Pierre,
J'ai jamais vraiment adhéré à la phrase de Rimbaud "Je est un autre", et pourtant j'aime Rimbaud. J'ai du mal à croire à ces discours qui voudraient que la drogue nous rend différent de ce que l'on est. Comme si on savait  ce que l'on est vraiment, déjà... 
Moi-même, après des années de 
subu (et d'
héro avant), je dirais que je ne me suis jamais senti être un autre (sauf une fois où j'ai eu un 
craving violent, j'ai été acheter de la 
came alors que j'avais décidé le contraire, très bizarre et flippant). 
En revanche je me suis senti souvent être moi-même, mais en mieux, grâce au 
subu ou à l'
héro. Et si je continue avec le 
subu, c'est que ça m'aide à être plus moi-même justement, l'esprit plus aiguisé, moins fatigué, plus en forme ; comme une sorte de dopage quotidien (le 
subu est d'ailleurs dans la liste des substances dopantes).
Mais j'ai aussi du mal avec ces discours un peu déresponsabilisant, du style j'étais pas moi-même etc. De surcroît, j'ai l'impression que souvent c'est l'absence de drogue, le keum, qui fait que l'on est pas soi-même. Dans ce cas, c'est plus l'addiction que la 
came (ou le 
subu) qui fait que l'on est pas soi-même. Sauf évidement si l'on parle d'acides ou de drogues psychédéliques, là effectivement on perd le contrôle. Mais ça a jamais été trop mon truc. 
Ceci dit, j'ai pu voir effectivement des gens se transformer, et pas en bien, à cause des 
opiacés. Je peux donc aussi comprendre le discours de Sista.