, je ne méditais pas à l'époque où j'ai arrêté l'héroïne et je n'ai pas d'avis sur la question. J'ai expérimenté la force du travail qu'on peut faire sur soi même en méditant, la plasticité neuronale. Dans mon cas la méditation sur la compassion m'a bien aidée. Si tu veux je pourrais te donner des indications plus précises.
Je t'envoie plein de bonnes pensées !

 
#10 Posté par : ectatrip 15 novembre 2020 à  02:42
Salut Akaion,

On a déjà partagé nos avis sur certains topics sur le forum et je vois que ça s'arrange pas..

La 3mmc, comme tout stimulants, c'est dur, très dur à stopper lors d'une consommation dépendante et en IV.. mais crois moi, tout est possible.

Tu dois me connaître un peu, j'ai été longuement dépendants à divers stimulants, plus ou moins nocives et dur à ce sevrer.. mais j'ai réussi, malgré mes phases dépressives, mes hospitalisations en psychiatrie, mes tentatives de suicides, ect.. mais tu vois, je suis heureux aujourd'hui, même si des fois j'ai envie de tout péter (comme tout le monde au final ?).

J'ai mis du temps, beaucoup de temps à m'en débarrasser, surtout les amphetamines mais tout est possible, troubles psychiatriques ou non (enfin ça dépend aha).

Je connais un peu le trouble schizo-affectif, mon parrain est aussi comme ça, malgré tout l'optimisme que je lui apportais, rien ne faisais, les délires/psychoses étaient plus fort que la chaleur que je lui apportais. Je n'allais pas dans son sens, je lui faisais des activités en nature, racontais des histoires drôles (et oui, j'ai un p'tit côté comique), ect..

MAIS !!!!

Tu es quelqu'un de lucide sur ta situation : c'est une chance.
Tu connais tes vices, douleurs : c'est une chance, tu sais sur quoi tu dois travailler.
Tu es quelqu'un d'intelligent : ça ce voit par ton écrit, paroles.

Tu as beaucoup de chances d'être suivis, peut être parce que tu sais sur quoi il faut travailler et poursuivre les efforts, certes difficiles ?

Des efforts et de l'optimisme, on t'en demandera toujours et va écouter ces paroles. (Utopique sûrement mais essaye, volonté au maximum, faut mettre un grand coup de gifle a ces délires totalement intrusives et "imaginaires").
Les produits que tu consommes, les nuits blanches ne sont pas du tout conseillé dans ton cas, as-tu pensé à réduire petit à petit ? Quitte à prendre un jour de congé de produits et dormir avec des médocs ? Changer de ROA en alternant ? 

Tu as réussis 3 jours sans consommer, c'est énorme et tellement cool à voir dans ton cas, tu es capable, capable retiens ! 3 jours c'est rien peut-être vis-à-vis ta conso mais à mes yeux et mon vécu, tu peux être fière.

T'enfonces pas dans tes idées fausses dépressives, tu as de l'aide, ici surtout comme ailleurs avec des pro. Tu n'es pas du tout tout seul. Une vie, ça ce reconstruit et stabilise ! Des amis, des amours, tu as toute ta vie pour en retrouver et des vrais, prend le temps et garde toi en tête que tu es normal, ne te défini pas avec des mots clinique, tu es Akaion le vrai le beau le fort !

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